Amérique latine
L’ONU demande au Venezuela
l’autorisation d’étudier
sa stratégie de suppression de la
pandémie
pour la reproduire dans d’autres pays
Thierry Deronne
29 avril 2020.
Dans l’Ouest populaire de Caracas, le
personnel de santé du Centre de
Diagnostic Intégral de la Pastora
poursuit les visites à domicile. @ Jesus
Garcia
Dimanche 3 mai 2020
La coordination du Système des Nations
Unies (ONU) présente au Venezuela a
demandé au gouvernement de Nicolas
Maduro l’autorisation d’étudier sa
stratégie de suppression de la pandémie
de Covid-19. « Les experts utilisent
l’expression de stratégie de
suppression, ainsi qu’on appelle
épidémiologiquement, et demandent
l’autorisation d’étudier ce modèle pour
pouvoir le reproduire dans d’autres pays »
a déclaré la vice-présidente de la
République, Delcy Rodriguez, au terme
d’une réunion du groupe de travail
permanent avec les experts onusiens, au
palais présidentiel (photo).
Delcy Rodriguez a
précisé que les responsables de
l’organisme international ont valorisé
le modèle et le parcours épidémiologique
qui a permis au pays d’enregistrer un
aplatissement de la courbe de
propagation, depuis les diverses mesures
appliquées de manière précoce jusqu’à
l’assouplissement adapté de la
quarantaine.
La vice-présidente
a expliqué que l’Organisation
Panaméricaine de la Santé (OPS) a
accès en permanence aux résultats des
diagnostics, et qu’elle a informé l’ONU
de la deuxième phase de dépistage massif
que le Venezuela mettra en oeuvre dans
les prochains jours. « La
massification des tests moléculaires va
s’amplifier : rappelons que la méthode
de santé publique populaire mise en
place avec l’aide de Cuba (« Barrio
Adentro ») nous permet d’aller de maison
en maison, pour détecter et freiner la
propagation du virus à la racine« .
(1)
Anecdote
significative : certains médecins des
quartier chics de Caracas (fiefs de
l’opposition de droite) ont refusé
d’effectuer les tests par crainte d’être
infectés, demandant aux médecins cubains
de le faire, c’est-à-dire aux médecins
qu’ils stigmatisent depuis toujours
comme une « concurrence déloyale » à
leur médecine commerciale (2). Le
président Maduro a pour sa part salué la
capacité des quartiers populaires, où
vit la majorité sociale, de faire preuve
d’une discipline, d’une patience et
d’une unité qui ont permis de renforcer
le confinement généralisé et le
dépistage de masse. « Nous avons fait
de grands progrès, mais nous n’avons pas
encore terminé la première phase de
tests. Nous planifions la seconde en
détail« .
Depuis le début de
la pandémie jusqu’au 1er mai 2020,
et malgré le redoublement des sanctions
états-uniennes qui l’empêchent d’acheter
l’ensemble du matériel médical
nécessaire, le Venezuela a limité à 10
le nombre de décès (soit un taux de 0,3
par million d’habitant(e)s), et à 335 le
nombre de personnes infectées (avec un
taux de guérison de 43% parmi ces
patient(e)s qui sont aussitôt pris en
charge gratuitement). Pour consulter les
chiffres du Covid-19 au Venezuela et
dans le monde, l’OMS a mis en
ligne une carte en temps réel:
https://covid19.who.int/ (3)
Nicolás Maduro a
estimé que si les mesures de confinement
collectif n’avaient pas été prises à
temps, le nombre de cas d’infection
s’élèverait aujourd’hui à plus de
213.000. Il a rappelé les trois
scénarios possibles selon les experts:
– Maintien du
confinement : un deuxième foyer pourrait
se produire mais rester sous contrôle.
– Assouplissement trop rapide du
confinement : une deuxième épidémie
serait pire que la première.
– Levée totale du confinement : une
deuxième épidémie serait pire que celle
enregistrée jusqu’à présent en termes de
nombre de cas et de décès et serait
incontrôlable jusqu’à l’année prochaine.
Le président
bolivarien a précisé que le pays compte
plus de 27000 lits d’hospitalisation et
4500 lits dans les unités de soins
intensifs, avec une capacité suffisante
pour traiter les cas de Covid-19, une
fois qu’ils sont détectés grâce au
dépistage massif et personnalisé, par
les équipes médicales, lors des visites
à domicile (voir « Le
modèle vénézuélien… occulté par les
médias).
Alors que le virus
explose et que la famine menace dans de
nombreux
régimes néo-libéraux d’Amérique
Latine, un autre rapport onusien
intitulé « La sécurité alimentaire
sous la pandémie de Covid-19« ,
préparé par l’Organisation des
Nations Unies pour l’alimentation et
l’agriculture (FAO) salue
également la politique du gouvernement
bolivarien. Au chapitre «Perturbations
dans la distribution et la
commercialisation des aliments»,
l’exemple du Venezuela est salué parce
que : «la Surintendance de la gestion
agroalimentaire y a conçu un plan
d’urgence pour garantir le
fonctionnement du système
agroalimentaire complet pendant la
période de confinement (..) une série
d’actions ont été mises en œuvre pour
maintenir les indices
d’approvisionnement des 12 aliments
prioritaires qui font partie du panier
de base, garantissant l’existence de la
chaîne de distribution et la
commercialisation ». (4)
Enfin Juan Pablo
Bohoslavsky, un expert indépendant des
Nations Unies, a demandé la levée
urgente de toutes les mesures
coercitives unilatérales (prises par les
Etats-Unis et l’Union Européenne, NdT)
contre le Venezuela, rappelant que ces
mesures peuvent être considérées comme
violatoires des droits humains en plus
d’attenter contre la nécessaire lutte
d’ensemble, sur le plan mondial, contre
le Covid-19. (5)
Thierry Deronne,
Caracas, le 1er mai 2020
Sources:
(1) Radio
YVKE
http://www.radiomundial.com.ve/article/onu-pide-autorizaci%C3%B3n-para-replicar-modelo-venezolano-de-supresi%C3%B3n-del-covid-19,
(2) Madelein
Garcia (Telesur):
https://twitter.com/i/status/1256355192355917824
(3) Radio
Alba Ciudad:
https://albaciudad.org/2020/05/venezuela-registra-dos-nuevos-casos-de-covid-19-y-la-cifra-de-contagios-se-ubica-en-335/
(4) MPPRE
http://mppre.gob.ve/2020/04/28/fao-destaca-ejemplo-venezuela-distribucion-comercializacion-alimentos-bajo-pandemia/
(5) MPPRE
http://mppre.gob.ve/2020/04/15/experto-onu-levantar-medidas-coercitivas-unilaterales-covid-19/
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