Palestine
Comment Facebook protège Israël
Tamara Nassar
Des journalistes
palestiniennes protestent contre le
blocage persistant
des comptes
palestiniens par
Facebook, à Gaza ville,
le 5 mars.
(Ashraf
Amra APA/Images)
Samedi 17 mars 2018
Par Tamara Nassar – The Electronic
Intifada – 15 mars 2018
Les autorités
israéliennes exercent des pressions sur
Facebook pour qu’il se plie davantage à
leurs exigences.
Plus tôt ce
mois-ci, les membres de la Knesset, le
parlement israélien, ont débattu de la
façon de supprimer le contenu de ce
qu’ils désapprouvent sur les sites des
médias sociaux.
L’un des objectifs
est d’amener Facebook à interdire les
photos d’Ahmad Nasser Jarrar, ce
Palestinien exécuté de façon
extra-judiciaire par l’armée israélienne
en février. Des organisations de défense
des droits de l’homme ont conclu que les
soldats avaient cherché à tuer plutôt
qu’à arrêter Jarrar qu’ils suspectaient
de la mort par balle d’un colon
israélien en Cisjordanie occupée.
Uri Maklev, un
parlementaire israélien, a affirmé qu’il
existe une « corrélation entre les
réseaux sociaux et les opérations de
terrorisme », que « Facebook est
responsable de ce qui se fait sur sa
plate-forme » et qu’il doit « tout
faire pour supprimer de tels contenus ».
Selon le bureau du
procureur général d’Israël, le
gouvernement israélien demande qu’une
moyenne de 12 000 contenus soit
supprimée de Facebook, chaque année.
Cette information a
été relayée par Itai Gohar, représentant
le département de cybernétique au bureau
du procureur général, lors du récent
débat à la Knesset.
Gohar ajoute que
Facebook ne se plie qu’à « seulement »
85 % des instructions du bureau du
procureur général. Le taux de réponse
est aussi rapide que quelques heures «
pendant les périodes d’escalade de la
sécurité », et de 24 heures
autrement.
Cette affirmation
laisse penser que Facebook travaille en
faveur de l’appareil de sécurité
d’Israël.
Une
contradiction
Cependant, les
affirmations du bureau du procureur
général viennent en contradiction
directe avec les rapports de
transparence de Facebook, lesquels sont
disponibles sur son site.
La documentation de
Facebook révèle que les contenus
supprimés à la demande du gouvernement
israélien s’élèvent en moyenne à environ
550 éléments de contenu chaque année.
C’est beaucoup moins que les chiffres
avancés par les autorités israéliennes.
Selon Facebook, le
nombre d’éléments de contenus supprimés
à la demande du gouvernement israélien
est de 113 pour le second semestre de
2013. Il descend à 30 pour toute l’année
2014, et remonte à 431 pour 2015.
Le nombre de
suppressions atteint 1623 en 2016, selon
les données de Facebook. Et pour le
premier semestre 2017, il est de 472.
Facebook a déclaré
l’an dernier que la principale raison
pour laquelle il réduisait l’accès à
certains articles à la demande d’Israël
était que les messages en question
encourageaient le déni de l’Holocauste.
Cette donnée
démontre que l’une des données avancées
est inexacte, soit celle des rapports de
transparence de Facebook, soit celle du
bureau du procureur général d’Israël. La
donnée présentée par l’un des deux ne
peut pas être exacte.
« Un autre
visage de l’occupation »
Des journalistes
palestiniennes ont organisé une
manifestation à Gaza ville le 5 mars,
pour protester contre le blocage
persistant par Facebook des comptes
palestiniens.
Les manifestantes
tenaient une banderole sur laquelle il
était écrit, « La collaboration de
Facebook avec Israël transforme la
plate-forme de médias sociaux en une
autre facette de l’occupation », et
elles utilisaient le hashtag “#FBfightspalestine”
sur les médias sociaux.
En 2016, Israël a
conclu un accord avec Facebook. Selon
cet accord, la corporation accepte de
collaborer en surveillant ce qu’Israël
prétend être « une incitation »
de la part des Palestiniens.
Et c’est depuis que
le nombre de messages palestiniens
supprimés par Facebook à la demande du
gouvernement israélien a augmenté.
Certains organes de presse palestiniens
sont empêchés de publier du matériel sur
le site web.
Mais pendant que
les Palestiniens sont soumis à une
censure accrue, c’est par grand nombre
que les Israéliens utilisent Facebook
pour publier un matériel raciste.
Un message sur neuf
postés sur Facebook concernant les
Palestiniens contient un appel à la
violence ou à la malédiction, selon une
nouvelle étude menée par le groupe de
campagne palestinien 7amleh.
Un nouveau message
contenant une incitation contre les
Palestiniens est téléchargé toutes les
71 secondes, a calculé le groupe.
L’étude révèle
également que le nombre de groupes et de
pages Facebook de la droite israélienne
incitant contre les Palestiniens a
augmenté de façon spectaculaire en 2017.
Le rapport dénonce
qu’alors que « Facebook intensifie
ses efforts pour suspendre, supprimer et
interdire des comptes et des pages de
Palestiniens au prétexte d’ ‘incitation’,
le géant des médias sociaux développe sa
plate-forme pour une incitation
israélienne ».
La violence
israélienne en ligne est tout
particulièrement dirigée contre les
responsables politiques palestiniens.
Ahmad Tibi et Haneen Zoabi, deux membres
palestiniens de la Knesset, font
régulièrement l’objet de menaces
violentes sur Facebook.
Traduction : JPP
pour l’Agence Média Palestine
Source :
Electronic Intifada
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