Alahed
L’ultime mensonge du Futur...
Soraya Hélou
Lundi 15 août 2016
A la 43 ième séance pour l’élection d’un
président de la République, qui n’a bien
entendu pas eu lieu, l’ancien Premier
ministre et chef du Bloc parlementaire
du Courant du Futur a tenu à prendre la
parole pour donner la position
officielle de son bloc. Fouad Siniora
s’est cru plus malin que les députés
membres de son bloc qui ont l’habitude
de prendre la parole dans ce genre de
circonstance et il a voulu expliquer aux
journalistes pourquoi le Courant du
Futur n’accepte pas la candidature du
général Michel Aoun à la présidence de
la République. Siniora a commencé par
dire que l’élection présidentielle est
une affaire nationale qui concerne
toutes les composantes de la société
libanaise. Il a simplement oublié de
dire que c’est bien le chef du Courant
du Futur cheikh Saad Hariri qui avait
déclaré, après son entrevue avec le
général Michel Aoun en 2014, qu’il
n’avait pas de problème à accepter la
candidature de ce dernier à condition
qu’il obtienne l’accord des principales
composantes chrétiennes. Saad Hariri
avait alors donné le ton et toutes les
figures du 14 Mars avaient repris le
slogan pour dire qu’il faut que les
chrétiens s’entendent sur un candidat et
les autres parties sont prêtes à
l’accepter. En réalité, ces déclarations
étaient basées sur la certitude que les
chrétiens ne pouvaient pas s’entendre
sur un même candidat, sachant que le
chef des Forces Libanaises était devenu
le candidat du 14 Mars face au général
Michel Aoun.
Ce slogan a continué à être
brandi jusqu’au jour où Samir Geagea a
brusquement décidé de retirer sa
candidature et d’adopter celle de Aoun,
en réaction à l’appui de Saad Hariri à
la candidature de Sleimane Frangié. Que
l’attitude de Geagea ait été une
manœuvre politique, visant
essentiellement à diviser les alliés
Aoun et le Hezbollah, tout en coinçant
le Courant du Futur ou qu’elle ait été
le fruit d’une décision sincère et
stratégique, elle n’en a pas moins mis
un terme aux allégations du Courant du
Futur sur la nécessité d’une alliance
entre les chrétiens. Fouad Siniora a
visiblement oublié ce détail, puisqu’il
a insisté sur le fait que l’élection
présidentielle est «une échéance
nationale». Et pour bien expliquer sa
pensée, il s’est encore plus enferré
dans les contradictions. Il a ainsi
précisé que lorsqu’il s’agit de désigner
un Premier ministre, ce n’est pas
nécessairement le plus représentatif des
sunnites qui est choisi. C’est le cas,
selon lui, du Premier ministre actuel
Tammam Salam. Mais ce que Siniora ne dit
pas, c’est que c’est le Courant du
Futur, son chef Saad Hariri et les
parrains de son chef, c’est-à-dire les
Saoudiens qui ont choisi Tammam Salam à
la présidence du Conseil. Si ceux-là
n’étaient pas d’accord, Salam ne serait
jamais arrivé au sérail. Preuve en est
les manœuvres ininterrompues du Courant
du Futur et de ses alliés pour faire
chuter le gouvernement de Négib Mikati
qui avait été désigné sans leur accord.
On se souvient encore du fameux «Mardi
de la Colère» qui a suivi la désignation
de Mikati à la tête du gouvernement et
qui avait provoqué des incidents et des
rixes à Tripoli, en février 2011. A
partir de cette date, les incidents se
sont multipliés dans la capitale du
Liban Nord, provoquant une mini-guerre
civile dans la ville pendant trois ans,
jusqu’à la chute du gouvernement de
Mikati et la formation du gouvernement
Salam dans lequel le général Achraf Rifi
est devenu le ministre de la Justice
alors que Nohad Machnouk a pris le
portefeuille de l’Intérieur, réussissant
par miracle à faire appliquer un énième
plan de sécurité dans la ville.
Siniora a aussi pris pour
exemple la présidence de la Chambre qui,
selon lui, n’est pas revenue à la
personnalité la plus représentative des
chiites, celle-ci étant selon lui le
chef du bloc parlementaire de la
résistance Mohammed Raad. En disant
cela, Siniora a fait une double erreur.
D’abord, il a admis indirectement que le
Hezbollah est la formation qui
représente le mieux la communauté chiite
alors que les membres de son bloc ne
cessent de l’accuser d’être inféodé à
l’Iran et de prendre en otages les
chiites du Liban. Ensuite, il a été
maladroit avec le président de la
Chambre Nabih Berry avec lequel son chef
Saad Hariri entretient de bonnes
relations et sur lequel le Courant du
Futur mise pour créer une rivalité au
sein de la communauté chiite et la
diviser. Enfin, il a oublié que la
candidature de Nabih Berry à la
présidence de la Chambre a été présentée
par le Hezbollah lui-même. Si ce dernier
n’était pas d’accord, Berry n’aurait
jamais accepté d’être candidat à la tête
du Parlement...Toujours dans le cadre de
cette conférence de presse, l’ancien
Premier ministre a donné des leçons aux
journalistes sur la nécessité de
préserver l’entente interne et par
conséquent, d’adopter la candidature du
président «consensuel» qui aurait l’aval
de toutes les parties. Mais il a oublié
qu’il a été le Premier ministre qui a le
plus bafoué les principes de l’entente
nationale, lorsqu’il a refusé de
démissionner de son poste en dépit du
départ des 5 ministres chiites de son
gouvernement en 2007 et 2008. Ce qui
avait pourtant transformé son
gouvernement en institution qui ne
respecte pas l’esprit de la Constitution
qui dit qu’une instance publique qui ne
respecte pas la représentativité de
toutes les communautés est illégitime.
Ce gouvernement amputé d’une des
composantes politiques et
confessionnelles libanaises a été une
tâche dans la vie politique et étatique
libanaise et il a pris des décisions
dont le Liban continue aujourd’hui
encore de payer le prix...Les
déclarations de Siniora à partir du
Parlement après la séance manquée du 8
août, ne sont qu’un spécimen des
mensonges qui n’ont cessé de marquer la
vie politique ces dernières années.
Source :
French.alahednews
Publié le
17 août 2016
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