Actualité
Le mépris avec classe
Serge Grossvak
Mercredi 11 mars 2020 Que des trouillards
! Ce ne sont que des trouillards ces
Français qui vident les rayons des
hypermarchés, qui font le plein de
pâtes. Les images parlent, images de
vide. Les commentaires expliquent
l'absurdité de ce geste de panique. Tout
est dit, il faut être idiot, au moins
bête, pour se laisser aller à stocker de
la nourriture. Que penser d'autre ?
Si nous avions à
faire à des journalistes et non à des
propagandistes du pouvoir, ils auraient
remarqué que ce sont les pâtes qui
manquent, et non le caviar. Ils auraient
remarqué que seules les pâtes de marque
magasin manquent, les moins cher, et non
celles « aux oeufs frais », « au blé
complet ». Les belles marques sont
toujours à disposition. La peur aurait
elle une classe sociale ?
Vivre ! Vivre la
ceinture serrée jour après jour, mois
après mois, année après année. Vivre
avec ce qui reste le loyer payé,
l'électricité payée, le nécessaire avant
la rue. Vivre dans un monde sans Rolex.
Vivre avec ce peuple si nombreux, qui «
coute un pognon de dingue », qui est
choqué de perdre 5€ sur l'APL et de
perdre encore et encore. Un peuple si
méprisé que les dominants ne se rendent
même plus compte de leur mépris. Des
méprisants qui regardent l'heure sur
leur Rolex, qui écrivent avec leur Mont
blanc (le ministre de la santé faisant
son graphique) mais n'ont plus de
perception de la vie du commun.
Lorsque la vie est
serrée, serrée, il est légitime d'avoir
peur de manquer de pâtes simplement
parce que leur prix aurait augmenté,
comme ce fût le cas l'an passé pour le
beurre. Vivre la ceinture serrée comme
pas possible comme cette dame croisée
l'an passé au début du mouvement des
gilets jaunes. Cette dame dont les yeux
brillaient qui nous donnait 50 centimes,
qui nous disait merci. Cette dame
inconnue qui nous avait tant ému que
nous en avons conçu notre « légion
d'honneur des gilets jaunes ». Nous
avions promis de nous conduire digne de
cette personne à la ceinture ultra
serrée.
J'ai pensé à cette
dame devant les rayons vides de pâtes à
bas pris, de sucre à bas pris, de
sardines à bas prix... pendant que les
rayons voisins regorgent. Tout un
symbole ! Tout ce qu'est notre société !
Bourgeois égoïstes,
je vous hais !
Serge Grossvak
11 mars 2020
Le sommaire de Serge Grossvak
Le dossier
Politique
Les dernières mises à jour
|