Liban
Préparatifs...
Scarlett Haddad
Photo: D.R.
Mardi 10 décembre 2013
Des milieux diplomatiques arabes se
déclarent inquiets pour le Liban. Selon
leur analyse de la situation, les
éléments d'une nouvelle attaque
israélienne contre le Hezbollah seraient
en train de se mettre en place.
Prenant comme point de départ
l'inquiétude israélienne à l'égard des
développements en Syrie où le président
Bachar el-Assad, allié du Hezbollah, est
en train de remporter des victoires sur
le terrain et d'assurer ainsi d'une
manière ou d'une autre le maintien de
son régime au pouvoir, ces milieux
mettent bout à bout les points
suivants :
Les Israéliens savent que dans le
contexte du rapprochement de l'Iran avec
la communauté internationale et
l'Occident en particulier, il leur est
impossible de lancer une attaque contre
les installations nucléaires iraniennes,
car ils n'obtiendraient pas le feu vert
américain pour cela. Ils ne peuvent pas
non plus lancer une attaque contre le
régime syrien, puisque tous les rapports
des renseignements occidentaux révèlent
que la priorité actuelle en Syrie est de
combattre les jihadistes takfiristes,
non de renverser le régime.
Mais en même temps, les Israéliens ne
peuvent pas admettre une victoire de
l'axe dit de la résistance dans le
conflit syrien, puisqu'une telle
victoire aurait des répercussions
positives sur le rôle de l'Iran dans
l'échiquier régional, ainsi que sur
l'avenir du régime syrien et sur le
Hezbollah au Liban.
Dans cette approche, les Israéliens
ne sont pas éloignés de la position de
l'Arabie saoudite, dont certains
dirigeants sont désormais convaincus que
le maintien de Bachar el-Assad au
pouvoir en Syrie constituerait une
menace pour la stabilité du royaume.
Cette convergence d'intérêts entre les
dirigeants saoudiens et les Israéliens
pourrait se traduire par une nouvelle
attaque contre le Hezbollah, avec l'aval
de la communauté internationale. Les
milieux diplomatiques arabes rappellent
qu'en visite à Riyad après la conclusion
de l'accord préliminaire sur le
nucléaire iranien, le secrétaire d'État
américain John Kerry avait déclaré en
présence de son homologue saoudien qu'il
n'est pas question de laisser le
Hezbollah contrôler le Liban. Cette
déclaration pourrait en quelque sorte
signifier que les États-Unis ne
s'opposeraient pas à une attaque
israélienne contre le Hezbollah au
Liban. Dès lors, il s'agit de préparer
le terrain à cette attaque.
C'est ce qui serait en train de se
jouer actuellement. En dépit de ce qu'il
considère comme la victoire de ses choix
en Syrie, le Hezbollah serait donc
actuellement en mauvaise posture sur le
plan interne, où la tension entre les
sunnites et les chiites ne cesse
d'augmenter. À cet égard, les milieux
diplomatiques arabes estiment que la
plaie béante entre Tripoli et Jabal
Mohsen a pour objectif d'alimenter en
permanence la tension confessionnelle.
Ce serait la raison pour laquelle aucun
plan de sécurité dans cette ville ne
pourrait réussir tant que l'objectif
recherché à travers l'ouverture des
fronts entre Jabal Mohsen et Bab el-Tebbané
est d'exacerber les haines
confessionnelles.
De plus, le bras armé du Hezbollah
est toujours placé sur la liste des
organisations terroristes par l'Union
européenne, alors que l'ouverture du
procès des assassins de l'ancien Premier
ministre Rafic Hariri prévue en janvier
2014 à La Haye ne pourrait que raviver
la colère des sunnites contre le
Hezbollah. En même temps, la série de
voitures piégées, celles qui ont explosé
et celles qui étaient destinées à le
faire, ainsi que
l'assassinat du chef militaire Hassane
Lakkis dans la banlieue sud
augmentent l'instabilité et l'atmosphère
de méfiance générale qui règne dans le
pays. Ce climat malsain est aiguisé par
le vide dans les institutions de l'État
et la menace de vacance au niveau du
pouvoir, alors que l'armée libanaise, en
dépit des déclarations d'appui, peine à
imposer son autorité à Tripoli et le
long des frontières. Si la situation
continue à se détériorer, le chaos
favoriserait une nouvelle attaque
israélienne contre le Liban au printemps
prochain.
Toutefois, interrogées sur un tel
scénario, des sources du Hezbollah
précisent qu'il est certain qu'Israël
envisage en permanence de mener une
attaque contre la résistance et attend
la moindre occasion pour le faire. Mais
même s'il se bat en Syrie, le Hezbollah
n'en reste pas moins prêt à toute
éventualité, surtout face à l'ennemi
israélien. De plus, ce dernier n'a pas
réussi à le briser pendant une guerre
qui a duré 33 jours en 2006 et alors que
le monde entier était à ses côtés (sauf
bien sûr l'Iran et la Syrie).
Aujourd'hui, non seulement le Hezbollah
est plus fort, mais il fait désormais
partie d'un axe régional...
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