LE CRI DES PEUPLES
L’armée israélienne abat un Palestinien autiste
Ha'aretz
Dimanche 31 mai 2020 Des policiers
israéliens mitraillent et tuent un
Palestinien handicapé à Al-Quds
(Jérusalem)
Source :
Haaretz, 30 mai 2020
Traduction :
lecridespeuples.fr
■ Eyad Hallaq,
32 ans, fréquentait et travaillait dans
une école pour handicapés près de
l’endroit où il a été abattu
■ Le policier
ayant tiré a déclaré qu’il soupçonnait
Hallaq d’être un terroriste parce qu’il
portait des gants
■ Une source
d’enquête indique que le policier a
continué à tirer au M-16 malgré le
commandement d’arrêter
Samedi, des
policiers israéliens ont abattu un
Palestinien non armé et handicapé dans
la vieille ville d’Al-Quds (Jérusalem).
Eyad Hallaq, 32
ans, résidait dans le quartier de Wadi
Joz à Al-Quds (Jérusalem-Est). Il
fréquentait et travaillait dans une
école pour handicapés dans la vieille
ville, à quelques mètres seulement de
l’endroit où il a été abattu.
Selon une
déclaration de la police des frontières,
deux policiers auraient remarqué que le
Palestinien transportait un objet
suspect qu’ils pensaient être une arme à
feu et lui ont ordonné de s’arrêter.
L’homme aurait refusé et commencé à fuir
les lieux, et les policiers ont commencé
à le poursuivre à pied et ont ouvert le
feu, le tuant.
La mère de
Hallaq à son domicile de Jérusalem-Est,
le 30 mai 2020.
Suite à l’incident,
la police a bouclé la vieille ville. Le
Département des enquêtes internes de la
police sera chargé d’enquêter sur
l’incident. Après avoir été interrogé,
l’un des policiers a été libéré dans des
conditions restrictives tandis que
l’autre serait en résidence surveillée.
Selon une enquête
initiale, deux policiers ont commencé à
pourchasser Hallaq après avoir été
informés par d’autres policiers qu’il
était un terroriste. L’officier le plus
ancien des deux a tiré en l’air tandis
que l’officier subalterne a tiré sur
Hallaq, qui essayait de se cacher
derrière une benne à ordures. Le tireur
a déclaré qu’il soupçonnait Hallaq
d’être un terroriste parce qu’il portait
des gants.
Selon une source
proche de l’enquête, l’officier
subalterne, qui était une nouvelle
recrue et était armé d’un M16, est
soupçonné d’avoir continué à tirer après
avoir reçu l’ordre de son commandant
d’arrêter, et cela parce qu’il a vu que
Hallaq bougeait encore. Un tribunal de
Jérusalem a émis une interdiction de
divulguer les noms des policiers
impliqués.
S’adressant à
Haaretz, les membres de la famille
Hallaq ont déclaré « qu’il n’était pas
capable de faire du mal à qui que ce
soit » et était autiste et reconnu comme
handicapé.
Le corps de Hallaq
a été transféré à l’Institut de médecine
légale. La famille de Hallaq a exigé
qu’un représentant palestinien soit
présent à l’autopsie. La famille a
déclaré plus tard que le pathologiste
palestinien n’avait pas été autorisé à
entrer.
Le père de Hallaq a
dit que son fils se rendait à l’école
spécialisée tous les jours. « Il n’a
jamais eu de problèmes avec la police.
Dans la matinée, nous avons reçu un
appel de l’établissement pour enfants
ayant des besoins spéciaux, nous disant
que notre fils avait été tué. »
Le père de
Hallaq (au centre), consolé à son
domicile, le 30 mai 2020.
Peu de temps après,
a déclaré le père de Hallaq, des
policiers et des agents du Shin Bet sont
arrivés chez lui et ont commencé à la
fouiller sans rien dire. Il a déclaré
que l’un des policiers avait insulté un
membre de la famille.
L’avocat
représentant la famille Hallaq a déclaré
que « nous considérons cela comme un
meurtre et demandons que les policiers
soient traduits en justice. Selon des
témoignages, une dizaine de balles ont
été tirées directement sur Hallaq. Nous
sommes certains qu’il n’a jamais
représenté le moindre danger pour les
officiers. »
Des manifestations
demandant justice pour Hallaq ont eu
lieu à Al-Quds (Jérusalem) et à Yafa
(Jaffa). Les manifestants ont brandi des
photos de George Floyd, un homme noir
qui a été tué par des policiers blancs à
Minneapolis la semaine dernière et dont
le meurtre a déclenché des
manifestations à l’échelle nationale aux
États-Unis contre la brutalité
policière.
Selon la version
des policiers, ils ont commencé à
poursuivre Hallaq à pied après avoir été
alertés au sujet d’un terroriste présumé
portant un pistolet. « Nous soupçonnions
qu’il agissait seul et avons réagi
conformément au protocole », a déclaré
l’un des policiers lors de
l’interrogatoire.
Les avocats d’un
des officiers impliqués dans les tirs
ont déclaré : « Un premier examen de
l’incident est en cours. Il semble
qu’une tragédie se soit produite. Les
officiers ont agi exactement comme on
l’attendait d’eux [à savoir tirer
d’abord et poser des questions ensuite].
Ils étaient convaincus qu’ils
empêchaient une nouvelle attaque
terroriste, semblable à celles que cette
région a connues, qui ont coûté la vie à
des citoyens et à des policiers. »
Les avocats ont
ajouté que les policiers de la police
des frontières impliqués avaient été
informés par les forces de police du
district d’Al-Quds (Jérusalem) déployées
près de la porte du Lion de la vieille
ville qu’un terroriste palestinien était
en fuite.
« Pour eux, c’était
un terroriste, point barre [comme tous
les Palestiniens aux yeux des occupants
sionistes]. Ils ont agi conformément à
l’ordre explicite qu’ils ont reçu de
leurs supérieurs. Il faut se rappeler
que de nombreuses attaques terroristes
ont été menées dans cette zone, et que
les deux ont donc agi conformément au
protocole, tout en faisant de leur mieux
pour appréhender le suspect » [en le
mitraillant de rafales de M-16], ont
déclaré les avocats dans un communiqué.
Ayman Odeh, le
Président de la Liste commune, une
alliance de quatre partis à majorité
arabe, a exprimé ses condoléances pour
la mort de Hallaq.
« Nous devons
lutter contre la dissimulation
prévisible de la police et nous assurer
que les officiers [responsables] iront
en prison… En même temps, nous devons
nous rappeler que ce sont eux qui ont
appuyé sur la détente, mais que c’est
l’occupation qui a chargé l’arme. La
justice ne sera rendue que lorsque la
famille Hallaq et l’ensemble du peuple
palestinien auront la liberté et
l’indépendance », a déclaré Odeh.
Le député arabe
Ahmed Tibi a rendu visite à la famille
Hallaq et a déclaré que l’enseignant de
Hallaq l’accompagnait samedi et avait
dit à la police qu’il était autiste. Il
a appelé la police à diffuser des images
vidéo du meurtre et a déclaré qu’il «
espère que le département des enquêtes
internes ne couvrira pas le crime, comme
il le fait habituellement ».
« Cela nécessite
une enquête indépendante, éventuellement
par un organisme international, étant
donné que l’incident s’est produit dans
un territoire occupé », a déclaré Tibi.
Certains députés
israéliens de gauche ont également
exprimé leur horreur face au meurtre.
Nitzan Horowitz, du parti de gauche
Meretz, a envoyé une lettre au chef de
la police et au ministre de la sécurité
publique pour enquêter sur le meurtre. «
Le rôle de la police est de protéger les
gens, pas de leur tirer dessus », a
écrit Merav Michaeli du Labour.
Le ministre du
Likoud, Amir Ohana, qui détient le
portefeuille de la sécurité publique au
gouvernement, a présenté ses
condoléances à la famille Hallaq et a
déclaré que l’incident faisait l’objet
d’une enquête. « Tant que l’enquête ne
sera pas terminée, nous ne déterminerons
pas le sort des policiers », a-t-il
déclaré dans un communiqué.
De plus, des
organisations palestiniennes à Gaza et
en Cisjordanie ont exprimé leur rage
face à cet incident.
Le porte-parole du
Hamas, Hazem Qassem, a déclaré que «
l’exécution d’un Palestinien ayant des
besoins spéciaux est une preuve des
crimes qu’Israël commet. Ces crimes
alimentent la résistance palestinienne,
dont la réponse sera de mener des
actions contre l’occupation et une
Intifada en cours. »
« Ceux qui
s’efforcent de normaliser leurs
relations avec Israël seront
responsables des épanchements de sang
palestinien sur Israël », a déclaré
Qassem.
Le Secrétaire
général du Fatah à Al-Quds (Jérusalem),
Shadi Mutour, a déclaré que « Hallaq a
été exécuté par des policiers
sanguinaires, dont le but est de mettre
en œuvre une politique d’intimidation et
de terreur contre les Palestiniens d’Al-Quds
(Jérusalem-Est) ». Il a ajouté que les
officiers israéliens ont la gâchette
facile en ce qui concerne les
Palestiniens, ce qui ne fera que les
encourager à rester attachés à leurs
terres et à lutter pour leurs droits.
La police
israélienne a commenté : « Le rôle de la
police à Al-Quds (Jérusalem), et en
particulier dans la vieille ville, est
particulièrement complexe et implique
souvent des sacrifices et des décisions
mettant des vies en danger. Ces
dernières années, nous avons assisté à
un certain nombre de tentatives cruelles
de nuire et de tuer des officiers de la
police des frontières dans la vieille
ville et ses environs. Le cas
exceptionnel qui s’est produit ce matin
a été immédiatement remis à l’unité
d’enquête, comme il est de coutume. Il
convient d’attendre les résultats de
l’enquête avant de tirer des conclusions
et d’éviter les commentaires
désobligeants et la calomnie injustifiée
de ceux qui travaillent quotidiennement
à protéger la sécurité des citoyens
israéliens [sortez les mouchoirs]. »
Vendredi, un
Palestinien a été abattu pour avoir
prétendument tenté d’écraser des soldats
dans la colonie de Halamish en
Cisjordanie. Des soldats de Tsahal
étaient assis sur un banc près de la
route lorsque selon leurs dires, un
conducteur palestinien a accéléré dans
leur direction. Les soldats auraient
réussi à s’écarter avant que le
conducteur n’atteigne le banc. Ils ont
tiré sur le chauffeur, le tuant. Il n’y
a eu aucun autre blessé.
Des informations
palestiniennes ont identifié le
conducteur comme étant Fadi Adnan Ka’ad,
37 ans, du village d’Abu Qash, au nord
de Ramallah. Des membres de sa famille
ont rejeté l’affirmation selon laquelle
Ka’ad tentait de mener une attaque,
affirmant qu’il allait récupérer sa
femme à Salfit lorsque sa voiture a fait
une embardée et que des soldats lui ont
tiré dessus.
Voir également
: Après
Youtube & Facebook, Vimeo bannit les
vidéos de Nasrallah et ‘Le Cri des
Peuples’
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