LE CRI DES PEUPLES
‘L’Accord de la Honte’ :
ce que contient
le plan de paix de Trump
RT
Mercredi 29 janvier 2020 Source :
RT
Traduction :
lecridespeuples.fr
Le plan de paix au
Moyen-Orient dévoilé par le Président
américain Donald Trump édicte les
conditions dans lesquelles un ersatz
d’État palestinien pourrait
éventuellement être reconnu. RT explore
le « Deal du siècle » de 180 pages pour
voir ce qu’il contient.
La « Vision pour la
paix, la prospérité et un avenir
meilleur » se présente dès le départ
comme « le résultat le meilleur, le plus
réaliste et le plus accessible pour les
parties ». Elle souligne que les quelque
700 résolutions de l’Assemblée Générale
des Nations Unies et plus de 100
résolutions du Conseil de sécurité n’ont
pas réussi à amener la paix au
Proche-Orient, tandis que les Accords
d’Oslo de 1993 ont laissé trop de
questions clés non résolues, « y
compris, entre autres, les frontières,
la sécurité, les réfugiés et Jérusalem.
» La vision de Trump tranche l’ensemble
de ces questions en assouvissant tous
les appétits d’Israël.
Sécurité
« Une solution
réaliste donnerait aux Palestiniens tout
le pouvoir de se gouverner eux-mêmes,
mais pas les pouvoirs de menacer Israël
», déclare la Vision au tout début. Par
conséquent, tout État palestinien
devrait être entièrement démilitarisé.
La Palestine
n’aurait aucun droit de « développer des
capacités militaires ou paramilitaires »
sans l’approbation d’Israël. Elle se
verrait également interdire la
possibilité de conclure des arrangements
sécuritaires ou diplomatiques avec
d’autres pays sans le consentement
d’Israël.
Israël conserverait
le droit de « démanteler et détruire
toute installation de l’État de
Palestine utilisée pour la production
d’armes prohibées ou à d’autres fins
hostiles », et garderait le contrôle de
« tous les passages internationaux vers
l’État de Palestine ».
En outre, comme
condition préalable à la reconnaissance
de cet « État » palestinien, l’Autorité
palestinienne devrait abandonner toute
action en justice en cours ou prévue
contre Israël, les États-Unis ou leurs
citoyens devant la Cour pénale
internationale, la Cour internationale
de Justice et tous les autres tribunaux.
Les frontières
À la page 45, la
Vision présente une « carte conceptuelle
» en guise de base pour les
négociations, conçue pour répondre à «
l’esprit » de la résolution 242 du
Conseil de sécurité des Nations Unies,
traitant des territoires palestiniens
précédemment détenus par l’Égypte et la
Jordanie mais accaparés par la force par
Israël durant la Guerre de 1967, à
savoir la Cisjordanie et Gaza.
La carte reflète
l’opinion des États-Unis selon laquelle
Israël n’est pas légalement tenu de
restituer aux Palestiniens les
territoires d’avant 1967 (le Golan
syrien y figure comme partie intégrante
du territoire israélien), mais quelque
chose de « taille raisonnablement
comparable ». Elle montre un État
palestinien presque entièrement enfermé
par Israël pour répondre à ses «
exigences de sécurité. » Comme indiqué
ci-dessus, Israël parviendrait à
maintenir le contrôle de la
quasi-totalité des frontières
palestiniennes.
On se demande
pourquoi l’Axe de la Résistance
désigne
Israël comme une « tumeur cancéreuse ».
Telle qu’elle est
dessinée, la carte « évite les
transferts forcés de population, arabes
ou juifs », souvent en créant des
enclaves au sein des enclaves, reliées
aux autres par des projets de routes
d’accès, de tunnels ou de viaducs. Elle
envisage des « liaisons de transport à
grande vitesse » pour les Palestiniens,
mais on ne sait pas ce que cela pourrait
signifier, car aucune infrastructure de
ce type n’existe actuellement aux
États-Unis mêmes.
Israël a déjà
déclaré qu’il annexerait la bande le
long de la frontière jordanienne (vallée
du Jourdain) ainsi que d’autres zones
qui lui sont assignées par la carte,
tout en suspendant toutes les activités
de colonisation dans les
zones-bantoustans prévues pour les
Palestiniens pendant quatre ans, pour
donner aux Palestiniens le temps de
faire leur choix. Trump a déjà indiqué
qu’il comptait sur l’étranglement
économique pour les contraindre à
l’accepter.
Jérusalem
Partagée par
l’armistice de 1949 entre Israël et la
Jordanie, Jérusalem est sous contrôle
israélien depuis 1967. Israël a
officiellement annexé toute la ville,
une revendication reconnue par Trump en
décembre 2017, mais pas par l’ONU ni par
le reste de la communauté
internationale.
La Vision traite
Jérusalem comme la capitale israélienne
indivisible, bien qu’en posant
théoriquement le principe de la liberté
d’accès à ses lieux saints à toutes les
communautés religieuses, et propose que
la capitale palestinienne soit « dans la
section de Jérusalem-Est située dans
toutes les zones à l’est et au nord de
la barrière de sécurité existante, y
compris Kafr Aqab, la partie orientale
de Shuafat et Abu Dis, qui pourrait être
nommée Al Quds ». Il ne s’agit
donc pas à proprement parler de
Jérusalem-Est, mais d’une localité à
l’Est des limites de Jérusalem. L’État
palestinien aurait le privilège insigne
de donner le nom de son choix à cette
capitale (page 21).
Réfugiés
L’un des problèmes
les plus difficiles à résoudre a été la
question des réfugiés palestiniens,
déplacés depuis 1948. Le plan Trump
affirme outrageusement que « presque le
même nombre de Juifs et d’Arabes ont été
déplacés par le conflit arabo-israélien
», mais alors que les Juifs ont obtenu
la citoyenneté et ont été absorbés par
Israël, les Palestiniens ont été «
cruellement et cyniquement tenus dans
une situation de vide juridique pour
maintenir le conflit en vie » par les
États arabes voisins. Israël se voit
donc absous de toute responsabilité dans
la tragédie palestinienne, dont les
seuls responsables explicitement nommés
seraient le Hamas et le Jihad Islamique.
Le droit au retour
reconnu par le droit international est
tout simplement abrogé : « Il n’y aura
aucun droit de retour ou d’absorption de
réfugiés palestiniens dans l’État
d’Israël. »
Les Palestiniens
auront le choix de demander la
citoyenneté dans l’État-fantôme
palestinien, de s’intégrer dans les pays
où ils vivent actuellement ou de se
réinstaller dans un pays tiers. Une «
généreuse manne financière » sera
établie pour payer cela — c’est du moins
ce que promet ce plan.
La carotte et le
bâton
La plus grande
partie du document concerne les
incitations économiques pour les
Palestiniens, y compris la seconde
moitié de 95 pages qui expose la
proposition élaborée par le gendre et
conseiller de Trump, Jared Kushner, et
présentée l’année dernière au Bahreïn.
La présentation détaillée envisage la
manière dont les Palestiniens devraient
structurer leur gouvernement, la
société, l’économie, l’éducation, les
soins de santé, etc. Un concept inédit
de « souveraineté » entièrement imposée
et contrôlée depuis l’extérieur.
En somme, ce plan
promet aux Palestiniens un million de
nouveaux emplois, des milliards de
dollars d’investissements pour les
sortir de la pauvreté et un pseudo-État
qu’ils pourront considérer comme le
leur, à condition :
-
qu’ils acceptent une forme
particulière de souveraineté
restreinte, démunie de tous les
attributs régaliens de l’Etat, et
entièrement subordonnée aux
exigences sécuritaires et à
l’ingérence israéliennes ;
-
qu’ils reconnaissent Israël comme
État juif et abandonnent toutes
leurs revendications sur les terres
qu’ils détenaient ;
-
et qu’ils réorganisent l’ensemble de
leur société sur le modèle d’une
démocratie libérale occidentale.
Alors que Trump et
le Premier ministre israélien Benjamin
Netanyahou ont salué la proposition
comme étant « l’Accord du Siècle »,
toutes les factions palestiniennes ont
déjà dénoncé ce projet comme mort-né.
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