LE CRI DES PEUPLES
‘Comme un sac d’ordures’ : un ouvrier
arabe suspecté
de Covid-19 jeté par
Tsahal en territoire palestinien
Mercredi 25 mars 2020 Israël
veut-il profiter du coronavirus pour
décimer la population palestinienne ?
Source :
Middle East Eye, le 23 mars 2020
Traduction :
lecridespeuples.fr
C’était comme une
scène sortie tout droit d’un film
d’horreur.
C’est ainsi que
Ibrahim Abu Safiya, 25 ans, a décrit le
moment où il a vu quelqu’un gisant par
terre près d’un poste de contrôle
israélien à la périphérie du village de
Beit Sira, à l’ouest de Ramallah.
« Nous nous sommes
approchés de l’homme allongé sur le sol
et il avait l’air terriblement malade »,
a expliqué Abu Safiya à Middle East
Eye.
« Il avait une
fièvre très élevée. Il pouvait à peine
bouger son corps et il avait du mal à
respirer », a expliqué Abu Safiya.
L’homme allongé sur
le sol était un ouvrier palestinien qui
travaille en Israël. Il a déclaré à Abu
Safiya qu’il montrait des symptômes de
coronavirus depuis les quatre derniers
jours, et a récemment été dépisté pour
le virus. Ce test est par la suite
revenu négatif.
Mais avant que
l’homme, qui serait un résident de
Naplouse, ne puisse recevoir les
résultats de ses tests, son employeur
israélien aurait appelé les autorités,
qui l’ont saisi et déposé de l’autre
côté du poste de contrôle de Beit Sira,
qui relie le centre d’Israël et la
Cisjordanie occupée.
« Il nous a dit
qu’ils venaient de le jeter ici par
terre et de l’abandonner », a rapporté
Abu Safiya.
« Comment ont-ils
pu faire ça à un individu, a-t-il
demandé ? Peu importe qu’il soit
palestinien, israélien ou autre. C’est
un être humain. »
Abandonné gisant
à la frontière
Quand Abu Safiya et
son ami sont tombés sur l’homme, dont
l’identité reste inconnue, ils ont
commencé à filmer une vidéo qui est
maintenant devenue virale sur les
réseaux sociaux palestiniens [et
arabes].
Abu Safiya a dit
qu’il craignait d’être témoin d’une
répétition des événements de la veille.
Il allègue qu’au
cours du week-end, un autre travailleur
palestinien, qui craignait lui-même
d’avoir contracté le virus, s’est rendu
seul au poste de contrôle de Beit Sira
afin de retourner en Cisjordanie.
Lorsque l’homme est
arrivé, il a fait état de sa condition,
suite à quoi les services d’urgence
palestiniens ont été appelés. Ils
étaient censés envoyer une ambulance
pour le récupérer, mais cela ne s’est
pas produit.
Quelques jours
auparavant, Israël a approuvé l’entrée
de milliers de travailleurs palestiniens
dans le pays, à condition qu’ils restent
en Israël pendant au moins un mois pour
empêcher la propagation du virus en
Cisjordanie.
Dans le cadre de
l’accord avec l’Autorité palestinienne,
à leur retour, dont les modalités
doivent être coordonnées avec les
autorités israéliennes, tout travailleur
serait immédiatement placé en
quarantaine de 14 jours.
« Mais le fait que
deux travailleurs soient venus, ou aient
été jetés ici au point de contrôle le
plus proche, sans préavis, et clairement
sans coordination, est très inquiétant
», a déclaré Abu Safiya.
Alors que le
porte-parole de l’Autorité palestinienne
Ibrahim Melhem a annoncé que le
travailleur malade avait été « remis » à
des responsables palestiniens au point
de contrôle lundi, Abu Safiya a déclaré
que ce n’était absolument pas le cas.
« Ni l’homme d’hier
ni celui d’aujourd’hui n’ont été remis
[par les forces israéliennes] à une
ambulance [palestinienne] », a-t-il dit,
ajoutant que dans les deux cas, les
médecins palestiniens ont mis près de
trois heures pour arriver de Ramallah à
Beit Sira.
« Le gouvernement
palestinien doit exiger le respect de la
coordination avec la partie israélienne
pour empêcher que cela ne se reproduise,
a-t-il dit. Ils ne peuvent pas continuer
à déposer des gens ici sans aucune aide.
»
« Le vrai visage
de l’occupation israélienne »
Malgré son choc à
la vue d’un homme malade « abandonné à
la mort » non loin d’un poste de
contrôle, Abu Safiya a déclaré qu’il
n’était pas surpris par l’incident.
« C’est le vrai
visage de l’occupation israélienne,
a-t-il déclaré à Middle East Eye.
Ils nous tuent quotidiennement, donc ça
ne change rien pour eux. »
La vidéo filmée par
Abu Safiya et son ami est devenue virale
sur les réseaux sociaux palestiniens
lundi, alors que le public exprimait son
indignation face au traitement du
travailleur.
Abu Safiya dit que
la raison pour laquelle cette vidéo a eu
tant l’écho auprès des Palestiniens est
qu’ « elle illustre le problème plus
large de la façon dont Israël traite les
travailleurs palestiniens et [à quel
point] ils méprisent nos vies », a-t-il
déclaré.
« Le gouvernement
israélien leur a donné l’autorisation
d’aller travailler, connaissant les
risques », a-t-il dit. Et pour cette
raison, le gouvernement devrait
également fournir aux travailleurs la
protection appropriée.
Abu Safiya a
déclaré qu’il comprenait pourquoi tant
de travailleurs avaient choisi de
risquer leur santé et leur sécurité pour
aller travailler en Israël au milieu de
la pandémie.
« Ils ont dû faire
l’impossible choix de rester en bonne
santé ou de laisser leurs familles
mourir de faim, a-t-il dit. Tant de gens
ont choisi de travailler pour subvenir
aux besoins de leur famille. Et nous ne
pouvons pas leur en vouloir. »
« Mais Israël veut
aussi qu’ils travaillent, alors ils
devraient prendre soin d’eux. S’ils ne
peuvent pas les soigner en Israël, au
moins, qu’ils ne les jettent pas comme
des animaux », a-t-il dit, la colère
résonnant dans sa voix.
« C’est comme si
nous étions leurs esclaves, a-t-il
poursuivi. Ils nous utilisent quand ils
ont besoin de nous, et quand ils ont
fini, ils nous jettent comme des
ordures. »
Akram Al-Waarain,
Cisjordanie occupée
L’AP ordonne aux
Palestiniens de retourner en Cisjordanie
en raison de mauvais traitements en
Israël
Source :
Middle East Monitor, 25 mars 2020
Traduction :
lecridespeuples.fr
Des travailleurs
palestiniens disposent des légumes dans
un grand supermarché
appartenant à des
colons israéliens situé à la jonction Gush Etzion en Cisjordanie occupée.
Les travailleurs
palestiniens en Israël sont exhortés par
le Premier ministre de l’Autorité
palestinienne Mohammad Shtayyeh à
retourner en Cisjordanie occupée.
L’ordre vient dans le sillage de la
diffusion sur les réseaux sociaux
d’images d’un travailleur palestinien
souffrant de symptômes de coronavirus,
largué sur le bas-côté par des policiers
israéliens au poste de contrôle de Beit
Sira.
« À la lumière des
développements dangereux et successifs
en Israël et des mesures d’interdiction
de mouvement prévues, nous appelons tous
les travailleurs palestiniens à rentrer
chez eux », a écrit Shtayyeh sur
Facebook. Il a ajouté que le faire « les
protégerait et préserverait leur
bien-être ».
Shtayyeh a
également appelé tous les Palestiniens
qui retournent en Cisjordanie occupée à
suivre les directives de son
gouvernement visant à empêcher la
propagation du virus. Quiconque les
viole, a-t-il insisté, sera tenu
responsable. Tous les Palestiniens, a
souligné le Premier ministre, sont tenus
de rester chez eux, à moins qu’ils ne
sortent pour se procurer des vivres dont
ils ont un besoin urgent ou à des fins
médicales.
La semaine
dernière, Israël a déclaré que les
travailleurs et les commerçants
palestiniens de Cisjordanie occupée
seraient autorisés à entrer dans le pays
s’ils restaient un à deux mois avec
l’employeur qui leur fournissait le
logement. Cependant, les travailleurs se
plaignent des mauvaises conditions de
vie et des mauvais traitements infligés
par leurs employeurs, ce qui a incité
l’Autorité palestinienne à les appeler à
rentrer chez eux.
Le porte-parole du
gouvernement de l’AP, Ibrahim Milhem, a
critiqué les mauvaises conditions de vie
que certains employeurs israéliens ont
fournies à leurs employés palestiniens.
« Les dispositions pour dormir ne
conviennent pas aux êtres humains »,
a-t-il déclaré à l’agence de presse Wafa.
Les autorités
palestiniennes ont déclaré qu’à ce jour,
60 personnes en Cisjordanie ont été
testées positives pour le virus, dont 16
qui se sont rétablies.
Voir également
Histoire juive, religion juive : le
poids de trois millénaires (1,
2 et
3) ainsi que notre
dossier sur le coronavirus.
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