LE CRI DES PEUPLES
Nasrallah : une guerre contre l’Iran
signifierait la fin d’Israël, des Saoud
et de l’hégémonie américaine
Lundi 24 juin 2019
Discours du Secrétaire Général du
Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, le
vendredi 31 mai 2019, à l’occasion de la
Journée Internationale d’Al-Quds
(Jérusalem).
Traduction :
lecridespeuples.fr
Voir les
extraits précédents :
La Résistance et les peuples
arabo-musulmans n’abandonneront jamais
la Palestine
En cas de guerre, le Hezbollah et la
Résistance à Gaza s’empareront de vastes
territoires israéliens
L’Axe de la Résistance est plus puissant
que jamais, l’Accord du Siècle est voué
à l’échec
Transcription
:
[…] Aujourd’hui,
(les Etats-Unis, Israël et l’Arabie
Saoudite) se concentrent sur le point de
force essentiel de cet Axe (de la
Résistance). C’est le point suivant (de
mon discours), à savoir l’Iran. C’est la
puissance principale (de l’Axe de la
Résistance), sans aucun doute. C’est le
cœur de cet Axe. C’est l’Iran qui a aidé
l’Irak lors de l’invasion de Daech,
lorsque (ces terroristes) sont parvenus
aux portes de Karbala et de Bagdad.
L’Iran a aidé les dirigeants syriens et
l’armée syrienne durant les temps
difficiles (face à Daech), il s’est tenu
aux côtés de la Résistance au Liban et
de la Résistance en Palestine, etc.,
etc., etc. Et sa position
(anti-impérialiste et anti-sioniste) est
claire et décisive. Voilà tout.
Aujourd’hui, toute
cette insistance contre l’Iran —et c’est
Trump, Pompeo et les autres qui le
disent explicitement, ce n’est pas mon
analyse. (Ils disent) qu’en assiégeant
l’Iran, en le soumettant à des sanctions
et à des pressions, tout cet Axe (de la
Résistance) s’affaiblira, s’effondrera
et se dissoudra. Et ils commencent à
faire le compte (de nos pertes)
financières, attendant chaque fin de
mois pour voir si le Hezbollah a (pu)
payer ou non les salaires (de ses
membres et combattants), n’est-ce pas ?
Tous les yeux sont rivés sur l’Iran.
Hier, qu’ont dit
nos frères (de la Résistance) à Gaza ?
Ils ont déclaré : « Notre Communauté
nous a abandonnés, mais l’Iran nous a
(pleinement) soutenus. L’Iran nous a
aidés militairement et financièrement. »
Et c’est la vérité. C’est pourquoi (ils
ont mis tous leurs efforts) contre
l’Iran. Ils exercent une pression
maximale sur l’Iran.
Au sujet de l’Iran,
on retrouve ces mêmes régimes qui,
depuis le premier jour, ont déclaré leur
hostilité à la République Islamique. Dès
le premier jour du triomphe de (la
Révolution de) l’Imam Khomeini (en
1979), ils ont planifié et comploté (la
chute) de la République Islamique. Et
ils ont continué jusqu’à aujourd’hui,
durant 40 ans. Ils ont diffamé l’Iran,
lancé des accusations mensongères contre
l’Iran, se sont efforcés d’isoler
l’Iran, incité (les peuples
arabo-musulmans) contre l’Iran… Un jour,
on diffamait l’Iran en le désignant
comme Majus (Zoroastrien,
non-islamique) : on se souvient tous que
la (propagande de) guerre de Saddam
Hussein contre l’Iran était basée sur la
(prétendue) lutte contre les Perses et
les Mages (zoroastriens). Bien sûr, il
ne pouvait pas prétendre qu’il
s’agissait d’une guerre
sunnites-chiites, comme l’ont fait les
Saoud, car plus de la moitié du peuple
irakien est chiite, de même qu’une
grande partie de l’armée irakienne. Il
n’était pas possible de leur présenter
la guerre comme une guerre
sunnites-chiites, donc il les a désignés
comme des Mages (Zoroastriens). Mais le
monde a découvert (depuis) que le peuple
iranien n’est pas Zoroastrien (mais bel
et bien musulman).
Ils ont d’abord
présenté la lutte (contre l’Iran) comme
une lutte des Arabes contre les Perses,
puis ils ont développé la bataille comme
une guerre sunnites-chiites. Ensuite,
ils (ont essayé de) nous vendre (le
risque) de la (conversion des peuples
au) chiisme Safavide, Alawite et que
sais-je encore. Enfin, ils en sont venus
aux sanctions économiques, jusqu’aux
menaces de guerre qui culminent
aujourd’hui.
Va-t-il y avoir une
guerre ou pas ? Telle est la question
(brûlante) du jour. Car durant les
dernières semaines, (le monde entier)
s’est demandé s’il y aura (une nouvelle
guerre) dans la région. Bien sûr, s’il y
a une guerre entre les Etats-Unis et
l’Iran, la région toute entière se
transformera radicalement. Je vais en
parler un peu.
Certains poussent à
la guerre avec force. C’est, au sein de
l’administration américaine —car Trump
affirme qu’il ne veut pas de guerre,
mais je parle des autres—, il est clair
que Bolton pousse à la guerre de
(toutes) ses forces. Bolton, le menteur,
le personnage issu de dessin animés
—vous vous souvenez de (ma
plaisanterie il y a 15 ans sur son
apparence comique et) sa moustache
(extravagante)—, qu’a-t-il déclaré hier
? Il a dit que « Notre objectif n’est
pas de renverser le régime iranien. »
Mais il y a quelques mois, lors d’une
rencontre avec les Hypocrites iraniens (Mujahedeen-e-Khalq),
il a déclaré qu’avec la Grâce de Dieu,
ils commémoreraient ensemble le Nouvel
an (perse) 2019 à Téhéran (après avoir
renversé le régime). Quels (mensonges)
éhontés ! Nous n’oublions pas (les
déclarations précédentes), surtout que
celles-ci ne datent que de quelques
mois, mon cher ami ! Ce ne sont pas des
propos qui datent de 20 ans. Ça ne date
que de quelques mois. Il ont retourné
leur veste ! Ils ont eu froid aux pieds,
pour parler familièrement. Je vais vous
dire pourquoi ils ont fait marche
arrière.
Il y a donc Bolton,
Ben Salmane, Netanyahou, et (disons
simplement) d’autres (dirigeants) du
Golfe (qui poussent à la guerre), pour
ne pas allonger la liste de noms. Voilà
donc (la situation). Ils poussent tous
(à la guerre). Quiconque regarde les
médias du Golfe croira que Trump
travaille pour les télévisions arabes.
(Ces médias répétaient jour et nuit) que
Trump était résolu à la guerre, qu’elle
était imminente et que les destroyers
américains étaient en route. (A les en
croire), Trump était posé devant ces
chaines de télévision arabe, et il
exécutait leurs ordres.
Je vais partir des
propos de Son Eminence l’Imam et Leader
(de la Communauté Islamique), Sayed
Khamenei, que Dieu le préserve. Et ce
n’est pas un devin. C’est un homme qui
dirige cette Communauté depuis 30 ans
(la doctrine du wilayat-al-faqih
en fait le dirigeant suprême de l’Iran
et de tous les musulmans), et il connaît
toutes les données stratégiques, tous
les détails, tous les faits et toutes
les équations de force et de faiblesse.
Et il a déclaré qu’il n’y aurait pas de
guerre. Ni guerre, ni négociations (avec
les Etats-Unis). Le fait qu’il n’y ait
pas de négociations est une décision
(entièrement) entre les mains des
Iraniens (qui refusent toute négociation
avant la fin des sanctions, malgré
l’insistance américaine pour une
rencontre sans conditions préalables).
Le fait qu’il n’y ait pas de guerre
implique tout le monde (les Etats-Unis
et leurs alliés, face à l’Iran et ses
alliés).
Parlons donc de
l’improbabilité d’une guerre. Pourquoi
(Sayed Khamenei affirme-t-il qu’il) n’y
aura pas de guerre ? Voici notre analyse
(de la situation). Je ne prétends pas
présenter les raisons qui ont motivé le
propos de Son Eminence Sayed Khamenei,
mais notre analyse à nous (le
Hezbollah).
Premièrement, c’est
la puissance de l’Iran (qui repousse
l’éventualité d’une guerre). S’il n’y a
pas de guerre, ce n’est dû à la
bienveillance ou à la générosité de
personne. Si l’Iran était faible, la
guerre aurait eu lieu depuis bien
longtemps. Le niveau (exceptionnel) de
haine, de ressentiment, de complot et de
conspiration des pays arabes, du Golfe,
des Etats-Unis d’Israël et des sionistes
contre l’Iran aurait déjà poussé à une
guerre depuis très longtemps si Iran
avait été faible. C’est parce que l’Iran
est fort et possède des capacités
(considérables), par son peuple, ses
forces armées, son régime, son Leader,
ses autorités religieuses et savants,
par sa situation générale et ses
spécificités, et parce qu’en premier et
en dernier lieu, l’Iran place sa
confiance en Dieu, croit en Lui et en Sa
promesse, l’Iran est puissant, et c’est
pour cela qu’il est redouté de tous.
L’Iran est craint et respecté. Voilà
pour le premier point (qui explique
l’improbabilité d’une guerre). Trump ne
fait pas face à un régime qui ne
tiendrait pas une ou deux semaines ou
dont les avions s’écraseraient (sans les
Etats-Unis, contrairement à l’Arabie
Saoudite), nous parlons d’une puissance
véritable. Voilà pour le premier point.
Telle est la première raison (de
l’improbabilité d’une guerre).
La deuxième raison
—et (je souhaite) que le monde entier
écoute attentivement mes propos— est que
M. Trump, son administration et ses
services de renseignement savent très
bien qu’une guerre contre l’Iran ne
resterait pas limitée aux frontières de
l’Iran ! Une guerre contre l’Iran
mettrait toute la région à feu et à sang
!
[Audience : A
ton service, ô Nasrallah !]
Toute la région
s’embrasera ! Et toutes les forces
américaines et les intérêts américains
dans la région seront annihilés ! Et
tous ceux qui ont comploté et conspiré
(contre l’Iran) en paieront le prix
(exorbitant), et en premier lieu Israël
et les Saoud !
[Audience : A
ton service, ô Nasrallah !]
Et Trump sait que
lorsque la région s’embrasera… Peu lui
importe qui mourra et qui restera en
vie. Je parle de ce qui lui importe !
Lorsque la région s’embrasera, le prix
du baril de pétrole atteindra les 200,
300 voire 400 dollars, et il perdra les
élections (présidentielles). Telle est
l’équation des forces. Lorsque Son
Eminence le Leader affirme qu’il n’y
aura pas de guerre, (cela signifie que)
l’Iran n’initiera de guerre contre
personne, mais si les Etats-Unis veulent
initier cette guerre, ils doivent
prendre en considération toutes ces
données dans leurs calculs, à savoir
l’ampleur des pertes humaines et
matérielles que subiront les Etats-Unis
s’ils se lancent dans une telle guerre.
Et c’est cela qui empêche la guerre de
survenir.
Quant à ces
misérables (Saoud), ils veulent que
Trump vienne combattre en leur défense,
au service de leurs haines et de leurs
ressentiments… Eh, tonton, Trump ne
travaille pas pour vous, c’est vous qui
êtes à son service ! C’est vous qui êtes
à sa botte ! C’est vous qui êtes les
instruments de son projet, et non
l’inverse ! (Il n’est pas au service de)
vos ambition et de vos haines ! Ses
calculs sont différents des vôtres ! Il
ne compte qu’en millions, en milliards,
en dollars, en pétrole… Tels sont ses
calculs, bien différents des vôtres !
Maintenant,
détendons un peu l’atmosphère. Faisons
donc l’hypothèse que les Etats-Unis
lancent une guerre contre l’Iran. Et
imaginons que l’Iran ne parvienne pas a
faire échec à cette attaque, et qu’à
Dieu ne plaise, les Etats-Unis en
sortent vainqueurs et l’Iran vaincu.
Comment Trump pourrait-il soutirer les
milliards de dollars qui restent aux
pays du Golfe ? Comment ? Trump utilise
et instrumentalise tout dans un but
économique et financier. L’Iran est
puissant, et Trump n’a aucun intérêt à
ce que les pays du Golfe s’entendent,
dialoguent avec l’Iran ou concluent des
pactes de non-agression avec l’Iran. Il
n’a aucun intérêt à cela. Son intérêt
est de continuer à faire en sorte que
les pays du Golfe continuent à avoir
peur de l’Iran pour les traire, les
traire et encore les traire (de tous
leurs milliards)… et n’en laisser aucune
goutte ! N’est-ce pas ? S’il lance cette
guerre, quelle sera la logique, quelle
sera la nécessité de vendre tous ces
missiles, tous ces avions, tous ces
tanks, d’envoyer tous ces destroyers
(dans le Golfe persique), toutes ces
bases dans la région, etc. Tout cela
n’aura plus de sens. Quelle stupidité,
quelle stupidité ! Quelle imbécilité !
Gloire à Dieu !
Quoi qu’il en soit,
la priorité de Trump est donc la guerre
économique contre l’Iran. Et il mène une
guerre économique contre la Chine, et
même contre le Venezuela, qui n’est pas
l’Iran, mais sa priorité y est quand
même la guerre économique. Même contre
la Corée du Nord, sa priorité est la
guerre économique.
Quoi qu’il en soit,
je veux présenter des indices forts qui
montrent que l’hypothèse d’une guerre
s’est estompée. Premièrement, Trump
lui-même, qui est le décideur et le
principal concerné, a déclaré à la
télévision qu’il ne veut pas de
confrontation militaire avec l’Iran, et
que leur guerre contre l’Iran était
économique, car une guerre militaire
entraînerait davantage de pertes
financières et humaines. Et il a réfuté
de manière catégorique l’existence d’un
plan visant à envoyer 120 000 officiers
et soldats américains dans la région, et
les 120 000 soldats sont devenus 5000,
les 5000 sont devenus 1500, les 1500
sont devenus 900, et ils ont (finalement
simplement) prolongé la mission des 600
qui sont déjà présents ici. Ce sont des
faits indéniables, n’est-ce pas ?
De base, ô mes
frères et sœurs, Trump veut quitter la
région, et il a fait toute une histoire
pour quitter la Syrie. Mais
immédiatement, la CIA, le Pentagone, le
Congrès, Israël, l’Arabie Saoudite et
les Emirats ont fait un scandale, et lui
ont tous dit (à l’unisson) que s’il
quittait la Syrie, les Emirats et
l’Arabie Saoudite se rendraient
immédiatement à Damas (pour renouer
leurs relations avec le régime), que
Damas reviendrait (en force) au sein du
monde arabe, et que cela renforcerait
l’Iran. Il a donc (cédé à ces pressions)
et accepté de laisser 200 soldats en
Syrie. […]
Ce discours sera
traduit dans son intégralité. A venir :
IV – Le sommet
de La Mecque
V – Des usines
de fabrication de missiles de précision
au Liban ?
Pour soutenir
ce travail
censuré en permanence et ne manquer
aucune publication, abonnez-vous à la
Newsletter.
Le sommaire de Sayed Hasan
Le dossier
Hezbollah
Le
dossier Iran
Les dernières mises à jour
|