LE CRI DES PEUPLES
Narcisse & L’Apocalypse :
Trump se retire des traités
internationaux
parce qu’ils ne comportent pas sa
signature
Scott Ritter
Dimanche 24 mai 2020
Scott Ritter est un ancien officier
du renseignement du corps des Marines
américains. Il a servi en Union
soviétique comme inspecteur de la mise
en œuvre du traité INF, auprès du
Général Schwarzkopf pendant la guerre du
Golfe et de 1991 à 1998 en tant
qu’inspecteur des armes de l’ONU.
Source :
RT, le 21 mai 2020
Traduction :
lecridespeuples.fr
En annonçant son
intention de se retirer du Traité Ciel
ouvert, l’administration Trump poursuit
sa guerre contre les accords de contrôle
des armes hérités, mettant en danger la
sécurité internationale.
L’administration
Trump a officiellement annoncé son
intention de se retirer du Traité Ciel
ouvert (‘Open Skies Treaty’ ou OST) de
2002, un accord multilatéral essentiel
impliquant 35 États qui permet à des
avions de reconnaissance spécialement
équipés de survoler les territoires des
autres États membres, et de contribuer
ainsi au type de transparence nécessaire
pour minimiser les risques de conflit en
tenant tous les membres informés des
activités militaires dans les régions
d’intérêt. L’OST revêt une importance
particulière pour ses membres européens,
qui peuvent accéder aux informations
obtenues par les survols américains du
territoire russe.
Bien que les
capteurs embarqués à bord des avions
conformes aux normes de l’OST n’aient
pas le type de haute résolution atteint
par les satellites espions modernes (les
capteurs ne sont pas autorisés à
atteindre une résolution supérieure à 30
centimètres, tandis que leurs homologues
militaires peuvent atteindre 5 à 10
centimètres), l’imagerie obtenu via
l’OST n’est pas classifiée, et en tant
que telle, peut être largement partagée,
ce qui la rend utile pour les
discussions diplomatiques.
Les États-Unis ont
proposé de remplacer les images dont
seront privés leurs alliés européens du
fait de leur retrait du traité par des
images obtenues à l’aide d’actifs sous
contrôle américain ou disponibles dans
le commerce, qui, selon les États-Unis,
auront une résolution plus élevée que
les images OST.
Pour l’Europe,
cependant, la qualité du produit est
moins importante que le renforcement de
la confiance et du sentiment de sécurité
engendrés par les processus associés à
la collecte des images. Un groupe
d’anciens hauts responsables européens
de la défense et de la sécurité a fait
valoir que même si les États-Unis se
retiraient de l’OST, les nations
européennes devaient y rester, ne
serait-ce que pour conserver un niveau
de transparence avec la Russie qui
serait autrement perdu. Bien que la
Russie ait condamné la décision des
États-Unis, elle ne s’est pas encore
engagée à faire de même ou à rester
partie prenante du Traité, qui
deviendrait essentiellement un accord de
sécurité européen.
Les survols de
l’OST ont des avantages réels pour les
États-Unis et l’Europe, qui seront
perdus une fois que les États-Unis se
retireront.
« Les vols
d’observation dans le cadre du traité »,
a noté le membre du Congrès Eliot Engel,
président de la commission des affaires
étrangères de la Chambre,
dans une lettre qu’il a écrite en
octobre 2019, « ont généré des
informations supplémentaires concernant
l’action militaire russe en Ukraine et
ont fourni un contrôle sur davantage
d’agression là-bas. Les alliés et
partenaires de l’OTAN, et l’Ukraine en
particulier, ont souligné à plusieurs
reprises l’importance du Traité Ciel
ouvert pour leurs efforts de
surveillance des forces militaires
russes. »
La mise en œuvre du
Traité Ciel ouvert n’a pas été sans
complications ni désaccords.
Au fil des ans, la
Russie et les États-Unis ont échangé des
accusations de non-respect des traités,
notamment le refus de certains survols
et des mesures trop restrictives
incompatibles avec les mandats des
traités.
Dans leur
délimitation des raisons de la décision
de se retirer de l’OST, les États-Unis
ont expliqué que la Russie avait imposé
des restrictions inadmissibles
concernant les survols de Moscou et de
la Tchétchénie, ainsi que de l’Abkhazie
et de l’Ossétie du Sud, régions que les
États-Unis considèrent comme faisant
partie de la Géorgie mais que la Russie
reconnaît comme États indépendants.
La Russie, pour sa
part, a
accusé les États-Unis de faire de
même en ce qui concerne les territoires
et possessions insulaires des
États-Unis, et de soutenir les actions
de son allié de l’OTAN, la Turquie, en
limitant les survols russes de portions
importantes du sud-est de la Turquie. De
plus, les États-Unis ont rejeté les
demandes de survol de la Russie à l’aide
d’avions équipés de capteurs numériques
avancés, bien qu’ils aient équipé leurs
propres appareils d’un équipement
similaire.
Alors que certaines
des accusations américaines sont
recevables, beaucoup ne le sont pas. Par
exemple, les États-Unis se sont plaints
qu’une décision russe de bloquer une
demande américaine de survoler des
exercices militaires russes en septembre
2019, invoquant une incapacité à
garantir la sécurité de l’avion
américain dans une zone de manœuvres
actives, était fallacieuse. Cependant,
le Traité autorise de tels refus pour
les raisons indiquées.
De même, les
États-Unis ont accusé la Russie
d’utiliser l’OST comme couverture pour
effectuer des survols non autorisés du
territoire américain à l’aide de
capteurs non conformes. Aucune preuve
n’a été fournie pour étayer
l’allégation, y compris comment de tels
survols pourraient se produire compte
tenu de la présence de personnel
militaire américain à bord de l’avion
russe et des inspections approfondies
des appareils effectuées par du
personnel américain avant tout survol du
territoire américain.
L’administration
Trump se plaint depuis longtemps des
coûts associés au traité (le ministère
de la Défense a exprimé son désaccord
face au prix de
125 millions de dollars pour chaque
paire de nouveaux avions dédiés
certifiés OST). Les détracteurs du
traité l’ont également dénoncé comme un
accord dépassé, rendu caduc par des
technologies de surveillance plus
récentes et plus efficaces.
Cependant, la
véritable raison de la décision de
l’administration Trump de se retirer de
l’OST réside dans le narcissisme malsain
du Président Trump lui-même, et son
aversion déclarée pour tout accord de
contrôle des armes qui ne porte pas son
imprimatur.
L’administration
Trump a exagéré un cas largement
fabriqué de non-respect russe pour
justifier sa décision de se retirer du
Traité sur les forces nucléaires
intermédiaires (INF) en août 2019, et
rechigne également à étendre le nouveau
Traité START, qui doit expirer en
février 2021, qui place des limites aux
arsenaux nucléaires stratégiques
respectifs des États-Unis et de la
Russie. En mai 2018, le Président Trump
s’est également retiré de l’Accord sur
le nucléaire iranien, négocié par son
prédécesseur, Barack Obama.
UE : Qu’est-ce
qui vous gênait dans l’accord sur le
nucléaire iranien ?
— TRUMP : La
signature d’Obama.
Le Président Trump
s’est présenté comme le plus grand des
négociateurs et, en tant que tel, a
permis à son ego d’interpréter toute
allégation selon laquelle un accord de
maîtrise des armements existant serait
mis en œuvre d’une manière qui n’est pas
dans le meilleur intérêt exclusif des
États-Unis comme une ouverture pour
quitter cet accord et commencer à en
négocier une nouvelle version améliorée.
À ce jour, le bilan
produit par ces actions a été tout sauf
positif ; le retrait du Traité INF a mis
toute l’Europe en danger accru de
conflit nucléaire et a déclenché une
course aux armements avec la Chine.
Pendant ce temps, le retrait américain
de l’Accord sur le nucléaire iranien a
accru les tensions dans le golfe
Persique, augmentant la probabilité d’un
conflit américano-iranien, sans endiguer
ni l’enrichissement nucléaire ni la
capacité balistique de l’Iran.
Si les États-Unis
devaient également se retirer du nouveau
Traité START, la probabilité d’une
course aux armements nucléaires
stratégiques avec la Russie serait
réelle.
Voir
Nasrallah : Trump va vers l’Armageddon
Bien que l’OST ne
soit pas directement lié au Traité INF,
à l’Accord sur le nucléaire iranien ou
au nouveau Traité START, il fait partie
intégrante d’un cadre de mesures de
maîtrise des armements qui, dans leur
totalité, ont fourni une transparence et
une confiance sans précédent entre les
parties concernées.
En permettant aux
États voisins de scruter l’intérieur du
territoire des autres, un minimum de
sécurité a été atteint, ne serait-ce que
parce que chaque État membre était au
courant de ce qui se passait au moment
du survol.
La confiance naît
de la connaissance, et l’OST a apporté
une connaissance qui a été d’une utilité
considérable pour toutes les parties
concernées. La peur, quant à elle, naît
de l’ignorance, et en se retirant de
l’OST, les États-Unis engendreront
l’ignorance par le déni de l’information
en temps réel, et la disparition de la
confiance accrue par la nature conjointe
du travail effectué pour l’obtenir. Le
monde sera un endroit beaucoup moins sûr
si les États-Unis donnent suite à leur
décision de se retirer de l’OST.
Voir également
: Après
Youtube & Facebook, Vimeo bannit les
vidéos de Nasrallah et ‘Le Cri des
Peuples’
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