LE CRI DES PEUPLES
Affaire Malka Leifer :
Israël refuse
l’extradition des pédophiles
Samedi 21 décembre 2019 Source :
Yediot Ahronot (principal
journal israélien)
Traduction :
lecridespeuples.fr
Inculpée en
Australie depuis 2008 pour 74 actes de
viols et d’attouchements, Malka Leifer
s’est réfugiée en Israël. L’Australie a
maintes fois exigé son extradition, mais
en vain. Yaakov Litzman, vice-Ministre
de la santé israélien qui a exercé des
pressions pour que des psychiatres la
déclarent irresponsable, est toujours en
poste à ce jour.
A la mi-novembre
2019,
l’Australie a refusé de participer à une
initiative de la délégation israélienne
à l’ONU pour la protection de l’enfance
en guise de protestation. Le 3 décembre
2019, la Cour Suprême de Jérusalem a
rejeté la demande de ses avocats qui
voulaient la soustraire à un nouvel
examen psychiatrique. Mais une 61e
audience prévue le 10 décembre au
Tribunal de District de Jérusalem pour
réexaminer la demande d’extradition de
l’Australie a été
ajournée au prétexte que le panel de
psychiatres désigné par la Cour n’était
pas au courant de la date de l’audience…
L’adjoint au
Ministre de la Santé israélien a menacé
des fonctionnaires du ministère pour
qu’ils aident un enseignant pédophile à
échapper à la justice – et il est
toujours en poste.
Le vice-ministre de
la Santé Yaakov Litzman aurait exercé
des pressions sur des responsables de
son ministère afin qu’ils produisent une
évaluation psychiatrique jugeant Malka
Leifer, une femme ultra-orthodoxe
dont la justice australienne exige
l’extradition pour pédophilie,
irresponsable face à la justice et
inapte à subir son procès, sous peine de
licenciement.
Litzman a été
interrogé par la police, qui le
soupçonne d’avoir utilisé sa position et
son autorité pour saboter l’extradition
de Malka Leifer, ancienne directrice de
l’école de filles juives ultra-orthodoxe
Adass Israel à Melbourne, en Australie,
qui a été accusée de 74 infractions
sexuelles qu’elle aurait commises contre
trois sœurs entre 2001 et 2008.
Les enquêteurs de
la police ont des preuves capitales qui
soulèvent des soupçons contre le
vice-ministre, selon Channel 13 News.
L’un des proches
collaborateurs de Litzman aurait
également déclaré à l’un des témoins
entendus dans le cadre de l’enquête, un
haut responsable de la santé, que s’il
n’agissait pas selon les instructions de
Litzman, il serait évincé de son poste.
L’Israel Public
Broadcasting Corporation (IPBC) a
rapporté que Litzman a tenu une réunion,
organisée à sa demande, avec un
psychiatre qui sert de témoin clé dans
le procès de Leifer dans le but de le
forcer à approuver l’opinion
professionnelle selon laquelle Leifer
serait inapte à être jugée.
Selon le rapport,
une plainte a été déposée contre ce
psychiatre auprès du comité d’éthique de
l’Association de médecine d’Israël,
affirmant qu’il faisait inutilement
trainer le dossier.
La police soupçonne
Litzman d’avoir pris d’autres décisions
au sein du ministère de la Santé au
profit de ses proches collaborateurs et
des membres de sa communauté
ultra-orthodoxe. Il devrait à nouveau
être interrogé par la police.
Les proches
associés de Litzman ont rejeté les
soupçons d’abus de confiance et
d’entrave à la justice portés contre
lui. « Il n’est pas intervenu sur la
question et n’a rien à voir avec cette
histoire », a affirmé un de ses
associés. « Il a pleinement coopéré
pendant les interrogatoires, qui ont
duré plusieurs heures, et était très
calme, car il sait qu’il n’a rien fait.
»
Leifer, qui plaide
la folie, a été filmée en décembre 2017
par des enquêteurs privés embauchés par
la Jewish Community Watch. Sur les
vidéos, on la voit vivre une vie
normale, tenir des discussions
cohérentes et fonctionner de manière
indépendante.
Des images révélées
samedi la montrent se promenant dans son
quartier à Jérusalem, faisant du
shopping et faisant la queue au bureau
de poste. Ces images ont conduit au
renouvellement du processus
d’extradition contre elle et ont incité
ses proches à se tourner vers Litzman
pour obtenir son aide afin d’établir une
nouvelle évaluation psychiatrique qui la
jugerait inapte à subir son procès.
Leifer, qui possède
la double nationalité australienne et
israélienne, fait face à un procès en
Australie pour 47 délits d’actes
indécents, 13 délits d’agression
sexuelle sur mineur, 11 chefs
d’accusations de viol et 3 autres chefs
d’accusation. Elle a fui l’Australie
pour Israël en 2008 dans des
circonstances suspectes après que des
accusations contre elle aient fait
surface.
Elle a été arrêtée
en Israël en 2014 et attend actuellement
l’achèvement de la procédure
d’extradition. En 2016, un tribunal de
Jérusalem a jugé que Leifer était inapte
à faire face à l’extradition et à un
procès, interrompant le processus
d’extradition. En mars 2018, une
nouvelle évaluation psychiatrique de
Leifer a conclu qu’elle était apte à
subir un procès, reprenant le processus
d’extradition.
Les avocats de
Leifer, Tal Gabbay et Yehuda Fried, ont
déclaré que leur client « était en
détention depuis plus d’un an en raison
d’une évaluation psychiatrique qui a
déterminé que Mme Leifer était en bonne
santé et apparemment apte à subir son
procès, après plus de dix opinions
établies à différents moments qui ont
déterminé – et qui déterminent encore à
ce jour – qu’elle est atteinte d’une
maladie mentale et inapte à subir un
procès. »
« Si cela ne suffit
pas, même les psychiatres des services
pénitentiaires israéliens n’acceptent
pas la détermination selon laquelle Mme
Leifer est en bonne santé, et la
diagnostiquent comme souffrant de
maladie mentale ; ils lui administrent
actuellement un traitement
antipsychotique important, tout en
augmentant la posologie de temps en
temps », ont déclaré ses avocats.
Leifer vue à
Jérusalem
« En tout état de
cause, les autorités de l’État
n’apportent aucune aide ni
n’interviennent en faveur de notre
client. Malheureusement, la situation
est inverse. Nous sommes convaincus que
les rumeurs extérieures n’empêcheront
pas le tribunal d’établir la vérité avec
les meilleurs outils professionnels à sa
disposition, et nous rejetons toute
tentative des parties intéressées
d’influencer le tribunal en utilisant
des rapports de différents types », ont
déclaré Gabbay et Fried.
Le système de
Litzman : « Leifer n’est que la pointe
de l’iceberg »
Tout au long du
mandat de Litzman au ministère de la
Santé, des allégations similaires ont
été formulées au sujet de son
intervention en faveur de ses proches
collaborateurs – depuis son rabbin
Yaakov Aryeh Alter, le Rabbi de la
dynastie hassidique de Ger, qui a reçu
un traitement spécial pendant son séjour
à l’hôpital, jusqu’à de simples membres
de la communauté ultra-orthodoxe qui ont
reçu des visites personnelles de sa part
et un traitement préférentiel de la part
du personnel médical.
Les deux médecins
qui ont rédigé l’évaluation
psychiatrique qui a déterminé que Leifer
était inapte à subir son procès, le Dr
Gadi Lubin, ancien chef du département
de santé mentale au ministère de la
Santé, et le Dr Jacob Charnes,
psychiatre du district de Jérusalem, ont
nié que Litzman ou aucun de ses
subordonnés aient exercé de pression sur
eux.
« Je n’ai subi
aucune pression de la part de Litzman ou
de ses subordonnés pour changer
l’opinion que j’ai écrite », a déclaré
le Dr Lubin.
Le vice-ministre
Litzman dans son bureau
Mais d’autres
responsables de la santé ont démenti ces
affirmations. « Ils ont peur d’admettre
qu’ils ont cédé aux pressions qui
étaient exercées sur eux », a expliqué
un psychiatre senior. « Changer un avis
psychiatrique pour des raisons qui ne
sont pas professionnelles et pourraient
aider un pédophile à éviter un procès
pourrait entraîner la révocation de leur
permis médical. S’ils ne fournissent pas
d’explications convaincantes à la
police, j’estime qu’il n’y aurait pas
d’autre choix que de prendre des actions
en justice contre eux. »
De nombreux
médecins ont déclaré à Yedioth
Ahronoth que le cas de Leifer
n’était pas unique.
« Les subordonnés
de Litzman se tournent vers nous avec
des demandes d’aide, et nous sommes
tenus de leur fournir une assistance »,
a déclaré le responsable de l’une des
mutuelles de santé du pays. « Cela
concerne toujours des membres de la
population Haredi (ultra-orthodoxe). Une
fois, c’est une demande pour avancer un
rendez-vous avec un médecin ; une autre
fois, c’est pour approuver un médicament
qui n’est pas dans le panel des soins
remboursés… »
« Personne ne peut
refuser de telles requêtes, et nous
sommes obligés d’y accéder », a-t-il
déclaré. « Le cas de Leifer n’est que la
partie visible de l’iceberg. Si
quelqu’un examine tous les cas dans
lesquels Litzman est impliqué, le
vice-ministre sera encore dans les
salles d’interrogatoire bien après les
élections. »
Un haut responsable
du ministère de la Santé a déclaré que «
tout le monde connaît le système de
Litzman. Il prétend qu’il n’interfère
pas, mais le message est clair : nous
devons approuver les traitements qu’il
nous demande et donner des rendez-vous
prioritaires. Cela va à l’encontre des
règles d’éthique et de bonne
gouvernance. Litzman se considère
au-dessus des lois. Aucun ministre avant
lui n’a agi ainsi. »
Voir également
notre
dossier sur l’affaire Epstein et
Israël devient un « refuge pour les
pédophiles », a prévenu un avocat des
victimes d’abus sexuels chez les enfants
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