LE CRI DES PEUPLES
Nasrallah : la Syrie triomphe,
Israël mène une guerre imaginaire
Mercredi 20 mai 2020 Discours du
Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed
Hassan Nasrallah, le 13 mai 2020, à
l’occasion de la commémoration du
martyre du Commandant Mostapha
Badreddine dit ‘Zulfiqar’, tué en Syrie
en mai 2016.
Source :
https://video.moqawama.org/details.php?cid=1&linkid=2112
Traduction :
lecridespeuples.fr
Résumé :
- La Syrie a
d’ores et déjà gagné la guerre, même
s’il reste quelques batailles
mineures à mener
- Les ennemis
de la Syrie redoublent d’efforts au
niveau de la guerre diplomatique,
économique et psychologique
- Il n’y a
aucune dissension entre les alliés
de Damas, ni de lutte d’influence
entre l’Iran et la Russie
- Les
annonces quant à la mise à l’écart
de Bachar al-Assad ne sont que de la
propagande
- Il n’y a
pas de forces armées iraniennes en
Syrie, mais simplement des cadres et
conseillers militaires
- Après avoir
tout misé sur les terroristes,
Israël constate sa défaite et
redoute le redressement de la Syrie
et la menace qu’elle fera peser sur
l’occupation du Golan et l’existence
même de l’entité sioniste
- La
prétendue campagne israélienne
contre la présence iranienne en
Syrie n’est que de la poudre aux
yeux visant à rassurer l’opinion
israélienne et à offrir une
couverture aux attaques contre la
puissance balistique syrienne
- Israël
présente comme une victoire un
simple redéploiement des forces dû
aux victoires successives sur la
presque totalité du territoire
syrien, et une diminution des
mouvements aériens entre l’Iran et
la Syrie due au coronavirus
- L’Iran, le
Hezbollah et les autres mouvements
de Résistance ne quitteront jamais
la Syrie
- Les
incursions israéliennes en Syrie
sont causées par l’inquiétude, la
peur et l’aventurisme, mais elles
peuvent conduire à une escalade
incontrôlée et à une guerre
régionale
Vidéo :
https://www.dailymotion.com/video/x7u0p3y
Cette vidéo ne
contient que la deuxième partie de la
retranscription ci-dessous,
consacrée
aux frappes israéliennes en Syrie
Transcription :
[…] Aujourd’hui,
nous pouvons dire que la Syrie a
remporté cette guerre. Dans les
batailles précédentes, lorsque de grands
accomplissements étaient réalisés, comme
par exemple après la libération de Homs,
de Damas, du Sud et même d’Alep, il a
été dit que la Syrie avait remporté la
guerre, et des analystes et spécialistes
des questions stratégiques déclaraient
que non : la Syrie avait remporté une
(ou plusieurs) batailles, mais n’avait
pas (encore) remporté la guerre. Car la
guerre est un ensemble de batailles : on
peut remporter une bataille, en perdre
une autre, en gagner une troisième,
perdre la quatrième, mais tout cela ne
signifie pas (forcément) que toute la
guerre est gagnée, ni que toute la
guerre est perdue.
Aujourd’hui, en
toute simplicité, et via une estimation
objective et véritable (de la
situation), quiconque va en Syrie et y
circule —à l’exception des médias arabes
(et occidentaux) politisés—, quiconque
va en Syrie, dans ses provinces, dans
ses villes, dans ses villages et bourgs,
dans toutes les régions actuellement aux
mains de l’Etat, quiconque observe la
situation d’ensemble en Syrie peut
affirmer en toute simplicité que la
Syrie a gagné la guerre, bien qu’il
reste certaines batailles en cours. On
ne doit pas dire que la Syrie a remporté
une, deux ou trois batailles, et en a
perdu une ou deux autres, et que la
guerre est encore en cours, sans qu’il
soit clair si la Syrie va la gagner ou
pas, non. L’estimation stratégique juste
et précise est que les dirigeants
syriens, l’armée syrienne, l’Etat syrien
et la plus grande partie du peuple
syrien qui a tenu bon dans cette lutte
ont gagné cette guerre.
Certes, il leur
reste quelques batailles à mener,
militaires ou politiques, qui requièrent
de la persévérance et une continuité des
actions, qu’il s’agisse d’Idlib, de
l’Est de l’Euphrate ou de certaines
zones au Nord de la Syrie, mais ce n’est
qu’un aspect partiel, limité et
circonscrit (de la Syrie). La Syrie a
triomphé des projets de partition, la
Syrie a gagné cette guerre, et il suffit
de dire que les objectifs de cette
guerre mondiale (contre la Syrie) pour
laquelle ont été dépensés, d’après leur
propre aveu, des centaines de milliards
de dollars arabes —le dollar est
américain, mais ce sont les (pays)
arabes qui ont mis la main à la poche ;
si cet argent avait été dépensé pour le
bien des peuples arabes de notre région,
les auraient extirpés de l’ignorance, de
la pauvreté, de la misère, de
l’analphabétisme, des maladies, et
lesdits pays financeurs (Arabie
Saoudite, etc.) ne feraient pas face à
une incapacité financière face aux
conséquences économiques de la pandémie
Covid-19—, des milliers de tonnes
d’armes et de munitions, des dizaines de
milliers de terroristes et de takfiris
qui ont été amenés des quatre coins du
monde, des dizaines de conférences
internationales, etc., etc., etc. Ils
ont tout déployé, tout mis en œuvre,
absolument tout, pour réaliser leur
objectif en Syrie : les slogans
sectaires ou politiques, l’incitation (à
la haine raciale ou religieuse), tout ce
que le front de l’Arrogance
(impérialisme) et ses instruments ont pu
mobiliser en fait de ressources et
d’idéologie, tout ce qu’ils ont pu faire
contre la Syrie, ils l’ont fait. Et la
Syrie, par la persévérance de ses
dirigeants, de son armée, de son peuple
et de l’Etat, et grâce à la présence et
à la persévérance de ses alliés à ses
côtés, est parvenue à remporter cette
guerre.
Et c’est pourquoi
aujourd’hui, lorsque nous parlons de
notre dirigeant martyr, Sayed Mustapha
Badreddine, et de nos autres martyrs en
Syrie, nous ressentons, en plus des
conséquences pour leur vie dans
l’au-delà et de leur position (éminente)
auprès de Dieu le Très-Haut et l’Exalté
en tant que martyrs, nous avons le
sentiment que leur sang a porté ses
fruits et permis d’atteindre ces
résultats, et que l’objectif pour lequel
ils sont allés combattre et pour lequel
ils ont sacrifié leur sang, leur repos
et leur vie, et pour lequel ils ont fait
des efforts inlassables nuit et jour,
cet objectif s’est réalisé et il est
sous nos yeux aujourd’hui.
Je vais maintenant
évoquer certains points (concernant la
Syrie). Le premier point est que
naturellement, ce que (les ennemis de la
Syrie) ont été incapables de réaliser
militairement, ils s’efforcent depuis
les dernières années de l’obtenir
politiquement, à travers les pressions
politiques sur les dirigeants syriens,
sur les alliés de la Syrie, sur l’Iran,
sur la Russie, sur ceux qui se tiennent
aux côtés de la Syrie, à travers les
relations internationales, à travers le
Conseil de Sécurité de l’ONU, à travers
l’intimidation, les menaces et les
promesses alléchantes, afin que les
alliés de Damas abandonnent la Syrie.
Mais tout cela a échoué jusqu’à présent.
Et nous savons bien que parfois, la
bataille politique est tout aussi
intense que la lutte armée. Et parfois,
ses dangers sont même plus grands
encore, et demandent toute notre
vigilance et notre attention. La Syrie
est encore plongée dans la guerre
politique et fait face aux pressions
politiques qui, jusqu’à présent, ont
échoué à réaliser le moindre de leurs
objectifs.
Naturellement, et
je passe au deuxième point, après
l’échec de la guerre militaire et
l’impuissance et l’inefficacité de la
guerre politique et des pressions
politiques à réaliser le moindre
objectif, le front des arrogants et des
despotes américains et de leurs alliés
recourt à d’autres moyens, à savoir la
guerre psychologique d’une part, et les
sanctions et le blocus d’autre part. En
ce qui concerne la guerre psychologique,
un front très large est ouvert depuis
des années contre la Syrie, et
dernièrement, on constate une
intensification de la guerre
psychologique, dont je vais évoquer
certains aspects dans un instant. Et de
même, les sanctions et l’état de siège
contre la Syrie s’accentuent, et ils
misent sur les conséquences économiques
(qu’ils espèrent insoutenables pour la
Syrie et ses alliés). Le coronavirus est
venu s’ajouter à ces pressions, mais
cette pandémie n’est pas spécifique à la
Syrie : les pressions du coronavirus
pèsent sur le monde entier. Aujourd’hui,
ceux qui assiègent l’Iran, la Syrie, le
Venezuela et d’autres pays encore, Gaza,
le Yémen, etc., commencent eux-mêmes à
subir les conséquences économiques du
coronavirus. Nous avons tous vu la
catastrophe qui frappe les Etats-Unis,
les pays d’Europe occidentale, ainsi que
certains pays de notre région (Arabie
Saoudite, etc.). Quoi qu’il en soit,
c’est également un moyen d’attaquer la
Syrie, à savoir les pressions
économiques, les sanctions, l’état de
siège contre la Syrie.
En ce qui concerne
les sanctions et le blocus, nous plaçons
nos espoirs sur l’endurance des
dirigeants, de l’Etat et du peuple
syrien, tout comme ils ont persévéré
face à la guerre militaire et à la
guerre politique. Ce qui nous donne
espoir est que la Syrie est un pays doté
de capital humain et de possibilités
colossales, le peuple syrien est plein
de vivacité, les richesses et moyens
innés de la Syrie sont vastes et
majeurs. Avant la crise, la Syrie
n’était pas un pays endetté ou faible,
ce n’était pas non plus un pays
débordant de richesses mais son économie
était tout à fait viable. Dans certains
pays arabes, des millions de personnes
vivent dans les cimetières, mais aucune
famille ne vivait dans un cimetière en
Syrie. Quoi qu’il en soit, dans la
bataille économique, la bataille des
moyens de subsistance, la bataille
financière, nous avons bon espoir en
l’endurance et l’initiative de la Syrie,
de même que pour la bataille
psychologique.
En ce qui concerne
la bataille psychologique, je souhaite
donner un exemple, avant d’aborder mon
dernier point concernant la Syrie. Une
partie de la bataille psychologique
concerne la situation des alliés, et on
entend souvent dire que les alliés de
Damas ont commencé à abandonner la
Syrie. (A en croire ces rumeurs), l’Iran
serait accaparée par sa situation
interne et s’apprêterait à abandonner la
Syrie. La Russie, du fait des pressions,
de sa situation interne, de telles
pressions ou tels problèmes ou je ne
sais quelles autres foutaises,
abandonnerait la Syrie. Tous ces propos
n’expriment que des rêves et des espoirs
que nous entendons depuis des années, et
certains ont été diffusés comme s’il
s’agissait d’informations, etc., mais ce
n’étaient que des aspirations.
Parmi les éléments
de langage de la guerre psychologique,
citons encore le propos récurrent qu’on
retrouve dans les médias du Golfe et
certains médias occidentaux —les médias
occidentaux sont plus réticents à
diffuser ces rapports, car ils essaient
de préserver ce qui leur reste de
crédibilité— au sujet d’une lutte
d’influence irano-russe en Syrie. Il n’y
a aucune once de vérité là-dedans.
J’avais dit au début de mon discours que
j’allais reparler de l’Iran. Dans les
deux points qu’il me reste aborder (au
sujet de la Syrie), je vais évoquer en
toute clarté certains points sensibles
qui concernent la République Islamique
d’Iran.
Ni la République
Islamique d’Iran, ni le Hezbollah, ni
les factions de la Résistance de
différents pays —Irak, Afghanistan,
Pakistan, etc. ; oui, des mouvements de
résistance sont venus depuis ces pays et
ont combattu en Syrie aux côtés de
l’Armée arabe syrienne, du peuple syrien
et des forces populaires syriennes, et y
sont toujours présents… La République
Islamique d’Iran ne mène de lutte
d’influence contre personne en Syrie. Ni
contre la Russie —indépendamment de ce
que mène la Russie—, ni contre
quiconque. La position de la République
Islamique en Syrie était claire depuis
le début : il s’agissait d’empêcher la
chute de la Syrie sous le contrôle
américano-israélien, et sous le contrôle
des instruments de l’Arrogance
(impérialisme) ennemie. Tel était
l’objectif de l’Iran, et rien d’autre.
La République Islamique ne recherche
aucune influence en Syrie, elle n’a
aucune visée et aucune convoitise en
Syrie, et n’aspire nullement à s’ingérer
dans les affaires internes de la Syrie.
L’ingérence iranienne en Syrie n’a
jamais existé, n’existe pas et
n’existera jamais quant aux questions
internes syriennes, qu’il s’agisse de la
forme du régime, du gouvernement, des
lois, de l’État… L’Iran ne fera jamais
rien de ce que font certains autres
États (en particulier l’Occident
impérialiste et néo-colonialiste), en
aucun cas. Tout ce qui comptait et
compte toujours pour la République
Islamique d’Iran, c’est que la Syrie
reste dans sa positon (pro-)arabe,
(pro-)islamique, (pro-)Résistance,
qu’elle préserve son identité, son
indépendance, sa souveraineté, son
unité, que la Syrie reste une forteresse
noble et digne, persévérante, ne se
soumette pas à l’hégémonie américaine et
sioniste, et ne transige pas sur ses
droits (sur le Golan). Voilà tout ce que
souhaite l’Iran en Syrie, ni plus ni
moins. Et cela n’entre dans aucune lutte
d’influence avec qui que ce soit.
Certes, pour être
tout à fait franc et sincère, il peut y
avoir des divergences entre les alliés
quant à la définition de certaines
priorités militaires ou de terrain, de
questions politiques, au niveau des
négociations, etc. Mais cela ne conduit
aucunement à une lutte d’influence, car
les décisions de la République Islamique
sont catégoriques en ce qui concerne la
position aux côtés des dirigeants
syriens (qui ont le dernier mot sur
toutes les questions), l’Iran se
conformant à ce qu’ils déterminent et
acceptent. La République Islamique a une
position de soutien envers l’endurance,
la persistance, le maintien et
l’indépendance de la Syrie, et sa
résilience face aux projets d’hégémonie
et de contrôle sur elle, et de
liquidation de l’Axe de la Résistance
dans la région. A cet égard, je tiens
donc à rassurer les masses & soutiens de
la Résistance dans le monde
arabo-islamique : en Syrie, il n’y a
aucune lutte d’influence entre l’Iran et
la Russie, de sorte que nous pourrions
dire que le front des alliés et soutiens
de Damas serait en proie à des luttes
intestines ou serait en situation de
retrait. Ce n’est absolument pas vrai.
L’autre point dont
je voulais également parler au sujet de
la Syrie et de l’Iran en Syrie, et de
l’ennemi israélien en Syrie, est les
agressions israéliennes et le projet
israélien en Syrie. Surtout durant les
dernières semaines, le Ministre de la
Guerre israélien sioniste (Naftali
Bennett) essaie de se vanter et de
présenter (de fausses victoires) aux
masses israéliennes, en leur mentant et
en les égarant, et également à l’opinion
publique dans le monde arabo-musulman
—et il y a également des médias arabes
qui propagent ces mensonges et ces
falsifications— afin de mettre en avant
des victoires et des accomplissements
imaginaires d’Israël en Syrie aux dépens
de la Syrie, de la République Islamique
d’Iran et de l’Axe de la Résistance. Je
veux en parler quelque peu, et ce sera
peut-être la première fois que je le
fais de manière si franche et si
détaillée, même si ce sera synthétique.
Durant les
premières années (de la guerre en
Syrie), à partir de 2011, Israël a misé
sur les groupes (terroristes) armés. Les
relations des groupes armés —surtout au
sud de la Syrie— avec Israël sont
absolument indéniables : échange
d’informations, financement,
ravitaillement, soins médicaux, aide et
soutien en tout genre, jusqu’au transit,
tout cela est bien connu et évident.
Israël était présent avec force dans la
guerre en Syrie depuis 2011, et a misé
énormément sur ceux qui combattent le
régime en Syrie. Israël avait tout un
ensemble d’objectifs, dont le plus élevé
était la chute du régime et la
liquidation de l’administration actuelle
(de Bachar al-Assad). Mais il y avait
plusieurs autres objectifs moindres.
Lorsque cette guerre contre la Syrie a
échoué, et que les sionistes ont compris
que leurs instruments et le cheval sur
lequel ils avaient misé avaient échoué
en Syrie, et qu’ils avaient perdu la
guerre… Ils mènent encore des batailles
en Syrie, mais ils ont perdu la guerre,
comme je viens de l’expliquer. La preuve
en est que tout le sud syrien, dont
l’immense partie était sous contrôle des
groupes armés, qui coopéraient avec
Israël, était assistés par Israël et
étaient les alliés d’Israël à la fois
ouvertement et secrètement, sont partis,
et certains ont quitté la Syrie via
l’entité sioniste. Nous n’oublions pas
leurs autobus nocturnes. Les Israéliens
ont donc compris que leur objectif
(d’abattre le régime) avait échoué. Ils
ont donc visé un nouvel objectif, à
savoir lutter contre un nouveau danger
qui leur apparaît, de nouveaux dangers
qui vont émaner de la situation et de la
victoire en Syrie. Que sont ces nouveaux
dangers ? Certains résident dans les
forces arabes syriennes mêmes, dans
l’armée syrienne et dans les capacités
militaires syriennes, surtout ce qui
concerne la capacité balistique et la
fabrication de missiles de précision. Et
c’est pourquoi nous voyons qu’Israël
attaque tout ce qui est lié à la
fabrication de missiles en Syrie, car il
considère que la capacité balistique et
la fabrication de missiles constituent
une (énorme) force pour la Syrie, et
évidemment aussi pour l’Axe de la
Résistance. Israël considère donc la
Syrie comme une future menace, la Syrie
qui a tenu bon durant toutes ces années
face à une guerre universelle menée
contre elle : si Damas reprend ses
forces et retrouve sa santé, et
développe ses capacités militaires,
humaines et matérielles, cela donnera à
la Syrie la prévalence dans la région et
dans la lutte arabo-israélienne. Israël
considère donc la Syrie comme une
menace, une menace future : la Syrie
n’est peut-être pas une menace actuelle,
car elle reste accaparée par sa
situation intérieure et les quelques
batailles qui restent à mener. De même,
Israël considère la présence de l’Iran
et des factions de la Résistance en
Syrie comme une menace. Israël est
inquiète en ce qui concerne la Syrie,
Israël a peur. Israël est terrorisé
quant à ce que l’avenir lui réserve en
Syrie. Telle est la description fidèle
de la situation.
Regardez donc la
manière dont s’expriment les
responsables israéliens sur la question
du Golan, affirmant qu’au sud de la
Syrie, par exemple, le Hezbollah possède
une certaine présence et une certaine
activité, et s’efforce de créer une
structure (de Résistance), avec l’aide,
le silence ou la complicité des
autorités syriennes, coopèrant avec des
jeunes (combattants) syriens dans le but
de récupérer le Golan et d’attaquer
l’occupation israélienne dans le Golan.
Et tout cela alors qu’il ne s’est encore
rien passé d’important. Mais cette
simple hypothèse, ce simple fait a créé
une atmosphère de terreur au sein de
l’entité sioniste, et la pousse parfois
à des mesures d’escalade qui peuvent
l’entraîner à des conséquences imprévues
et dramatiques (une guerre régionale
ouverte). Cela indique qu’Israël se
comporte vis-à-vis de la Syrie depuis
une position d’inquiétude, de peur et de
terreur face aux conséquences de la
grande victoire en Syrie. Il faut bien
avoir cela à l’esprit en premier lieu.
Israël a donc
annoncé un objectif en Syrie. Il ne peut
pas déclarer qu’il frappe la Syrie et
l’armée syrienne, même si c’est ce qu’il
fait concrètement. Israël a donc annoncé
un objectif lié à la présence iranienne
en Syrie, et à la présence du Hezbollah,
même s’il insiste surtout sur la
présence iranienne. Ils ont donc lancé
une campagne sous le slogan « Nous
voulons expulser l’Iran de Syrie. » Et
la stupidité en la matière est telle
qu’elle a poussé le ministre de la
guerre israélien, Naftali Bennett, à
aller jusqu’à fixer un calendrier,
promettant qu’avant la fin de l’année
2020, il aurait mis fin à la présence
iranienne en Syrie. Mémorisez donc bien
ce délai et comptez les mois qui nous
restent avant la fin de l’année pour
voir ce qu’il adviendra quant à la
promesse de cet imbécile de ministre.
Israël a donc œuvré
à la réalisation de cet objectif.
Qu’ont-ils fait, à part l’incitation
internationale, régionale et intérieure,
et la tentative de présenter la présence
iranienne en Syrie —que je vais décrire
de manière précise— comme étant passée
d’un facteur d’aide à un fardeau pour la
Syrie, ce qui est un mensonge grossier ?
Ils ont commencé par des frappes
aériennes et des opérations aériennes
qui frappent de temps en temps des
moyens de transport, des entrepôts ou
certaines localisations en Syrie. Cela
se produit depuis des années, et je n’en
ai jamais parlé (en détail). Qu’est-ce
qui est nouveau ? C’est qu’Israël se
fourvoie, dupe son peuple et trompe
l’opinion mondiale dans notre région (et
dans le monde) —et nous menons toujours
cette bataille pour la conscientisation
de l’opinion publique en révélant la
vérité— en essayant de présenter
certains détails comme les preuves de sa
victoire en Syrie et le début de la
défaite de l’Axe de la Résistance ou de
la République Islamique d’Iran, le début
de la sortie et du retrait (de Syrie).
Quels sont les indices et preuves
qu’Israël met en avant ? Depuis
plusieurs semaines, certains
responsables, médias et analystes
israéliens propagent ces déclarations,
même si d’autres analystes israéliens
déclarent que ces propos sont inexacts
et ne constituent que de la poudre aux
yeux —et ce sont eux qui ont raison.
Israël a parlé de
plusieurs points (avancés comme preuves
d’un retrait iranien de Syrie) :
1/ les effectifs :
les « forces (armées) iraniennes », pour
reprendre leur expression, auraient
fortement diminué en Syrie ;
2/ certaines bases
qui auraient été évacuées, restituées
(aux autorités syriennes) ou délaissées
;
3/ la concentration
des efforts sur l’Est de la Syrie et la
présence dans la région d’al-Boukamal,
de Deir Ezzor, etc.
La conclusion de
tout cela, (à en croire l’ennemi
sioniste), est que le résultat des
opérations de renseignement, des actions
militaires et des bombardements aériens
réalisés par Israël, ont très largement
rempli leurs objectifs : l’Iran
sortirait de Syrie, les Iraniens
seraient en plein retrait, le Hezbollah
reculerait, et cet abruti (de Bennett)
croit avoir réalisé un exploit
historique qu’il crie sur tous les
toits, annonçant la réalisation de cet
objectif avant la fin de 2020. Regardez
donc de quelle manière il propage ces
mensonges et dupe l’opinion. Laissez-moi
donc vous présenter la situation réelle.
Premièrement, en ce
qui concerne la situation sur le
terrain, Israël ne cesse de parler de la
présence de « forces (armées) iraniennes
», mais en Syrie, il n’y a que des
conseillers et experts militaires
iraniens, depuis 2011. Je tiens à dire
qu’ils étaient présents même avant 2011
aux côtés de l’Armée arabe syrienne et
aux côtés de la Résistance au Liban
(Hezbollah), et après 2011, ils sont
restés, et du fait des événements, leur
nombre a augmenté. Mais il n’y a pas de
forces militaires iraniennes en Syrie.
Lorsqu’on parle de forces militaires
iraniennes, on parle d’un ou plusieurs
bataillons, d’une ou plusieurs unités,
de légions, etc. C’est à cela qu’on fait
allusion lorsqu’on parle de forces
armées. Il y a un certain nombre de
conseillers et d’experts militaires en
Syrie, dont le nombre a augmenté avec
les événements (depuis 2011). Ils ont eu
et ont toujours un rôle très important :
1/ apporter soutien
et conseil aux forces armées syriennes ;
2/ gérer des
groupes de forces populaires résistantes
syriennes, arabes et islamiques qu’ils
entraînent, arment et dirigent dans les
différentes batailles en cours ;
3/ coordonner les
opérations avec les mouvements de
Résistance, dont le Hezbollah ;
4/ coordonner les
opérations de soutien logistique fourni
par le ministère de la défense iranien
au ministère de la défense syrien.
Ces conseillers
iraniens ne sont pas des forces (armées)
iraniennes. Il ne s’agit pas d’une
présence armée iranienne. Vous voyez,
les Israéliens ont annoncé un objectif
inexistant, illusoire, imaginaire,
semblable à l’objectif des
administrations américaines successives
d’empêcher l’Iran de
fabriquer l’arme nucléaire, alors
que les Iraniens
n’ont pas l’arme nucléaire et ne veulent
pas obtenir l’arme nucléaire.
En Syrie, Israël
mène une bataille imaginaire, à savoir
empêcher les forces iraniennes d’être
présentes en Syrie. En Syrie, il n’y a
que des conseillers militaires et des
experts militaires iraniens. Malgré
toutes les difficultés, la situation en
Syrie ne requiert nullement la venue de
forces (armées) iraniennes en Syrie.
Pour être franc et honnête, à un moment,
une vraie discussion a eu lieu à ce
sujet avec les dirigeants iraniens, et à
un moment, pendant quelques mois,
certaines forces armées iraniennes sont
venues à Alep, pendant 2 ou 3 mois. Mais
à part ce cas exceptionnel, il n’y a
jamais eu de forces iraniennes en Syrie,
et je dis et répète qu’il n’y a que des
conseillers, en nombre requis par la
situation : il peut y en avoir plus ou
moins selon les besoins du terrain, et
beaucoup d’entre eux sont tombés martyrs
—certains pourraient avancer cet
argument comme une preuve d’une présence
armée ; mais c’est parce que ces
conseillers se trouvaient en première
ligne aux côtés de l’armée arabe
syrienne et des factions de la
Résistance, combattant et participant
aux batailles, à la manière de l’école
de leur commandant des Forces al-Quds,
le martyr Qassem Soleimani, que Dieu le
Très-Haut l’agrée. Telle est donc la
description réelle et précise de la
situation.
Deuxièmement,
naturellement, au fur et à mesure que
les batailles étaient remportées, que ce
soit pour les Iraniens ou les factions
de la Résistance, et parfois même pour
l’armée syrienne, lorsque dans une
région, la bataille ou la menace
prenaient fin, il n’y avait plus aucune
raison de maintenir une présence des
combattants ou des bases militaires, ni
la formation sur les axes de combat et
les lignes de fronts. A un certain
moment, les combats avaient lieu
(simultanément) à Homs, dans le rif de
Damas, à Damas, à l’Est de Homs, dans la
banlieue d’Alep et à Alep même, à Idlib,
dans le sud de la Syrie, dans la Badiya,
à al-Boukamal, à Deir Ezzor, etc. Il
était donc naturel d’avoir une présence
(des forces armées) dans toutes ces
régions. Alors que sur le littoral, il
n’y avait pas de batailles, et il n’y
avait donc pas de raisons d’avoir cette
présence. Lorsque la province de Homs a
été libérée, cette présence a cessé.
Lorsque les batailles à Damas et dans le
rif de Hamas ont pris fin, ainsi que
dans le sud de la Syrie, à Palmyre et
dans la Badiya. Si l’armée syrienne,
dont c’est le pays, voulait maintenir
une certaine présence dans certaines
casernes, pour prendre les précautions
requises (pour faire face à une
éventuelle résurgence des terroristes),
cela faisait sens ; mais quant aux
forces auxiliaires, qu’il s’agisse des
Iraniens, du Hezbollah ou des autres
factions de la Résistance, il est tout à
fait naturel qu’elles aient quitté cette
région, n’y maintenant que le minimum
d’effectifs, de combattants et de moyens
en guise de précaution. Il n’y
aurait eu aucune raison de maintenir les
mêmes effectifs, les mêmes bases, etc.
Depuis deux ans
environ, quand cette victoire est
clairement apparue, surtout après la
libération de la Badiya et l’ouverture
de la voie d’Alep, et la fin de la
bataille à Damas, dans le rif de Damas
et dans le sud, les forces se sont
concentrées (dans les derniers lieux
d’activité des terroristes). La présence
de nombreux conseillers iraniens n’était
plus requise, et ils sont donc retournés
en Iran. De même pour nombre de
combattants et de cadres du Hezbollah en
Syrie, dont la présence n’était plus
utile, et ils sont donc revenus au
Liban. Nombre de nos frères irakiens et
autres n’étaient plus requis, et ils
sont donc rentrés chez eux. La situation
en Syrie étant devenue très bonne, (à
quoi bon maintenir toute cette présence)
? Un certain nombre de bases et de
casernes sont toujours restées vides, et
avaient été préparées au cas où il y
aurait eu besoin d’effectifs
supplémentaires. Nombre de bases et de
casernes ne servaient plus à rien car il
n’y avait plus de combats, et ont donc
été abandonnées. Tout cela a commencé
depuis deux ans et même plus, et n’a
aucun lien avec les opérations et
agressions israéliennes en Syrie. Cela
n’a rien à voir avec les frappes
israéliennes en Syrie. Et cela n’a rien
à voir avec le martyre du frère
commandant Hajj Qassem Soleimani. Cela a
commencé sous sa direction, et la
direction actuelle des Forces d’Al-Quds
(des Gardiens de la Révolution
Islamique) poursuivent le même programme
qu’il a commencé à appliquer il y a plus
de deux ans. De même, le Hezbollah et le
reste des factions de la Résistance ont
commencé à faire de même depuis plus de
deux ans, à savoir diminuer les
effectifs, diminuer le nombre de bases
(actives), diminuer la présence, car la
Syrie commence à se remettre, la Syrie a
gagné, l’Armée arabe syrienne a gagné,
de nombreux fronts n’existent plus, les
batailles y ayant été définitivement
remportées. Telle est la vérité.
Aujourd’hui,
lorsque quiconque parle d’une diminution
des effectifs en Syrie… Laissez-moi vous
donner un exemple pour le Liban. Lorsque
j’ai annoncé que sur tout l’axe du
Qalamoun, nous avons mis fin à notre
présence (jadis massive), ne conservant
qu’une ou deux positions. Même chose
pour tout l’axe de Zabadani. Le tout en
coordination avec l’armée syrienne.
Est-ce là un succès d’Israël ? Ou est-ce
que cela s’explique parce que l’armée
syrienne et la Résistance ont remporté
toutes les batailles dans ces régions,
de même que dans le rif de Damas, dans
le rif de Homs, etc. A quoi bon, une
fois les combats terminés, rester sur
les montagnes, dans le froid, la
chaleur, à quoi bon mobiliser et
utiliser des ressources, etc. Tout cela
ne servirait à rien, ce serait du gâchis
sur les plans matériel et humain. Quand
les combats sont finis, il ne nous reste
qu’à plier bagage et retourner sur notre
principal front, le sud-Liban (face à
Israël).
Les pseudo-preuves
avancées par Israël aujourd’hui, à
savoir la question de l’allègement des
effectifs en Syrie, l’évacuation totale
ou partielle de certains lieux, bases ou
positions, cela n’est dû qu’au fait que
la présence n’y aurait plus aucun sens,
comme par exemple à Damas ou aux
alentours de Damas, où les combats ont
cessé. Il est tout à fait naturel que la
présence militaire aille vers
al-Boukamal, Deir Ezzor, Alep, Idlib,
car les lignes de front sont là-bas, et
qu’il n’y a plus de combats ailleurs.
Les fronts sont là-bas, donc ceux qui
veulent aider doivent s’y rendre et non
rester assis (les bras croisés) à Damas.
Les pseudo-preuves avancées par Israël
ne prouvent nullement des succès
israéliens, mais prouvent la victoire de
la Syrie, la victoire de la République
Islamique d’Iran, la victoire du
Hezbollah, la victoire de l’Axe de la
Résistance en Syrie. Cette victoire dans
la guerre entraîne, comme pour toute
armée et toute force militaire dans le
monde, un redéploiement des forces
conforme aux nouvelles responsabilités
et aux nouveaux défis à la lumière des
accomplissements et des victoires.
Plus encore, un
signe de l’imbécillité et des mensonges
des médias israéliens est qu’ils ont
essayé d’expliquer le fait que par
exemple, dernièrement, les mouvements
entre la Syrie et l’Iran ont quelque peu
diminué —le fret aérien, le mouvement
des avions—, et cela a également été mis
au compte des succès militaires
israéliens en Syrie, alors que ce sont
des mensonges et de l’égarement. La
cause en est le coronavirus. Le covid-19
qui a impacté l’armée américaine, les
armées européennes, et même l’armée de
l’ennemi israélien lui-même, qui a
annulé des manœuvres, des entraînements,
et de grandes parades militaires prévues
pour fêter l’anniversaire de la victoire
de 1945, et il est bien naturel que la
pandémie impacte également la Syrie, la
République Islamique, nous-mêmes et tout
le monde.
Voir aussi
Nasrallah : Nous préparons la Grande
Guerre contre Israël
Pour résumer ce
point, en guise de synthèse avant
d’évoquer la situation interne au Liban
dans les minutes qui me restent, je
tiens à m’adresser au public israélien
pour l’inviter à vérifier ses
informations et ne pas croire aux
mensonges de ses dirigeants, qui lui
présentent des victoires imaginaires en
Syrie, que ce soit contre la Syrie ou
contre l’Iran. Certes, la Syrie subit
des préjudices, de même que les
conseillers iraniens, le Hezbollah et la
Résistance en Syrie sont touchés par les
agressions israéliennes, que les
dirigeants syriens, iraniens et de la
Résistance considèrent comme il se doit
—je n’ai plus le temps de parler en
détail de notre point de vue sur la
question, je le ferai une autre fois si
besoin—, mais les Israéliens doivent
savoir que ce que disent leurs
dirigeants n’est que mensonges, poudre
aux yeux et illusions, des
accomplissements purement imaginaires.
Et si Israël poursuit sur cette voie,
ils peuvent commettre une bourde ou une
erreur qui feraient exploser toute la
région. Quant à l’objectif annoncé, à
savoir expulser la présence iranienne
—les conseillers militaires, et non pas
les pseudo forces iraniennes, comme je
l’ai expliqué—, voire expulser le
Hezbollah et la Résistance de Syrie, cet
objectif ne sera jamais atteint, ô
sionistes. Cet objectif ne sera jamais
atteint. Ces conseillers sont présents
suite à une décision conjointe de la
Syrie et de l’Iran, et les mouvements de
Résistance sont présents à la demande
des dirigeants syriens et conformément à
la volonté des mouvements de Résistance
eux-mêmes, et tous ceux qui, depuis 2011
à ce jour, ont sacrifié des milliers de
martyrs et subi des milliers de blessés,
ne seront pas vaincus ou dissuadés par
une attaque aérienne ou un assassinat
ici ou là. Ils resteront fermement
campés sur leurs positions, et
n’abandonneront pas le champ de bataille
ni le terrain, en aucun cas. Cet
objectif est irréalisable. Ce ne sont
que des illusions que vous vivez dans
votre imagination, vous êtes en plein
aventurisme, et à tout instant, vous
pouvez commettre une grave erreur en
Syrie que vous regretterez amèrement.
[…]
Voir également :
Après Youtube & Facebook, Vimeo bannit
les vidéos de Nasrallah et ‘Le Cri des
Peuples’
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