LE CRI DES PEUPLES
Nasrallah : en cas de guerre, un déluge
de missiles ravagera Israël et décimera
sa population
Vendredi 19 juillet 2019
Entretien du
Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed
Hassan Nasrallah, avec la chaîne
Al-Manar, le 12 juillet 2019. Cette
interview de plus de trois heures
commémorait le 13e anniversaire de
l’opération ‘Promesse Véridique’ et du
déclenchement de la guerre de 2006.
La première
partie, intégralement traduite
ci-dessous (à l’exception de l’extrait
final, consacré à l’Accord du Siècle,
qui sera publié incessamment), est
consacrée à la lutte contre l’entité
israélienne.
La seconde
partie de l’entretien, évoquant la
situation dans la région (Syrie, Iran,
Yémen), sera traduite prochainement.
Source :
http://program.almanar.com.lb/episode/75495
Traduction :
lecridespeuples.fr
Ces vidéos ne
comportent que la partie centrale de
l’entretien retranscrit ci-dessous.
Transcription :
Journaliste
: Bonsoir, Eminent Sayed. Je te remercie
de nous accorder cet entretien qui est
suivi (attentivement) à la fois par vos
adversaires et par vos amis. Permets-moi
de commencer par t’adresser, ainsi qu’à
nos auditeurs, mes félicitations en
cette commémoration de la victoire
divine (de 2006).
De juillet 2006 à
juillet 2019, est-ce que les équilibres
et les équations qui ont été imposées
par la victoire de 2006 sont toujours
valables, où est-ce que les événements
et les développements dans la région ont
imposé de nouvelles réalités ?
Hassan Nasrallah
: Au Nom de Dieu, le Tout
Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
Tout d’abord je me dois également
d’adresser mes félicitations en cette
occasion. Nous introduisons cette
commémoration avec cet entretien avec
Al-Manar, et nous célèbrerons également,
dans 33 jours, le festival de la
victoire, le 14 août. Je dois également
m’adresser à tous ceux qui ont façonné
cette victoire et ont participé à la
façonner (d’une manière ou d’une autre),
et en premier lieu les familles des
martyrs, les combattants, les blessés et
tous les éléments de l’équation en or, à
savoir « l’Armée, le Peuple et la
Résistance », ainsi que toutes les
forces, toutes les parties prenantes, et
tous ceux qui nous ont assistés, aidés
et soutenus (ne serait-ce que) par une
prise de position, une parole ou une
invocation. À tous ceux-là, j’adresse
mes félicitations en ce jour de
commémoration de cette victoire
considérable.
En ce qui concerne
ta question, les équations sont toujours
valables. Tout ce que nous avons réalisé
et obtenu durant la guerre de juillet
(2006) en fait de nouvelles bases et de
nouvelles équations dans ce combat
(israélo-arabe) est encore valable et a
même été confirmé et renforcé davantage
au fil des jours et des années. Et c’est
pourquoi nous pouvons (tous) témoigner
de l’un des fruits de ces
accomplissements et de ces victoires, à
savoir que le Liban, depuis 2006 jusqu’à
ce jour, est protégé et en sécurité, une
sécurité que personne ne lui a accordée,
ni les Américains, ni les Nations Unies,
ni le Conseil de sécurité de l’ONU, ni
aucune instance internationale. Le Liban
est en sécurité (totale) au sud du
Liban, à la frontière, et au niveau de
tout le Liban, à l’exception de quelques
incidents dont nous allons parler plus
tard.
Cette sécurité a
été façonnée par les Libanais, par leur
unité, par leur résistance, par leur
peuple, par leur armée, par leur
volonté, par le sang de leurs martyrs,
et aujourd’hui, face à Israël, le point
le plus important est qu’il y a une
véritable dissuasion, ce que l’on
appelle l’équilibre de la dissuasion.
Entre qui et qui ? Entre le Liban et
l’entité sioniste, et en particulier
entre un (simple) mouvement de
Résistance populaire et un Etat qui se
considère comme une grande puissance
dans la région. (Un tel équilibre entre
deux acteurs si inégaux) est une chose
considérable. Et c’est cette dissuasion
qui, jusqu’à présent, a empêché Israël
d’agresser le Liban, depuis 2006 jusqu’à
ce jour, et les Israéliens eux-mêmes
reconnaissent (cette situation de
dissuasion) : leurs chefs militaires et
politiques le reconnaissent, de même que
les dirigeants de leurs partis
(politiques) et leurs analystes et
médias. De même, (on peut clairement le
voir) lorsqu’on lit les déclarations des
généraux après qu’ils aient quitté leurs
postes de commandement, car ils
deviennent plus libres de s’exprimer et
révèlent davantage de choses auparavant
tenues secrètes, et on voit que (cet
équilibre de dissuasion) est une chose
acceptée et reconnue par tous (en Israël
et même ailleurs).
C’est pour cela que
nous ne cessons de répéter qu’après la
guerre de 2006 et les équations que
cette guerre a imposées, l’ennemi y
réfléchit à mille fois avant d’envisager
toute agression contre le Liban, (et cet
équilibre de dissuasion) se confirme et
s’enracine jour après jour, comme je
vais vous le montrer avec des données
précises.
Journaliste :
Et en ce qui concerne la Résistance,
qu’est-ce qui a changé après ces 13
années qui nous séparent de la victoire
(de 2006) ? Vous avez parlé de cela à
plusieurs reprises, mais après toutes
les pressions, les sanctions et l’état
de siège (imposés à la Résistance par
Washington), peut-on toujours dire que
la Résistance est (aujourd’hui) plus
forte que jamais, et que cette équation
n’a pas changé ?
Hassan Nasrallah :
Oui, c’est toujours vrai. Dieu merci,
grâce à la bonté et aux bienfaits de
Dieu, la Résistance reste plus forte que
jamais malgré ces sanctions, comme nous
aurons peut-être l’occasion de le
montrer (au cours de notre entretien).
Durant ces 13 années, la Résistance
s’est considérablement développée et a
atteint un stade beaucoup plus avancé,
et ce de manière qualitative, à la fois
en quantité et en qualité. Et c’est
également quelque chose qu’Israël
reconnaît et ne remet pas en question,
et dont il parle constamment. Il est
dommage que je doive le préciser à
chaque fois (en guise d’argument
d’autorité), mais à l’inverse même
d’Israël, où la population a plus
confiance en mes déclarations qu’en
celles de ses dirigeants (d’après
plusieurs
sondages), certaines personnes chez
nous (au Liban) ont vraisemblablement
plus confiance en les Israéliens et en
leurs estimations qu’en les déclarations
des dirigeants de la Résistance.
Durant 13 ans, nous
avons fait des progrès considérables du
point de vue de nos effectifs –et c’est
là l’élément le plus important pour nous
: l’homme, le Résistant, le combattant
qui se sacrifie dans la voix de Dieu le
Très-Haut et l’Exalté–, le développement
de nos effectifs a été absolument
considérable et ne peut se comparer à
aucune étape précédente.
Journaliste :
Le nombre de combattants du Hezbollah
s’est accru ?
Hassan Nasrallah :
Il a été démultiplié par plusieurs
facteurs. Et de même, à travers nos
actions de développement de nos
capacités, et également grâce à notre
expérience de terrain, sur le champ de
bataille –je parle de ce qui s’est passé
en Syrie–, nous avons acquis une
véritable capacité d’offensive
terrestre. Par le passé, en 2006 (et
avant), notre capacité offensive était
limitée, et la plus grande partie de
notre capacité était une capacité
défensive, même au niveau de ce qu’on
appelle l’infanterie. Mais aujourd’hui,
nous avons une capacité offensive au
niveau de nos troupes terrestres, dotées
d’armements modernes, redoutables et
excellents à tous les niveaux, et une
véritable force qualitative à tous les
sens du terme : au niveau de la foi, de
la motivation, de la volonté, du
courage, de l’expertise, de
l’entraînement, de l’expérience et de
l’accumulation des expériences (de
combat). (Ces forces sont capables de
libérer de vastes étendues de
territoire, comme elles l’ont démontré
en Syrie face à des forces autrement
plus motivées et redoutables que l’armée
israélienne).
En plus de nos
unités militaires conventionnelles, je
peux parler en particulier de deux
forces spéciales (d’élite), les forces
Al-Redwan, et les cohortes Al-Abbas,
dont le nombre de combattants est
également très élevé. Ils sont très
nombreux et aguerris, mobilisables en
permanence, extrêmement spécialisés dans
le combat offensif et ils ont une grande
expérience dans les opérations
offensives. C’est quelque chose dont
nous ne disposions pas en 2006.
Je peux également
parler du développement de notre
capacité balistique, de la capacité
balistique de la Résistance aujourd’hui,
qui s’est considérablement accrue à la
fois en quantité –le nombre de missiles
que nous avons est incomparable avec ce
que nous avions en 2006– et également de
manière qualitative, et je parle là des
missiles de précision qui constituent
une obsession pour les Israéliens, et
c’est pour cela que les États-Unis
essaient d’intervenir pour les aider
à régler ce problème.
Je peux également
parler de la force que représentent les
drones, qui sont aujourd’hui une force
incontournable dans l’équation de toute
confrontation.
Journaliste :
Vous avez maintenant une arme aérienne ?
Hassan Nasrallah :
En 2006 nous avions un tout petit nombre
de drones, et nous avons essayé d’en
faire quelque chose, mais nous étions au
tout début de la fondation de ce nouveau
type d’armes. Mais aujourd’hui, ce type
d’armes est très avancé, disponible en
grand nombre et tout à fait
opérationnel, et il doit être pris en
considération du fait de ses capacités
offensives (considérables démontrées par
la Résistance au Yémen).
Et dans les autres
aspects (de nos forces) –je ne vais pas
tous les évoquer un par un–, je peux
encore citer le fait qu’au niveau de la
qualité et de l’exhaustivité de nos
renseignements (sur l’ennemi), notre
capacité est beaucoup plus grande que
jamais. Nous avons également un certain
nombre d’armes pour lesquels un énorme
développement qualitatif a été réalisé.
Et bien sûr, il y a d’autres choses que
je ne vais pas évoquer et que je garde
comme surprises (pour l’ennemi).
En somme, que ce
soit sur la terre, sur la mer ou dans
les airs, dans tous les domaines, cette
Résistance s’est considérablement
développée et avancée, à la fois en
quantité et en qualité, que ce soit en
nombre, en effectifs, en équipements, en
expertise, en expérience, en
entraînement, en capacités, et, plus
important encore, en foi, en certitude
dans la victoire divine, en confiance en
Dieu et en disposition aux sacrifices.
Et c’est pour cela
qu’il est évident aujourd’hui, alors que
je suis assis avec toi, que si nous
considérons l’état d’esprit actuel de
tous les dirigeants (politiques et
militaires) israéliens, ils redoutent
cette Résistance et ils en ont peur, et
ils y réfléchissent à un million de
fois, bien plus bien plus que ce qui
était le cas auparavant, même en 2006.
Journaliste
: Eminent Sayed, peut-être qu’il ne vous
reste qu’un point faible, à savoir que
vous n’avez toujours pas de défenses
antiaériennes capables d’abattre les
avions israéliens qui continuent à
violer constamment notre espace aérien.
Hassan Nasrallah
: Qui dit que nous n’en avons pas ?
Peut-être que nous en avons, peut-être
que nous n’en n’avons pas. Affirmer
absolument que nous n’en n’avons pas
n’est pas exact. Mais je ne vais pas
dire non plus que nous en avons, parce
que le moment n’est pas encore venu de
révéler si nous en avons ou pas.
Laissons cela dans le domaine de nos
capacités cachées (sur lesquelles nous
maintenons l’incertitude).
Journaliste
: Mais d’un autre côté, Eminent Sayed,
l’ennemi israélien a lui aussi développé
ses capacités et a tiré profit des
leçons de ses échecs pendant la guerre
de juillet 2006. Ne prenez-vous pas en
considération le fait qu’Israël a
également fait un travail sur lui-même,
œuvrant (sans relâche) à remédier à ses
failles, à développer et à renforcer ses
capacités, et par conséquent est devenu
plus fort qu’il l’était en 2006 ?
Hassan Nasrallah
: Il est vrai qu’Israël a travaillé à
développer et à renforcer ses capacités,
et qu’il a analysé et œuvré à remédier à
ses points faibles, à ses failles, à ses
faiblesses et à ses manques. Bien
au-delà de la commission Winograd, dont
les conclusions étaient accablantes
(pour l’armée israélienne), ils ont
également diligenté des études spéciales
au sein de l’armée israélienne et au
sein des autres institutions, dans le
but de régler leurs failles spécifiques
et techniques. Mais ce qui a frappé
Israël, cette entité usurpatrice –chaque
fois que je dis « Israël », c’est par
facilité, mais nous ne reconnaissons pas
cette entité sioniste usurpatrice comme
un Etat (légitime)–, ce qui l’a frappée
est quelque chose de très profond.
L’entité a été frappée en profondeur, à
un niveau qui n’est pas aisément
remédiable, à savoir son esprit, son
âme. Je parle de la confiance en (les
capacités de) l’armée, la confiance des
dirigeants de l’armée en leurs forces,
la confiance des officiers en leurs
soldats, la confiance des soldats en
leurs officiers, la confiance du peuple
en l’armée, la confiance des dirigeants
politiques en la direction militaire, la
confiance des dirigeants militaires en
la direction politique. Restaurer cette
confiance n’est pas quelque chose de
facile. Il est extrêmement difficile de
parvenir à un niveau de confiance qui
signifie la certitude, la confiance
absolue, la détermination, et qui
permette à tous d’avancer avec assurance
(en temps de guerre). Cela a été ébranlé
à un très haut point. Et tout ce qu’a pu
faire l’ennemi israélien depuis la
guerre de 2006 pour restaurer cette
confiance a échoué. Et cela est
également un des bienfaits dus à
l’endurance de Gaza, à la Résistance à
Gaza. Israël a attaqué Gaza en 2014 et à
d’autres occasions, et jusqu’à la
dernière confrontation avec Gaza (en mai
2019), nous avons tous pu voir (la mise
en échec) d’Israël, qui n’est pas
parvenu à restaurer cette confiance qui
a été frappée en profondeur. Voilà pour
le premier aspect
Il y a un autre
problème qu’Israël n’est pas parvenu à
régler, et c’est quelque chose de très
important qui fait partie des
conséquences de la guerre de 2006. Je
parle de la faiblesse et de
l’impuissance du front intérieur
israélien, du front intérieur de
l’entité ennemie, qui ont été révélées
au grand jour (en 2006). (Durant les
guerres précédentes), le front intérieur
était toujours préservé et épargné. Où
se déroulaient les guerres ? Sur nos
terres, sur le territoire libanais, sur
le territoire syrien, sur le territoire
égyptien, sur les autres territoires
(arabes). Ce n’était pas sur le
territoire palestinien –parce que nous
ne pouvons pas parler de territoire
israélien–, ce n’était pas sur le
territoire sur lequel a été érigé
l’entité usurpatrice (que tombaient les
missiles). Mais la guerre de 2006 à
porté la bataille sur les terres de
l’ennemi –pour autant qu’on puisse
considérer qu’il s’agit de « ses »
terres–, sur le front intérieur de
l’ennemi (qui a été quotidiennement
frappé par les missiles de la
Résistance). Et à présent, la Résistance
est plus forte que jamais au niveau de
sa capacité de cibler et de faire
trembler le front intérieur ennemi (par
un déluge de missiles voire une
offensive terrestre en Galilée). Israël
n’est pas parvenu à régler ce problème
jusqu’à présent. Ils s’y évertuent
vainement depuis 2006 jusqu’à ce jour.
Ils ont commencé à
essayer de résoudre ce problème en 2007,
en organisant des manœuvres pour le
front intérieur qu’ils ont surnommées
« Moment Décisif 1 ». L’année 2008 a vu
les manœuvres « Moment Décisif 2 », puis
« Moment Décisif 3 » l’année d’après,
puis le 4, le 5, et ainsi de suite.
Chaque année, ils organisent des
manœuvres considérables sur l’ensemble
de leur territoire (impliquant à la fois
les militaires et la population civile,
afin d’évaluer le degré de préparation
de) leur front intérieur. Et jusqu’à
présent, les grands généraux israéliens
affirment que le front intérieur n’est
toujours pas prêt à la guerre. Et ça
fait 13 ans qu’ils essaient d’y
remédier. Mais jamais ils ne seront
prêts à la guerre, jamais ils ne seront
prêts à supporter une guerre. C’est
également un problème majeur qui reste
présent.
Un autre problème
encore (pour Israël) est celui des
forces terrestres. Depuis 2006 jusqu’à
ce jour, malgré le fait qu’ils affirment
s’en être occupés, on peut voir, d’après
l’aveu même des dirigeants israéliens,
un net recul dans la force, la capacité
et la fiabilité de la force terrestre,
comme le reconnaissent les Israéliens
eux-mêmes, ce n’est pas moi qui le dis.
Israël et le monde entier savent bien
que la force aérienne n’est pas capable
de remporter une guerre sans appui
terrestre, sans force terrestre. Sans
une vaste offensive terrestre, rien dans
les équations (de force) ne peut être
modifié. Tout ce que peut réaliser
l’aviation (seule), ce sont des
destructions (et des massacres de
civils) ici ou là.
Par conséquent,
c’est également là l’une des évolutions
négatives du point de vue israélien,
qu’ils ne sont pas parvenus à résoudre
depuis 13 ans. Au contraire, ce problème
est devenu plus grave encore, il est
devenu plus profond. La crise de
confiance du fait de l’échec face à Gaza
–après l’expérience libanaise (de 2006)–
est devenue plus profonde. La faiblesse
et l’impuissance de la force terrestre
(s’est aggravée, de même que) la
faiblesse et l’impuissance du front
intérieur. Hier encore, je lisais un
texte (israélien) qui disait que malgré
tout ce que nous avons pu faire (pour y
remédier), si le territoire de l’entité
israélienne subissait une vaste
offensive multiple depuis plusieurs
endroits (invasion simultanée depuis
Gaza, le Liban, la Syrie…), Israël n’a
pas la capacité d’absorber 2 millions de
réfugiés intérieurs, à l’intérieur de la
Palestine occupée. Nous parlons d’une
population de 9 million de personnes.
Que vont-ils faire avec les 7 millions
d’Israéliens restants ? Où vont-ils fuir
(s’ils ont déjà du mal avec 2 millions)
?
Journaliste :
Mais, Eminent Sayed…
Hassan Nasrallah :
Bien sûr, à un autre regard, nous ne
nions pas le fait que depuis 13 ans,
Israël a intensifié ses entraînements et
ses manœuvres, que ce soit à Chypre, en
Grèce, en Europe et ailleurs. Nous ne
nions pas le fait qu’ils aient obtenu
davantage de nouvelles technologies et
des armes plus sophistiquées de la part
des États-Unis, au niveau de l’aviation
(F-35), etc., etc., etc., etc. Mais en
ce qui nous concerne, la principale
question face à l’ennemi israélien n’est
pas l’arsenal militaire. Leur arsenal
militaire durant la guerre de juillet
(2006) était absolument considérable et
sans égal, mais malgré cela, (nous avons
gagné).
Journaliste :
Au sein de l’entité israélienne, dans
leurs déclarations, ils menacent en
permanence de
renvoyer le Liban à l’âge de pierre
en cas de guerre, s’appuyant sur une
liste de cibles complète (qui
paralyseront le pays). Mais si on
considère la situation de l’autre côté,
si une guerre survient, à Dieu ne
plaise, qu’en sera-t-il de la situation
de l’entité (sioniste) ? Et je ne sais
pas si je peux vous le demander, mais
quel est le nombre (et la teneur) des
cibles qui se trouveront à portée de vos
missiles ?
Hassan Nasrallah :
Aujourd’hui, après ce que je vais
exposer, je conseille aux Israéliens de
ne pas réitérer ce type de propos selon
lequel ils vont renvoyer le Liban à
l’âge de pierre. Certains d’entre eux
disaient qu’ils allaient renvoyer le
Liban 50 ans en arrière, mais tu sais
que pour les Libanais, c’est une
plaisanterie, car on se dit « On
voudrait bien, parce qu’il y a 50 ans
(avant la guerre civile au Liban), on
avait de l’électricité (fonctionnelle),
de l’eau, nos rues étaient propres,
etc. » [Rires] Ce propos selon
lequel le Liban va être renvoyé à l’âge
de pierre sous-estime le Liban.
Considérons donc ce
que nous pouvons faire d’Israël pour
notre part (en cas de guerre). Je ne dis
pas « à quelle période on va les
renvoyer », parce qu’avant 1948, ils
n’existaient même pas. A quoi
pouvons-nous amener cette entité et ce
peuple, les colons. Je ne parle pas de
civils au sens propre, mais d’occupants,
de colons, d’envahisseurs. Je le précise
pour que personne ne dise que je menace
les civils de l’entité (ce ne sont pas
des civils à proprement parler).
(Le 25 mai) 2000, à
Bint Jbeil, j’ai notamment dit qu’Israël
était plus fragile qu’une toile
d’araignée. Durant les 13 dernières
années, ma certitude à ce sujet s’est
renforcée, et il m’est apparu que même
l’expression « plus fragile qu’une toile
d’araignée » n’est pas assez forte pour
décrire la faiblesse de cette entité. Je
vais le montrer de manière scientifique,
avec des données précises.
Puisque (Israël)
constituait le propos essentiel de notre
entretien de ce soir (consacré à la
victoire de 2006), j’ai apporté une
carte avec moi [réalisée par le
Hezbollah]. [Rires] En général,
le spécialiste en la matière, c’est
Netanyahou à l’ONU (il montre souvent
des schémas ou cartes ridicules pour
incriminer l’Iran), ou Trump, lorsqu’il
veut vendre ses armes (à l’Arabie
Saoudite), n’est-ce pas ? Mais
aujourd’hui, c’est moi qui suis
contraint de recourir à ce procédé.
Si on regarde cette
carte que je tiens entre mes mains,
Professeur Imad, voici la Palestine
occupée, l’entité usurpant la terre de
Palestine qu’ils dénomment actuellement
« Israël ». Ce qu’on voit ici en blanc,
c’est la Cisjordanie, et en bas la bande
de Gaza. Si on regarde l’ensemble de la
région, on voit ici le Golan, que nous
faisons figurer en Syrie, car pour nous
il ne fera jamais partie de l’entité
(sioniste). Ici, c’est le Nord, et ici,
c’est le Sud. On voit que la plus grande
superficie (d’Israël) est au Sud, le Sud
de la Palestine occupée. Le Sud est
compris entre Beersheva, ici, et Eilat,
là, les villes les plus notables. Dans
tout le reste, il n’y a rien
d’important. Ce sont des petites villes,
des petites colonies. Et on retrouve la
même chose près de la bande de Gaza.
Considérons que sur le plan
opérationnel, le Sud est hors de notre
ligne de mire. Bien sûr, la Résistance
est capable de frapper l’ensemble de ce
territoire, jusqu’à Eilat. (En 2006), je
disais (que nous pouvions frapper)
« au-delà, bien au-delà de Haïfa »,
c’est-à-dire Tel-Aviv, mais aujourd’hui,
j’affirme que je peux frapper au-delà de
Tel-Aviv, et même au-delà d’Eilat :
s’ils ont quelque chose après Eilat, on
peut également le frapper, avec la grâce
de Dieu. Mais laissons le Sud de côté et
ne nous en embarrassons pas, (car
il n’y a pas de cible de valeur là-bas).
Tout le Nord est dans notre ligne de
mire. On peut le frapper de n’importe
quel point du Liban, et aussi longtemps
qu’il le faudra. Et nous possédons les
coordonnées de toutes les cibles du
Nord, qu’il s’agisse de cibles
militaires, sécuritaires,
technologiques, économiques,
industrielles, etc., etc., etc., toutes
ces données sont entre nos mains.
Mais le point le
plus important dont je veux parler,
c’est cette bande côtière (au centre
d’Israël). Je tiens à exposer cela à
l’opinion publique, afin qu’ils
comprennent à quel point Israël est plus
fragile qu’une toile d’araignée. Si on
regarde la bande côtière d’Israël ici,
sur cette grande carte, la partie la
plus étroite de l’ensemble de l’entité
(sioniste), dont nous avons effectué un
agrandissement ici. Si on regarde ce
rectangle, depuis (la ville de) Netanya,
et qu’on descend jusqu’à Ashdod, on a
une longueur de 60 à 70 kilomètres. A
certains endroits, la largeur de cet
espace est (seulement) de 14 kilomètres,
et ailleurs, elle va jusqu’à 20
kilomètres. On voit également un autre
problème d’Israël, qui est l’absence de
profondeur stratégique. Si on regarde le
cœur de cet espace, la largeur est plus
étroite, et on a une longueur de 40
kilomètres pour 20 kilomètres de large.
Mais considérons l’espace de manière
plus large, de Netanya à Ashdod, nous
avons découpé une bande territoriale
–c’est nous qui avons réalisé cette
carte, je ne me contente pas de la
montrer à la télévision ; c’est l’une
des cartes que nous avons dans notre
salle des opérations– de 20 kilomètres
de large et de 60 à 70 kilomètres de
long. Voyons donc quelles cibles nous
avons dans cet espace.
Premièrement, la
plus grande partie des colons israéliens
(tous les Israéliens sont des colons, où
qu’ils vivent en Palestine occupée) se
trouvent dans cet espace. La moitié de
la population, ou un peu plus de la
moitié de la population israélienne, en
fonction des différents recensements,
s’y trouve. Regarde donc les cibles
qu’on trouve dans cet espace qui, dans
le meilleur des cas, fait 1200 km2,
un espace insignifiant (du point de vue
militaire). C’est un espace confiné.
Nous ne sommes pas engagés dans une
guerre avec un grand Etat possédant de
vastes espaces, ce qui nous amènerait à
nous demander comment faire pour
atteindre toutes les cibles
(stratégiques présentes sur son
territoire). Dans ce petit rectangle, on
trouve toutes les institutions
principales de l’Etat, qu’il s’agisse du
gouvernement, des ministères, du
ministère de la guerre, du commandement
et de l’état-major de l’armée,
l’aéroport international Ben-Gourion,
les aéroports nationaux, les bases de
l’armée de l’air, les bases militaires
d’armes non conventionnelles (chimiques
et nucléaires), des usines
pétrochimiques, des centrales
nucléaires… Tout cela se trouve dans cet
espace restreint. Citons encore les
ports de Tel-Aviv et d’Ashdod, les
usines d’armement militaire, les
complexes industriels civils, les
principaux pôles de commerce et des
finances, la bourse d’Israël, les
principales centrales de génération et
de diffusion d’électricité, les
raffineries et fournisseurs de gaz, les
centres de traitement et de distribution
des eaux, les raffineries de pétrole,
etc. 90% de tout cela se trouve dans cet
espace.
Imagine donc qu’il
y ait une Résistance dotée d’une
capacité balistique, par exemple des
milliers, des dizaines de milliers de
missiles ou davantage encore –je ne vais
pas donner d’ordre de grandeur (de ce
que nous possédons)–, tous capables
d’atteindre cette zone. Car nous ne
sommes pas tenus de frapper le sud ou
toute autre zone, (nous pouvons nous
concentrer sur cette zone stratégique).
Nous pouvons frapper le Nord avec un
certain type de missiles (nos roquettes
les moins avancées), et le reste de nos
missiles, au lieu de le gaspiller sur le
Nord, nous le concentrerons sur cette
bande côtière. Cette entité
pourra-t-elle tenir bon et endurer (de
tels ravages) ? Là est l’âge de pierre !
Qui va renvoyer l’autre à l’âge de
pierre ?
Et même au Nord,
nous avons déjà parlé des entrepôts
d’ammoniaque à Haïfa, un problème qu’ils
ne sont pas parvenus à régler malgré
leurs tentatives. Ils ont essayé de les
déplacer au centre, au sud, mais en
vain. De même, il est difficile de
l’entreposer en mer. Ils disent
eux-mêmes que si on frappait ces
réserves d’ammoniaque… Un jour, dans un
de mes discours, j’ai dit que nous
venions d’acquérir une arme nucléaire,
et tout le public a éclaté de rire, mais
je leur ai dit que je ne plaisantais
pas. [Rires] Ils croyaient que je
plaisantais. Je leur ai dit qu’un seul
missile lancé sur les entrepôts
d’ammoniaque à Haïfa, deux missiles tout
au plus, les Israéliens eux-mêmes disent
que si cela se produisait, il y aurait
des dizaines de milliers de morts et des
dizaines de milliers de blessés, et que
toute cette zone deviendrait invivable.
Et je ne parle même
pas de l’opération (de libération) de la
Galilée, de notre force terrestre, de
notre entrée dans la terre de Palestine
chérie et bien-aimée, je ne parle que de
la puissance de feu. Ce jour
viendra-t-il ? Oui, ce jour viendra, et
nous sommes prêts pour cela. Israël sait
tout aussi bien que nous que cette zone
contient de nombreuses usines chimiques
et pétrochimiques, des centrales
nucléaires, et tout cela est à portée de
nos missiles, et nous pouvons les
atteindre.
Cette entité est
aujourd’hui dissuadée dans tous les sens
du terme de se lancer dans une guerre
contre le Liban, alors que ça fait 13
ans (qu’ils essaient de s’y préparer et
d’empêcher la montée en puissance du
Hezbollah). Je ne cherche pas à les
provoquer, mais c’est la vérité. Ça fait
13 ans qu’ils disent qu’il est interdit
au Hezbollah de développer sa capacité
balistique. Mais nous avons
(considérablement) développé notre
capacité balistique. Il est interdit au
Hezbollah de posséder des missiles de
précision. Mais nous en possédons (en
quantité plus que suffisante). Il est
interdit au Hezbollah de posséder des
armes qui renversent l’équilibre des
forces. Mais nous en possédons. Il est
interdit de, il est interdit de… (Tous
les interdits israéliens ont été
enfreints, et Israël n’a rien fait.)
Ils essaient de
recourir à d’autres choix (pour nous
entraver, comme soutenir les terroristes
en Syrie), mais le choix de la guerre
contre le Liban, ou ne serait-ce que le
choix de frapper un quelconque objectif
militaire au Liban, de faire une
incursion aérienne contre le Liban, ils
se l’interdisent. Pourquoi ? De qui
Israël a-t-il peur ? De Trump ? De
l’Europe ? De la Ligue Arabe ? De qui
Israël a-t-il peur ? Il a peur de la
Résistance du Hezbollah, qui est capable
de faire tout ce que je viens de
mentionner.
Journaliste
: La nouvelle équation, Eminent Sayed,
est donc que le Hezbollah est maintenant
capable d’infliger une destruction
colossale au centre d’Israël et jusque
dans la profondeur du territoire
israélien ?
Hassan Nasrallah
: Tu peux utiliser le vocabulaire de ton
choix. Je ne sais pas exactement quel
est le terme qu’il faut employer pour
décrire fidèlement (ce que nous
infligerons à Israël en cas de guerre).
Journaliste
: Quel sont les mots les plus proches de
la réalité, de ce que tu prévois ?
Hassan Nasrallah
: Les mots que tu as utilisés seraient
un minimum. [Rires]
Journaliste
: « Destruction colossale » ?
Hassan Nasrallah
: Oui. Je n’exagère nullement.
Aujourd’hui, Israël sait bien que je dis
la vérité. Peu m’importe si certaines
(régimes) arabes me croient ou non.
S’ils y croient, tant mieux. Sinon, ce
n’est pas un problème. Ce qui m’importe,
c’est que les Israéliens le sachent.
Aujourd’hui, dans tout ce que je dis, il
n’y a aucun secret, que les gens soient
rassurés. Les secrets que les Israéliens
ignorent, je ne les révèle jamais avant
le moment venu, cela fait partie de la
bataille (militaire ou psychologique).
Mais tout ce que je viens de dire,
Israël le sait très bien, et sait à quoi
s’attendre en cas de guerre. Et c’est
pourquoi aujourd’hui, et 2006, toutes
leurs discussions et tous leurs discours
(tournent autour du Hezbollah).
Il y a quelques
jours (du 30 juin au 2 juillet, en
Israël), s’est tenue la conférence (de
sécurité) annuelle d’Herzliya, et je
conseille aux gens de regarder de quoi
ils ont parlé dans leurs séminaires, les
déclarations des généraux, etc. : Israël
face au Hezbollah, Israël face au
Hezbollah, Israël face au Hezbollah,
etc. Pourquoi le Hezbollah
constitue-t-il une si grande obsession ?
Car ils connaissent bien ces données et
cette équation (de force et de
dissuasion).
Journaliste
: Le journal Times of Israel a
rapporté que le Hezbollah a un plan
secret considérable pour envahir la
Galilée qui ne recourt pas aux tunnels
qui ont été découverts par l’armée
israélienne. Ce journal affirme que les
tunnels ayant été rendus inaccessibles,
il est probable que les troupes
(d’élite) Al-Redwan prévoient de faire
entrer des milliers de combattants en
Israël simultanément à travers plusieurs
points, pendant un bombardement intense
de la région frontalière, avec le
recours à des drones de surveillance
pour obtenir des données de terrain en
direct et pour frapper des positions
israéliennes. Est-ce votre plan ?
Hassan Nasrallah
: Est-ce que tu crois que je vais te le
dire ? [Rires] C’est l’un des
scénarios logiques et réalisables qu’on
peut imaginer. Mais de manière générale,
et nos frères (du commandement
opérationnel du Hezbollah) sont
maintenant reconnus pour leur compétence
en la matière, Dieu merci, et ils ont
une expertise importante et ont fondé
une véritable école à cet égard, et
c’est pourquoi ils préparent plus d’un
plan et plus d’un scénario…
Journaliste
: Mais le plan d’invasion de la Galilée
est toujours d’actualité ?
Hassan Nasrallah
: Il fait partie de nos plans de guerre.
En général, nous concevons des plans, et
nous préparons tout ce qu’il faut pour
pouvoir les réaliser. Mais ce n’est que
pendant la guerre que nous décidons
quelle partie de quel plan nous allons
réaliser.
Journaliste
: Mais tout ce que tu nous dis, c’est en
cas de guerre que ça se réalisera.
Jusqu’à présent, tu considères qu’il est
improbable que la Grande Guerre contre
l’ennemi israélien survienne (dans un
avenir proche) ?
Hassan Nasrallah
: Oui, du fait de la situation de
dissuasion, je considère toujours comme
improbable qu’Israël initie une guerre
de cette nature. On le voit bien
dans leurs analyses durant la conférence
(d’Herzliya). Personne parmi eux n’a de
certitude, ni même de confiance dans le
fait qu’une guerre contre le Liban
mènerait à une victoire pour Israël. Ils
savent bien que lancer une guerre contre
le Liban, malgré leur capacité de
destruction –ça fait 70 ans qu’ils
détruisent et (massacrent les civils),
ce n’est pas nouveau, mais ce qui est
nouveau, c’est ce qui va leur arriver
!–, toute nouvelle guerre ne ressemblera
guère à celle de juillet 2006, mais sera
bien pire pour Israël et les mettra au
bord du précipice et de l’extinction,
comme ils le savent très bien, s’ils ne
parviennent pas à réaliser une grande
victoire décisive et rapide. Mais
comment pourraient-ils obtenir une telle
victoire ?
Journaliste
: Mais en revanche, Eminent Sayed, on
pourrait te demander jusqu’à quel point
le Liban, qui traverse une crise
économique et financière, pourrait
supporter le fardeau d’une nouvelle
guerre contre l’ennemi israélien,
surtout que les conditions semblent plus
dures –je parle des conditions
générales, et non celles du Hezbollah–
qu’en 2006. Je parle de la situation de
l’Iran, qui est plus faible dans un
certaine mesure (du fait des sanctions
américaines), et de la Syrie, qui a
considérablement changé : en 2006, elle
était un pilier (fort et paisible) où se
sont réfugiés (un million) de Libanais…
Hassan Nasrallah
: Cette analyse de la situation est
fausse. Nous n’avons jamais eu de
stratégie de guerre classique. Nous
sommes un mouvement de Résistance qui a
des objectifs bien déterminés, et des
procédés spécifiques (guerre de
guérilla). Nous sommes en train de
parler d’une guerre qui serait imposée
au Liban, et nous y sommes tout à fait
prêts.
Journaliste
: D’après les calculs de l’ennemi, s’ils
réussissaient à te cibler
personnellement (et à t’assassiner), à
Dieu ne plaise, cela porterait un coup
fatal au Hezbollah. Comment
considérez-vous ce risque, et à quel
degré l’avenir de la Résistance et de la
lutte (contre Israël) dépend de votre
personne, Eminent Sayed ?
Hassan Nasrallah
: Il se confirme jour après jour que le
Hezbollah ne dépend pas d’une personne
en particulier. Depuis qu’il a été
fondé, le Hezbollah n’a jamais reposé
sur une personne ou sur l’existence
d’une personne. C’est pourquoi nous
avons pu avoir des (dirigeants) qui ont
trouvé le martyre, qui ont quitté le
Hezbollah ou sont restés sans que cela
n’affecte le Hezbollah. Au contraire, le
sang des martyrs donne un élan
considérable à la voie (de Résistance)
que nous avons adoptée, (comme cela a
été particulièrement manifeste) avec
Sayed Abbas al-Musawi, notre Secrétaire
Général et notre Maître bien-aimé,
(assassiné par Israël avec sa femme et
son fils de 5 ans en 1992), de même
qu’avec les autres dirigeants martyrs :
Hajj Imad [Moghniyeh, assassiné en
2009], Sayed [Mostafa Badreddine]
Zulfiqar, [tombé martyr en Syrie
en 2016], et tous nos autres frères.
Mais je le répète, le Parti (de Dieu) et
la Résistance ne dépendent pas d’une
personnalité : c’est toute une
organisation, et elle fonctionne comme
une organisation.
Et c’est pourquoi
aujourd’hui, l’une des raisons de la
puissance du Hezbollah et de
l’accroissement de cette puissance, de
ses activités et de son champ
d’intervention (Liban, Palestine, Syrie,
Irak, Yémen, etc.)… Si c’est moi en
personne qui devais suivre tous les
dossiers dans lesquels nous sommes
impliqués, ce serait humainement
impossible ! Il y a des instances, des
responsables, des dirigeants, et je ne
suis que l’un d’entre eux. Il est
naturel que la confiance, l’affection,
l’amour, l’attachement, l’obéissance et
tous ces aspects positifs (me soient
particulièrement) attachés. Mais chaque
personne a son influence particulière.
A mon avis, ce
calcul de l’ennemi (est faux), et il ne
parviendrait pas à réaliser une victoire
(en m’assassinant). Au contraire, chez
nous, le sang des martyrs et le sang des
dirigeants, surtout aux moments de
combat, donnent un élan énorme à tous
les combattants pour continuer sur leur
voie et à tous les dirigeants pour
rester fidèles aux mêmes objectifs. Nous
ne craignons rien à cet égard.
Bien sûr, mon
devoir et le devoir de Hezbollah est de
veiller tout particulièrement à notre
sécurité, et de prendre toutes les
précautions requises pour protéger les
dirigeants du Hezbollah (de toute
tentative d’assassinat), que ce soit moi
ou n’importe lequel d’entre nous, c’est
de notre devoir de ne pas constituer une
proie facile pour notre ennemi. Mais
nous ne basons pas nos calculs de
victoire sur cela.
Journaliste
: Pour revenir à l’Axe (de la
Résistance), tu es donc sûr de votre
capacité à remporter une victoire
décisive si la Grande Guerre devait
avoir lieu, c’est bien ça ?
Hassan Nasrallah
: C’est une certitude, avec la grâce de
Dieu, à tous les égards. Que ce soit du
point de vue de la foi, car c’est la
promesse de Dieu le Très-Haut et
l’Exalté. Dieu nous a promis que « Si
vous défendez la Cause de Dieu, Il vous
soutiendra et raffermira vos pas »
(Coran, 47, 7). Que signifie défendre la
Cause de Dieu ?
1/ Si la cause est
une cause juste –et vous pouvez explorer
le monde entier, nulle part vous ne
trouverez une cause plus juste ou plus
claire que celle-ci, aussi éclatante que
le soleil à midi, que ce soit du point
de vue islamique, religieux,
civilisationnel, moral, humanitaire,
légal, jusqu’au droit international et à
tous les autres critères, il n’y a rien
de plus juste que la bataille contre cet
ennemi qui occupe notre territoire et
souille nos lieux saints, en Palestine
et dans la région. C’est donc une cause
juste, et nous défendons cette cause
juste.
2/ Nous défendons
le peuple libanais, le peuple
palestinien et les peuples de la région,
qui sont des peuples opprimés.
Nous défendons des opprimés.
3/ Nous sommes
prêts à tous les sacrifices.
4/ Nous prenons
toutes les mesures requises (nous ne
nous contentons pas de prier mais nous
sommes actifs, industrieux, diligents,
etc.).
5/ Nous planifions
(minutieusement) toutes nos actions.
6/ Nous nous
concentrons sur nos points de force et
les accumulons.
7/ Nous avons un
haut sens du sacrifice et du don (de
nous-mêmes et de ce que nous avons de
plus cher).
8/ Et tout cela,
nous le faisons pour plaire à Dieu, le
Très-Haut et l’Exalté. Durant la guerre
de 2006, dans l’histoire de la
Résistance et dans la puissance actuelle
de la Résistance, il y a une chose que
beaucoup de personnes ne comprennent pas
: c’est cet aspect de croyance, d’âme,
de doctrine. Nous ne combattons ni pour
le pouvoir, ni pour de quelconques
bienfaits terrestres, nous ne faisons de
concurrence avec personne pour le
pouvoir, nous n’aspirons ni à être
comblés d’éloges, ni à être glorifiés
dans des poèmes. Bien sûr, quiconque
fait notre éloge ou nous glorifie, nous
l’en remercions. Mais nous faisons tout
cela sur la Voie de Dieu le Très-Haut et
l’Exalté, afin de gagner Son agrément et
Sa satisfaction, rien de plus. Cet élan,
que signifie-t-il ? Il signifie que nous
essayons de tisser un lien avec le
Maitre Incontesté des Cieux et de la
Terre.
Il y a quelques
jours, j’ai lu une déclaration qui m’a
touché. Nous allons parler du Yémen plus
tard, mais j’ai beaucoup aimé ce propos,
donc je le rapporte maintenant. J’ai vu
un tweet –je ne sais pas si c’est un
tweet ou un extrait de discours– de
notre frère bien-aimé Sayed Abd al-Malik
Badr al-Din al-Houthi (dirigeant des
AnsarAllah). Il s’adressait au Prince
Mohammad Bin Salmane en ces termes : «
Si les Etats-Unis sont avec toi, si
l’Europe est avec toi, si la majorité du
monde arabe est avec toi, si les pays
(du monde) sont avec toi, si les
frégates de guerre (occidentales) sont
avec toi, si les armées (du monde) sont
avec toi, si les aviations sont avec
toi, si les technologies (les plus
sophistiquées) du monde sont avec toi
–peut-être que j’en ai rajouté un peu [Rires]–,
si l’argent est avec toi, si le pétrole
est avec toi, si les médias sont avec
toi, face à ce peuple (yéménite)
combattant et opprimé, et que tu es
vaincu et que nous sommes vainqueurs,
sache que Dieu est avec nous et non avec
toi. » C’est une très belle phrase.
Lorsque je l’ai lue, (j’ai été très
affecté). Cet aspect religieux est
quelque chose de fondamental dans notre
confrontation (contre Israël), et c’est
à nos yeux l’élément principal.
Journaliste
: Je ne sais pas si je peux te poser la
question maintenant, dans le cadre de
notre propos, mais qui priera à la
mosquée Al-Aqsa à Al-Quds (Jérusalem,
après la disparition d’Israël) ? Est-ce
vous, vos enfants ou vos petits-enfants
(qui verront la libération complète de
la Palestine) ?
Hassan Nasrallah
: Premièrement, notre vie est entre les
mains de Dieu le Très-Haut et l’Exalté,
qui peut nous rappeler à Lui à tout
instant. Mais si on met ce point de
côté, selon moi, si on se base sur la
logique, sur l’époque (que nous
traversons) et sur l’évolution des
événements dans la région et dans le
monde, je fais partie de ceux qui ont un
très grand espoir de prier moi-même à
Al-Quds (après sa libération). Je parle
en me basant sur (une analyse) logique
(et en considérant que je mourrai de
mort naturelle). Mais je ne connais pas
le Décret divin, et je ne sais pas
combien de temps je resterai vivant.
Journaliste
: Mais ce qui importe est l’analyse
logique (quant à l’espérance de vie
d’Israël).
Hassan Nasrallah
: Oui, c’est sur cela que je me base.
Nous ne parlons que d’Israël, (une
entité artificielle
plus faible qu’une toile d’araignée).
Le problème, Professeur Imad, le
problème est qu’il n’y avait presque pas
(d’implication) des Arabes (en faveur de
la Palestine durant toutes ces
décennies). Le problème est qu’au Liban,
nous étions entravés par une ceinture de
sécurité, en la personne d’Antoine Lahd
qui protégeait Israël (avec sa milice de
l’Armée du Sud-Liban). Mais (dans les
autres pays), les ceintures de sécurité
étaient (directement) au niveau des
régimes arabes, qui protégeaient Israël.
Cette entité (sioniste), si elle était
livrée à elle-même, (elle n’aurait
aucune chance de survivre).
Cette entité repose
seulement sur deux équations, et
nullement sur une force intrinsèque
(dont elle est totalement dénuée). 1/ Le
soutien américain et occidental ; 2/ La
trahison (de la Palestine par les
régimes) arabes. Voilà tout. Israël ne
repose nullement sur une force
intrinsèque.
Journaliste
: Voilà les seuls points de force
d’Israël.
Hassan Nasrallah
: Si les régimes arabes se contentaient
de rester neutres, comme je le leur ai
demandé durant la guerre de juillet
(2006)… Nous ne leur demandons pas de
combattre à nos côtés, mais seulement
d’arrêter de nous poignarder dans le
dos. N’est-ce pas ce que je leur ai
demandé (en 2006) ? Laissez-nous
tranquilles, c’est tout (ce que nous
vous demandons). Si les régimes arabes
restaient neutres et ne complotaient pas
contre la Palestine, contre les
Palestiniens et contre les mouvements de
la Résistance… Et je les appelle à
nouveau à rester neutres, car ils ne
sont pas neutres. Ils continuent à
comploter, à inciter et à imposer des
sanctions (contre les Palestiniens et
quiconque les soutient). Et je sais que
jusqu’à maintenant, dans la majorité des
pays arabes, si quelqu’un collecte de
l’argent non pas pour le Hezbollah mais
pour nos frères de Palestine, pour le
peuple palestinien, pour les mouvements
de la Résistance palestinienne, on ne se
contente pas de saisir les fonds mais on
le jette en prison. Ne complotez pas
contre la Résistance, restez neutres (et
on pourra en finir avec Israël sans
votre aide).
Aujourd’hui, Israël
subsiste seulement grâce au soutien et à
la protection des Etats-Unis. Et si la
Résistance se prépare suffisamment et se
décide (à attaquer Israël), même les
Etats-Unis ne pourront pas traverser les
mers et les océans pour défendre une
entité dénuée de force intrinsèque. Si
on met de côté les facteurs extérieurs,
et qu’on active (toutes les forces) de
l’Axe de la Résistance et le choix de la
Résistance, cette entité n’a aucune
chance de survivre.
Journaliste
: Nous allons conclure cette partie par
cette question. Il est bien connu que
les médias ont joué un rôle essentiel
durant la guerre de 2006, ainsi que
durant les autres confrontations contre
l’ennemi israélien, et en particulier
les médias de la Résistance. Eminent
Sayed, que peux-tu nous dire sur
l’importance de ces médias et leur rôle,
surtout à l’aune des efforts qui sont
effectués pour les assiéger et les
censurer, comme ce qui s’est passé avec
la chaîne (du Hezbollah) Al-Manar
(bombardée dès le premier jour de la
guerre de 2006, mais ayant continué à
diffuser sans interruption durant la
guerre grâce à des installations
secrètes) ?
Hassan Nasrallah
: Je ne vais pas énoncer des truismes,
car tout le monde connaît bien
l’importance des médias en toutes choses
: qu’il s’agisse de batailles, de
guerres, de politique, d’économie, de
commerce, d’industrie, pour absolument
tout. Aujourd’hui, les médias
constituent un acteur fondamental et
très influent pour façonner les choses :
ils ne font pas que rapporter les faits
et couvrir les événements, mais les
façonnent. Les médias de la Résistance,
malgré leurs capacités modestes en
matière de finances et d’équipement, ont
une très forte influence du fait de la
sincérité de ceux qui y travaillent, et
de la vérité des informations qu’ils
rapportent. Si quelqu’un investit chaque
année des centaines de millions de
dollars pour un média, mais qu’on
finisse par savoir qu’il rapporte
beaucoup de choses fausses [Rires],
ce média n’aura aucun poids. La
fiabilité des médias de la Résistance,
par exemple la chaîne TV Al-Manar, la
radio Al-Nour et les autres
organisations directement liées à nous,
fait qu’il était naturel et prévisible
que cet ennemi [établi sur le mensonge]
les cible. L’important est que les
frères et sœurs travaillant dans ces
organisations puissent poursuivre leur
travail et rester convaincus du fait que
leur action a une grande influence,
quelle que soit la force du siège qui
leur est imposé, car nous sommes
capables de le surmonter et de faire
parvenir notre voix au public. Il faut
que ce rôle se poursuive, et son
importance ne peut pas être ignorée. […]
La fin de la
première partie de cet entretien sera
publiée incessamment.
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