LE CRI DES PEUPLES
Pédocriminalité des élites :
Epstein fait-il figure de règle ou d’exception ?
Igor Ogorodnev
Vendredi 16 août 2019 Source :
Russia Today, le 14 août 2019
Traduction :
lecridespeuples.fr
Oubliez son décès :
le vrai mystère est de savoir comment
Jeffrey Epstein a vécu en commettant des
actes qui mèneraient une personne
normale en prison, tout en côtoyant les
hommes les plus surveillés au monde.
Comment a-t-il pu créer une bulle
protectrice autour de lui ?
Prenons, par
exemple, la carrière financière
d’Epstein, qui est à la base de nombre
de ses autres activités criminelles.
Alors que des
doutes sur ses méthodes d’enrichissement
circulaient à Wall Street depuis des
années, il a été unanimement décrit tout
au long de cette période comme un
financier et un milliardaire, sans que
la moindre question se soit posée.
Au cours des
derniers mois, nous avons découvert
qu’il n’était
probablement pas un milliardaire, et
personne ne sait vraiment s’il a jamais
mené d’activités commerciales légitimes,
ni même d’où provient son argent.
Pourtant, il y
avait clairement beaucoup d’argent en
jeu, comme en témoignent des
transactions
inexplicables de plusieurs millions
de dollars percolant à travers un réseau
de comptes à l’étranger, et les biens de
luxe très réels qu’il avait accumulés
(demeures fastueuses, jet et île
privées, etc.).
Malgré le fait que
les États-Unis aient la réputation
d’employer les agents du fisc les plus
agressifs au monde, prêts à aller bien
au-delà de leurs frontières, Epstein n’a
jamais été mis en accusation, ni même
n’a fait l’objet d’une enquête
approfondie, tandis que les banques les
plus réputées au monde étaient heureuses
de
continuer à faire affaire avec lui
jusqu’à une période très récente encore.
La portée de ses
crimes sexuels impunis est encore plus
criante.
Ce n’était pas un
agresseur banal comme Harvey Weinstein,
qui soutirait des faveurs sexuelles à
des femmes adultes sur lesquelles il
avait du pouvoir, dans une série de
rencontres dans des chambres d’hôtel.
Au lieu de cela,
Epstein était apparemment l’opérateur
d’un réseau international d’exploitation
sexuelle regroupant des centaines «
d’esclaves » mineures recrutées dans les
écoles ou les centres commerciaux,
transportées au-delà des frontières
internationales (et donc munies de
passeports et de visas en règle, ou de
passe-droits extraordinaires), se
connaissant bien mutuellement, et tout
cela avec une multitude de témoins.
Pourtant, Epstein a
été arrêté plusieurs décennies après
avoir commencé ses prédations, s’est vu
infliger une punition incroyablement
clémente, et aurait été autorisé à
poursuivre son mode de vie tout en
éludant facilement les poursuites
judiciaires.
Pendant tout ce
temps, ce délinquant sexuel condamné a
été traité avec une indulgence
extraordinaire par les médias, qui sont
si fascinés par cette affaire à présent,
mais à l’exception de plusieurs
journalistes locaux tenaces, ne
semblaient pas assez intrigués pour
aller au fond des choses et établir qui
était vraiment Epstein.
Même si Epstein
n’avait pas été un personnage plus grand
que nature, un proche collaborateur de
l’ancien homme le plus puissant du monde
(Bill Clinton) – dont l’épouse (Hillary)
a tenté d’obtenir le même poste –, et un
ami du prince Andrew et de Woody Allen,
tout enquêteur ambitieux aurait fait de
sa vie l’objet d’une chasse au trésor.
Certes, certaines
des allégations auraient peut-être été
difficiles à prouver, et on ne peut pas
s’attendre à ce que des journalistes
s’infiltrent dans la soute du Lolita
Express. Mais au moins depuis 2005, il
existe des bases solides pour construire
un sujet de reportage ou d’article de
presse autour du mode de vie d’Epstein.
Dans un monde où un seul article de #MeToo
peut détruire une carrière, Epstein a
été
cajolé comme un Gatsby tombé en
disgrâce, recevant les journalistes du
New York Times dans sa cour et
vantant ses liens avec Mohammed bin
Salman.
Pour beaucoup, la
tentation la plus forte maintenant est
de considérer cela comme un complot. De
penser qu’Epstein était un homme protégé
en raison de ses liens avec les Clinton,
qu’il était une façade pour les combines
de la CIA ou du Mossad, que quiconque se
mettait en travers de son chemin, qu’il
s’agisse d’enquêteurs, de procureurs ou
de journalistes, était acheté, écarté
par des menaces ou soumis au chantage –
ce qui est fort possible.
A part l’acteur
Alec Baldwin (qui a affirmé qu’Epstein
avait été assassiné par la Russie), tout
le monde devrait reprendre son souffle
et attendre que d’autres faits émergent,
en particulier à propos de Ghislaine
Maxwell, la partenaire d’Epstein
actuellement difficile à localiser, et
dont le nom a été cité à maintes
reprises. Mais quiconque espère qu’un
inventaire exhaustif et détaillé des
crimes commis par Epstein et son cercle
émergera un jour se fourvoie
probablement.
Mais pour moi, une
découverte peut-être plus terrifiante
serait qu’il n’y ait pas eu de complot
en tant que tel.
Que le seul pouvoir
que lui conféraient sa richesse et ses
relations, multiplié par la capacité de
mener un style de vie international, ait
tout simplement mis Epstein hors de la
portée des contraintes légales et
sociales normales.
Nous présumons déjà
que les ploutocrates, l’élite politique
et les célébrités vivent selon des
règles différentes de celles du commun
des mortels. Mais nous ne parlons pas
des excès normaux des riches : les
yachts, les majordomes et les piscines
du sous-sol londonien.
Nous parlons de
crimes égalant ceux des méchants qu’on
trouve dans les films de James Bond. Une
île privée avec un temple secret. Des
plans pour « ensemencer » son ADN dans
des dizaines de femmes. Un
recrutement de scientifiques de premier
plan pour réaliser des études
transhumanistes afin de créer une
nouvelle super race.
Si nous avions
appris qu’au lieu d’asservir des jeunes
femmes, le passe-temps d’Epstein était
de traquer et de transporter des
sans-abri, serions-nous plus surpris ?
Aurait-il été beaucoup plus difficile
pour lui de s’en tirer ?
Nous pouvons nous
dire que Jeffrey Epstein était un
psychopathe unique, rusé et dépravé,
ayant les bonnes connexions. Mais il
semble également plausible que ce monde
souterrain opulent, mondial et sans foi
ni loi soit capable de cacher d’autres
transgresseurs dépravés, moins avides de
publicité et plus dangereux encore dans
leurs intentions.
Le travail consiste
à essayer de les arrêter maintenant
avant qu’ils ne meurent dans une cellule
de prison à New York, laissant derrière
eux une traînée de victimes. Mais qui
aura le courage d’entreprendre cette
tâche ?
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