LE CRI DES PEUPLES
Nasrallah : le confinement peut mener à
la paupérisation et à la famine, l’Etat
doit protéger les plus démunis
Lundi 13 avril 2020 Discours du
Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed
Hassan Nasrallah, le 13 mars 2020,
consacré presque exclusivement à la
crise sanitaire mondiale due au Covid-19
(il y avait alors 124 cas au Liban et 3
décès) et aux mesures que chaque
individu doit prendre pour se préserver
et protéger autrui.
Première partie
de ce discours :
Nasrallah proclame une guerre
mondiale contre le coronavirus et
dénonce les mensonges des dirigeants
occidentaux
Transcription
:
[…] Le quatrième
point est la nécessité de respecter
scrupuleusement les mesures et
dispositions du gouvernement. Et je ne
parle pas seulement du Ministère de la
Santé. Si le Ministère de l’Instruction
et de l’Education Nationale décrète
qu’il n’y a plus d’écoles, alors toutes
les écoles doivent fermer. Les écoles
privées ne doivent pas se dispenser de
respecter ces mesures sous prétexte
qu’elles sont privées. S’il est décrété
que les Universités ferment, alors
toutes doivent fermer. De même pour les
décisions du Ministère du Travail et des
autres Ministères : toutes les
dispositions décidées par le
gouvernement et par chacun des
ministères doivent être scrupuleusement
respectées. S’il est décrété que les
restaurants doivent être fermés sous
telles et telles conditions, il faut
fermer les restaurants selon ces
conditions (types, horaires, sur place /
à emporter / livraison, etc.). Toutes
ces mesures doivent être scrupuleusement
respectées et appliquées.
Cinquièmement, le
point le plus important concernant ces
mesures, qui constitue aujourd’hui le
point décisif pour empêcher la
propagation ou du moins la limiter, et
de mettre fin à tout regroupement ou
rencontre, et de s’imposer le
confinement ou l’isolation les plus
stricts. Chacun doit rester chez soi,
avec sa femme et ses enfants, et (autant
que possible), y rester et ne pas en
sortir pour aller où que ce soit. Même
pour la prière, mon frère, tu dois prier
chez toi, ne vas pas à la mosquée. Que
puis-je te dire de plus (pour souligner
le caractère impérieux du confinement) ?
Prie chez toi et ne va pas à l’église.
Car je m’exprime pour les musulmans et
pour les chrétiens. Sauf pour ceux qui
n’ont pas le choix : par exemple, si
untel ne va pas travailler, il n’a pas
de quoi manger du pain ; si untel ne va
pas travailler, il va se faire renvoyer
; etc. (Ceux-là n’ont pas le choix).
Jusqu’à ce que le gouvernement libanais
prenne les mesures les plus strictes (et
interdise le travail), et alors
(absolument) tout le monde devra les
respecter.
Quoi qu’il en soit,
ces mesures, à quoi visent-elles ? En
vérité, il est vrai que ce mal est
(très) dangereux. Mais il est facile de
lutter contre lui. Si dangereux que soit
ce virus, il est (très) facile de lui
faire face. C’est aussi simple que ça :
on te demande de respecter les gestes
barrière, de te laver les mains, de
respecter telles mesures sanitaires aux
repas, lors des déplacements, etc., de
t’isoler, de cesser les regroupements,
(rien de plus). Cela ne nécessite qu’un
peu de volonté et de discipline. Oui, on
étouffe, on s’ennuie confinés dans nos
maisons. Mais il s’agit d’une guerre !
Considérez-vous en guerre ! Pendant la
guerre, est-ce qu’on va prendre l’air ou
faire du tourisme ? Est-ce qu’on va
faire du ski ou de la luge ? Est-ce
qu’on va faire des barbecues au bord de
l’eau ? En temps de guerre, tout le
monde prend des mesures de guerre. Soyez
raisonnables, et comportez-vous de
manière responsable ; considérez que ce
sont des mesures de guerre.
Par conséquent,
tout type d’assemblée (doit être
prohibé). Nous avons déjà parlé des
mosquées, et je veux y ajouter tout
événement culturel, religieux ou
politique, tout cela doit être ajourné.
(Même) en ce qui concerne les familles
de martyrs, nous aurons bientôt des
commémorations annuelles, mais nous nous
sommes tous mis d’accord (pour les
annuler). Pardonnez-nous et soyez
compréhensifs, mais il n’y aura pas le
moindre rassemblement, la moindre
célébration, la moindre rencontre, ni
dans les complexes, ni dans les
husseyniyas, ni où que ce soit.
Même en ce qui
concerne les funérailles, à Dieu ne
plaise qu’il y ait des martyrs (de
Syrie, d’Irak, etc.), mais même s’il y
en avait, nous n’allons pas prendre la
peine de demander de fatwa : nous
annonçons clairement que nous voulons
qu’il y ait le strict minimum possible
pour les funérailles. Si une personne
meurt, que Dieu lui fasse miséricorde,
et s’il y a un martyr, que Dieu accepte
son sacrifice, mais il ne doit y avoir
qu’un nombre très faible et modeste de
membres de sa famille qui prennent part
à son enterrement. Il faut en finir
(ponctuellement) avec la culture qui
impose à tout un village de participer
aux funérailles pour ne pas être honteux
face à la famille du défunt, et que tout
le village suive le cortège funèbre :
c’est une belle habitude de nos villes
et de nos villages, mais en ces
circonstances, elle doit être oubliée,
car ce qui était noble hier perd toute
sa noblesse et sa beauté dans cette
bataille (et devient détestable
aujourd’hui). Ce qui est noble et beau,
c’est le minimum possible de personnes
participant aux funérailles, que ce soit
le jour de l’enterrement, la 3e semaine,
la 7e semaine, l’ouverture des
husseyniyas et les cérémonies de
condoléances, (tout cela doit être
oublié). Je ne vous dis pas qu’il s’agit
d’une obligation religieuse ou pas, mais
j’espère seulement que dorénavant, et
jusqu’à ce que cette crise soit derrière
nous, j’espère de tout mon cœur que vous
allez alléger ces funérailles pour les
gens et pour vous-mêmes. Il faut
l’alléger tant pour les familles qui ont
perdu un être cher que pour les autres
personnes (proches, voisinage, …).
Il y a quelques
jours, j’ai vu sur les réseaux sociaux
que par exemple, telle famille avait
perdu un proche, et avait annoncé
d’elle-même qu’elle annulait toutes les
cérémonies traditionnelles et remerciait
tout le monde en demandant à Dieu de
récompenser (tous ceux qui auraient
voulu y assister). C’est excellent. Même
la famille du défunt ou du martyr doit
prendre l’initiative de dire aux gens
qu’ils ne doivent pas venir (assister
aux funérailles ou leur présenter leurs
condoléances) mais se contenter de
réciter la sourate al-Fatiha à la
mémoire du défunt et de prier Dieu pour
lui, et qu’ils leur en seraient
reconnaissants, ne voulant rien de plus.
Ces questions ne doivent pas être
éclipsées par la volonté de bien faire,
ou de se conformer aux habitudes & aux
traditions. Tout cela doit être gelé
(provisoirement). Tel est le gros titre,
et tout le reste n’est que détail. La
règle absolue est : pas de
regroupements, pas d’assemblées, pas de
cérémonies, etc. Il faut que les gens
restent autant isolés que possible les
uns des autres, et ne fassent jamais
plus que le strict nécessaire.
Par exemple, dans
certains endroits, les gens ont quitté
les grandes villes pour retourner dans
leurs villages, mais ce n’est une bonne
chose qu’à condition qu’ils ne s’y
mêlent à personne. Si on va dans un
village pour s’y mêler aux gens et y
faire des réunions ou assemblées, des
repas en groupe, des visites, du
tourisme, c’est très mauvais. Si on
rentre au village, on va directement
chez soi et on s’y enferme ! Car le
virus peut se propager dans les villages
comme il le fait dans les villes. Il est
vrai qu’il se propage plus dans les
villes car il y a plus de monde, (mais
il ne faut pas le propager dans les
villages par négligence).
Le sixième point
concerne à la fois l’Etat et ses
institutions et le peuple en général, à
savoir la considération due aux
personnels ambulanciers et médicaux.
J’ai bien dit qu’ils étaient en première
ligne, et à cet égard, il est de notre
devoir de manifester reconnaissance et
gratitude à tous les responsables qui
assument leurs fonctions dans ce
contexte (critique), en particulier au
Ministère de la Santé et à la cellule
dédiée (à la lutte contre le
coronavirus), ainsi qu’aux hôpitaux
publics ; mais il faut distinguer tout
particulièrement l’hôpital public
Président Rafik Hariri à Beyrouth (qui
accueille les patients libanais du
Coronavirus [230 à ce jour, et 4
décès]), qu’il s’agisse de sa direction,
des médecins, des infirmiers et
infirmières : nous leur adressons tous
nos remerciements et toutes nos
félicitations, car ils sont en première
ligne. Il faut les soutenir moralement,
et prier pour leur santé et leur
préservation. Et il faut faire tout ce
qui peut aider ces personnels, et
également tous ceux qui travaillent dans
les ambulances, dans toutes les
institutions —Croix-Rouge, différents
centres médicaux d’analyses et
d’examens, tous personnels de santé,
etc.—, nous devons tous leur adresser
nos remerciements.
Et de même, je
conseille, recommande et propose au
gouvernement libanais de prendre des
mesures d’exception pour soutenir ces
personnels. Depuis quelque temps déjà
(du fait de la crise économique et
financière au Liban), ils ont des
problèmes au niveau de leurs salaires et
moyens de subsistance, et il ne faut
plus tarder (pour les verser) dans cette
bataille qui fait rage aujourd’hui.
Toutes les autres dépenses, il faut les
retarder au profit de celle-là, (vitale)
dans cette bataille, (afin d’assurer aux
personnels soignants une sécurité à cet
égard). Plus encore, il ne suffit pas de
leur donner ce qu’on leur doit, et il
faut penser à une gratification
complémentaire pour leurs efforts et
fardeaux, car l’ampleur du danger, du
poids et des pressions qui pèsent sur
eux est bien supérieure à la normale.
Nous remercions
donc (chaleureusement) tous ces
personnels, et tout le monde doit le
faire et leur marquer toute la
considération qui leur est due, les
soutenir moralement et
psychologiquement, ainsi que
matériellement et financièrement. Nous
devons tous éprouver un grand respect
pour eux, les remercier et avoir
conscience de l’ampleur des sacrifices
qu’ils réalisent (pour la Nation).
De même, j’espère
que [le Liban fera] ce qu’a fait l’Iran
—je ne sais pas ce qu’il en est pour les
autres pays—, même si certaines
personnes au Liban sont prises de
convulsions dès qu’on parle de l’Iran [à
l’instar des folliculaires
Zemmour et autres
Onfray et de leurs nombreux dévots
dès qu’on parle de l’Islam, et qui
n’abandonnent pas leur haine morbide
même en ces circonstances tragiques]. En
Iran, le plan du Guide Suprême a été mis
en place, sur la base de la suggestion
du Ministère de la Santé : ainsi, tout
médecin, infirmier, ambulancier ou autre
personnel soignant qui, dans l’exercice
de ses fonctions, serait infecté par le
coronavirus et en mourrait, est
considéré comme un martyr du travail et
de la Nation. Et bien sûr, cela entraîne
non seulement des obligations morales,
mais surtout matérielles à l’égard de sa
famille. Les obligations morales lui
sont dues, et les obligations morales &
matérielles (financières, etc.) sont
dues à sa famille en cas de décès.
J’espère qu’au
Liban, puisqu’on parle de bataille
(contre le coronavirus), que ces
personnels soignants auront accès à ces
honneurs. De même que pour les soldats
ou forces de sécurité, salariés et
fonctionnaires de l’Etat, s’ils sont
tués au service, il y a des obligations
morales et matérielles de l’Etat envers
sa famille (veuves & orphelins) du fait
qu’il sont martyrs, nous devons en faire
de même à l’égard des personnels
soignants.
Septièmement, il
faut se préparer dès maintenant au pire.
Nous voulons tous nous entraider pour
empêcher la propagation du virus, mais
imaginez qu’il se propage tout de même,
pour une raison ou pour une autre. Le
Ministère de la Santé, les autres
ministères, les institutions, le peuple,
nous tous avons le devoir de nous
préparer au pire. Il y a des pays dans
le monde, même des pays qui sont
considérés comme les plus développés du
monde et les mieux dotés sur le plan
sanitaire, qui ont réquisitionné des
hôtels et ouvert des écoles &
universités (pour y accueillir les
malades). De telles mesures ne doivent
pas poser de problème ou être sujettes à
l’hésitation : il faut les prendre (dès
maintenant) ne serait-ce que par
précaution. Il faut préparer les lieux,
les équipements et les ressources pour
une phase plus avancée de l’épidémie si,
à Dieu ne plaise, nous nous dirigions
vers le pire. Il faut que le cadre
humain soit préparé (personnel médical,
volontaires, etc.) : tous les étudiants
(en médecine)… Et nous devons en
profiter pour remercier tous les
étudiants des universités libanaises,
que ce soit en médecine ou dans d’autres
disciplines, qui ont pris des
initiatives, se sont portés volontaires
(face au covid-19), etc.. Tous les
étudiants en médecine, infirmerie, ou
tous métiers de la santé, etc., doivent
être mobilisés par précaution, comme des
réservistes, pour assister et suppléer
les personnels médicaux si la situation
devait empirer. Il faut préparer les
lieux d’accueil (des malades), les
équipements (médicaux et de vie
courante), les ressources humaines, pour
les hypothèses les plus pessimistes
(quant à l’évolution de l’épidémie). Il
ne faut pas rester à attendre les bras
croisés. Bien sûr, des actions sont déjà
en cours, mais je souhaitais souligner
cette idée et à appeler à ce qu’elle
soit déployée au maximum possible.
A cet égard, je
dois dire que le Hezbollah, et je
l’annonce maintenant, nous mettons à la
disposition de l’Etat toutes nos
possibilités, et tous nos effectifs
médicaux, de santé et autres, absolument
tout le monde, qu’il s’agisse de nos
combattants, de nos hommes, de nos
femmes, tout ce que nous possédons en
fait de capacités humaines,
d’associations et de matériel. Tout cela
est à l’entière disposition du
gouvernement et du Ministère de la Santé
pour mener cette bataille qu’ils sont en
train de mener. Ce sont eux qui dirigent
cette bataille, c’est le gouvernement,
et nous n’aspirons à rien à cet égard,
nous nous retroussons les manches et
nous sommes à leur service. C’est
l’attitude à avoir, car cette bataille
est différente, et tous ses instruments
ne sont pas en notre possession mais
entre les mains de l’Etat. Nous et les
autres ne pouvons constituer qu’une
force d’appoint [Pour lutter contre
l’épidémie, le Hezbollah a déployé plus
de 20 000 personnes, dédié au covid-19
tout un hôpital déjà fonctionnel, ainsi
que quatre autres hôpitaux désaffectés
en cours de rénovation et d’équipement,
créé 32 centres médicaux et 3 hôpitaux
de campagne, et loué des hôtels entiers
pour les quarantaines. Comparer ces
actions avec les 30 lits de l’hôpital de
campagne vanté par Macron… alors que le
Liban a une population 14 fois
inférieure et 100 fois moins de cas de
covid-19, malgré un dépistage
systématique !].
Voir
également
Lutte contre le coronavirus : le
Hezbollah ridiculise l’armée française
(New York Times)
Huitièmement, il
faut tirer bénéfice des expériences (et
des bonnes pratiques) des autres pays :
la Chine, l’Italie, la Corée, le Japon,
l’Iran, et maintenant la France,
l’Allemagne, la Belgique, et même
(pourquoi pas) les Etats-Unis, cela ne
doit nous poser aucun problème. Il faut
profiter de l’expérience des autres pays
pour gagner du temps et épargner notre
énergie. Il ne faut pas que nous
refassions les mêmes erreurs, car le
temps est très précieux. Dans cette
bataille, le temps est un facteur
décisif, chaque heure, chaque jour est
précieux et crucial.
Neuvième point, il
faut donner la priorité absolue à cette
bataille, que ce soit de la part du
gouvernement, de l’Etat ou du peuple
libanais, de quiconque se trouve au
Liban, des médias, quiconque a une
influence et peut faire des efforts doit
donner la priorité absolue à cette
bataille.
Dixièmement, il
faut une solidarité sociale. Je parle
rapidement, car les points que j’évoque
sont clairs en eux-mêmes (et
consensuels), et je ne fais que les
souligner en tant que points
(importants). Il faut une solidarité
sociale (véritable et effective).
Naturellement, aujourd’hui, les mesures
gouvernementales qui ferment les
restaurants, le tourisme, etc., etc.,
etc., tout cela implique que beaucoup de
gens n’auront peut-être plus de quoi
vivre, n’auront plus de salaire ou de
revenus. Peut-être qu’on créera un autre
problème : en voulant échapper au
coronavirus, on tombera dans la famine,
et on mettra en danger la sécurité de la
société. Avant d’en arriver aux
solutions (pour régler les problèmes
sécuritaires qui pourraient surgir), à
savoir que l’armée, les forces de police
et la justice assument toutes leurs
responsabilités pour empêcher toute
fissure de la sécurité nationale, il
faut d’abord prendre des mesures
préventives. Les capacités de l’Etat
sont bien connues, et je veux parler des
responsabilités du peuple lui-même dans
la solidarité sociale. Dans chaque
village, et pour les villes dans chaque
quartier, dans chaque famille, dans
chaque lieu, il y a des gens qui vivent
plus à l’aise que d’autres. Il y a des
gens qui ont beaucoup d’argent, il y a
des gens qui perçoivent les impôts
religieux (zakat, khums, qui sont
redistribués aux plus démunis), etc.
Mais même indépendamment des impôts
religieux, même les simples particuliers
qui sont à l’aise, qui sont riches, qui
sont capables, nous devons tous nous
protéger mutuellement. Les familles
doivent s’entraider, les habitants d’un
même village doivent s’entraider, les
habitants d’un même quartier doivent
s’entraider, etc. Cela a commencé il y a
quelques mois, mais le besoin
aujourd’hui est devenu très pressant.
Je tiens à adresser
un appel aux riches de tous les
villages, de toutes les villes, en
espérant qu’ils m’entendront. Là où il y
a des responsables ou clercs du
Hezbollah, je n’ai pas besoin de lancer
un appel, car nos consignes sont claires
et seront appliquées impérativement,
mais tous doivent considérer comme
faisant partie de leur travail de
s’assurer du bien-être de toutes les
familles dans la proximité de leur champ
de responsabilité, car avec le temps,
certaines n’auront peut-être même plus
une seule miche de pain, ne trouveront
pas de quoi se nourrir ou se procurer
les biens de première nécessité. Nous
devons faire tout ce qui est en notre
pouvoir, nous devons nous entraider et
être solidaires, faire des dons,
(ajourner les paiements des loyers ou
dettes), etc. Cela doit être considéré
comme de la responsabilité de chacun.
De même, le
gouvernement doit faire ce qu’il faut à
cet égard. Il ne suffit pas d’imposer
fermeture sur fermeture. Certains sont
pressés de voir l’état d’urgence
déclaré. J’annonce clairement qu’à tout
moment où le gouvernement libanais verra
dans l’intérêt national de décréter
l’état d’urgence, que personne ne
considère que le Hezbollah s’y
opposerait, vous êtes libres de le faire
à tout moment (et nous le respecterons).
C’est vous, le gouvernement libanais,
qui dirigez la bataille, via les
Présidents (de la République, du Conseil
des ministres et du Parlement) et les
ministres, sous la tutelle de Son
Excellence le Président de la
République, du Président du Parlement et
de toutes les institutions de l’Etat. Au
moment où vous estimerez qu’il est temps
de déclarer l’état d’urgence au Liban,
c’est votre responsabilité (exclusive)
et faites-le (sans hésitation), sans
prêter attention à qui que ce soit. Mais
jusqu’à ce que ce moment arrive, et même
une fois qu’il sera arrivé, lorsque le
gouvernement décrète la fermeture de
telle et telle branche (éducation,
restauration, etc.), il faut également
chercher une alternative, car il y a des
gens qui se retrouveront sans salaire,
sans moyens de subsistance. Nous savons
bien qu’au Liban, il y a beaucoup de
gens qui, s’ils ne travaillent pas tel
jour, n’ont pas de quoi acheter à manger
ce jour-là. Ce problème fait partie de
la bataille. Il ne s’agit pas seulement
des hôpitaux, des médicaments, etc.
Cette question fait pleinement partie de
la bataille. Si nous remédions au
premier aspect (médical et sanitaire)
mais que nous ignorons l’autre aspect
(social, salarial, etc.), nous allons
non seulement perdre la sécurité de
notre société (violence, délinquance,
émeutes, etc.), mais même le premier
aspect, à savoir la bataille contre la
propagation du virus, sera perdu.
A cet égard, en
suivant le dossier ces derniers jours,
j’ai vu que dans beaucoup de pays du
monde, les banques et les finances
(privées) ont annoncé à leurs
gouvernements qu’elles étaient prêtes à
l’aider, car elles ont des sommes
d’argent colossales à leur disposition,
des dépôts, etc., et elles se sont
déclarées prêtes à apporter leur aide,
non pas à faire des prêts à taux
d’intérêts élevés [Rires], mais à
apporter une aide aux gouvernements, à
la branche de la santé, afin de leur
donner les moyens de faire face à cette
épidémie fulgurante et insatiable.
J’appelle les établissements financiers
libanais à agir avec le même sens de la
responsabilité. Nous savons tous que le
budget de l’Etat est dans une situation
difficile. Les intérêts privés au Liban
disposent de sommes d’argent absolument
colossales, et ont amassé, depuis 1993,
des gains astronomiques, par dizaines de
milliards de dollars, et vous avez
maintenant le devoir d’assumer cette
responsabilité, de manière volontaire.
S’il doit y avoir une réquisition, une
saisie de force par décret, c’est
l’affaire du gouvernement et du
Parlement. Mais en tant que citoyen
libanais, je m’adresse aux intérêts
privés libanais, en particulier au
secteur financier et bancaire, et je
leur dis qu’ils sont les premiers qui
ont le devoir de tendre une main
secourable au gouvernement libanais, aux
finances de l’Etat libanais, à la
branche de la santé ainsi qu’à la
solidarité sociale, afin que le peuple
puisse endurer, persévérer et que le
pays puisse sortir victorieux de cette
bataille.
Mon dernier point
en ce qui concerne le coronavirus —je
n’ai pas beaucoup d’autres points à
évoquer, il m’en reste deux avant la
conclusion, et le second sera bref. Mon
dernier point en ce qui concerne le
coronavirus, et le plus important à mes
yeux, est qu’en nous lançant dans cette
bataille (contre la maladie), ô les
gens, ô mes bien-aimés, nous devons être
armés de la foi, la foi en Dieu le
Très-Haut et l’Exalté. Dieu le Clément,
Dieu le Miséricordieux, Dieu le Capable,
Dieu qui tient en Ses mains le Royaume
des Cieux et de la Terre, Dieu le
Tout-Puissant. Cette foi doit être
présente avec force dans notre esprit,
dans notre cœur et dans notre âme tout
au long de cette bataille, comme pour
toutes les batailles. Et nous devons
nous réfugier en Dieu le Très-Haut et
l’Exalté, L’appeler au secours, Lui
demander protection et recherche
ardemment Sa présence. Nous devons
L’invoquer pour qu’il nous secoure, nous
donne les moyens et nous guide. Cette
bataille exige de la patience, de la
détermination, de l’endurance, de
l’espoir ; il ne faut pas désespérer. Il
faut de la persévérance, de la volonté,
de la résolution. Et c’est Dieu qui nous
donne tout cela.
Cette bataille a
besoin de guidance, y compris de la
guidance des savants (en sciences
islamiques), des scientifiques, des
médecins, des centres d’expertise et de
recherche internationaux. Il est
possible que même après 1 ou 2 mois,
voire 1 ou 2 ans, ils ne parviennent à
aucun résultat (à aucun remède), et
c’est Dieu qui peut les guider et leur
enseigner (ce qu’ils ignorent). C’est
Dieu qui peut leur ouvrir les portes
closes. Il faut faire appel à Dieu le
Très-Haut et le Tout-Puissant et avoir
foi en Lui, et ce doit être là notre
arme la plus puissante et la plus
constante dans cette bataille.
Écoutez-moi bien, ô
mes frères et sœurs, ô les gens : le
plus grand danger dans n’importe quelle
bataille, qu’elle soit politique,
militaire, et même sanitaire et
médicale, est lorsqu’un des deux
belligérants sur le front est atteint
par la peur, la terreur, le sentiment
d’impuissance, de faiblesse, d’impasse,
de désespoir. Lorsque la mentalité
défaitiste s’empare de lui, tout est
fichu, et ce même s’il s’agit d’une
puissante armée, même s’il possède
l’arme nucléaire, même si ses capacités
sont colossales. Car la base est ici
(dans le cœur, le for intérieur).
Aujourd’hui, faire
peur aux gens, leur inspirer la terreur,
leur donner l’impression que nous sommes
face à une pandémie insurmontable, à
laquelle aucun remède ne peut être
trouvé et aucun succès être obtenu, et
face à laquelle il faut s’avouer vaincu,
baisser les bras et se morfondre, faire
cela est une véritable catastrophe, et
c’est même un crime. Ce crime est
peut-être aussi grave que celui de semer
la corruption sur la Terre (un des plus
grands péchés en Islam). Quiconque
s’exprime, commente ou écrit sur les
réseaux sociaux doit être
particulièrement vigilant au fait que
faire peur aux gens, les terroriser,
répandre des mensonges, répandre
l’esprit défaitiste, le désespoir, le
découragement, la faiblesse, etc., cela
mène à la défaite et à notre perte. Nous
devons surmonter tout cela. Il faut se
considérer en guerre.
Même face à la
mort… Supposons que ce mal ait été isolé
aux seuls hôpitaux et y subsiste pendant
un certain temps, et que comme le disent
les médecins, parce qu’untel souffre de
telle ou telle comorbidité, qu’il est
d’un âge avancé ou autre, le covid-19
entraîne effectivement sa mort. Que Dieu
en fasse surgir un bien (dans ce monde
ou dans l’au-delà) !
« Certes, tu es
appelé à mourir, comme ils sont aussi
appelés à mourir. » (Coran, 39, 30). «
Toute âme goûtera la mort. » (Coran, 3,
185). Nous allons tous mourir un jour,
et le décret est arrivé pour untel, fin
de l’histoire. Nous avons le devoir de
faire tout notre possible (pour se
préserver). Il ne faut pas rendre les
armes sans combattre, jamais de la vie !
Notre obligation religieuse est de faire
tout ce qui peut protéger notre vie.
Mais supposons que la mort frappe untel
ou untel. Que Dieu en fasse un bien !
Nous sommes satisfaits de la volonté de
Dieu le Très-Haut et l’Exalté, et nous
devons continuer à vivre.
Comme pour la
guerre : dans la guerre, nos maisons
sont détruites, de même que nos biens et
nos ressources, nos bien-aimés sont
tués, blessés, réfugiés, frappés de tous
les maux, mais on tient bon. Lorsque
nous résistons, nous prenons le dessus
et nous remportons la victoire. Mais si
la mort, les blessures et les
destructions mènent à notre défaite,
nous aurons tout perdu. Il en va de même
pour cette bataille (contre le
coronavirus).
C’est la foi qui
nous donne cette force. (Nous pouvons
résister et vaincre grâce) aux
invocations, à la demande d’intercession
(auprès des Prophètes et Imams), à
l’appel à Dieu le Très-Haut et l’Exalté.
Chacun peut le faire à sa manière, selon
ses croyances, car la relation avec Dieu
est ouverte (et peut s’exprimer de
différentes manières). Chacun peut
invoquer Dieu dans la langue qu’il veut,
de la manière qu’il veut, de la façon
qui lui paraît appropriée.
Parle avec lui
comme tu parles à n’importe qui. Il
t’entend, Il sait et comprend ce que tu
dis, Il accède même à tes pensées et à
ton cœur. Il connaît ta sincérité et ton
ardeur.
C’est pourquoi nous
avons besoin de cette foi, de ces
invocations et de cette âme forte. Nous
n’avons pas le droit de laisser notre
détermination être ébranlée. Nous devons
être forts face à ce défi, même si les
vérités sont difficiles, il faut garder
confiance en Dieu. Pendant les
différentes guerres (menées par le
Hezbollah), on nous apprenait qu’il y
avait 100 martyrs, 200 martyrs, 1000
martyrs, 5000 martyrs, 10 000 blessés,
100 000 maisons détruites… Mais nous
n’étions pas ébranlés. Et c’est pour
cela que nous avons toujours été
victorieux. Et aujourd’hui, c’est la
même chose. Quelles que soient les
pertes infligées par cette épidémie,
nous devons faire face avec force et
détermination. Les forts sont ceux qui
survivront et qui seront victorieux.
Je demande à Dieu
le Très-Haut et l’Exalté la santé et le
salut à tous, et la victoire dans cette
bataille, avec Sa grâce. […]
Fin de la
section consacrée au coronavirus.
Nasrallah a ensuite évoqué la situation
économique du Liban (en défaut de
paiement) et les pistes acceptables
(exploitation du pétrole & du gaz, piste
chinoise, etc.) et inacceptables
(taxation des classes populaires,
reddition au FMI ou aux diktats
américains, etc.) de redressement, ainsi
que
les événements récents en Irak.
Voir notre
dossier sur le coronavirus.
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