Syrie
La Syrie impose de nouvelles règles
de confrontation à Israël
Sayed Hasan

© AP Photo
/ Hassan Ammar
Samedi 12 mai 2018
Dans la nuit de mercredi 9 à jeudi 10
mai 2018, un échange de frappes sans
précédent a eu lien entre Israël et la
Syrie. Les médias
dominants, ainsi que certains médias
« alternatifs » comme Russia
Today (ou même Mediapart,
pour les ingénus qui le classeraient
dans cette catégorie), se sont empressés
de relayer la version des faits de
l’armée israélienne, selon laquelle
l’entité sioniste aurait « riposté » à
une « attaque iranienne menée par la
Force Al-Quds des Gardiens de la
Révolution » consistant en un tir de
« vingt roquettes » contre des positions
israéliennes dans le Golan occupé, dont
quatre auraient été « interceptées par
le Dôme de Fer » israélien et les autres
se seraient « écrasées en territoire
syrien », aucun dégât n’étant recensé en
Israël. Israël aurait répondu à cet
« acte d’agression » inédit par une
« opération de grande envergure » qui
aurait détruit « l’ensemble de
l’infrastructure iranienne en Syrie »,
afin de dissuader la République
Islamique de toute velléité de frappe
future.
Ce récit prend pour argent comptant les
postulats, données et mythes de la
propagande de l’entité sioniste – qui
impose aux médias israéliens une censure
militaire permanente, exposant tout
contrevenant à une peine de prison ; et
à en lire les médias internationaux, on
pourrait croire que comme les sanctions
économiques américaines, cette censure
est extraterritoriale –, mais aucun
d’entre eux ne résiste à l’analyse.
L’agresseur est indubitablement Israël,
qui a réalisé plus d’une centaine de
frappes contre la Syrie depuis le début
du conflit. Après la mise en scène
chimique de Douma, ses agressions se
sont intensifiées avec les attaques
contre la base syrienne T-4 le 9 avril,
qui ont notamment tué 7 Gardiens de la
Révolution Islamique d’Iran. Suite à
l’annonce américaine de retrait de
l’accord sur le nucléaire iranien, de
nouvelles frappes israéliennes ont ciblé
des positions syriennes mardi 8 mai dans
la banlieue sud de Damas, et mercredi 9
mai à Quneitra, au sud du pays.
Incontestablement, la Syrie n’a fait que
riposter à une énième agression, avec
une fermeté qui a ébranlé Israël et l’a
contraint à sortir du mutisme auquel il
se confine habituellement.
La riposte syrienne – et non iranienne –
a consisté en un tir de plus de
cinquante – et non pas vingt – roquettes
contre quatre bases militaires
israéliennes sensibles dans le Golan
occupé, qui ont causé des dégâts
matériels et même des pertes humaines selon
Al-Manar, le média du Hezbollah.
Celles-ci n’ont pas été rapportées par
la presse israélienne du fait de la
censure militaire drastique interdisant
de mentionner l’agression initiale
d’Israël, d’évoquer un tir de plus de
vingt roquettes, d’identifier leurs
cibles et de parler des dommages
infligés, ce afin de rassurer la
population à l’intérieur et de permettre
aux capitales occidentales vassales
d’égrener leur refrain du
sacro-saint-droit-d’Israël-à-se-défendre.
La chaine libanaise Al-Mayadeen a
précisément identifié les postes
militaires frappés : 1/ un centre
militaire de reconnaissance technique et
électronique ; 2/ le poste de sécurité
frontalière et de renseignement 9900 ;
3/ un centre militaire de brouillage
électronique ; 3/ un centre militaire
d’espionnage de réseaux sans fil et
filaires ; 4/ une station de
transmission ; 5/ un observatoire de
l’unité d’armes de précision pendant les
opérations au sol ; 6 / un héliport de
combat ; 7 / le quartier général du
commandement militaire régional de la
brigade 810 ; 8/ le centre de
commandement du bataillon militaire à
Hermon ; 9/ le quartier général d’hiver
d’une unité spéciale alpine. Et comme
cette chaine l’a rapporté, même
les journalistes et analystes israéliens
ont pu exprimer des doutes sur cette
version peu crédible selon laquelle ces
frappes massives, sans précédent depuis
1974 et donc inattendues, se seraient
révélées inoffensives. Du reste, comme
l’a souligné Norman Finkelstein,
rien n’a changé pour Israël entre les
guerres à Gaza de 2008 et 2014 malgré le
déploiement du « Dôme de Fer »,
seulement 5% des roquettes – largement
primitives – du Hamas ayant été
interceptées durant l’opération
« Bordure Protectrice » ; et l’un des
meilleurs spécialistes de la défense
antimissile, Théodore Postol du MIT, a
déjà révélé les déficiences
chroniques de ce système. Il est
invraisemblable qu’il ait pu mieux faire
face aux lance-roquettes multiples
russes, chinois et iraniens bien plus
sophistiqués que possède la Syrie.
Le succès des frappes israéliennes,
qui, à
en croire le Ministre de la Guerre
israélien Avigdor Lieberman,
auraient détruit presque « l’ensemble de
l’infrastructure iranienne », est
largement exagéré : les responsables
militaires russes, dont les radars ont
suivi ce combat en temps réel, ont
annoncé que plus de la moitié des 60
missiles tirés par 28 F-15 et F-16
israéliens – ainsi que des 10 missiles
sol-sol – ont été interceptés. L’armée
syrienne recense 3 morts et 2
blessés, une station radar et un
entrepôt de munitions détruits et des
dégâts matériels sur des unités de
défense anti-aériennes syriennes. Ces
dernières ont déjà démontré leur
efficacité face à Tel-Aviv, Washington,
Londres et Paris, contrairement au mythique « Dôme
de Fer » israélien.
La présence même de bases militaires
iraniennes et/ou d’importants
contingents iraniens en Syrie est une
fable : l’Iran n’y dispose que d’une
présence modeste (essentiellement
composée de conseillers militaires,
effectivement issus du corps des
Gardiens de la Révolution Islamique),
contrairement au Hezbollah ou à la
Russie. Robert
Fisk souligne bien que les
allégations israéliennes au sujet de la
présence de missiles iraniens en Syrie
ont probablement été concoctées « de
concert avec l’administration Trump »,
que la présence iranienne est « bien
moindre que ce que s’imagine
l’Occident », et que toutes les
déclarations israéliennes doivent être
rapportées avec la plus grande
circonspection. Tout reportage objectif
sur ces événements devrait ressembler à
celui de Robert Fisk : « Les Américains
ont dû être informés en amont des
dernières frappes israéliennes de la
nuit dernière, supposément contre
les forces iraniennes en Syrie après une
attaque supposée de roquettes
iranienne contre les forces israéliennes
sur le Golan – et il est important
d’utiliser le mot « supposé » et
de ne pas prendre tout cela pour argent
comptant. » En effet, ces prétendues
attaques inattendues étaient annoncées
depuis des jours par l’armée
israélienne, qui avait déjà mené une
prétendue « frappe
préventive » – bien plutôt une
provocation – le 8 mai.
La « ligne rouge » que cette soi-disant
présence iranienne constituerait pour
Israël est démentie par le fait que
Tel-Aviv n’a cessé, depuis le début du
conflit, de ralentir la progression de
l’Armée Arabe Syrienne et, sous de
multiples prétextes (livraison d’armes
au Hezbollah, riposte à des tirs réels
ou supposés depuis le Golan, etc.),
d’assister les groupes terroristes armés
de toutes les manières possibles :
armes, informations, frappes aériennes
coordonnées avec les offensives, soins
médicaux aux djihadistes, etc. Israël,
le seul pays au monde qui ne craint
officiellement rien (et n’a
effectivement rien à craindre) de Daech,
a vu la situation en Syrie virer du rêve
– voir une myriade de groupes
terroristes abattre le seul régime arabe
anti-israélien et saigner le Hezbollah –
au cauchemar – faire face à ses
frontières à un Hezbollah, une armée
syrienne et un Iran plus puissants et
aguerris que jamais, et alliés à la
Résistance palestinienne, à l’Irak et au
Yémen, ainsi qu’à la Russie –, ne fait
que poursuivre son œuvre
déstabilisatrice sous de nouveaux
prétextes, et de manière plus directe :
Hassan Nasrallah, le Secrétaire Général
du Hezbollah, avait bien annoncé qu’après
la défaite des proxies en Syrie, leurs
commanditaires pourraient intervenir de
plus en plus ouvertement.
L’Iran, dont l’opposition au projet
raciste et colonialiste d’Israël est un
principe et même un dogme depuis le
triomphe de la Révolution Islamique en
1979, n’est pas facilement provoqué à
une réaction épidermique, et a toujours
préféré agir avec patience et sur le
long terme – souvenons-nous de sa
retenue après le massacre de ses
diplomates en Afghanistan en 1998.
L’objectif de l’Iran n’est pas de mener
une simple opération de représailles
pour venger ses officiers et soldats
délibérément (ou accidentellement, comme
ce fut le cas à Quneitra en janvier
2015) tués par Israël, mais bien
d’œuvrer à la libération complète de la
Palestine en mettant fin au « régime
sioniste » illégitime, à l’image
du régime d’Apartheid en Afrique du
Sud, qui s’est effondré après sa défaite
militaire en Angola et en Namibie –
contre des mulâtres cubains, considérés
avec autant de racisme que le
suprématisme juif israélien considère
les Arabushim. Comme
l’a souligné Hassan Nasrallah,
l’agression directe d’Israël contre les
forces iraniennes en Syrie constitue un
tournant majeur dans l’histoire du
conflit israélo-arabe – ou plutôt
israélo-arabo-perse –, et Israël doit
maintenant s’attendre à affronter
directement les forces iraniennes – que
ce soit en Syrie, en Palestine occupée
ou même ailleurs. Du reste, lorsque les
missiles iraniens entrent en scène, ils
sont lancés depuis le territoire de la
République Islamique et avec un succès
indéniable, comme l’ont montré les
frappes contre Daech à Deir-Ez-Zor le 18
juin 2017, en représailles aux attaques
terroristes survenues à Téhéran.
Comme on le voit, la réalité ne saurait
être plus différente de la fable qui a
été propagée par la majorité des médias.
Les « journalistes » qui reprennent
docilement les éléments de langage
d’Israël se transforment en officines de
propagande de Tsahal et de la véritable
« diplomatie du mensonge » mise en place
par Netanyahou. Israël ment en effet
constamment au monde – et, de plus en
plus, à sa propre population. Et lorsque
ses actions inconsidérées ont des
répercussions désastreuses, il publie
des communiqués hâtifs dans lesquels il
se présente comme une victime d’une
part, tout en affirmant d’autre part, via
Lieberman et via la Russie, n’avoir
aucune intention de se diriger vers une
escalade et espérer qu’on s’en tiendra
là – proclamer le succès de ses frappes
de représailles est un moyen de faire
comprendre qu’il ne veut pas aller plus
loin. Les médias internationaux se sont
contentés de reprendre ces déclarations
immédiatement après les premières
attaques, sans la moindre distance
critique. Les acteurs rationnels comme
l’Iran, la Syrie et le Hezbollah – ou la
Russie –, pour leur part, ne sont pas si
pressés de s’exprimer et de confirmer ou
infirmer les allégations des uns et des
autres, laissant leurs adversaires
s’empêtrer dans leurs mensonges, et
certains de la primauté de la réalité du
terrain qui leur devient plus favorable
de jour en jour. Du reste, le fait qu’un
revers cuisant pour Israël, qui renverse
littéralement la donne stratégique, soit
transformé en un succès militaire par la
propagande sioniste et atlantiste, et
conjugué à des protestations
israéliennes de non-belligérance, ne
peut que conforter l’Axe de la
Résistance dans ses choix.
Yoav Kish, membre de la Knesset cité
par Al-Manar, a souligné
qu’indépendamment même de l’auteur des
frappes et de leurs résultats – que la
censure interdisait d’évoquer –, il
s’agissait d’un revirement majeur dans
l’histoire des guerres d’Israël, qui se
voit attaquer depuis la Syrie. En effet,
les installations militaires du Golan
sont maintenant directement prises pour
cibles suite aux agressions
israéliennes, et non plus seulement
l’aviation israélienne, qui a déjà vu
son fleuron – le F-16 – se faire
abattre le 10 février 2018. Les
journalistes et analystes israéliens ont
également souligné les répercussions
psychologiques et économiques de cet
incident, plus de 20 000 colons du Golan
ayant dû retrouver précipitamment, en
pleine nuit, les chemins des refuges
(combien seront-ils à la prochaine
escalade ?), et le début de la période
estivale ayant été inauguré par une vague
de suppressions de réservations d’hôtel du
fait des craintes d’une guerre entre
Israël et l’Iran. L’entité sioniste, qui
inflige sans émoi les pertes et dégâts
les plus considérables aux Palestiniens
et à ses voisins, est pour sa part
gravement ébranlée par les moindres
pertes, insupportables pour la société
israélienne – d’où la sévérité de la
censure militaire.
L’accusation contre l’Iran s’explique
par des facteurs essentiels (le racisme
foncier de la société israélienne et de
son Premier ministre, qui croient plus
volontiers à une dangerosité de l’Iran
perse qu’à celle de la Syrie arabe) et
conjoncturels – un refus d’assumer les
conséquences de la politique
suicidaire du gouvernement Netanyahou,
qui l’a amené à une confrontation
directe avec l’ensemble de l’Axe de la
Résistance, pour ne pas dire avec la
Russie. Et surtout, Israël veut
capitaliser sur le retrait de Trump de
l’accord sur le nucléaire iranien pour
faire avancer sa principale obsession,
plus ancienne que la crise syrienne, à
savoir le programme balistique de
Téhéran auquel il veut que l’Occident
mette fin en exploitant le sempiternel
prétexte nucléaire – rappelons que la
fabrication, la possession et l’usage de
l’arme nucléaire sont illicites
en Islam selon l’Imam Khomeini et
Ali Khamenei, autorités suprêmes en
Iran. Netanyahou a clairement affirmé
qu’une guerre avec l’Iran est
inévitable, et qu’il
vaut mieux qu’elle se produise
maintenant que plus tard. Depuis
2005, il espère vainement que les
Etats-Unis et ses vassaux européens
pourront la mener pour lui, mais aucune
négociation, sanction ou agression ne
pourra jamais faire plier l’Iran. Et de
même que les frappes isréliennes du 9
avril, censées encourager Washington,
Londres et Paris à des frappes sévères
conre la Syrie, se sont soldées par un
échec cuisant, Israël n’a fait
qu’aggraver sa situation et se retrouve
une fois de plus seul face aux
conséquences désastreuses de ses actes,
à la mesure de l’arrogance aveugle qui
les a déclenchés.
Et la Russie dans tout cela ? La
présence de Netanyahou à Moscou pour la
commémoration du 73e anniversaire
de la victoire de l’URSS contre le
nazisme, et les rapports
selon lesquels la Russie ne livrerait
pas les S-300 à la Syrie, ne doivent
pas induire en erreur. La Russie s’est
beaucoup trop investie en Syrie pour
permettre à quiconque – qu’il s’agisse
de Washington, Tel-Aviv, Riyad ou Ankara
– de réduire ses efforts à néant. Elle a
affirmé qu’elle ne tolèrerait plus de
frappes occidentales contre la Syrie en
cas de nouvelle mascarade chimique, et
qu’elle fournirait à Damas non pas le
système anti-aérien S-300, mais bien, selon
les propos de Sergueï Lavrov, « tout
ce qui est nécessaire pour aider l’armée
syrienne à prévenir toute agression. »
Les systèmes de défense actuels,
renforcés de jour en jour, ont déjà
largement fait leurs preuves – notamment
le Pantsir, bien
plus adapté aux besoins de l’armée
syrienne –, et permettent
d’envisager le jour où Israël aura perdu
son seul avantage, à savoir la
suprématie aérienne, sans laquelle son
armée prétendument invincible ne
pourrait pas même tenir tête à Gaza.
L’utilisation par Israël de missiles
sol-sol pour la première fois, et la
concentration des attaques sur les
défenses anti-aériennes syriennes –
Tsahal a publié la vidéo de
la destruction d’un système Pantsir
S-1, probablement
inactif –, prouve qu’il est bien
conscient de ses limites.
Il est évident que les agressions
israéliennes contre la Syrie seront de
plus en plus coûteuses, tant pour
l’aviation israélienne que pour ses
bases militaires intérieures et sa
population, du fait de la détermination
de la Syrie et de ses alliés (le
Hezbollah et l’Iran) à riposter à toute
agression, de leur expérience et de
leurs nouvelles capacités, et de leurs
succès sur le terrain. L’Axe de la
Résistance, dont la Russie ne fait pas
partie, est dorénavant capable de faire
face à Israël directement, avec un front
uni et sans craindre une escalade. Quant
à Israël, déjà débordé par les
manifestations pacifiques à Gaza qui
doivent culminer le 15 mai, il n’est pas
prêts à la guerre contre un seul des
membres de l’Axe de la Résistance, et
encore moins contre plusieurs
simultanément. La nouvelle équation
imposée par l’armée syrienne le 10 mai
est plus redoutable pour Israël que la
perspective de la perte d’un autre F-16,
car Damas a montré sa détermination à
porter la guerre sur le territoire
ennemi, et à frapper l’entité
sioniste en profondeur.
L’Axe de la Résistance aura
prochainement les yeux rivés sur le
Golan occupé, que la Syrie n’a jamais
renoncé à libérer par les armes – un
droit conféré par le droit international
même, ce territoire étant reconnu comme
syrien par l’ensemble de la communauté
internationale : toute opération
syrienne y relève de la résistance
légale et légitime contre l’agression
israélienne commise en 1967 et
l’occupation subséquente, même sans
nouvelle provocation. Dès mai 2013,
Hassan Nasrallah avait annoncé
la participation du Hezbollah à
l’ouverture d’un nouveau front sur le
Golan. En mars 2017, la Brigade
de Libération du Golan a été formée
par le Hezbollah irakien, Harakat al-Nujaba,
un mouvement soutenu par l’Iran et ayant
participé à la libération de l’Irak et
de la Syrie face à Daech. Aujourd’hui,
les frappes syriennes dans le Golan
occupé ouvrent incontestablement un
nouveau chapitre dans l’histoire des
guerres israélo-arabes, dans lequel
Israël sera de plus en plus acculé à une
position défensive. Verrons-nous
prochainement Tsahal élever une muraille
à la frontière du Golan occupé pour
entraver toute invasion future, comme
c’est le cas à la frontière
libano-israélienne afin de prévenir
toute incursion du Hezbollah en Galilée ?
Quoi qu’il en soit, la prochaine guerre
contre Israël bouleversera
complètement la carte du Moyen-Orient.
Sayed Hasan
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