Peter Ford : Il faut se demander
à qui profite (le crime). Clairement, ce
n'est pas le régime syrien ou les Russes
qui en bénéficient, et je considère
comme hautement improbable l'hypothèse
que l'un ou l'autre soient derrière tout
ça.
Il y a plusieurs
possibilités.
La première, c'est
que tout ça soit des fake news,
les images, les vidéos, les informations
viennent toutes de sources de
l'opposition, et non de journalistes
indépendants crédibles.
Il est également
possible que les images montrent les
suites d'un bombardement qui aurait
frappé un dépôt djihadiste de munitions
chimiques. Nous savons de source sûre
que les djihadistes stockaient des armes
chimiques dans des écoles à Alep-Est car
elles ont été vues ensuite par des
journalistes occidentaux. C'est une
autre possibilité.
Journaliste
: Quoi qu'il en soit, ceux qui prennent
ces informations pour argent comptant
soulèvent la question d'une intervention
contre le régime d'Assad.
Peter Ford :
En réalité, nous n'apprenons jamais. Les
(prétendues) armes chimiques de l'Irak,
vous vous en souvenez ? On en a été
matraqués (pour nous forcer à
intervenir). A Alep, on nous a dit qu'un
holocauste était en train de se
produire, des massacres... Mais rien de
tel ne s'est produit. Des reporters
indépendants y sont allés après et n'ont
trouvé aucune preuve de massacre. Ce que
nous avons vu, ce sont des combattants
se faire évacuer en bus calmement. Et
nous avons découvert par la suite que
beaucoup d'images étaient fausses.
Journaliste
: Il y a aussi ce qui ont dit « Ok, on
en est là maintenant, mais une
intervention en 2013 aurait pu changer
les choses. »
Peter Ford :
Il n'est pas constructif de débattre de
ce qui aurait pu se passer si ou si...
Personnellement, je pense qu'en 2013, il
était judicieux de ne pas intervenir aux
côtés des djihadistes. Peut-être que je
me trompe, mais je pense que la plupart
des gens, lorsqu'ils y ont réfléchi une
seconde, se sont demandés ce qui allait
remplacer Assad et le régime séculier
qui protège les minorités, les
chrétiens, les droits des femmes... Je
ne pense pas que les islamistes auraient
constitué un meilleur pari, et c'est
encore plus le cas aujourd'hui.
Ayez bien à
l'esprit le fait qu'Idlib, où cela s'est
produit, est un nid de vipères des
djihadistes les plus extrémistes.
(Les
interventionnistes) sont (comme) des
chiens qui reviennent à leur propre
vomi. Ils ont commis toutes ces erreurs
- l'Irak, la Libye -, ils n'apprennent
jamais, ils veulent reproduire le même
scénario en Syrie. Heureusement,
l'administration Trump a finalement
évolué la semaine dernière, et cela peut
être significatif, elle a finalement
évolué la semaine dernière pour
désavouer la politique d'Obama
consistant à essayer de renverser le
régime syrien, l'entourage de Trump a
dit qu'ils sont plus intéressés par
l'éradication de Daech, que telle est
leur priorité.
Et il est
significatif que cette attaque se
produise à peine quelques jours après.
Si les djihadistes voulaient compliquer
la tâche de Trump visant à rationaliser
la politique américaine, ils auraient
justement, sans aucun doute, essayer de
monter des fausses informations comme
cela.
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