Nasrallah : le coronavirus bouleversera
l’ordre mondial, la pandémie doit
constituer un rappel
sur la condition
humaine
Lundi 6 avril 2020
Discours du
Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed
Hassan Nasrallah, le 28 mars 2020,
consacré au mois sacré de Cha’ban (qui
précède le mois de Ramadan) et à la
pandémie de covid-19.
[…] J’ai donc
évoqué 3 points au sujet de la guerre
(mondiale) contre le coronavirus, et mon
4e point (est l’importance) de réfléchir
à tout ce qui se passe actuellement dans
le monde. Tout le monde suit la
situation, mais c’est surtout l’élite
politique, intellectuelle, culturelle,
économique et militaire qui se concentre
sur les développements actuels (et leurs
implications).
Nous faisons face à
une situation mondiale sans précédent,
au moins depuis la 2e guerre mondiale.
Et les implications en sont encore plus
dangereuses (et colossales) que celles
d’une guerre mondiale. Nous ne savons
pas comment finiront les choses, mais
peut-être qu’après le coronavirus,
l’ordre mondial sera complètement
chamboulé, et nous ferons face à une
situation inédite. Après la première
guerre mondiale, il y a eu un nouvel
ordre mondial ; après la 2e guerre
mondiale, il y a eu un nouvel ordre
mondial. Après l’effondrement de l’Union
Soviétique et du bloc de l’Est, et (la
fin du rideau de fer entre) l’Europe de
l’Ouest et l’Europe de l’Est, il y a eu
un nouvel ordre mondial.
Aujourd’hui, ce qui
se passe est beaucoup plus important que
ce qui a eu lieu durant les guerres
mondiales, car cela touche tous les
domaines. Aujourd’hui, à la lumière de
ce qui se passe dans le monde, il y a un
débat culturel, dogmatique, religieux,
intellectuel, philosophique… Tout ce qui
concerne le domaine des principes, de la
culture, de la pensée, de la religion et
de la philosophie est actuellement
soumis à un tremblement de terre. Un
véritable tremblement de terre !
Par ailleurs, il y
a un débat sur les priorités des États,
sur la pertinence et l’utilité des
Nations Unies et des grandes
organisations politiques mondiales.
Aujourd’hui, on ne sait pas si les
Etats-Unis d’Amérique vont rester unis,
ou s’ils vont être démantelés (en États
indépendants). L’Union européenne
va-t-elle rester unie, ou va-t-elle se
disloquer ? Des voix s’élèvent
aujourd’hui au sujet de la
mondialisation et de ses conséquences
après la crise du coronavirus, et on
constate un retour aux sentiments et aux
calculs nationalistes, et à la priorité
donnée à la patrie. En matière
économique, tout ce système capitaliste
et libéral est criblé de critiques, de
même que l’Organisation Mondiale de la
Santé (OMS). Sur les questions
économiques, financières, au niveau des
organisations politiques
internationales, (tout est remis en
cause). Il y a des États dont on ne sait
pas s’ils vont subsister ou disparaître.
Il y a de grandes et puissantes forces
militaires qui risquent de disparaître
(OTAN, etc.).
Je ne fais aucune
prédiction. Je dis juste qu’il faut
suivre la situation de près.
Bien sûr, il ne
faut pas être trop hâtif, car certains
vont trop vite en besogne en matière
d’analyse des questions et de leurs
implications, considérant que le monde
se dirige vers tel, tel et tel résultat
(alors qu’il faut être prudent). Prédire
dès maintenant ce qui va advenir à coup
sûr est très difficile. Tout cela est
lié au succès que connaîtront les
mesures prises ici et là, même si le
monde entier est violemment secoué
jusqu’à présent, c’est lié à la question
de savoir si un médicament ou vaccin
sera trouvé ou pas, etc. Mais il ne fait
aucun doute que nous, aujourd’hui, les
générations présentes, que ce soit au
Liban, dans la région ou partout dans le
monde, nous sommes contemporains d’une
nouvelle expérience sans précédent (en
ampleur), au moins depuis 100 ou 200
ans. Toute la terre et toute l’humanité
vont être chamboulées, et se trouveront
dans une situation complètement
nouvelle, avec une réalité toute
nouvelle, ou disons plutôt, pour être
prudent, qu’il est possible que le monde
se retrouve ensuite dans une situation
complètement différente, avec une
réalité toute nouvelle. Je dis «
peut-être », mais la probabilité est
énorme et véritable, et les données
objectives le suggèrent très fortement,
tant sur le plan théorique que pratique
: aux niveaux intellectuel et culturel,
au niveau politique, au niveau des
alliances et des organisations
politiques, au niveau de l’ordre
mondial, de l’économie, des finances,
des dépenses publiques, au niveau de
l’infrastructure sociale, etc., etc.,
(tout est en plein bouleversement).
Nous devons
surveiller tout cela de près, car ça
aura une influence sur nous, car nous
faisons partie (de ce monde). Dans la
région, nous en faisons partie sur les
plans sécuritaire, militaire,
économique, social, culturel, sanitaire,
sur tous les domaines. Nous faisons
partie de ce monde, qui est devenu,
comme on dit, un village, où chacun
ressent l’impact de ce qui se passe dans
n’importe quel endroit du monde. Nous
devons suivre et surveiller cela de
près, car les développements peuvent
parfois demander de notre part qu’on
prenne des mesures, qu’on ralentisse,
voire (pour certains, en particulier les
pro-occidentaux) qu’on bouleverse tous
nos calculs dans bien des domaines qui
nous concernent tous.
Mon avant-dernier
point, le cinquième —mon discours
comporte six points—, est que j’appelle…
Quoi qu’il en soit, j’y reviendrai plus
en détail dans mon prochain discours,
mais au-delà des mesures (sanitaires)
quotidiennes concrètes (qu’il faut
absolument respecter et dont je viens de
parler longuement), j’appelle (tout le
monde) à réfléchir à ce qui se passe
dans le monde, et à en tirer les leçons.
Lorsqu’on voit par exemple que les
États-Unis et l’administration
américaine, qui se présentent comme une
puissance de premier plan, mais en fin
de compte, toute cette administration,
qui n’est pas limitée à la personne de
Trump, même s’il a une grande influence,
toute l’administration américaine est
complètement prise de court et
désorientée : un jour, ils affirment que
(le coronavirus) n’est qu’une simple
grippe, et un jour après, ils disent que
c’est un mal sans précédent ; un jour,
ils affirment que le 12 avril, il faut
que tout le monde soit retourné au
travail et que la vie ait repris son
cours, et le lendemain, plusieurs États
déclarent l’état d’urgence, et le
gouvernement fédéral déclare l’état
d’urgence nationale. La confusion est
totale, alors qu’il s’agit du pays qui
se présente comme la première puissance
mondiale. Voyez (également) la situation
des pays les plus riches du monde, etc.
Ce qui se passe
aujourd’hui, et qu’on voit sur les
chaînes de télévision, est rendu encore
plus frappant par le fait qu’on le voit
à la télévision, car tout ce qui pouvait
se passer il y a 70, 100 ou 150 ans dans
un endroit du monde était méconnu
ailleurs (du moins pas en direct). Mais
aujourd’hui, nous sommes au Liban et
nous pouvons voir tout ce qui se passe
dans le monde en direct à la télévision.
Quelle est la leçon à tirer ?
Cette terre, ce
monde, cette humanité… Je ne vais rien
dire de nouveau, cela a été dit et écrit
maintes fois dernièrement, mais il est
bon que j’y ajoute ma voix. Alors que la
civilisation, la technologie et la
connaissance sont parvenues à leur
sommet, que l’homme est parvenu sur la
lune, sur Mars, et où sais-je encore,
qu’il a créé des armes nucléaires et
d’une sophistication extrême, qu’il
innove dans tous les domaines, et qu’il
y a une révolution technologique sans
précédent dans l’histoire humaine, etc.,
alors que les armées actuelles sont sans
conteste les plus puissantes de
l’histoire, que ce soit en effectifs ou
en équipements, et que les puissances
mondiales ont une influence sur toute la
face de la Terre, etc.
Jadis, il y avait
un seul homme (à l’orgueil démesuré),
Pharaon, qui affirmait « Je suis votre
Dieu, le plus haut ! » (Coran, 79, 24),
le Pharaon d’Égypte au temps de Moïse.
Aujourd’hui, sur toute la Terre, combien
y a-t-il de Pharaons qui proclament « Je
suis votre Dieu, le plus haut ! », et
combien y a-t-il de Nemrod (tyran face à
Abraham) qui proclament « Je suis votre
Dieu, le plus haut ! » ? Il y a une
multitude de Pharaons et de Nemrods qui
se comportent comme s’ils étaient Dieu.
Il y a même des gens qui sont encore
moindres (que des chefs d’État) et qui
se comportent comme s’ils étaient des
Dieux sur Terre. Mais voyez dans quel
état un simple virus microscopique,
invisible à l’œil nu, qui reste
largement inconnu à ce jour, a mis toute
la Terre.
Chacun peut
reconsidérer la situation dans son
esprit, sans que j’aie besoin de
m’étendre. Faisons une liste rapide :
des États entiers sont à l’arrêt et
toute leur population confinée, les
usines et entreprises sont fermées, le
tourisme a cessé dans le monde entier,
les compagnies aériennes cherchent ou
garer leurs avions, le FMI a déclaré
officiellement que le monde est entré en
récession économique, le taux de chômage
est sans précédent, tout est paralysé,
désorienté, confus, les malades et les
morts s’amassent (par centaines de
milliers et bientôt par millions), tout
est à l’arrêt —les écoles, les
universités, le tourisme, le sport… —.
Qu’est-ce qui tourne encore ? Un simple
virus a jusqu’à présent immobilisé plus
de 3 milliards de personnes, depuis que
l’Inde, qui compte plus d’un milliard
d’habitants, s’est ajoutée à la liste.
Il y a 3 milliards et plusieurs
centaines de millions de personnes
confinées à domicile.
Qui les a mis dans
cet état ? Qui ? Une armée ? Un
gouvernement ? Une grande puissance ?
(Rien de tout ça). Ils ont été assignés
à résidence par un simple virus
invisible à l’œil nu. Cela exige que
chacun réfléchisse sérieusement (à la
condition humaine) et en tire les
leçons. Dans de telles situations, on se
rappelle de ce que Dieu le Très-Haut à
dit (aux hommes) : « En fait de science,
vous n’avez reçu que bien peu de chose.
» (Coran, 17, 85)
Où est la science
humaine aujourd’hui ? Malgré toute sa
sophistication, après 2 ou 3 mois,
l’humanité reste impuissante, incapable
de comprendre ce qu’est ce virus,
comment elle va pouvoir le décoder,
comment elle va le soigner, etc. Tous
les esprits du monde sont penchés sur la
question. L’élite intellectuelle et
scientifique mondiale s’affaire dans
toutes les académies et dans tous les
centres d’experts, que ce soit par
motivation éthique et humanitaire, par
motivation financière et lucrative, par
motivation électorale ou (même) par
motivation raciste, et tous recherchent
un remède. C’est une compétition
historique qui a lieu aujourd’hui, avec
différentes motivations. Mais jusqu’à
présent, il n’y a pas de remède.
Plaise à Dieu
qu’ils trouvent un remède ! Il n’est pas
nécessaire qu’ils échouent pour que les
gens puissent en tirer les leçons, non !
Que Dieu fasse qu’ils trouvent un
remède. La Miséricorde de Dieu pour Ses
serviteurs, en un clin d’œil, peut
embrasser le monde entier, par Sa
Volonté, Sa Bonté, Sa Générosité, Sa
Bienveillance. Mais nous, les êtres
humains qui suivons les choses et les
subissons, nous trouvant au cœur de
cette épreuve, de cette bataille et de
cette guerre, nous devons en tirer les
leçons.
Il est naturel, au
vu de la nature humaine, et cela a été
constaté à travers l’histoire, que les
hommes, lorsqu’ils font face à des
épreuves et à des difficultés de cette
ampleur, se tournent vers Dieu le
Très-Haut et l’Exalté. Et nous devons
faire appel à Dieu le Très-Haut et
l’Exalté. Bien sûr, il y a des gens qui
sont opposés (à la religion), et qui ont
d’autres convictions, d’autres pensées,
mais c’est leur problème. Mais la
logique, la rationalité, les arguments,
les preuves et la nature humaine
poussent spontanément à ce qu’on se
tourne toujours vers Dieu et qu’on place
nos espoirs en Lui, mais surtout
lorsqu’on n’a plus d’autre secours que
Lui. Ça y est, c’est terminé, il n’y a
plus rien à faire, sinon en appeler à la
Bonté de Dieu, à la Miséricorde de Dieu.
Cet appel à Dieu
dont j’ai parlé dans mon discours (du 13
mars) fait partie des armes les plus
puissantes dont nous disposions, surtout
les gens simples, ceux dont les cœurs
sont brisés (par l’adversité). Il y a
peut-être beaucoup de gens qui ne
souffrent pas encore, car comme je l’ai
dit, la situation au Liban reste
acceptable : le nombre de décès reste
très faible, et même le nombre de
malades, lorsqu’on compare notre
situation au reste du monde, nous sommes
dans la meilleure partie de la liste (au
jour de ce discours, le Liban comptait
412 cas et 8 morts ; au 6 avril, le
Liban recense 527 cas et 18 morts).
Jusqu’à présent, nous n’avons pas de
situation critique, ou de gens qui
meurent de faim. Nous n’avons (presque)
pas de morts du coronavirus, nous
n’avons pas de morts de faim ; tout ce
que nous avons, ce sont des mesures
(sanitaires de fermeture et de
confinement), et les gens étouffent
(enfermés) dans leur maison, c’est vrai.
Mais faut-il attendre que notre
situation empire et devienne très
difficile avant de se tourner vers Dieu
le Très-Haut et l’Exalté ?
Quoi qu’il en soit,
je laisse cette question à la réflexion
et à la pensée (de tous), et j’y
reviendrai aux prochaines occasions si
Dieu le veut, dans quelques jours, une
semaine,10 jours, on verra. […]
Hassan Nasrallah
: la foi et la patience sont les
meilleures armes
contre le coronavirus
Discours du
Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed
Hassan Nasrallah, le 13 mars 2020,
consacré presque exclusivement à la
crise sanitaire mondiale due au Covid-19
et aux mesures que chaque individu doit
prendre pour se préserver et protéger
autrui.
[…] Mon dernier
point en ce qui concerne le coronavirus,
et le plus important à mes yeux, est
qu’en nous lançant dans cette bataille
(contre la maladie), ô les gens, ô mes
bien-aimés, nous devons être armés de la
foi, la foi en Dieu le Très-Haut et
l’Exalté. Dieu le Clément, Dieu le
Miséricordieux, Dieu le Capable, Dieu
qui tient en Ses mains le Royaume des
Cieux et de la Terre, Dieu le
Tout-Puissant. Cette foi doit être
présente avec force dans notre esprit,
dans notre cœur et dans notre âme tout
au long de cette bataille, comme pour
toutes les batailles. Et nous devons
nous réfugier en Dieu le Très-Haut et
l’Exalté, L’appeler au secours, Lui
demander protection et recherche
ardemment Sa présence. Nous devons
L’invoquer pour qu’il nous secoure, nous
donne les moyens et nous guide. Cette
bataille exige de la patience, de la
détermination, de l’endurance, de
l’espoir ; il ne faut pas désespérer. Il
faut de la persévérance, de la volonté,
de la résolution. Et c’est Dieu qui nous
donne tout cela.
Cette bataille a
besoin de guidance, y compris de la
guidance des savants (en sciences
islamiques), des scientifiques, des
médecins, des centres d’expertise et de
recherche internationaux. Il est
possible que même après 1 ou 2 mois,
voire 1 ou 2 ans, ils ne parviennent à
aucun résultat (à aucun remède), et
c’est Dieu qui peut les guider et leur
enseigner (ce qu’ils ignorent). C’est
Dieu qui peut leur ouvrir les portes
closes. Il faut faire appel à Dieu le
Très-Haut et le Tout-Puissant et avoir
foi en Lui, et ce doit être là notre
arme la plus puissante et la plus
constante dans cette bataille.
Écoutez-moi bien, ô
mes frères et sœurs, ô les gens : le
plus grand danger dans n’importe quelle
bataille, qu’elle soit politique,
militaire, et même sanitaire et
médicale, est lorsqu’un des deux
belligérants sur le front est atteint
par la peur, la terreur, le sentiment
d’impuissance, de faiblesse, d’impasse,
de désespoir. Lorsque la mentalité
défaitiste s’empare de lui, tout est
fichu, et ce même s’il s’agit d’une
puissante armée, même s’il possède
l’arme nucléaire, même si ses capacités
sont colossales. Car la base est ici
(dans le cœur, le for intérieur).
Aujourd’hui, faire
peur aux gens, leur inspirer la terreur,
leur donner l’impression que nous sommes
face à une pandémie insurmontable, à
laquelle aucun remède ne peut être
trouvé et aucun succès être obtenu, et
face à laquelle il faut s’avouer vaincu,
baisser les bras et se morfondre, faire
cela est une véritable catastrophe, et
c’est même un crime. Ce crime est
peut-être aussi grave que celui de semer
la corruption sur la Terre (un des plus
grands péchés en Islam). Quiconque
s’exprime, commente ou écrit sur les
réseaux sociaux doit être
particulièrement vigilant au fait que
faire peur aux gens, les terroriser,
répandre des mensonges, répandre
l’esprit défaitiste, le désespoir, le
découragement, la faiblesse, etc., cela
mène à la défaite et à notre perte. Nous
devons surmonter tout cela. Il faut se
considérer en guerre.
Même face à la
mort… Supposons que ce mal ait été isolé
aux seuls hôpitaux et y subsiste pendant
un certain temps, et que comme le disent
les médecins, parce qu’untel souffre de
telle ou telle comorbidité, qu’il est
d’un âge avancé ou autre, le covid-19
entraîne effectivement sa mort. Que Dieu
en fasse surgir un bien (dans ce monde
ou dans l’au-delà) !
« Certes, tu es
appelé à mourir, comme ils sont aussi
appelés à mourir. » (Coran, 39, 30). «
Toute âme goûtera la mort. » (Coran, 3,
185). Nous allons tous mourir un jour,
et le décret est arrivé pour untel, fin
de l’histoire. Nous avons le devoir de
faire tout notre possible (pour se
préserver). Il ne faut pas rendre les
armes sans combattre, jamais de la vie !
Notre obligation religieuse est de faire
tout ce qui peut protéger notre vie.
Mais supposons que la mort frappe untel
ou untel. Que Dieu en fasse un bien !
Nous sommes satisfaits de la volonté de
Dieu le Très-Haut et l’Exalté, et nous
devons continuer à vivre.
Comme pour la
guerre : dans la guerre, nos maisons
sont détruites, de même que nos biens et
nos ressources, nos bien-aimés sont
tués, blessés, réfugiés, frappés de tous
les maux, mais on tient bon. Lorsque
nous résistons, nous prenons le dessus
et nous remportons la victoire. Mais si
la mort, les blessures et les
destructions mènent à notre défaite,
nous aurons tout perdu. Il en va de même
pour cette bataille (contre le
coronavirus).
C’est la foi qui
nous donne cette force. (Nous pouvons
résister et vaincre grâce) aux
invocations, à la demande d’intercession
(auprès des Prophètes et Imams), à
l’appel à Dieu le Très-Haut et l’Exalté.
Chacun peut le faire à sa manière, selon
ses croyances, car la relation avec Dieu
est ouverte (et peut s’exprimer de
différentes manières). Chacun peut
invoquer Dieu dans la langue qu’il veut,
de la manière qu’il veut, de la façon
qui lui paraît appropriée.
Parle avec lui
comme tu parles à n’importe qui. Il
t’entend, Il sait et comprend ce que tu
dis, Il accède même à tes pensées et à
ton cœur. Il connaît ta sincérité et ton
ardeur.
C’est pourquoi nous
avons besoin de cette foi, de ces
invocations et de cette âme forte. Nous
n’avons pas le droit de laisser notre
détermination être ébranlée. Nous devons
être forts face à ce défi, même si les
vérités sont difficiles, il faut garder
confiance en Dieu. Pendant les
différentes guerres (menées par le
Hezbollah), on nous apprenait qu’il y
avait 100 martyrs, 200 martyrs, 1000
martyrs, 5000 martyrs, 10 000 blessés,
100 000 maisons détruites… Mais nous
n’étions pas ébranlés. Et c’est pour
cela que nous avons toujours été
victorieux. Et aujourd’hui, c’est la
même chose. Quelles que soient les
pertes infligées par cette épidémie,
nous devons faire face avec force et
détermination. Les forts sont ceux qui
survivront et qui seront victorieux.
Je demande à Dieu
le Très-Haut et l’Exalté la santé et le
salut à tous, et la victoire dans cette
bataille, avec Sa grâce. […]
Lutte contre le
coronavirus : les recommandations au
peuple iranien
du Guide Suprême de la
Révolution Islamique, Sayed Ali Khamenei
Ce qui suit est
le texte intégral du discours prononcé
le 3 mars 2020 par l’Ayatollah Khamenei,
le Guide Suprême de la Révolution
Islamique, après avoir planté deux
arbustes à l’occasion de la journée de
la plantation d’arbres.
Au nom de Dieu, le
Tout Miséricordieux, le Très
Miséricordieux
Toutes les louanges
sont dues à Dieu, le Seigneur des
mondes, et que la paix et les
salutations soient sur Son messager, et
sur sa famille pure et immaculée.
Je remercie Dieu de
m’avoir donné l’opportunité de coopérer
avec ceux qui ont lancé ce mouvement de
plantation d’arbres à travers le pays et
de planter deux arbustes. D’autres
personnes ont longuement parlé de la
question de l’environnement et j’en ai
également parlé. Aujourd’hui, je
voudrais plutôt parler de la situation
actuelle du pays, à savoir la maladie
qui s’est propagée dans le pays.
J’ai déjà
sincèrement remercié les médecins, les
infirmières et les équipes médicales,
mais je juge nécessaire de remercier
encore une fois tous ces êtres chers.
Certains phénomènes vraiment instructifs
pour nous tous ont été observés ces
jours-ci, des phénomènes qui indiquent
le haut sens des responsabilités de
notre personnel médical et leur
engagement humain et religieux dans le
pays.
Les médecins, les
infirmières et les autres personnels
médicaux sont vraiment engagés dans un
djihad sur la voie de Dieu. Ce qu’ils
font à l’heure actuelle, c’est le djihad
dans la voie de Dieu, et c’est vraiment
un bien très précieux. Je juge également
nécessaire de remercier les familles de
ces êtres chers, leurs époux et épouses,
leurs enfants et leurs parents qui
endurent ces difficultés. Cela fait
plusieurs jours et nuits consécutifs que
ces êtres chers ne sont pas rentrés chez
eux car ils sont trop occupés à
travailler (et dorment sur place). Ils
travaillent jour et nuit et leurs
familles le supportent. Je les remercie
donc du fond du cœur.
Je considère qu’il
est nécessaire de prier pour tous les
patients qui reçoivent un traitement à
l’hôpital ou à domicile et de demander à
Dieu de les aider à se rétablir. Je
demande également à Dieu de pardonner
aux défunts et d’inspirer la patience et
la quiétude aux membres de leur famille,
à qui j’adresse mes condoléances.
J’ai quelques
demandes à faire à notre cher peuple. La
première est qu’il ne doit pas ignorer
les recommandations et instructions
sanitaires données par les responsables
: je parle des instructions concernant
la prévention, l’hygiène des mains, du
visage et du cadre de vie qu’il faut
garder propres pour éviter toute
contamination. Le peuple doit suivre les
instructions données par les experts.
Assurément, tout ce qui mène à la santé
de la société et tout ce qui aide à
empêcher la maladie de se propager est
une bonne action et au contraire, tout
ce qui aide à la propagation de la
maladie est un péché. Dieu l’Exalté nous
a rendus responsables de notre propre
santé et de celle des autres, et de la
santé de tous les gens en général.
Ainsi, le premier conseil est que nous
devons considérer qu’il est de notre
responsabilité de respecter et appliquer
scrupuleusement les instructions des
responsables.
Le prochain
conseil, qui est très important, est de
compter sur Dieu et de lui demander de
l’aide. Ceci est vraiment nécessaire, et
le Saint Coran nous ordonne : « Dis :
‘Mon Seigneur n’est pas indisposé par
vos invocations à Lui’. » [Coran,
25,77]. Il y a un autre verset qui dit :
« Revenez donc vers votre Seigneur
(repentants) et soumettez-vous à Lui. »
[Coran, 39, 54]. Et il est écrit dans
une autre sourate : « Invoque ton
Seigneur au fond de toi-même avec
humilité et crainte. » [Coran, 7, 205].
Il y a beaucoup
d’autres versets du Coran qui nous
ordonnent d’invoquer Dieu l’Exalté et de
lui demander Son aide face à toutes
sortes de problèmes, que ce soit des
crises comme celle-ci ou divers autres
incidents qui arrivent au pays, à la
nation et à nous-mêmes. Parfois, ils
disent que nous devons dire telle ou
telle prière et accomplir tel ou tel
acte religieux, mais (en ce qui concerne
cette épidémie), il n’y a pas de
recommandation spécifique. Prier
signifie parler à Dieu l’Exalté et Lui
demander Son aide. J’ai beaucoup
d’espoir, en particulier grâce au cœur
pur et sincère de nos jeunes et aux
personnalités pieuses et religieuses,
qui peuvent détourner de nous de graves
calamités par leurs prières et
invocations.
À mon avis, ce
n’est pas une calamité très grave et il
y en a eu de plus graves. J’ai moi-même
été témoin de ces calamités. Le peuple
peut éliminer de nombreux problèmes en
priant, en invoquant, en s’appuyant sur
les Imams immaculés (salutations sur
eux) et en leur demandant d’intercéder
pour eux, et en s’appuyant sur le Saint
Prophète de l’Islam. Voici un autre
conseil que j’ai pour vous. Si vous
voulez une invocation spécifique, je
vous conseille de lire la septième
invocation de Sahifa al-Sajjadiyyah
(recueil d’invocations de l’Imam Ali
‘Zayn al ‘Abidine, le fils de l’Imam
Hussein) qui se trouve également dans
Les clés du paradis (anthologie
d’invocations) : « Ô Celui par qui les
nœuds des contrariétés se dénouent, ô
Celui par qui l’acuité des difficultés
s’atténue, etc. »
Le point suivant
est que je demande instamment à toutes
les organisations du pays de coopérer de
manière responsable avec le ministère de
la Santé, qui est en première ligne pour
faire face à cette maladie, et de lui
fournir toutes les ressources et
facilités. Bien entendu, j’ai également
demandé aux forces armées et aux
organisations qui sont en contact avec
mon bureau de fournir aux populations
toutes leurs ressources pour lutter
contre l’épidémie.
Cet incident n’est
pas particulier à notre pays. Vous savez
et vous avez entendu dire que l’épidémie
s’est également déclarée dans de
nombreux autres pays aujourd’hui. La
seule différence, cependant, est que
dans de nombreux pays, ils n’agissent
pas avec transparence et cachent
beaucoup de choses. Pour notre part,
depuis le premier jour, nos
fonctionnaires ont annoncé la nouvelle
avec transparence et en toute sincérité
et véracité. Ils ont tenu les gens
informés, ce qui était une bonne ligne
de conduite.
Dans certains pays,
ils n’en parlent pas du tout, mais nous
savons pertinemment que dans certains
pays, l’épidémie est beaucoup plus grave
que dans notre pays. Je demande à Dieu
d’aider également les personnes touchées
dans d’autres pays à se rétablir. Je
prie pour que Dieu les aide eux aussi.
Et le dernier point
est que c’est un problème temporaire,
pas un phénomène extraordinaire (voué à
durer). De telles crises se produisent
dans tous les pays. Bien sûr, je ne veux
pas sous-estimer son importance, mais il
ne faut pas non plus l’exagérer. Une
crise sanitaire a eu lieu et va durer un
certain temps, mais grâce à Dieu, ce ne
sera pas très long. Elle perdurera dans
le pays pendant un certain temps et
disparaîtra après un certain temps.
L’expérience que nous acquérons en la
matière, et les actions que les gens et
les organisations du pays mettent en
œuvre (en fait, de telles actions sont
comme de grandes manœuvres) peuvent
s’avérer être un accomplissement. Si
nous pouvons les mener à bien, la
calamité se transformera en bénédiction
et les menaces se transformeront en
opportunités.
Heureusement, j’ai
entendu dire que la coopération et
l’assistance entre les Iraniens étaient
très répandues. Par exemple, des
commerçants mettent un tuyau et des
produits désinfectants à l’extérieur de
leur magasin afin que les passants
puissent se laver les mains s’ils le
souhaitent. Ces phénomènes sont très
importants. Ou telle ou telle infirmière
reporte son mariage pour s’occuper de
ses patients. Ou certaines personnes
offrent une aide financière. Ce sont de
très bonnes actions. Il s’agit en fait
de grandes manœuvres organisées par les
habitants et les organisations
responsables. J’espère qu’elles
apporteront un bon résultat à notre pays
et que la nation arrivera dès que
possible aux jours du rétablissement
complet, avec la Grâce de Dieu.
Que la paix soit
sur vous, ainsi que la Miséricorde de
Dieu et Ses bénédictions.
Invocation de la
Sécurité
Invocation de
l’Imam Ali b. al-Hussein, Zayn
al-‘Abidin, face à l’adversité et en cas
d’affliction, recommandée par Sayed
Khamenei au peuple iranien face au
coronavirus.
Ô Celui par qui les
nœuds des contrariétés se dénouent, ô
Celui par qui l’acuité des difficultés
s’atténue, ô Celui qui est sollicité
pour l’issue réconfortante du
soulagement, les difficultés sont
aplanies devant/pour Ta Puissance, les
causes sont provoquées par Ta
Bienveillance, le décret arrêté advient
par Ta Puissance, et les choses sont
accomplies selon Ta Volonté.
Elles sont
exécutées par Ton Vouloir sans que Tu ne
les aies dites et elles sont réprimées
par Ta Volonté sans que Tu ne les aies
interdites. C’est Toi qui es sollicité
lors des difficultés et c’est Toi qui es
le refuge lors des adversités. Aucune
d’entre elles n’est repoussée hormis
celles que Tu as repoussées, et aucune
d’entre elles n’est dissipée hormis
celles que Tu as dissipées !
Il m’est survenu
[quelque chose], ô mon Seigneur, dont le
poids m’affecte péniblement ; il m’est
arrivé [quelque chose] dont la charge
m’accable. C’est par Ta Puissance que Tu
me l’as consigné et c’est par Ton
Pouvoir que Tu me l’as adressé. Et nul
ne [peut] s’opposer à ce que Tu as
consigné, ni détourner ce que Tu as
adressé, ni ouvrir ce que Tu as fermé,
ni fermer ce que Tu as ouvert, ni
faciliter ce que Tu as rendu difficile,
ni aider celui que Tu as abandonné.
Alors, prie sur
Mohammed et sur sa famille, et
ouvre-moi, ô Seigneur, la porte de la
délivrance par Ta Longanimité, brise
pour moi l’emprise des soucis par Ta
Force, accorde-moi de regarder d’un bon
regard ce dont je me suis plaint,
fais-moi goûter la douceur de la
réalisation de ce que j’ai demandé,
fais-moi don d’une Miséricorde et d’une
heureuse délivrance de chez Toi,
accorde-moi une issue rapide de Ta Part,
et ne m’occupe pas à des préoccupations
qui m’empêcheraient d’accomplir Tes
Obligations et de pratiquer Tes
Règlements.
Déjà, je suis
incapable [de supporter] ce qui m’est
arrivé, ô Seigneur et je suis accablé
d’inquiétude par le poids des événements
qui m’ont touché. Et Toi, Tu es Celui
qui est Capable de dissiper ce que
j’éprouve et de repousser ce dans quoi
je suis tombé. Alors, agis ainsi pour
moi, même si cela ne m’est pas dû, ô
Celui qui détient le Trône grandiose, ô
Détenteur du noble Don, car Tu es
Puissant, ô le plus Miséricordieux des
Miséricordieux ! Exauce-moi, Seigneur
des mondes !
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