Poutine : la santé publique primera sur
l’économie, refuser les soins aux plus
âgés
est un retour à la barbarie
Samedi 2 mai 2020
Rencontre avec
les chefs régionaux sur la lutte contre
la propagation du coronavirus, le 28
avril 2020.
Le Président a
tenu une réunion, par vidéoconférence,
avec les gouverneurs des régions russes
sur la lutte contre la propagation de
l’infection par coronavirus.
[Au 30 avril, la
Russie comptait 114 431 cas de covid-19,
et 1 169 décès, soit 8 décès par million
d’habitants, quand la France compte 373
décès par million d’habitants. Au niveau
des tests de dépistage, on en comptait 3
700 000 pour la Russie et 724 574 pour
la France.]
[…] Je voudrais
maintenant m’adresser non plus seulement
aux seuls gouverneurs des régions mais à
tous les citoyens de la Russie.
Pour chacun de
nous, la chose la plus précieuse est la
vie, la santé de nos proches, la
sécurité de nos parents et de nos
enfants. Nous le ressentons de manière
particulièrement vive maintenant : nous
nous inquiétons pour nos familles, pour
nos amis, en essayant de les protéger de
cette dangereuse menace [qu’est le
coronavirus].
Et pourtant, il
peut sembler, et semble effectivement
pour certains, que ce n’est pas si
grave. Beaucoup de gens ne perçoivent
pas la menace et ne la ressentent tout
simplement pas. Après tout, même à
Moscou, qui compte le plus grand nombre
de cas —48 000 personnes—, cela ne
représente que 0,4% des habitants de la
capitale. Mais tout d’abord, nous
parlons de la vie et de la santé de
vraies personnes, et il y en a beaucoup.
Et, deuxièmement, le danger que la
maladie se propage davantage n’est pas
passé. Il est encore très élevé.
Parmi nos proches,
collègues, personnes que nous
connaissons bien, il y a de plus en plus
de personnes directement touchées par la
maladie, infectées ou hospitalisées avec
complications. Mes chers amis, je
voudrais exprimer mes plus sincères
condoléances à tous ceux qui ont été
touchés par le chagrin, et qui vivent la
perte irréparable d’un être cher.
Je comprends à quel
point c’est difficile : l’amertume de la
perte et le fardeau de la fatigue, de
l’anxiété et de l’incertitude. Cela
accable certainement et épuise
psychologiquement les gens. Les
problèmes matériels, financiers et
domestiques s’accumulent. Et chacun de
nous veut juste pouvoir souffler et dire
: c’est enfin fini, tout cela est
derrière nous.
Surtout quand c’est
le printemps et que les journées chaudes
et ensoleillées commencent non seulement
au sud de la Russie, mais aussi dans
l’Oural, la Sibérie et l’Extrême-Orient.
Beaucoup de gens ont prévu de passer des
vacances en mai à la campagne, là où
c’est possible. Et bien sûr, cela
devrait être fait.
Mais mes chers
amis, je vous demande d’être
responsables et de prendre toutes les
précautions, de ne pas aller chez vos
amis ou voisins, de ne pas vous
rassembler en grands groupes et d’éviter
les déplacements non indispensables.
Nous ne devons pas
tolérer de faux pas dans la lutte contre
le coronavirus. Les prochains congés de
mai seront décisifs. Nous prolongeons la
période d’inactivité [congés payés] et
les mesures restrictives dans les
régions jusqu’au 11 mai précisément pour
éviter de tels faux pas.
En respectant
toutes les exigences de sécurité et
l’ordre d’auto-isolement, nous
célébrerons toujours notre fête sacrée,
le jour de la victoire. Le pays tout
entier le fera ensemble, quoi qu’il
arrive. Ce jour et son esprit seront à
jamais dans nos cœurs.
Le 9 mai, des
avions, des chasseurs et des
hélicoptères modernes s’envoleront vers
le ciel russe pour voler en formation en
l’honneur de nos héros. Le traditionnel
feu d’artifice se déroulera dans les
centres-villes la nuit.
Nous commémorerons
les soldats de la Grande Guerre
patriotique qui ne sont plus avec nous.
Et bien sûr, nous féliciterons nos
anciens combattants. Même si nous ne
pouvons pas les embrasser, nous
trouverons l’occasion de partager
quelques mots chaleureux. Avec nos
enfants et petits-enfants, nous allons
parcourir de vieux albums de photos de
famille et leur dire ce que nous avons
entendu au sujet de la guerre de la part
de nos parents et de nos grands-parents.
Nous chanterons des chansons comme
Jour de la Victoire,
Katyusha,
Zemlyanka, des chansons que nous
aimons et connaissons par cœur.
Tout ce que nous
avons prévu pour marquer le 75e
anniversaire de la Grande Victoire aura
certainement lieu. Nous organiserons le
défilé principal sur la Place Rouge et
la marche du régiment immortel. Nous
célébrerons cet anniversaire majeur une
fois que nous serons certains qu’il sera
complètement sûr de le faire, surtout
pour nos anciens combattants.
Chers amis,
Peut-être que c’est
la première fois depuis la guerre que le
monde fait face à de telles périodes
difficiles. Bien sûr, nous ne pouvons
pas les comparer aux épreuves de la
guerre, et Dieu merci pour cela. Mais
nous devons comprendre qu’aujourd’hui,
nous combattons un ennemi. Nous ne
pouvons pas sous-estimer sa menace pour
la vie, la santé et le bien-être des
gens. Nous pouvons voir l’impact de la
propagation du coronavirus partout dans
le monde et nous faisons tout notre
possible pour l’arrêter.
Bien sûr, nos
professionnels de la santé absorbent le
coup principal. Ils risquent leur vie
chaque jour pour sauver les autres, et
ils nous exhortent tous à être prudents
et à nous isoler. Ils sont vraiment en
première ligne médicale. Ils se battent
pour nous tous. C’est parce que leur
parole a beaucoup de poids que nous
réalisons l’importance critique des
restrictions qui ont été introduites.
Certes, toutes les
interdictions, même si elles sont
justifiées, qui perturbent le cours
normal de la vie sont certainement
frustrantes et peuvent même mettre les
gens en colère. Mais il est difficile de
s’entendre lorsque l’irritation des gens
se transforme en manque de respect
envers les autres, avec des
manifestation de vanité et des cris
selon lesquels cela violerait la liberté
personnelle et les droits
constitutionnels.
Dans ce contexte,
je voudrais expliquer à nouveau sur quoi
mes décisions sont basées.
La liberté est,
bien sûr, une valeur absolue dans la
civilisation moderne. Je veux parler de
la liberté de chaque citoyen. Mais la
vie de chaque être humain est inimitable
et est également une valeur absolue qui
nous vient d’en haut. Et nous devons la
protéger pour que les gens puissent
vivre la joie, l’amour, élever des
enfants et tout simplement vivre.
Permettez-moi
également de rappeler un adage bien
connu : la liberté de chacun est limitée
par la liberté des autres. C’est un
rappel très approprié pendant la
pandémie. Si certaines personnes
préfèrent se comporter différemment et
élever leur liberté personnelle
illimitée au-dessus des intérêts et des
libertés des autres, alors elles
menacent la vie d’autrui. Dans ce cas,
la liberté devient irresponsabilité,
égoïsme et, dans une certaine mesure,
violence à l’égard d’autrui, et pourrait
déclencher de graves problèmes.
Encore un point sur
les choix éthiques et moraux auxquels
nous sommes confrontés aujourd’hui.
Certaines personnes dans le monde en
général et en Russie en particulier
soutiennent qu’il est plus important de
penser à l’économie et à la prospérité
matérielle, ce qui est bien sûr
important.
Mais qu’est-ce qui 281
est impliqué dans ce propos ?
Fondamentalement, cela implique d’aller
de l’avant, en écrasant tout et tout le
monde sans regarder en arrière. Cela
implique essentiellement d’ignorer les
risques de l’épidémie et de simplement
lever les restrictions dès que possible.
Et si certaines personnes tombent
malades, elles seront malades et
deviendront impotentes ou même mourront
et c’est leur sort. Cela se résume à la
survie des plus forts, à un chacun pour
soi.
Nous savons par
l’histoire et la littérature mondiale
que dans les temps primitifs, les
personnes âgées, les enfants malades et
les personnes faibles étaient simplement
abandonnés pour la survie de toute une
tribu. Peut-être qu’il n’y avait tout
simplement pas d’autre moyen de
traverser cette période. Mais nous
vivons au 21e siècle et je dirai tout de
suite que ceux qui suggèrent de
sacrifier certaines personnes
aujourd’hui et de les laisser livrées à
eux-mêmes ne demandent qu’un retour à la
sauvagerie et à la barbarie.
Le Canard
Enchaîné, 29 avril 2020.
Les légendes disent
que dans l’ancienne Sparte, les bébés
faibles et malformés étaient jetés dans
un gouffre au pied du mont Taygète, mais
la plupart des historiens et des
archéologues rejettent maintenant cela
comme un mythe. Pourtant, nous savons
que la société spartiate opérait sur un
modèle très strict. Cependant, même cela
n’a pas aidé ; finalement, Sparte a
perdu son statut d’État. C’est une
histoire révélatrice.
Rappelons
maintenant une histoire très courte, de
quelques pages seulement, un récit
poignant de Jack London, La Loi de la
vie, qui peut vraiment nous tirer
des larmes. Il décrit une tribu indienne
qui abandonne ses vieux qui sont devenus
un fardeau. Leurs enfants leur ont donné
de la nourriture et sont partis,
laissant leurs parents être dévorés par
les bêtes sauvages, les laissant mourir.
Mais le vieux père, abandonné seul près
du feu, avait confiance et espérait
jusqu’au bout que ses fils reviendraient
pour lui. Pouvez-vous imaginer un
instant que nous traiterions nos
parents, nos grands-parents comme ça,
comme ils l’ont fait dans cette histoire
? Je ne le croirai jamais. Ce n’est pas
notre code génétique.
Parce que nous
descendons d’ancêtres qui nous ont
appris des choses complètement
différentes. La Russie a vécu mille ans
avec des valeurs telles que l’entraide,
le soutien mutuel et la solidarité. Et
aujourd’hui, ce sont les principaux
piliers de notre État. Nous en avons
hérité avec l’Orthodoxie. Ces valeurs
sont également au cœur d’autres
religions professées par les peuples de
Russie : l’Islam, le Bouddhisme et le
Judaïsme. Une philosophie de l’humanisme
nous a aidés à survivre pendant des
siècles. Et aujourd’hui, l’avenir de nos
familles, le sort des autres, dépendent
de notre responsabilité.
Je le répète : les
gens et leur vie sont ce qui compte le
plus pour nous maintenant. Tout autre
choix serait inacceptable pour notre
peuple. Je sais, je suis convaincu que
la majorité absolue le pense et agit en
toute bonne conscience.
Nous devons sauver
les gens, les maintenir en vie, et le
reste suivra. Nous rectifierons
certainement les choses et compenserons
tout ; nous vaincrons ce coronavirus, et
quand tout sera fini, nous renflouerons
l’économie ensemble, renforcerons la
prospérité et soutiendrons certainement
ceux qui ont perdu leur emploi et leurs
économies, ceux qui traversent des
moments difficiles maintenant ; nous
soutiendrons nos entreprises en
difficulté, nous les aiderons à sauver
des emplois et à reprendre des forces.
D’autres mesures de soutien de l’État
seront ajoutées et étendues.
Et à présent,
chaque réalisation, si petite soit-elle,
mais tout de même un réel succès, en
particulier chaque vie sauvée, renforce
notre espoir et notre confiance dans une
victoire sur la pandémie.
Nous allons forcer
le virus à battre en retraite. La vie
ira mieux, je le promets. Et il est en
notre pouvoir de faire en sorte que cela
se produise le plus rapidement possible.
Nous allons donc non seulement surmonter
ces épreuves et ces tribulations, mais
aussi créer un contexte fiable pour le
développement futur.
Pour ne
manquer aucune publication et
soutenir ce travail censuré en
permanence, partagez cet article et
abonnez-vous à la Newsletter.
Vous pouvez également nous suivre sur Facebook et Twitter.
Abonnement newsletter:
Quotidienne -
Hebdomadaire
Les avis reproduits dans les textes
contenus sur le site n'engagent que leurs auteurs.
Si un passage hors la loi à échappé à la vigilance
du webmaster merci de le lui signaler. webmaster@palestine-solidarite.org