Alahed
L’Arabie saoudite, un royaume
irresponsable
Samer R. Zoughaib

Photo:
D.R.
Jeudi 26 mars 2015
En
déclarant la guerre unilatéralement au
Yémen, l’Arabie saoudite ouvre un
nouveau foyer de tension au
Moyen-Orient, après son agression contre
la révolution du peuple bahreïni et son
intervention directe en Syrie et en
Irak, qui ont provoqué
d’incommensurables tragédies dans ces
pays.
L’Arabie saoudite est le premier
acheteur d’armes au monde. Les
importations saoudiennes ont augmenté de
54% en 2014 et grimperont encore de 52%
en 2015 pour atteindre 9,8 milliards de
dollars. «En 2015, un dollar sur sept
dépensés pour l'achat d'armes est
déboursé par l'Arabie saoudite», précise
la revue britannique spécialisée dans la
défense, IHS Janes. A eux seuls,
l’Arabie saoudite et les Emirats arabes
unis ont importé pour 8,6 milliards de
dollars d'équipements militaires en
2014, soit davantage que toute l’Europe
de l'Ouest.
Cependant, ce matériel militaire, qui a
coûté des centaines de milliards de
dollars ces dernières années, n’a à
aucun moment été utilisé contre
«Israël». D’ailleurs, «Tel-Aviv» n’a
jamais exprimé son inquiétude vis-à-vis
du surarmement du royaume wahhabite, car
il a toujours su que cet arsenal ne
constitue aucune menace pour lui. Au
contraire, ces armes ont toujours été
utilisées pour des objectifs servant
directement les intérêts stratégiques
d’«Israël». En Syrie, l’Arabie saoudite
arme des groupes terroristes qui
affrontent l’Armée arabe syrienne, que
Damas s’est employé à bâtir ces
cinquante dernières années pour
affronter l’entité sioniste; en Irak
elle a soutenu «Daech», un des groupes
les plus barbares de l’histoire; à
Bahreïn, elle a dépêché ses troupes pour
tenter, en vain, d’écraser la révolte
pacifique du peuple bahreïni.
Une cuisante défaite en 2009
L’agression lancée par l’Arabie saoudite
contre le Yémen, le 25 mars, ne déroge
pas à cette règle. L’issue de cette
guerre, initiée par le royaume wahhabite
contre son voisin, ne sera sans doute
pas à l’avantage de Riyad. Déjà en 2009,
une aventure militaire lancée par
l’Arabie saoudite contre Ansarullah, qui
n’était encore qu’un petit groupe,
s’était terminée par une cuisante
défaite pour le royaume. Des dizaines de
soldats saoudiens avaient été capturés,
plusieurs avions abattu et les Houthis
avaient même progressé à l’intérieur du
territoire des Saoud.
Mais indépendamment de l’issue de cette
confrontation, qui n’en est encore qu’à
ses débuts, force est de constater
qu’une nouvelle fois, l’Arabie saoudite
met son arsenal au service d’objectifs
douteux, qui contribuent à la création
d’un nouveau foyer de tension dans la
région.
Riyad prétend que le but de son
agression est «d’empêcher l’effondrement
de l’Etat yéménite». Mais en réalité,
l’aviation saoudienne, bénéficiant d’un
support logistique et en renseignements
des Etats-Unis, s’applique à détruire
les installations militaires du Yémen,
ainsi que son infrastructure civile.
Cela signifie que le véritable but de
cette guerre est d’affaiblir l’Etat
yéménite, ce qui constitue la meilleure
recette pour l’expansion d’Al-Qaïda et
consorts. En effet, le scénario est bien
connu: partout où l’Etat est affaibli,
on assiste à l’émergence et au
renforcement des groupes terroristes,
comme en Syrie, au Yémen, en Irak et en
Libye.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que
l’Arabie saoudite est un royaume
irresponsable, dont la politique
étrangère contribue à déstabiliser les
pays de la région. Partout, le royaume
wahhabite jette de l’huile sur le feu,
joue la carte de la confrontation entre
les sunnites et les chiites ou entre les
Arabes et les Perses, sans se soucier le
moins du monde des conséquences
désastreuses que cela peut avoir sur la
paix interne ou la stabilité régionale.
Le seul but de la dynastie des Saoud est
de protéger son trône et de perpétuer sa
mainmise sur les immenses richesses du
pays.
Dans le passé, l’Arabie saoudite
sous-traitait ses guerres à des acteurs
locaux ou régionaux. Aujourd’hui, elle
est contrainte de s’engager elle-même
sur le champ de bataille. C’est une
preuve que ses outils traditionnels sont
moins efficaces et moins nombreux.
Lorsqu’elle réalisera que son aviation
n’est pas en meure de gagner la
bataille, elle sera contrainte d’engager
des troupes au sol. C’est alors qu’elle
réalisera l’étendue de son erreur. Mais
il sera trop tard pour reculer.
Source: french.alahednews
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