Alahed
L’Europe, l’un des principaux viviers de
«Daech»
Samer R. Zoughaib
Photo:
D.R.
Lundi 23 mars 2015
Avec
officiellement 4000 recrues, l'Europe
occidentale fournit le plus gros
contingent de combattants étrangers au
groupe terroriste «Etat islamique» (EI
ou Daech). Avec la radicalisation des
communautés musulmans dans ces pays, due
en partie à la montée de l'islamophobie,
ce nombre est appelé à augmenter
exponentiellement dans les mois à venir.
Le Centre international d'études sur la
radicalisation et la violence politique
britannique (ISCR) vient de publier la
semaine dernière des estimations
modérées de la taille des contingents
européens dans les rangs de «Daech», en
Syrie et en Irak. Le rapport estime que
3500 à 3950 ressortissants de l'Europe
de l'Ouest combattent dans les rangs du
groupe extrémiste. Mais des sources
diplomatiques occidentales à Beyrouth
pensent que leur nombre serait au moins
deux fois plus important.
Il ressort du rapport britannique que la
France occupe la tête du triste
classement en tant que principal
pourvoyeur de terroristes à «Daech»,
avec 1200 volontaires. Ce chiffre est en
deca de celui de «1400 jihadistes»
avancé par le Premier ministre français.
Début mars, Emmanuel Valls avait déclaré
qu'avant l'été, il pourrait y avoir 5000
Européens évoluant dans les rangs des
groupes terroristes et «sans doute 10000
avant la fin de l'année».
La France est suivie par le Royaume-Uni
et l'Allemagne avec 500 et 600
terroristes. L'Irlande figure en bas du
classement avec «une trentaine de
jihadistes».
Le rapport de l'ISCR indique qu'en
termes de nombre de terroristes par
million d'habitants, la Belgique vient
en tête (40), suivie du Danemark (27) et
de la Suède (19 par million).
Dans le même temps, les analystes du
Centre estiment qu'entre 800 et 1500
personnes originaires de la Fédération
de Russie, essentiellement de
Tchétchénie, du Daghestan et
d'Ingouchie, combattent actuellement aux
côtés des terroristes.
Islamophobie et radicalisation
Le phénomène de migration des
terroristes d'Europe de l'Ouest est
tellement important que les mesures
prises jusqu'à présent par les pays
européens seront insuffisantes pour
l'enrayer. En effet, on assiste à une
course entre la montée de l'islamophobie
et la radicalisation des communautés
musulmanes mal intégrées, en raison de
l'échec de la plupart des modèles
européens, notamment en France.
Les études ont montré qu'en quatre ans,
le nombre de mosquées contrôlées par les
salafistes a plus que doublé en France.
En 2014, on a dénombré 89 lieux de culte
sous l'influence des salafistes contre
44 en 2010. Les salafistes seraient au
nombre de 5000 sur le territoire
français, soit dix fois plus qu'il y a
dix ans.
Myriam Benraad, spécialiste du
Proche-Orient et de l'Irak, chercheuse à
Sciences Po Paris, parle d'une évolution
dans les processus et mécanismes de
radicalisation en France. «Cela a
commencé à travers un certain nombre de
petites mosquées salafistes dont
certaines étaient clandestines. On
observait déjà ce phénomène dans les
années 1990, du temps de la guerre
civile en Algérie, et aussi à partir de
la guerre d'Irak, en 2003», a-t-elle
expliqué. La chercheuse fait le lien
entre la radicalisation dans les
sociétés arabes et l'apparition des
Frères musulmans, dans les années 20 du
siècle dernier.
Mme Benraad souligne une montée de la
radicalisation salafiste à travers
Internet qui permet, selon elle, «de se
radicaliser de manière individuelle
directement à travers des sites
Internet, à travers des prêches sur les
réseaux sociaux ou des sites comme
Youtube».
La spécialiste affirme que les
salafistes «présentent une sorte de bras
droit de l'Etat islamique en France
(...) car leurs prêches poussent
indirectement au radicalisme à travers
des incitations à quitter la terre des
mécréants».
Face à cette menace, la France et la
Grande-Bretagne pratiquent la politique
de l'autruche. Car le seul acteur
capable de freiner puis de briser le
projet terroriste en Syrie est l'armée
syrienne. L'écrasante majorité des
autres groupes armés ne sont que des
jumeaux ou de faux jumeaux de «Daech».
Le «Front al-Nosra» est la branche armée
d'Al-Qaïda en Syrie et «l'Armée de
l'Islam» de Zahrane est un mouvement
salafiste radical.
Tant que Paris et Londres s'entêtent à
ignorer cette réalité, c'est-à-dire la
nécessité de coopérer avec Damas, la
Syrie continuera d'être un immense camp
d'entrainement pour des terroristes
prêts à retourner dans leurs pays
d'origine et d'adoption pour semer la
mort et la désolation.
Source: french.alahednews
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