Alahed
Hezbollah-CPL: une alliance stratégique
qui fait beaucoup de jaloux
Samer R. Zoughaib
Photo:
D.R.
Jeudi 20 novembre 2014
Lorsque le secrétaire général du
Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, et
le leader du Courant patriotique libre
(CPL), le général Michel Aoun, ont
signé, le 6 février 2006, à l'église Mar
Mikhayel de Chiyah, le célèbre Document
d'entente, leurs adversaires politiques
pensaient -et espéraient- que cet accord
ferait long feu. Huit ans après, les
deux partis maintiennent toujours une
relation privilégiée, qui a résisté à
tous les événements, les crises et les
guerres, qui ont secoué le Liban et la
région. Ni les intimidations, ni les
menaces ou les complots, et encore moins
les incitations financières qu'ont fait
miroiter certains pays, n'ont eu raison
de cette relation. Avec le temps, ces
liens se sont transformés en alliance,
qui s'est renforcée au fil des années,
pour prendre, aujourd'hui, une dimension
stratégique. Le général Aoun l'a même
qualifié d'«existentielle», au vu des
événements exceptionnels que traversent
le Liban et la région.
La solidité de l'alliance entre les deux
partis s'est manifestée, dernièrement,
lors de la célébration du deuil
d'Achoura, quand sayyed Nasrallah a
déclaré, publiquement et officiellement,
que le leader du CPL était le candidat
du Hezbollah à la présidence de la
République. Et pour couper court à tous
ceux qui prétendraient qu'en prenant
cette position, le Hezbollah était prêt
à monnayer cette candidature, sayyed
Nasrallah a dit que ceux qui souhaitent
débloquer la question de la
présidentielle devraient parler avec le
général Aoun. Et pour ceux qui n'avaient
pas bien compris la signification de ces
propos, le Hezbollah a dépêché, auprès
du général, une délégation de haut rang,
conduite par le conseiller politique de
sayyed Nasrallah, Hussein Khalil, qui a
réaffirmé avec force le soutien du parti
à la candidature du général. Un soutien
motivé non seulement par la «loyauté»
envers celui qui s'est tenu aux côtés de
la Résistance pendant l'agression
israélienne de 2006 -et après- mais par
la «conviction» que le leader du CPL est
la personnalité la plus adéquate pour
être élue à la première magistrature de
l'Etat.
Respect mutuel
L'alliance entre le
CPL et le Hezbollah est un exemple rare,
au Liban, d'une relation saine,
équilibrée, basée sur le respect mutuel
entre deux formations représentatives.
Son succès est dû au fait qu'aucun des
deux partis n'a essayé de manipuler,
d'exploiter ou de phagocyter son
partenaire. L'alliance a résisté à
toutes les vicissitudes et s'est
renforcée car ses deux acteurs n'ont pas
tenté de s'imposer, mutuellement, leurs
vues ou leurs options. Et celles-ci
n'étaient pas toujours identiques. Le
Hezbollah et le CPL ont su gérer leurs
différences d'opinion, en faisant preuve
de compréhension et en maintenant des
concertations continues sur tous les
sujets, y compris ceux où leurs
approches divergeaient. La question de
la prorogation du mandat du Parlement en
est le meilleur exemple. Le CPL y était
opposé alors que le Hezbollah y était
favorable. Et pourtant, cette affaire
n'a, en aucun cas, jeté une ombre sur
leur relation.
La solidité de cette alliance fait
beaucoup de jaloux chez les adversaires
des deux partis, surtout que
l'expérience de la relation entre les
Forces libanaises (FL) et le Courant du
futur est peu encourageante. On se
souvient tous, en effet, du grand
déballage du linge sale entre ces deux
formations lorsque les FL ont appuyé la
loi électorale dite orthodoxe, en 2012,
au grand dam du Moustaqbal. Alors que le
Hezbollah a dit comprendre parfaitement
le point de vue de son allié chrétien,
les députés et les dirigeants du parti
de Saad Hariri n'ont pas caché leur
colère, allant même jusqu'à accuser
Samir Geagea d'«ingratitude», et lui
rappelant la «dette» que les FL doivent
au Futur. Tandis que le Hezbollah a
respecté et accepté jusqu'au bout le
choix de son allié, même s'il ne le
partageait pas tout à fait, le Courant
du futur a exercé de fortes pressions
sur les FL, qui ont été finalement
contraintes de se retourner contre la
loi orthodoxe et d'abandonner tous leurs
engagements, au prix d'un grand
discrédit auprès de l'opinion publique
chrétienne.
Même chose pour la question de la
prorogation du Parlement. Les FL, qui
prétendaient ne pas être favorables à
cette option, ont été contraintes, bon
gré mal gré, d'assurer une couverture
chrétienne au Courant du futur,
principal partisan de l'extension du
mandat de la Chambre.
La liste des exemples est longue.
Lorsqu'ils ont signé le Document
d'entente, le CPL et le Hezbollah ont
exprimé le souhait d'étendre cet accord
à l'ensemble des forces politiques
libanaises et ont invité les autres
partis à se joindre à eux. Mais leurs
adversaires, habitués aux relations
dominants-dominés, ont fait la sourde
oreille et ont commencé à attaquer
l'initiative historique de Mar Mikhayel,
avant même d'en avoir lu le texte.
Il est encore temps de changer
d'attitude. Source :
rench.alahednews
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