Alahed
Accord sur le nucléaire:
la déception des analystes israéliens
Samer R. Zoughaib
Photo:
D.R.
Jeudi 9 avril 2015
Selon les
analystes israéliens, l’accord-cadre
conclu entre l’Iran et les grandes
puissances sur le dossier nucléaire
profite à la République islamique, alors
que les grands perdants sont «Israël» et
l’Arabie saoudite.
Au-delà de la campagne de propagande
lancée par «Israël» pour tenter
d’empêcher la conclusion, d’ici au 30
juin, d’un accord définitif sur le
dossier du nucléaire iranien, des
analystes israéliens continuent de
décortiquer et de commenter
l’accord-cadre de Lausanne. Selon eux,
l’Iran est le grand gagnant de cet
arrangement, «Israël» et l’Arabie
saoudite étant les principaux perdants.
Dore Gold, ancien ambassadeur d'«Israël»
aux Nations unies et ex-conseiller du
Premier ministre israélien pour les
affaires extérieures, qualifie
l’accord-cadre de Lausanne de «grave
erreur aux proportions historiques».
Selon ce diplomate chevronné,
aujourd’hui président du «Centre de
Jérusalem pour les Affaires publiques»,
la «faille dans ces arrangements est
qu'ils laissent intacte la vaste
infrastructure nucléaire iranienne». «Le
ministre iranien des Affaires étrangères
(Mohammad Javad) Zarif se vantait, après
l’annonce de la conclusion de l’accord,
que l'Iran n’avait pas à fermer une
seule installation nucléaire, et qu’il
continuera l'enrichissement de
l'uranium», poursuit Dore Gold. Selon
lui, «l’Iran peut s’engager dans la
recherche et le développement, ce qui
signifie qu'il pourra développer de
nouvelles générations de centrifugeuses
qui fonctionnent 10 ou 20 fois plus
rapidement que les centrifugeuses de
première génération, qui ont été
installés dans les usines
d'enrichissement d'uranium de Natanz et
Fordo».
La suppression des sanctions
Le diplomate sioniste signale avec dépit
que «tandis que l'Iran conserve son
complexe nucléaire, les sanctions
occidentales qui pèsent sur son économie
seront supprimées». «Téhéran nagera dans
des flots d'argent, ce qui lui permettra
de soutenir (…) ses programmes de
missiles, y compris intercontinentaux,
qui ne sont pas couverts par l'accord,
et d’appuyer le terrorisme mondial (les
mouvements de résistance, ndlr)».
Yoni Ben Menahem, analyste des questions
arabes à la télévision israélienne,
avance la même conclusion. Selon lui,
«le commandement iranien est parvenu à
sauver le pays des sanctions économiques
occidentales et à contraindre la
communauté internationale à reconnaitre
son droit au nucléaire».
Menahem estime que «le Moyen-Orient est
entré dans l’ère iranienne». «L’accord
(de Lausanne) est le début de la
normalisation des relations entre l’Iran
et les grandes puissances», souligne le
journaliste avant de poursuivre: «L’Iran
a récupéré sa gloire nationale et se
moque d’Israël et des pays arabes. La
capacité de négociation de l’Iran s’est
imposée devant la faiblesse de
l’Occident. Téhéran a obtenu
satisfaction sur la plupart de ses
demandes, notamment la levée des
sanctions économiques et la
reconnaissance internationale de son
droit à préserver son programme
nucléaire à des fins civiles. Il a aussi
obtenu le feu vert international pour
l’enrichissement de l’uranium à 3,6%».
Et Yoni Ben Menahem d’ajouter: «L’Iran,
qui a résisté à toutes les menaces et
pressions jusqu’au bout, parie que les
15 prochaines années la situation va
changer dans son intérêt concernant la
possibilité d’acquérir la bombe
atomique. Les pays occidentaux, eux,
misent sur le fait que d’ici là, le
guide spirituel Ali Khamenei sera mort
et remplacé par une autorité plus
modérée. Qui devons-nous croire?»,
s’interroge-t-il.
Alliance «Israël»-Arabie
Selon l’analyste israélien, la levée des
sanctions «renforcera l’Iran et le
transformera en force dominante au
Moyen-Orient. Sa puissance économique
augmentera et il sera en mesure de
soutenir en armes et en argent ses
alliés en Syrie, en Irak, au Liban, au
Yémen et à Gaza». Selon lui, « les pays
arabes sentent que les Etats-Unis les
ont poignardé dans le dos». «Israël et
l’Arabie saoudite sont les principaux
perdants de la situation émergente au
Moyen-Orient. Le président Barak Obama
les a déçus et a bâti un nouveau réseau
de relations avec l’Iran à leurs dépens.
Ces deux perdants ont aujourd’hui tout
intérêt et à coopérer contre l’Iran».
«Tel-Aviv» et Riyad n’ont pas attendu
les conseils de Yoni Ben Menahem. Ils
ont déjà accordé leur discours politique
et les actions menées dans la région par
le royaume wahhabite servent directement
les intérêts de l’entité sioniste.
Source: french.alahednews
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