Les 7 du Québec
L’affaire Khashoggi, le catalyseur du
«remodelage»
du petit Moyen-Orient !
Robert Bibeau

Mercredi 31 octobre 2018 Idéalisme contre
matérialisme (intellectuels contre
prolétaires)
Qui n’a pas entendu
parler du complot américano-israélien :
CIA-Pentagone-NSA +
AIPAC et sionistes israéliens
pour remodeler le Grand Moyen-Orient
afin que cette région, sous domination
américaine sans partage (à cette époque)
le soit encore davantage !?… Pas un
plumitif de la go-gauche éclectique ou
de la droite arriviste qui n’ait publié
son opuscule sur ce bobard
Brzezinskiste cherchant à
accréditer le mythe de la surpuissance
américaine… que le TJ quotidien donne en
faux chaque matin.
Un fait divers
accapare l’attention de la presse
internationale à la solde du grand
capital et nous servira à faire la
démonstration de l’inanité de ces
théories idéalistes complotistes. Le
fondement matérialiste de notre
contrethéorie est que l’économie est le
vecteur dominant et déterminant auquel
les vecteurs idéologique, politique,
diplomatique, médiatique, social et
militaire donnent la réplique et qu’ils
influencent tant bien que mal. En
phase économique ascendante il se
peut que la puissance dominante d’un
empire hégémonique parvienne à
imposer la loi de ses intérêts, mais
en phase de crise économique
exacerbée la puissance dominante –
la première frappée par les conséquences
de la crise sévère – n’est plus en
mesure d’imposer sa tutelle hermétique
sur ses vassaux, et elle doit se compter
heureuse si elle parvient à se maintenir
à flot. Incidemment, une période de
turbulence économique majeure offre
l’occasion aux puissances concurrentes
de pêcher en eau trouble et aux vassaux
subjuguer de secouer le joug de la
puissance de tutelle, c’est ce que nous
allons observer via cette boite de
pandore Khashoggiste qui
répand ses démons dans cette région
troublée.
L’espion qui
venait du chaud
Une bavure des
forces de sécurité saoudiennes et le fil
blanc du roman-savon entourant
l’évènement nous serviront à comprendre
comment un empire s’enlise et comment
une nouvelle dynastie prépare la
succession à la tête de l’empire. Les
experts militaires déblatèrent à propos
des tenants et aboutissants du massacre
à la tronçonneuse de Jamal
Khashoggi, un soi-disant
«journaliste dissident» saoudien (sic).
Le marchand d’armes et espion
Jamal Khashoggi possédait
effectivement une carte de presse comme
couverture pour dissimuler ses activités
illicites. Jusqu’à ce que le prince
héritier Mohamed ben Salman al
Saoud (MBS) procède à la révolte
de palais à Riad, séquestre et torture,
ses frères de sang – princes de haut
rang d’un autre temps – Jamal
Khashoggi faisait partie des
courtisans empressés de cette cour
dégénérée et adoubée par l’Amérique
déglinguée. Jamal Khasoggi
a hérité de son bizness lucratif de
marchand de morts de son père, le
célèbre Adan Khasoggi, à
la manœuvre dans le scandale de « l’Irangate ».
L’Irangate :
USA-Iran-Nicaragua-CIA
Dans les années
1980, Ronald Reagan et
l’exécutif étatsunien souhaitaient
agresser et renverser le gouvernement
légitime du Nicaragua,
petite république d’Amérique centrale
qui avait eu l’impudence de porter au
pouvoir un gouvernement sandiniste
alignée sur la Russie soviétique
au mépris du traité de Yalta
spécifiant la distribution des zones
d’influence impérialistes. Ce traité
international stipulait que l’Amérique
tout entière était une zone réservée au
grand capital étatsunien. L’exception
cubaine suffisait, Reagan fit
donc armer les mercenaires Contras
parmi les premiers barbouzes terroristes
avant les soi-disant « djihadistes » de
triste renommée. Adan Khashoggi
décrocha le contrat d’armer illégalement
les Contras avec des armes
achetées en Iran sous boycott américain
(!) La CIA puisa dans ses avoirs secrets
pour financer ce trafic international
illégal au nez et à la barbe des
organisations internationales
complaisantes et sous les yeux du
Congrès américain frustré de ne pas être
impliqué. Déjà, au XXe siècle
le «droit international»
était une feuille de vigne dont se
paraient les thuriféraires du capital
pour dissimuler leurs méfaits. Ou bien
le «droit international» permet
aux riches de faire ce qu’ils veulent ou
alors la «communauté
internationale» modifie le
«droit international» pour qu’il leur
permette de le faire. Voilà pour les
parangons de la «démocratie du droit»
régnante aux États-Unis d’Amérique. Ce
ne sont pas les traités de libre-échange
qui organisent le commerce
international, c’est le commerce
international qui dicte les clauses des
traités de libre-échange. (1)
L’exécution d’un
marchand de canons
Revenons au
roman-feuilleton de Jamal
Khashoggi cet héritier démembré
et enterrer dans un jardin comme un
larbin disqualifié. L’agitation de la
presse spécialisée autour de cette
affaire sordide et banale de liquidation
d’un espion s’explique par la mission
des médias « d’information » (sic) qui
relaient les intérêts d’une faction ou
d’une autre du grand capital
international. Cette exécution fut bien
une affaire d’espionnage international.
Depuis la vendetta de palais à Riad,
menée avec l’aval de Washington, contre
une rançon de 110 milliards USD
d’armements embarqués, la quiétude des
palais saoudiens est fortement
perturbée. La famille royale saoudienne
– plusieurs milliardaires parasitaires –
est démembrée et chacun compte ses
affidés et ses alliés, débauchés du camp
opposé. Il y flotte comme un relent de
fin de dynastie dans l’air enfumé du
Grand Moyen-Orient enflammé et pas du
tout « refaçonné » si ce n’est à
l’avantage de l’impériale Russie qui n’a
jamais été invitée dans la partie…et
pourtant. Le marchand de canons Jamal
était en mission pour le compte du clan
des princes extorqués et frustrés et qui
comptaient prendre leur revanche sur
l’héritier présomptif en fournissant des
armes aux rebelles Houtis
yéménites, qui malgré des pertes
importantes et d’immenses sacrifices,
tiennent en respect les troupes de la
Coalition saoudienne enlisée.
Un scribe enflammé
que le massacre de milliers d’enfants
yéménites n’émeut pas s’exclame : « le
meurtre de Jamal Khashoggi n’est
que le plus connu de tous ses crimes et
le drame du Yémen le plus grave. Il a
aussi enregistré un échec cuisant dans
sa tentative de soumettre le Qatar
à sa volonté. (…) Le Royaume d’Arabie
saoudite demeure un protectorat
américain. Cela est une source
d’invulnérabilité (sic) pour le
Royaume, mais aussi une source de
fragilité.» (2)
«Invulnérabilité»
bien éphémère vous en conviendrez, si
bien que le quotidien Haaretz
portevoix du grand capital israélien a
publié ce qui suit : « Pour Israël,
cet affreux évènement indique que le
nouvel axe du Moyen-Orient qu’il s’est
efforcé de promouvoir, soit une alliance
entre Israël et les pays arabes sunnites
sous l’auspice des États–Unis
face à l’Iran et aux djihadistes
sunnites, n’est pas viable». (3)
« Sunnite,
Chiite, Wahhabite, djihadiste » et
autres « falses flags »
utilisés par les services secrets n’ont
aucune importance du point de vue
économique et politique, sauf pour
embrigader la piétaille qui, désœuvrée
et mal payée, devra mourir pour l’un ou
l’autre clan capitaliste en danger.
Pendant qu’Erdogan joue
les arbitres devant la galerie et tente
d’obtenir une rançon pour son silence,
très loin des prétentions du sultan d’un
nouvel empire ottoman (4), Jared
Kushner, l’homme de main du
Président Trump au Moyen-Orient tente de
sauver le client Ben Salman.
La presse Démocrate constitue la
principale menace pour BSM. «Les
démocrates et leurs vastes soutiens
médiatiques ont fait de l’assassinat de
Khashoggi leur nouveau casus belli, en
lieu et place du « Russiagate »
en perte de vitesse aux États-Unis». (5)
La guerre des tranchées entre factions
aux États-Unis a des répercussions dans
tout l’empire en décrépitude. Nous
savons que la Révolution prolétarienne
requiert que la classe dominante en
vienne à s’entredéchirer jusqu’à ne plus
pouvoir gouverner. Nous n’y sommes pas
encore, mais nous en approchons.
Le grand capital
tente de ne jamais oublier ses intérêts
supérieurs et de composer si la
conjoncture le permet, ce qui fait dire
à un plumitif de service : « (sauvons le
royaume des Saoud, car) L’Arabie
saoudite continue de jouer un rôle
«stabilisateur» de la région. C’est un
gendarme régional et un pare-feu contre
l’Iran. Riad joue un rôle important
aussi au Yémen, en Irak, en Égypte et
sur le dossier israélien.» (6)
Au-delà du carnaval
médiatique dont se repaisse les bobos et
la petite-bourgeoisie médiatique et
politicienne un chroniqueur résume les
arguments économiques du principal
belligérant : « En plus des
investissements que l’Arabie saoudite a
engagés dans certains pays, toute
décision que prend Riad sur la
production du pétrole est soit une
récompense soit une sanction pour les
autres pays. Lors que le prix du pétrole
baisse, certains pays arabes retiennent
leur souffle. » (7)
Les critiques
réformistes du système capitaliste
aimeraient que l’on referme le couvercle
sur ce panier de crabes et que les
fratries du grand capital oublient leurs
conflits ainsi que cette tuerie avant
qu’elle n’entraine des conséquences
irréparables. Ainsi, George
Galloway, un parangon de la
gauche réformiste britannique écrit : «On
peut facilement prédire la fin du règne
aussi court que brutal et meurtrier du
Caligula saoudien qui a tué des milliers
de personnes au Yémen, en Syrie, et même
en Arabie saoudite», oubliant cher
gauchiste que ce n’est pas Bin
Salman qui est démasqué et qui
tombe ébranlé sous nos yeux étonnés,
mais le système capitaliste en entier
dont il n’est qu’un laquais. (8)
Les dindons de
la guerre des clans capitalistes
Les
petits-bourgeois occidentaux sont les
dindons de cette farce médiatique pour
laquelle ils se passionnent et s’agitent
tels des portefaix. Pour la classe
prolétarienne, cette chronique
macabre est sans intérêt pour ses
intérêts de classe et ne fait
qu’afficher la fin du règne de la
faction occidentale du grand capital et
annoncer l’avènement de la faction
orientale. Ce rififi sur le Bosphore
sera peut-être l’occasion d’un
changement de dynastie à la tête de
l’empire, à moins qu’il ne marque
l’affaiblissement du régime impérialiste
et, qui sait, le début d’un grand
bouleversement. (9)
Même s’il est
inique le comportement sadique des
sbires du royaume des Saoud n’a rien
d’unique. Tous les jours, dans les
mégalopoles urbaines, les poubelles de
la plèbe recèlent de ces restes humains
démembrés reflet de la décadence sociale
qu’on étale dans les médias fantasmes.
Ce qui est nouveau c’est que ces crimes
des pouvoirs en place sont étalés sur la
place médiatique tel un anathème contre
la classe régnante, et cela aussi fait
partie des indices annonçant la fin d’un
régime.
NOTES
- Nous avons
largement démontré la façon de
fonctionner de la mystique
électoraliste libérale dans notre
volume La démocratie aux États-Unis.
Les mascarades électorales.
L’Harmattan. Paris. 156 pages.
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/la-democratie-aux-etats-unis-les-mascarades-electorales/
-
https://www.alterinfo.net/Le-gendre-de-Trump-fait-tout-pour-sauver-Ben-Salman_a142405.html
-
https://www.alterinfo.net/Arabie-saoudite-MBS-va-devoir-accepter-des-compromis_a142392.html
- Au sommet
d’Istanbul (27.10.2018), Erdogan
jouait l’arbitre dans une saga dont
il est l’un des vaincus
http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/un-sommet-a-istanbul-sur-leffort-de-paix-en-syrie/
« La façon avec laquelle le
président truc gère la crise depuis
le début montre plutôt qu’Ankara est
également dans une logique de
négociation pour exploiter au
maximum cette situation. »
https://www.alterinfo.net/Arabie-saoudite-MBS-va-devoir-accepter-des-compromis_a142392.html
-
https://www.legrandsoir.info/assassinat-de-khashoggi-le-pire-est-a-venir-rt.html
-
https://www.alterinfo.net/Arabie-saoudite-MBS-va-devoir-accepter-des-compromis_a142392.html
-
https://www.alterinfo.net/Arabie-saoudite-MBS-va-devoir-accepter-des-compromis_a142392.html
-
https://www.legrandsoir.info/assassinat-de-khashoggi-le-pire-est-a-venir-rt.html
- De la dynastie
occidentale
France-Grande-Bretagne-Allemagne-États-Unis
à la dynastie orientale
Chine-Russie-Iran-Syrie avec la
résignation des puissances
d’Occident qui ne sont plus
hégémoniques dans la région comme
l’illustre la déclaration du sommet
d’Istanbul.
https://www.presstv.com/DetailFr/2018/10/28/578308/Sans-lIran-rien-ne-se-fera-Poutine
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