Opinion
Les postiers et les postières
canadiennes résistent
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Vendredi 30 mai 2014
Les conditions de travail des
postiers et des postières
Les postiers et les postières sont-ils
en lutte ? Sont-ils même en résistance
contre leur employeur, la Société
canadienne des postes, qui menace
pourtant de les saquer par milliers ?
Pourquoi ces mises à pied et ces hausses
de tarifs répétés ?
Depuis nombre
d’années, le conseil d’administration et
le comité de direction de Postes Canada
mènent une offensive généralisée contre
ses 72 000 employés. Poste Canada est
une société «indépendante» gouvernée par
des patrons politiques (le gouvernement
fédéral et le Parlement) et par les
patrons de ces sous-fifres politiques,
les capitalistes monopolistes, ceux qui
gèrent tout dans la société canadienne
(1).
La dernière attaque
en date vise à saquer 7 000 à 8 000
employés des postes, à éliminer la
livraison à domicile dans les villes et
à hausser drastiquement le prix des
timbres postes, tout ceci afin
d’augmenter les bénéfices que la Société
livre au gouvernement qui les remet par
la suite aux capitalistes. Ainsi, entre
1995 et 2013 la Société canadienne des
postes a enregistré des profits 17 fois
sur ses 18 derniers bilans financiers
révèle le Syndicat des postiers.
L’une des façons
par laquelle Postes Canada soutient
l’accumulation des profits des
entreprises privées canadiennes consiste
à leur fournir la livraison de leurs
colis (marchandises) à plus bas prix que
les corporations de livraison rivales,
maintenant une pression concurrentielle
dans l’ensemble de l’industrie du
service postal public et privé
(Fedex, UPS, etc.). En régime
capitaliste, une société d’État (une
entreprise privée gérée par l’État des
riches) fait partie intégrante du
système d’exploitation de la force de
travail salariée.
Depuis quelques
années, la Société canadienne des postes
a investi 2,5 milliards de dollars en
capital constant – capital fixe – pour
l’achat de
nouvelles machineries pour le tri
du courrier. Dès ce moment, il était
facile de prévoir que les coupures
d’emplois allaient suivre. Les
investissements capitalistes en
machineries sophistiquées visent
toujours à hausser l’intensité du
travail des salariés – à augmenter la
productivité disent les économistes à la
solde – ce qui permet de faire le boulot
avec moins d’employés. Ces
investissements, d’il y a cinq ans, sont
à présent à la source des congédiements.
Il est inutile de pleurnicher cependant,
la modernisation et la mécanisation du
travail sont nécessaires et si elles ne
servaient pas à intensifier
l’exploitation du travail salarié – des
femmes et des hommes postiers – ces
modernisations seraient de belles
occasions de réduire la pression et de
diminuer
les cadences au travail. Mais
pour cela, il faudra changer de système
économique de production et d’échanges.
Ainsi, depuis
l’installation de ces nouveaux
équipements, le temps alloué au tri du
courrier a été unilatéralement réduit de
cinq heures par l’employeur et cela pour
chaque postier en service alors que la
réduction réelle du temps de tri n’a
été que de deux ou trois heures selon
les postiers enquêtés. Les
deux heures manquantes sont à la charge
des employés qui doivent après le tri
distribuer le courrier de porte en porte
dans les quartiers. Des postiers ont
témoigné que leur journée de travail
s’étendait dorénavant sur 10 à 12 heures
d’ouvrage chaque jour de semaine. Le
résultat tangible de cette pression à la
productivité maximale se traduit
par une hausse de 10% à 29% des employés
des postes qui, à un moment ou à un
autre, sont en arrêt de travail (burnout,
épuisement, surmenage, blessure). La fin
de la livraison à domicile leur
permettra de réduire le temps de
livraison et la fatigue liée à la marche
et aux escalades dans les escaliers du
centre-ville. Voilà peut-être une raison
pour expliquer que les postiers soient
peu nombreux à se soulever pour résister
à cette attaque contre leurs emplois et
leurs conditions d’emplois. Il faut se
rappeler également qu’au cours des
années
passées la bureaucratie syndicale
d’affaires a liquidé chaque lutte de
résistance en dirigeant la lutte des
postiers vers des culs de sacs
alambiqués.
Les lois
inexorables du profit maximum et de la
baisse tendancielle
La loi économique
du capitalisme spécifie que chaque
hausse des investissements en capital
constant (équipement = CC) amène, à
terme, une baisse des investissements en
capital variable (CV) et une baisse
concomitante de la composition organique
du capital qui entraîne la baisse
tendancielle du taux de profit moyen.
Cette baisse tendancielle
enclenche un nouveau cycle
d’investissement en capital constant
(équipement) afin d’augmenter la
productivité des salariés, réduire les
dépenses en capital variable et réduire
le nombre de postiers «trop bien payés»
(sic). Étant donné que le capital
variable fournit la plus-value – on
comprendra que les profits baissent
après chaque cycle de rotation du
capital.
Cette loi
inexorable du système capitaliste
s’applique à toute entreprise, à toute
société publique ou privée, à tout
gouvernement des riches, quel que soit
le parti politique à la gouvernance de
l’État capitaliste. Il est faux de
prétendre que la Société canadienne des
postes, en tant que société d’État,
appartient au peuple canadien. Jamais
les travailleurs canadiens n’ont été
consultés pour que cette société
s’active à
réduire les frais postaux pour les colis
livrés pour les compagnies privées;
à hausser les tarifs postaux des
salariés (timbres postes); à augmenter
ses profits destinés aux compagnies et
qu’elle s’active à saquer plus de 7 000
travailleurs et travailleuses. Une autre
preuve que les mascarades électorales ne
mènent qu’à la panade.
Ainsi le
Nouveau Parti Démocratique qui
ne souhaite nullement abolir la loi du
profit maximum serait contraint aux
mêmes politiques que le
gouvernement Harper s’il était élu au
gouvernement des riches. En attendant,
ce parti social-démocrate, un véhicule
politique de la bourgeoise industrielle
et de la bureaucratie syndicale, fait
circuler une pétition futile et ridicule
exigeant du gouvernement Harper qu’il ne
se soumette plus à la loi du
profit capitaliste maximum que le
NPD défend pourtant avec
acharnement.
Une autre tactique
imaginée par les bureaucrates syndicaux
pour ne pas diriger la résistance
combattante des postiers et pour
liquider toute velléité de résistance de
la base militante consiste à proposer la
création d’une Banque Postale
Populaire sur le modèle de ce
que l’on retrouve en France sous le
gouvernement socialiste. La FTQ auquel
est affilié le Syndicat des postes
dirige déjà un
fonds capitaliste d’investissements,
gros de 9 milliards de dollars, et
depuis ce temps, les hauts dirigeants de
la FTQ sont passés à la Commission
Charbonneau pour prévarication et trafic
d’influence dans les décisions de
placement des capitalistes syndicaux.
En France,
l’existence d’une banque postale
«populaire» ne ralentit en rien
l’extension de la crise économique ni le
«dégraissage» (sic) des services postaux
français. Cette proposition ne vise qu’à
liquider la lutte de résistance des
travailleurs sur le front économique de
la lutte de classe; à compromettre les
travailleurs avec leur employeur
exploiteur; et à attacher les salariés
au char de l’État bourgeois discrédité.
Les postiers
doivent résister par la grève générale
illimitée à toutes les suppressions de
postes et rejeter les billevesées des
boss syndicaux.
Seuls les postiers peuvent mener la
lutte de classe pour les postiers.
Nous saurons nous solidariser avec les
postiers dès qu’ils se seront soulevés.
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1.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Postes_Canada
2.
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