Opinion
Les guerres des cliques terroristes
au Moyen-Orient sanglant
Robert Bibeau
Mercredi 29 octobre 2014
Quand
j’enseignais l’histoire et l’économie
dans une école secondaire canadienne, je
pratiquais la critique analytique comme
méthode pédagogique scientifique. Cette
méthode didactique va comme suit : 1)
vous dénichez un texte particulièrement
complexe, hermétique et
alambiquée, largement diffusée sur les
médias à la solde des géants de la
désinformation. 2) Par l’analyse
matérialiste marxiste non conformiste
vous débusquez les lieux communs, les
inanités patentées diffusées comme
«vérités» par la plupart des
journalistes stipendiés. 3) Vous
traduisez en langage vernaculaire, non
diplomatique, ce charabia éclectique et,
à l’aide des faits, vous exposez la
vérité cachée derrière ces clichés
formatés. Nous allons faire la
démonstration de cette méthode
dialectique à l’aide d’un article
présentant l’entrevue accordée par un
poncif ayant perdu les dernières
élections présidentielles françaises.
Dans cet article, le «has been»
Dominique de Villepin se plaint que rien
ne semble atteindre la présidence
française et il y va de ses pronostics à
propos de l’avenir de la «guerre
antiterroriste» (sic). Voici
l’article ainsi que notre analyse
décapante. NDLR.
«Revue de presse
: Extrait de l’interview accordée au
quotidien algérien à El Watan
(15/10/14)
Pour l’ancien
Premier ministre de Jacques Chirac, dont
le discours à l’ONU sur la guerre en
Irak est encore dans toutes les
mémoires, le seul usage des armes est
improductif. Il convient, selon lui,
d’asphyxier Daech et non de multiplier
les guerres.
- La troisième
guerre d’Irak contre Daech est-elle
appelée à durer ?
Veillons, face au
terrorisme, à ne pas entrer dans une
logique de guerre perpétuelle. Nous
voyons que nous sommes enfermés dans un
cycle de guerres où la précédente
nourrit toujours la suivante. Devant la
pression de l’émotion, des images, de
l’opinion, les États-Unis et l’Europe se
lancent dans des opérations militaires
qu’elles croient ponctuelles. Elles
croient réagir à une menace précise,
alors qu’en réalité ces pays basculent
peu à peu dans une guerre longue, à
grande échelle et fondée sur
l’idéologie. Il n’y a pas d’issue par
les armes. Il y a de la démesure dans
ces guerres, car il y a l’idée que nous
pouvons résoudre les problèmes
historiques des peuples à leur place, en
imposant notre vision de la démocratie
par des changements de régime, en
faisant la guerre à la place d’armées
nationales faibles.»
(L’ex premier
ministre et actuel «has been» accrédite
le mensonge que la 3e guerre
du Moyen-Orient est une «guerre
antiterroriste» (sic). Alors qu’elle est
bel et bien une guerre terroriste d’un
clan impérialiste contre des rivaux
impérialistes factieux qui se
désolidarisent de plus en plus de leur
mentor, américain, afin de poursuivre
seuls leur chemin de conquête pour se
repartager les dépouilles ensanglantées
des pays démantelés de cette contrée.
Ainsi, la Turquie qui vient de joindre
la Coalition terroriste américaine
achète et revend le pétrole de DAECH.
L’Arabie Saoudite qui est membre de la
Coalition étasunienne vend des armes à
l’État islamiste. Le Qatar finance
l’État soi-disant proscrit selon un
observateur de la scène locale (1). Ce
salmigondis est possible à cause de la
faiblesse affichée du matamore –
commandant des forces impérialistes de
l’OTAN – qui se désagrège rapidement
malgré le soutien hypocrite des
impérialismes européen décadent et
canadien insignifiant. Il est absolument
faux de prétendre que l’Europe
(euphémisme pour désigner les
gouvernements impérialistes européens
empêtrés dans une crise économique
désespérée) croit s’engager dans des
guerres ponctuelles. Ils ont tous
participé aux premières attaques contre
les talibans d’Afghanistan en 2001 et
ils savent tous ce qui les attend au
tournant de cette troisième escalade
contre les petites puissances
impérialistes du Moyen-Orient (Iran,
Turquie, Arabie Saoudite, Qatar,
Égypte). Enfin, l’argument de la
faiblesse des armées locales est
ridicule au vu de la déconfiture des
armées américaines et de l’OTAN depuis
vingt ans au Levant, la défaite des
fantoches israéliens contre le Hezbollah
libanais date déjà de l’an 2000. NDLR).
«- Existe-t-il
une alternative à la guerre ?
Oui, bien sûr. Il
ne s’agit pas de choisir entre l’action,
qui serait forcément militaire, et
l’inaction. Il s’agit de sortir de la
logique de force qui fait de l’outil
militaire le début et la fin de toute
pensée pour créer une stratégie
politique qui utilise tous les leviers
et qui se fonde sur une réflexion. Qui
est l’ennemi ? C’est un acteur
opportuniste, à la fois parti islamiste
totalitaire, groupuscule terroriste
mondialisé et réseau de crime organisé
visant l’appropriation de territoires et
de ressources. Le but, c’est tout
d’abord de l’empêcher de devenir l’État
qu’il prétend être. Il faut asphyxier
Daech. Asphyxier son financement en
menant des opérations ponctuelles contre
les puits pétroliers contrôlés, en
luttant contre les circuits de
blanchiment et d’approvisionnement, en
parlant fermement à ceux, dans les États
du Golfe, qui pourraient être tentés de
continuer à financer le groupe ou tout
autre groupe terroriste dans la région.
Il faut aussi l’asphyxier
territorialement. Le prestige de Daech,
c’est avant tout sa capacité à
progresser. S’il cesse d’avancer, il
recule.
Plutôt que de
lancer des objectifs militaires
irréalistes d’éradication et de
reconquête du territoire, il faut viser
à le contenir dans son espace actuel en
soutenant la lutte sur les fronts kurde,
irakien, libanais, syrien, jordanien. Il
s’agit d’identifier aujourd’hui les
Kobane de demain pour éviter les images
désastreuses auxquelles nous avons
assisté. La bataille de Kobane, bien mal
engagée pour les Kurdes peu ou mal
soutenus, est malheureusement le
résultat direct d’une stratégie mal
évaluée.»
(L’ex-ministre
des Affaires étrangères de la France
admet donc que son intention est de
soutenir la poursuite de cette guerre
terroriste impérialiste dans cette
région soumise aux agressions des pays
occidentaux depuis des décennies.
L’ex-Premier admet toutefois que leurs
alliés font partie du problème et ils
suggèrent de les semoncés (les États du
Golfe dit-il). Monsieur le «has been» ne
semble pas savoir pourquoi personne n’a
pu contraindre ces récalcitrants à
rentrer dans le rang. C’est parce que le
monde change et il est sur le point de
basculer et une ancienne Alliance
impérialiste dominante (OTAN) est mise à
mal par ses concurrents et par la crise
économique systémique qui désoriente «Captain
America» et affaiblit ses acolytes. NDLR).
«- La France est
présente sur plusieurs fronts. A-t-elle
encore une «politique arabe» ou le
fracas des armes a-t-il pris le pas sur
la diplomatie ?
La France,
aujourd’hui, cherche une voix. Elle
s’est laissé emprisonner dans une
logique de force qui n’est pas sa
vocation. Sa vocation, son message,
c’est le dialogue, l’indépendance et le
respect des différences, en s’appuyant
sur le droit international, sur la
coopération et sur l’initiative.
C’est toujours ainsi qu’elle a su
avancer. Aujourd’hui, on met en péril
cet héritage. Je comprends le souci de
répondre à des actes barbares, la
volonté de venir en aide aux populations
en Irak, en Syrie, au Mali, en Libye.
Mais nous devons ouvrir les yeux sur le
fait que l’usage de la force a échoué en
Afghanistan, en Libye, et qu’il échouera
à nouveau. La force ne crée que la force
en retour. La logique de «guerre contre
le terrorisme» nourrit l’ennemi en lui
donnant de la visibilité, de la
crédibilité et de la légitimité. Chaque
ennemi abattu devient un martyr qui
permet le recrutement de dix autres
terroristes.
Qui plus est, cela
donne l’impression que nous combattons
un ennemi mondial, alors que c’est un
amalgame confus de groupes locaux qui,
en prêtant allégeance hier à Al Qaîda,
aujourd’hui à Daech, cherchent à se
donner une stature dans le rapport de
force local. Aujourd’hui, il faut que
nous comprenions tous qu’il n’y a pas de
solution militaire et il n’y a pas de
solution globale. Il n’y a que des paix
locales qu’il s’agit de trouver par le
dialogue, par les initiatives de
développement, par la réconciliation.
C’est un enjeu en Algérie, un pays
durement éprouvé par la guerre civile
des années 1990. Elle voit aujourd’hui
ce cauchemar national se reproduire à
l’échelle de toute une région.
De ce point de vue,
l’Algérie doit être écoutée et entendue.
Elle doit porter la voix de ceux qui ont
vécu ce drame et qui ont réussi, tant
bien que mal, à proposer des issues.
Mener à bien ces paix locales, c’est un
immense travail diplomatique autour des
nombreux conflits de la région, entre
Kurdes et Turcs par exemple, entre
Arabie Saoudite et Iran, entre chiites
et sunnites, entre Israéliens et
Palestiniens, à l’heure de l’union
nationale entre le Fatah et le Hamas et
de la mobilisation internationale pour
la reconstruction de Gaza, entre
Marocains et Algériens également, autour
de l’épineuse question du Sahara
occidental. C’est particulièrement vrai
au Mali, où la paix durable ne peut
s’installer qu’en apportant des réponses
à la question touareg et il est évident
que l’Algérie a, de ce point de vue, un
rôle régional majeur à jouer pour rendre
possible la paix (…)
(Rien de neuf
sous le soleil d’Algérie. M. de Villepin
débute son homélie par un mensonge
grossier à propos de l’héritage de paix
et de diplomatie, d’entraide et de bons
voisinages de la France du Premier et du
Second Empire d’occupation, de meurtres,
d’exactions, et de malversations contre
les populations indigènes
(particulièrement algériennes) qui ont
payé un lourd tribut contre cette
puissance coloniale sanguinaire. Peu
importe les arguties religieuses et
nationalistes dont se parent les
groupuscules islamistes – tous
s’alimentent en chair à canon de la
chimère à même le puits inépuisable de
la misère régionale. Ensuite, M. de
Villepin placote à propos de solutions
locales à cette crise économique
mondiale dont les guerres
transnationales ne sont que l’expression
et l’attestation que les puissances
internationales sont en train de se
repartager les ressources, les marchés,
les zones d’exploitation de la force de
travail afin de relancer la reproduction
élargie du capital qui pour le moment
est en panade. La puissance chinoise –
le possible futur leader de l’alliance
impérialiste d’alternance – ne bouge pas
pour le moment et laisse braire en
silence. Tôt ou tard la superpuissance
chinoise sera entrainée forcée dans ce
fouillis et alors le danger de guerre
généralisée sera très élevé. D’ici là,
laissons l’ex-candidat présidentiel
déconfit à ses mièvreries. NDLR).
(2)
*Version
intégrale : «Il n’y a pas d’issue
par les armes», par Rémi Yacine.
Source :
http://www.france-irak-actualite.com/2014/10/dominique-de-villepin-et-la-3eme-guerre-d-irak.html
(1) http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/jeu-turc-communication-americaine-kobane/
(2)
En complément à propos de l’organisation
ouvrière
http://www.publibook.com/librairie/livre.php?isbn=9782924312520
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