Les 7 du Québec
Élections européennes 2019.
La joute
européenne se simplifie
Nuevo Curso
Mercredi 29 mai 2018 Par
Nuevo Curso. Traduit
et commenté par les 7 du Québec
Les résultats
aux européennes
Les grands titres
de la journée de lundi en Europe
continentale mettent en lumière quatre
« évènements significatifs » qui ouvrent
la porte à de nouveaux équilibres
impérialistes sur le continent. Toutes
les portes ouvertes ne seront pas
forcément franchies, mais … Et si pour
une fois le résultat d’une élection
européenne nous disait quelque chose sur
l’avenir du continent?
RÉSULTAT DES
ÉLECTIONS EUROPÉENNES-France
Marine Lepen
surpasse Macron … de
1%. Et Salvini est
consacré, reléguant le M5S
au rôle de comparse et faisant de Lega
la première option au Nord et au Sud de
l’Italie. (Ce qui signifie que le
grand capital parvient à nouveau à faire
accepter ses tonitruants ténors
populistes comme il le fit dans les
années trente du siècle dernier. Le
profilage gauche et droite bourgeoise
nous sera resservi sous une nouvelle
forme revampée, mélangeant le vert,
l’orange et le jaune. NdT)
Les Verts remportent
la deuxième place en Allemagne et la
troisième en France, poussés par
la pression médiatique
insupportable de la « Croisade des
enfants » organisée par l’État
lui-même. Le SPD va jusqu’au bout,
rendant la « grande coalition » non
viable dans ses termes actuels et
confirmant la stratégie franco-allemande
visant à convertir
l’environnementalisme en drapeau
idéologique de l’impérialisme européen.
(Hier, c’était le patriotisme
nationaliste chauvin qui servait de
prétexte pour justifier le sacrifice de
millions de vies sur les champs de
bataille. Aujourd’hui, c’est
l’écologisme-environnementalisme-vert
qui demande des millions de vies
humaines pour sauver la vie humaine sur
terre. NdT)
SALVINI AVEC
ORBAN – UN AUTRE GRAND GAGNANT DE LA
NUIT ÉLECTORALE – ET D’AUTRES LEADERS
EUROPÉENS appelés «ULTRAS»
Le « Brexit
Party » de Farage
gagne les Européens en Grande-Bretagne,
laissant la place à un parti
conservateur délabré et divisé en deux
par l’alternative d’orientation
impérialiste décidée sous le Brexit. En
bref: la faction proaméricaine et
anti-UE de la bourgeoisie britannique
est renforcée par la victoire de
Farage – qui triple presque les
votes des conservateurs – montrant que
ni le parti conservateur ni le parti
travailliste ne seront épargnés s’il
gouverne, car il peut capitaliser sur la
révolte petite-bourgeoise locale et
l’utiliser comme bélier contre
l’appareil politique britannique et
européenne. (Nous ne croyons pas à
cette hypothèse – Farage est un pantin
et en aucun cas l’oracle de cette
misérable tactique du Brexit qui a
échoué lamentablement face à la rigidité
du capital allemand. Il ne reste plus au
capital britannique qu’a rentré ses
griffes et à rentrer au bercail européen
qui était – est – et sera son unique
foyer – le Royaume-Uni est en Europe
avec laquelle il fait le gros de son
commerce. Espérons pour le capital
britannique que l’Allemagne aura la
victoire moins arrogante que ne le fut
la victoire des Alliées. NdT)
L’important :
Les « nettoyeurs »
Syriza
a perdu les élections en Grèce et
Tsipras a immédiatement convoqué
des élections en ouvrant un petit séisme
politique local. Ce n’est pas la seule
star de la décennie à être
éclipsée. L’expression de gauche de la
révolte petite-bourgeoise paneuropéenne,
de la « France Insoumise » de
Mélenchon à Podemos
en Espagne, est épuisée et en voie
d’être liquidée. (Du côté gauche de
l’alternative bourgeoise, le jeu est en
effet plus compliqué étant donné que la
gauche s’est prostituée sans se ménager
au cours du dernier siècle et le
prolétariat à la mémoire longue et la
conscience de classe profonde – une
nouvelle formule « gauchiste » reste à
inventer de ce côté. NdT)
De manière
générale, les résultats montrent que la
bourgeoisie européenne continue de faire
face à ses propres fractures internes –
comme le préconise les États-Unis
-, au renouvèlement de son appareil
politique et à la pression d’une petite
bourgeoisie en révolte, mais
désorientée. Révolte qui semble
enfin avoir oublié ses penchants
gauchistes (Mélenchon, Tsipras,
Podemos, …) et pris le chemin d’un
nationalisme populiste (Farage),
autoritaire (Orban, Lepen)
et même « socialiste » dans la
– tradition fasciste italienne – avec
Salvini.
Bizness as usual
Mais il y a autre
chose, une nouvelle qui semble masquée
par l’obsession des données
électorales: Fiat
proposera à Renault une
fusion qui ferait concurrence aux
constructeurs allemands et surpasserait
General Motors … au prix,
surement, d’une rupture avec
Nissan Mitsubishi. Nous
comprenons maintenant l’épopée et la
persécution de Carlos Ghosn,
président étoile de Nissan et architecte
derrière la scène de la pièce
tragicomique française.
C’est-à-dire qu’il
y a des mouvements et des tendances du
capital non seulement en Italie, mais,
ce qui est beaucoup plus important, en
France, frustrée par l’attitude de
l’empire allemand et alerté par
les pressions de la Chine (et
ses « Routes de la soie » auxquelles
l’Italie et quelques pays européens ont
adhéré récemment. NdT), ils misent
et insistent pour la construction d’un
nouvel axe européen Paris-Rome qui
séparerait l’Europe méditerranéenne de
Berlin … et disposerait d’options pour
la déplacer en Méditerranée et en
Amérique du Sud. Ces forces se voient
renforcées après la « grande nuit » de
Lepen … mais ne misent pas
nécessairement sur le RN pour se
réaliser. (Nous pensons plutôt que le
capital français pousse du pied le
capital allemand afin qu’il lui donne
plus de place dans l’alliance
franco-allemande – dont la menace
italienne est la monnaie d’échange (de
toute façon un axe franco-italien ne
serait pas de taille à affronter
l’Allemagne). De fraiche mémoire, le
BREXIT fut entre les mains calcinées
du capital britannique un piège amer de
surenchère auquel l’Allemagne a répondu
par le mépris. NdT)
L’unité
impériale se construit dans l’adversité
Une porte
s’ouvre, plusieurs en fait: le
Brexit ou un partenariat « plus
étroit » avec la Grande-Bretagne; la
consolidation de
l’environnementalisme en tant que
nouvelle démocratie sociale « pour
l’exportation » et le drapeau impérial
européen, l’affirmation d’un nouvel axe
impérialiste intraeuropéen entre Paris
et Rome … (confirmant l’axe
Berlin-Paris. Tous ne seront pas
exhaussés, mais à travers ces aléas
l’Europe est en train de forger son
unité afin de jouer sa partie
concurrentielle face au géant américain
en déclin et face à l’alliance
Chine-Russie émergente. NdT)
Un détail à
souligner est que la révolte des petits
bourgeois européens, qui, il y a deux
ans à peine, mettait en péril tout
l’appareil étatique institutionnel (du
Brexit à l’indépendance écossaise et
catalane) est déjà pleinement intégrée
aux batailles et aux fronts intérieurs
de la bourgeoisie dans chaque pays
européen. Comment pourrait-il en être
autrement avec cette classe sociale qui
n’a aucune alternative historique, qui
est devenue une force subordonnée, un
pion bruyant d’un plus grand jeu qui lui
reste étranger ? (En effet, tout
comme lors de la Seconde Guerre
mondiale, la petite-bourgeoisie aigrie,
tordue, désespérée ne peut que regimbée
pour vendre ses services de propagandes
et d’encadrement du prolétariat le plus
chèrement possible – mais sa mission de
courroie de transmission et de chien de
garde du grand capital sera toujours la
même (avec ou sans gilets jaunes). En
frappant sans cesse la
petite-bourgeoisie et ses idéaux (roses
– oranges – verts – jaunes ), le
prolétariat frappe directement leurs
maitres du grand capital. NdT)
Reçu de Robert Bibeau pour
publication le 3 juin 2019
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