Opinion
Je suis contre !
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Vendredi 28 mars 2014
Je regarde l’affiche géante au-dessus de
la porte d’entrée de l’université. J’ai
vu la même pancarte sur un mur au bureau
de l’ASSÉ, et je reconnais le slogan
présenté sur la page Facebook de
l’association étudiante militante.
L’appel semble sans équivoque : «Aux
riches de faire leur juste part!»
https://www.facebook.com/asse.solidarite
Qui dit mieux à gauche de l’échiquier
politique? Quel militant gauchiste peut
s’opposer à cet appel des mères Térésa
de la go-gauche et des curés du
syndicalisme étudiant? «Faire payer
les riches afin que les pauvres vivent
un peu mieux» (le slogan du Parti
socialiste de Belgique) n’est-ce pas la
quintessence de la politique de la
go-gauche?
Fraterniser avec les démunis, faire
l’aumône, et comme Robin des bois (Robin
des banques) prendre aux riches pour
donner aux pauvres, n’est-ce pas le rêve
que caresse la gauche respectable depuis
des décades?
Du
moins, tant qu’elle ne s’est pas
installée confortablement au pouvoir
d’État, avec la permission et la
collusion de sa classe de tutelle, la
ploutocratie des multimillionnaires.
Ce slogan qui semble de gauche est en
réalité de droite, même si François
Legault, Monsieur Couillard, et dame
Marois, menacés d’être appelés à
contribuer à cette guignolée
provinciale, ne le savent pas. De toute
façon aucun d’entre eux – pas même PKP –
n’est réellement menacé par le slogan de
l’ASSÉ, ni par l’élection de Françoise
David comme premier ministre de la
go-gauche du Québec (je sais
parfaitement
que
les petites-bourgeoises féministes,
assises
au bar La Naturaliste m’en
voudront de ne pas avoir féminisé la
profession. Que voulez-vous j’étais à
penser à ces milliers de femmes
meurtries dans une douzaine de pays en
guerre).
Croyez-vous que nos pères et nos
grands-pères ouvriers, pauvres,
malandrins, chômeurs, piqueteurs,
débardeurs n’y ont jamais songé à cette
entourloupette miraculeuse? Je me
souviens du manifeste du FLQ en
1970 qui lançait exactement le même
slogan, dénonçant la famille Simard, les
multimillionnaires de l’armement de
Sorel, beaux-parents de l’ex-premier
ministre Robert Bourassa. Les felquistes
voulaient prendre aux riches un peu plus
d’impôt et un supplément de taxes, pour
distribuer l’aumône aux pauvres, aux
sans-abris et aux malappris, la petite
bourgeoisie a toujours de ces relents de
charité chrétienne. L’armée a envahi le
pays du Québec (1970) et les felquistes
sont partis vers le Sud en avion
affrété.
Les curés en soutanes, les nones en
robes longues, les frères à bedaine et
toute l’industrie de la charité
citoyenne le font déjà et pourtant
jamais la misère n’a parue aussi
prospère.
C’est que le crime et le drame
fondamental du système économique dans
lequel nous vivons,
dans lequel vivent les militants de
l’ASSÉ, madame Desjardins et monsieur
Bureau-Blouin, ce n’est pas la mauvaise
répartition de la richesse et les
sacrifices mal partagés entre les riches
et les ouvriers salariés. Non, ce n’est
pas la source du problème. Cette
injustice distributive de la richesse
entre les riches et les gens ordinaires,
les pauvres et les salariés est la
conséquence de l’injustice suprême, la
mère de toutes les injustices.
C’est parce qu’ils sont propriétaires
des moyens de production, du commerce et
des communications que les
PKP-Desmarais-Chagnon-Sirois-Jean-Coutu-Beaudoin-Bombardier
et autres multimillionnaires (et leurs
épouses féministes), chefs
d’entreprises, banquiers et financiers
s’en mettent plein les poches et donnent
le moins possible à l’État tout en
menaçant de quitter le pays avec leurs
usines et leurs fortunes mal acquises si
l’impôt des particuliers, si les taxes
aux entreprises, si les royautés et les
comptes d’électricité des
multinationales sont augmentés.
Comme ce sont les riches – la classe
capitaliste et les financiers-banquiers
– qui dirigent et organisent cette
société jamais les thuriféraires
politiciens de droite comme de la pseudo
gauche n’imposeront «Aux riches de
faire leur juste part!».
Les sociétés québécoise et canadienne,
l’État québécois et canadien n’ont pas
été mis sur pied pour «Faire payer
les riches» (!) mais bien pour faire
payer les ouvriers, les salariés, les
travailleurs et les étudiants, les
chômeurs et les pauvres, et c’est le
fondement même de cette société qu’il
faut changer pour en inverser les rôles
et faire en sorte que tous travaillent
et paient leur juste part au bénéfice de
tous ceux qui travaillent, «L’oisif ira
loger ailleurs».
Je suis contre que l’on quémande «aux
riches de faire leur juste part», et je
suis en faveur que l’on exproprie les
riches.
Pour s’informer,
le webzine :
http://www.les7duquebec.com/
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