Les 7 du Québec
Capitalisme et socialisme sont-ils
identiques ?
Robert Bibeau

Mercredi 27 décembre 2017 Il n’y a qu’un
seul mode de production mondialisé.
Partout dans le
monde le mode de production
capitaliste se présente en substance
sous une forme unique, mais
superficiellement sous des apparences
différentes. À l’identique au niveau des
moyens de production et des forces
productives (industries, technologies,
énergie, sciences, transports, matière
première, main-d’œuvre), mais
différentiées au niveau des rapports
sociaux de production, reflétant ainsi
un certain niveau d’autonomie des
instances politique et idéologique.
Tantôt, le
capitalisme sera qualifié de sauvage,
de « libéral » et même de « néolibéral »,
de concurrentiel, de non
interventionniste et de libertarien. On
dira parfois un capitalisme de droite,
un capitalisme
démocratique-électoraliste et
parlementaire, ou encore un
capitalisme nationaliste et patriotique
(fascisme italien et corporatisme
salazarien ou franquiste). À d’autres
moments le capitalisme sera dit
« social », socialiste, de gauche et
interventionniste, dirigiste, ou
même totalitaire
(national-socialisme allemand). Parfois
même on le qualifiera de « communiste »
comme en Russie soviétique, à Cuba, au
Vietnam, en Corée du Nord, au Burkina
Fasso, en Albanie, en Chine communiste
et chez les Khmers rouges cambodgiens de
triste mémoire (1). Oublions les
prétentions centristes qui tentent
d’opérer un fumiste dosage entre mesures
de centre droite et programmes de centre
gauche, deux doses et demie de
supercherie ne fourniront jamais la
potion pour sauver le moribond.
La variété des
effigies politiques est immense et
augmente au gré de la misère économique,
de la duplicité politique et de la
décadence sociale ambiante. Ainsi, en
République malgache quarante-cinq
candidats représentant 45 tendances
politiques « différentes » concourront
aux présidentielles de 2018. Il en fut
ainsi en 2016 à Haïti, le pays qui
devance Madagascar sur l’échelle de
pauvreté mondiale (2). Ils étaient dix
aux présidentielles Françaises en 2017
et 28 aux présidentielles Américaines de
2016, s’étiolant de la socialiste
Alyson Kennedy au libertarien
Gary Johnson en passant par
l’inclassable Donald Trump et
l’ineffable Hilary Clinton (3).
Monnaie et
socialisme?
Récemment notre
webmagazine a publié un article intitulé
« Monnaie, monnaie! Capitalisme ou
socialisme?»
http://www.les7duquebec.com/7-dailleurs-invites/monnaie-monnaie-capitalisme-ou-socialisme/
générant une grande confusion reflétée
par les interventions qui se sont
confrontées venant de différents
horizons de la gauche éclectique. Nous
avons songé que si l’auteur en venait à
tenter de comparer deux modalités d’une
variable unique (la monnaie) dans ce
qu’il présente comme deux modes de
production différents (capitalisme et
socialisme) cela reflétait peut-être
l’aveu inconscient que monnaie
capitaliste et monnaie socialiste sont
des équivalents, car mode de production
capitaliste et mode de production
socialiste sont approchants, sinon
identiques, d’où, deux semblables se
comparent (4).
Quelques phrases
tirer de la littérature de gauche des
cinquante dernières années, et reprises
par l’auteur de l’article, nous ont mis
la puce à l’oreille, phrases que voici :
« Il est évident qu’un état ne peut
être indépendant que s’il contrôle
complètement sa propre monnaie. Même
si ce n’est pas le seul critère
d’indépendance, tout aussi évidemment le
contrôle de la création monétaire
implique de contrôler les banques,
c’est à dire, en pratique, de les
nationaliser. Mais cela ne suffit
pas à déterminer la nature sociale
ou non de la politique suivie, des
choix de gestion (…) C’est
l’élaboration démocratique du plan,
avec la participation de tous, qui fait
la différence entre socialisme réel,
démocratique prolétarien, et pouvoir
bureaucratique, régénérateur de
capitalisme » (5).
Depuis Boukharine
et depuis Staline la gauche caractérise
le soi-disant nouveau mode de production
socialiste (une forme de
transition vers le communisme
prétendirent les bolchéviques) par deux
caractéristiques politiques, deux
particularités des rapports sociaux de
production, soient :
A)
nationalisation, c’est-à-dire
privilégier une forme de propriété
capitaliste étatique (socialiste
disent les réformistes proudhoniens et
les opportunistes staliniens).
B) Planification,
c’est-à-dire mettre en place des
programmes et des politiques qui
organisent la production sociale des
biens et des services requis par la
reproduction élargie de la société. Or,
tout mode de production, y compris
capitaliste, implique une dose de
planification. Même que, choisir le
polichinelle politique présentant la
meilleure planification est le prétexte
aux fréquentes mascarades électorales
bourgeoises. Le véritable problème du
mode de production capitaliste et/ou
socialiste n’en est pas un de « nationalisation–planification»,
mais de capacité à surmonter les
contradictions qui paralysent les forces
productives sociales en Russie
soviétique, comme en Chine communiste,
comme en France et au Canada
capitalistes.
Les allégations de
l’auteur suggèrent que le simple choix
d’une politique monétaire qualifiée de
« socialiste » c’est-à-dire prétendument
indépendante, nationaliste et
planificatrice, pourrait ouvrir des
possibilités économiques autrement
inexistantes dans un mode de production
sans planification nationale
populiste. Ceci revient à prétendre
que le développement des moyens de
production et des forces productives
sociales, sont déterminées par les
rapports sociaux de production, ou
encore que les instances politique,
gouvernementale et idéologique
déterminent l’instance économique et
l’ensemble du mode de production.
Tout ceci n’est que
sophisme. Depuis Marx nous savons que
les rapports sociaux de production tels
la monnaie, le capital, les mesures
administratives, les programmes
politiques, la diplomatie, les traités
commerciaux et militaires, etc. émanent
du mode de production, et dépendent dans
leur évolution du niveau de
développement économique, du degré de
productivité, des conditions d’évolution
des forces productives sociales. Ainsi,
comment la République malgache, la Côte
d’Ivoire, Haïti et le Canada
pourraient-ils être totalement
indépendants et contrôler complètement
leur monnaie, leurs banques et leur
économie planifiée alors que ces pays,
pour ne citer que ceux que j’ai
récemment visités, produisent moins de
la moitié des marchandises nécessaires à
leurs besoins quotidiens ? Via le
commerce capitaliste mondialisé (et
les monnaies qui servent aux échanges),
ces pays et les autres, États-Unis,
Union européenne, Chine, Russie,
Vietnam, Corée, et Cuba compris, sont
tous interdépendants, ainsi que leurs
monnaies interchangeables (à un taux
normé par les banquiers) sur les marchés
boursiers internationaux. Le dernier
pays en date, l’Union soviétique, qui
ait tenté de s’affranchir des
contraintes des accords financiers
capitalistes mondialisés s’est effondré
lamentablement après quelques années,
pour ensuite se rallier aux puissances
impérialistes hégémoniques. Vous aurez
noté que la Chine communiste n’a pas
fait cette erreur et cet État est membre
de l’Organisation mondiale du
Commerce depuis 2001, de la
Banque Mondiale depuis 1945
et membre permanent du Fonds
monétaire internationale (FMI)
depuis sa création, et vlan pour les
maoïstes (6).
On peut comparer le
comportement de la variable monétaire
entre capitalisme et socialisme, car
cette variable joue un rôle identique et
est interreliée dans les deux systèmes
du mode de production capitaliste, le
modèle libéral (qui n’a rien de
libéral nous en convenons) et le
modèle totalitaire ou dirigiste, dit
« socialiste ». Sachant que les deux
modèles du mode de production
capitaliste s’interpénètrent, notamment
via le commerce international, et via
leurs systèmes bancaires, monétaires et
boursiers complémentaires. Si bien que
dans les États prétendument
« socialistes-dirigistes », tout comme
dans ceux dits « libéraux démocratiques
bourgeois » ont recourent à des mesures
de nationalisation – socialisation
des pertes capitalistiques – et à
des mesures de privatisation des
profits issus de la plus-value
prolétarienne confisquée (7).
Comment en
sortir et construire un véritable
nouveau mode de production ?
Seule l’élimination
mondiale (et non pas dans un seul pays)
de la production de plus-value
prolétarienne par l’éradication complète
de la propriété (sous ses formes
nationalisées ou privées) des moyens de
production, d’échanges, et de
communication (la monnaie n’ayant plus
aucune utilité sera éliminée) et par la
disqualification des frontières
étatiques nationales (les structures
gouvernementales n’ayant aucune utilité
seront éliminées), toutes mesures qui
rendront la classe prolétarienne
véritablement indépendante, souveraine,
maître de sa destinée et capable
d’ériger le nouveau mode de production
issue du capitalisme pour le
transcender, soit le mode de production
communiste prolétarien (8).
NOTES
-
https://fr.wikipedia.org/wiki/Khmers_rouges
-
http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2017/01/04/haiti-jovenel-moise-confirme-president-de-la-republique_5057254_3222.html
-
https://fr.wikipedia.org/wiki/Élection_présidentielle_américaine_de_2016
- TML (2017)
Monnaie, monnaie! Capitalisme ou
socialisme
http://www.les7duquebec.com/7-dailleurs-invites/monnaie-monnaie-capitalisme-ou-socialisme/
et une monnaie réellement
socialiste.
https://www.legrandsoir.info/une-monnaie-reellement-socialiste-sera-t-elle-forcement-devalorisee.html
- TML (2017)
Monnaie, monnaie! Capitalisme ou
socialisme
http://www.les7duquebec.com/7-dailleurs-invites/monnaie-monnaie-capitalisme-ou-socialisme/
-
https://fr.wikipedia.org/wiki/Organisation_mondiale_du_commerce
et
https://www.wto.org/french/thewto_f/countries_f/china_f.htm
et
http://www.banquemondiale.org/fr/news/press-release/2015/07/16/china-launches-first-world-bank-trust-fund-to-end-poverty-and-promote-development
et
https://fr.wikipedia.org/wiki/Fonds_mon%C3%A9taire_international
- De fait, un
peu partout dans le monde
capitaliste nous avons observé le
passage dans un sens ou dans un
autre du modèle capitaliste libérale
– démocratique – bourgeoise – au
modèle capitaliste dirigiste –
totalitaire socialiste. On en est
même venue à graduer le niveau de
socialisme d’un État par rapport aux
autres. Nous référons le lecteur à
l’ensemble de la littérature
gauchiste qui ergote aujourd’hui sur
les gouvernements de gauche en
Amérique latine, et hier à propos
des gouvernements de la gauche
socialiste en Europe. Le Népal
féodal se serait même doté
récemment d’un gouvernement
nationaliste – patriotique de gauche
communiste-maoïste!
- Robert Bibeau
(2017) La question nationale, la
révolution prolétarienne et
l’impérialisme moderne. L’Harmattan.
Paris. 145 pages. ENGLISH BOOK
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