Les 7 du Québec
Un dilemme cornélien facile à trancher
Robert Bibeau

Mercredi 26 avril 2017
http://www.les7duquebec.com/...
C’est au capital qu’il faut faire
barrage.
Une confession pour
commencer. La semaine dernière dans
notre éditorial (http://www.les7duquebec.com/7-au-front/enfin-la-mascarade-electorale-francaise-tire-a-sa-fin/)
nous avions sous-estimé à la fois le
machiavélisme du grand capital français
et l’ampleur du bouleversement qu’il
s’apprête à réaliser parmi son personnel
politique. Cette erreur est imputable au
fait que nous avions délaissé notre
repère fondamental qu’est la lutte
des classes qui structure et
organise l’ensemble de l’activité
économique, sociale, politique et
idéologique de la société capitaliste
française, comme de tout autres sociétés
capitalistes mondialisées. Ainsi, le
candidat réformiste populiste
Jean-Luc Mélenchon n’était pas
le meilleur protagoniste à opposer à la
réformiste populiste Marine Le Pen,
mais au contraire le plus mauvais choix.
En effet, les deux candidats bourgeois
présentaient un programme similaire et
recueillaient leurs appuis dans les
mêmes bassins de suffragettes et
d’électeurs populaires. La populace
appauvrie et la petite bourgeoisie en
cours de paupérisation sous les
politiques d’austérité des gouvernements
capitalistes en faillite. Bref,
exactement la même clientèle électorale
qui a élu le larbin américain Donald
Trump cent jours auparavant.
Plus astucieux et
plus malicieux que nous le sommes, le
grand patronat français, rompu à ces
magouilles électorales séculaires, avait
pourtant bien indiqué (via les sondages
alambiqués) sa préférence pour une
confrontation classe contre classe
provoquant l’affrontement de la France
d’en haut, entre un habitué du Fouquet’s,
ex-banquier de la maison Rothschild,
ex-ministre de l’économie « novateur »
de François Hollande le « réformateur »
(sic), bref, un « remake » de Sarkozy
(2007), comprenant la jubilation
indécente des banksteurs, et des
spéculateurs boursicoteurs affichant à
la bourse leur contentement arrogant à
la face de la populace endeuillée
(https://www.marianne.net/economie/bourse-les-banques-galvanisees-par-la-victoire-de-macron
).
Quel contraste,
juste en face, Marine, la mère de
famille besogneuse (sic), qui, de la
résidence familiale reprend humblement
le sentier du pèlerinage électoral au
petit matin à Bully-les-Mines, commune
sinistrée par la mondialité, affichant
fièrement ses 41% de soutien à la
candidate patriote de la « France
enragée ». Sans jamais
l’affirmer explicitement, le grand
capital français expose via ses médias
la France d’en bas dans toute sa
désolation et associe progressivement
cette image de misère à la candidate Le
Pen, l’Angela Merkel française, qui
demain aura pour tâche de mener cet
électorat d’en bas jusqu’au sacrifice
suprême pour la salut de la patrie de la
France d’en haut – car la Nation
française n’a jamais été celle des
prolétaires ni des ouvriers saqués, mais
toujours celle de la France des
privilégiés. Vous comprenez l’arnaque
machiavélique manigancée par le grand
capital… donner à l’héroïne de la France
d’en-bas la tâche de mener les aliénés
pour sauver la France d’en-haut… n’en
fut-il pas ainsi au cours des deux
premières guerres mondiales ?
Macron, le banquier
renouvelé et amélioré.
La vie politique
est difficile pour la go-gauche, les
bobos et les petits bourgeois de
l’industrie des ONG et de l’industrie de
la politique électoraliste
« gauchiste ». Voici qu’une fraction du
grand capital français les place sans
ménagement devant un dilemme cornélien.
À droite, un jeune arriviste –
ex-banquier de chez Rothschild – soutenu
par la quasi-totalité de la vieille
racaille politicienne, que le peuple
français a pourtant congédié au premier
tour des présidentielles, mais qui
s’agrippe et rapplique à la permanence
d’« En marche » pour
réserver sa place avant la curée des
législatives, la séquence suivante de la
mascarade électorale dans l’hexagone
tétanisé.
À droite de
l’échiquier électoraliste capitaliste,
un représentant « rassembleur » du
capital et de la mondialisation
débridée; un défenseur du libre-échange,
des délocalisations industrielles et de
la destruction d’emplois par la
productivité; un amant de l’euro et un
fidèle compagnon de l’Union européenne
des banquiers. Macron est un farouche
supporteur des lois Macron-El-Khomri, à
la puissance dix a-t-il promis. Macron,
c’est le suppôt de la retraite à 62 ans;
des fonds de pension dévalisés par ses
amis les banquiers, et le champion de la
casse sociale, que 43% des cadres
français ont plébiscité au premier tour
des présidentielles. Ils entendent faire
mieux au deuxième tour. Cet ex-ministre
PS prétend rassemblé, apaisé et
réconcilié les travailleurs et les
patrons, les cadres et leurs
subordonnés, mais à la lumière de son
programme ce sont les barricades
sociales et syndicales qu’il prépare le
beau Brummell de la Rotonde.
Marine Le Pen
l’ostracisée pour mieux l’imposer.
Face au banquier le
grand capital français souhaite
stigmatiser Lucifer réincarné dans le
corps d’une femme, présidente du Front
National, que 35% des ouvriers (qui ont
voté) ont soutenue et qu’aussi peu que
4% des cadres ont élu – assez évidente
la « fracture sociale » ! Elle se
prononce contre la loi El-Khomri; contre
la mondialisation sauvage; contre l’Euro
et contre l’Europe des banquiers. Marine
c’est l’extrême droite qui épouse
l’extrême gauche bourgeoise. Elle déifie
la nation et prêche la défense de la
France, sa patrie (ce en quoi elle
intéresse le grand capital). Elle
propose la retraite à 60 ans et la
défense des régimes de pension. Elle
traine un lourd handicap cependant, elle
s’appelle « Le Pen » et elle dirige le
Front National dont les
nouveaux cadres menacent la vieille
racaille politicienne, congédiée lors du
premier tour des présidentielles, mais
qui refuse de quitter la scène avant les
législatives. La vieille racaille
politicienne -en défense de ses
prébendes- interdit à la
petite-bourgeoisie radicale et aux ONG
stipendiées de soutenir le programme
FN qu’on dirait écrit par Jean-Luc
Mélenchon. Tous ces énarques recyclés
dans le « Macron amélioré »
se sont ralliés au banquier toujours
prêts à monnayer leur carnet d’adresses
contre une bonne sinécure Fillonesque.
La go-gauche aliénée
et préprogrammée.
À quelle puissance
de radiation aliénante a été soumis un
petit-bourgeois de la go-gauche pour
développer ce réflexe pavlovien face au
Front National jusqu’à ne
pas reconnaitre un programme
social-démocrate emprunté à la
gauche réformiste ? Au militant de
go-gauche qui me dirait que la dame
Le Pen ne pourra jamais
livrer ce programme social chauvin qui
n’est qu’un ramassis de vœux pieux, une
utopie irréaliste sous le capitalisme,
je dirais voilà une excellente raison de
ne pas participer à ce cirque électoral
comme le feront la majorité des
ouvriers. Pour ce qui concerne le
programme de Macron, il est tout aussi
illusoire, et la résistance sociale
qu’il soulèvera sera si imposante que le
« rassembleur » sera congédié après son
premier mandat. Ces temps-ci, crise
économique oblige, la grande bourgeoisie
brule ses poulains politiciens un mandat
à la fois. Il lui faut donc renouveler
fréquemment ses écuries. Le danger qui
guette ceux qui cumulent les réels
pouvoirs économique, politique et
idéologique c’est que la formule du
candidat « renouvelé, amélioré,
macronné » sera bientôt usée et
frelatée, idem pour la candidate « Lepennisée ».
Le danger qui
guette le mouvement ouvrier français
c’est de s’engouffrer dans la trappe à
nigaud du « barrage à l’extrême-droite
Lepeniste » pour soutenir le banquier
capitaliste extrémiste. Il faut
faire barrage au capital et cesser de
marivauder dans les marigots électoraux.
Le prolétariat français est le premier
à s’en désintéresser (plus de 25%
d’abstention au premier tour). Quand les
petits bourgeois de la « gauche
d’avant-garde » auront-ils acquis
cette conscience de classe minimale ?
Il faut rejeter ces mascarades
électorales que ce soit la formule à
onze candidats ou la formule à deux
prétendants. Il est aisé de trancher le
nœud gordien de ces mascarades
électorales bancales, il suffit de
s’abstenir d’y participer et ainsi de
faire barrage au capital.

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