Opinion
La spirale infernale de la
capitalisation bidon
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Mercredi 26 février 2014
La crise systémique expliquée aux
ouvriers
La crise systémique du mode
d’économie politique commence
habituellement par la surproduction de
marchandises – une surproduction
relative s’entend – la surproduction des
produits en fonction d’un marché
solvable ($). Pendant ce temps, des
centaines de millions d’humains n’ont
pas accès au minimum vital pour survivre
et se reproduire. Mais comme ces pauvres
n’ont pas de quoi payer, ils ne
constituent pas un marché. Le marché
solvable (crédit y compris) se rétrécit,
même en Occident, suite aux ponctions
effectuées par l’État (taxes, droits,
impôts), additionnées à la diminution
des dépenses de l’État, celles destinées
à la population et à la reproduction de
la force de travail. L’appareil de
commercialisation trouve de moins en
moins de marchés pour les marchandises à
écouler qui s’entassent dans les
entrepôts. C’est la surproduction de
produits au milieu de la pénurie des
appauvris dans ce monde endormi.
Pourquoi cette résurgence
soudaine de la surproduction? Qui ou
quoi amorce chaque nouvelle crise de
surproduction? C’est que l’économie
capitaliste n’est aucunement planifiée.
La
main invisible du marché est une
main anarchique, sensible au profit
maximum, quel que soit le prix à payer.
La production augmente dans les secteurs
occasionnellement profitables pour des
raisons cycliques. Ainsi, les profits
sont plus élevés dans certains secteurs
de l’économie – là où la productivité
est momentanément élevée, le plus
souvent pour le motif d’une éphémère
innovation technologique, grâce à un
nouveau procédé de fabrication, suite à
des cadences de travail plus intenses,
par le prolongement de la journée de
travail. Mais toutes ces tactiques pour
maintenir les taux de profits élevés
sont rapidement imitées par les
concurrents si bien que l’accumulation
de
plus-value relative ne dure pas et
tous les concurrents se retrouvent sur
le même pied à se disputer les mêmes
marchés saturés.
À l’étape suivante, les usines de
production de biens de consommation
courants réduisent leur production et
licencient tout comme les distributeurs,
les entreprises de transport, les
grossistes et les détaillants, ceux-ci
réduisant leur consommation entraînent
les monopoles de fourniture d’énergie et
de matière première dans leurs
déconvenues. Elles aussi congédient et
réduisent leur production. Ça fait bien
des clients qui se retrouvent soudain à
la rue avec des revenus restreints ce
qui les amène à réduire leur train de
vie et à accentuer la chute de la
consommation et de la surproduction.
La financiarisation de l’économie
impérialiste moderne
À moins que (?) même sans revenu
suffisant, ces clients puissent acheter
et consommer comme avant. Peut-on
entraver l’affaissement des marchés en
les maintenant artificiellement élevés
par l’étalement des emprunts à crédit (à
intérêt composé)? Pour un temps
certainement. Les banques le démontrent
chaque jour avec leur crédit à la
consommation débridé. Mais tout cela n’a
qu’un temps, jusqu’au jour où le père
Fouettard passe par là percevoir sa
livre de sang, fini le bon temps du
«tout à crédit».
Désespérer les banques centrales
des pays impérialistes s’y sont jetées,
et elles se sont mises à propager la
monnaie inflationniste augmentant
démesurément la masse monétaire
nationale et internationale. Nous
traitons ici des grandes monnaies
(Dollar, Euro, Yen, Yuan) qui régulent
les monnaies des pays dépendants, ces
petits pays capitalistes vivant sous
l’impérialisme. Ainsi, le franc CFA
d’Afrique francophone (15 pays africains
dépendants) est attaché à l’euro et
subit tous les contretemps qu’encaisse
l’euro et il en est de même des autres
monnaies nationales dont les pays font
commerce avec l’une ou l’autre des
grandes puissances mondiales (dollar
canadien et autres).
Les banques privées d’affaires et
d’épargnes, à partir de ces émissions de
monnaies centrales produisent-elles
aussi de la monnaie (c’est l’effet
levier). Les banques privées monnayent
leurs créances et créent ainsi d’autre
argent, car toute opération de crédit
est une opération de création de monnaie
(1). Les marchés sont bientôt inondés de
liquidité ce qui entraîne la chute des
taux d’intérêt sur l’argent et réduit
les rendements des placements (à taux
fixe-déterminé ce sont les obligations –
à taux anticipé, ce sont les actions).
Tout se tient dans cette économie
anarchique vampirisée par le fric. Cet
afflux continu de monnaie accumulée
entre de moins en moins de mains
monopolistes financières garanties la
spéculation boursière – le spéculateur
n’ayant souvent même pas à débourser son
paiement avant de revendre ses actifs
pour encaisser son profit (utopique) et
réinvestir dans une aventure spéculative
encore plus utopique et lucrative et
ainsi empocher davantage de profits à
haut rendement évanescent, car adossé à
du vent.
Ces investissements à haut
rendement accroissent davantage la masse
monétaire en circulation ce qui réduit
d’autant les profits sur les placements
boursiers et gonfle la bulle sur le
point d’éclater. La bourse s’affole et
s’envole alors la production s’étiole,
l’emploi diminue, la consommation stagne
d’où les investissements productifs
(machineries et moyens de production,
matières premières et énergie)
régressent, car les profits anticipés
sont trop risqués à la fois parce que la
consommation diminue – les marchés se
contractent – ainsi que les
investissements en moyens de production
et en forces productives sont si
importants que les rendements sur
l’argent s’effondrent. Il devient alors
plus intéressant en terme de rendement
sur l’argent de spéculer sur les
marchés, sur du vent, plutôt que sur les
céréales, le blé, les matières premières
et l’énergie. Ce sont les cocktails
d’actifs toxiques et les montages
financiers « titrisés » sulfureux voués
aux gémonies qui se répandent sur le
marché boursier, question de surfer sur
l’envolée des indices factices. C’est ce
que les économistes à la solde
appellent la
financiarisation de l’économie sans
pouvoir ni l’expliquer ni surtout la
contrée car c’est une loi incontournable
de l’économie politique capitaliste.
La tertiarisation de l’économie
impérialiste moderne
La tertiarisation
de l’économie et de l’emploi est la
résultante de la financiarisation de
l’économie impérialiste. La
tertiarisation de l’économie est
elle-même une conséquence de la
monétarisation des échanges. Reprenons à
l’envers la chaîne des conséquences. La
financiarisation de l’économie – la
monétarisation des échanges a eu pour
conséquence de renforcer le fétichisme
de l’argent, d’accroître de façon
incommensurable la quantité de monnaie
en circulation au point qu’au stade
impérialiste du capitalisme l’argent
produit de l’argent sans passer par le
cycle de la production de marchandise,
en d’autres termes sans passer par le
circuit de valorisation du capital.
Nous le réitérons, dans ce
circuit parallèle l’argent produit de
l’argent en tant que marchandise – mais
une marchandise qui perd petit à petit
sa valeur symbolique « représentative »
d’une valeur marchande réelle
(marchandises concrètes). Trop d’argent
se retrouve soudainement à poursuivre
trop peu de marchandises ce qui
dévaluent cette marchandise particulière
qu’est la monnaie-argent-crédit.
L’ultime aboutissement sera le jour où
comme en Allemagne en 1930 quand il
fallait une brouette entière de marks
dévalués pour acheter un kilo de beurre
inexistant (car entretemps la
surproduction s’était transformée en
pénurie).
Contrairement à ce que prétend la
gauche réformiste, cet aboutissement
n’est pas voulu ni souhaité par les
banquiers. Ce résultat inespéré est la
conséquence des lois de fonctionnement
obligées de l’économie capitaliste
tétanisée – la loi de la propriété
privée des moyens de production – la loi
de la recherche du profit maximum – la
loi de la dégradation de la composition
organique du capital – la loi de la
baisse du taux social moyen de profit –
et la loi de l’enrayement du processus
de valorisation du capital. Nul
économiste, ni chef politique, ni
capitaliste, ni pseudo-socialiste ne
peut empêcher ces lois de diriger
l’économie capitaliste vers la crise
dont ils chercheront un jour à
s’extirper en engageant la destruction
de forces productives et de moyens de
production par une crise ou pires par
une guerre génocidaire.
Fin de la première
partie. Semaine prochaine
La crise expliquée en deux équations.
Pour information »»
http://www.robertbibeau.ca/Palestine.html
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