Opinion
La mondialisation néo-libérale en cavale
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Mercredi 22 janvier 2014
Critique de la pensée réformiste
néolibérale
Les expressions «néo-libéralisme»,
«mondialisation», «globalisation»,
«monétarisation» et «financiarisation»
sont présentées comme un nouveau stade
de développement du mode de production
capitaliste, ce qui est totalement faux.
L’économie politique de la
«mondialisation» et de la
«globalisation» a été étudiée et décrite
depuis l’entre-deux guerres (1916-1939).
Par contre, il est justifié d’affirmer
que l’économie politique impérialiste
moderne est entrée dans une nouvelle
phase de développement depuis les années
1968-1971 et la répudiation des accords
de Bretton Woods,
l’abolition de la convertibilité-or du
dollar américain et des autres devises,
et l’adoption du régime des changes
monétaires flottants (1). Toutefois,
cette nouvelle phase de l’impérialisme
moderne ne constitue que l’exacerbation
des contradictions déjà contenues dans
le capitalisme classique.
D’après les critiques de la
mondialisation néolibérale, le mode de
production capitaliste commercial
(mercantile), reposant sur le
commerce et la colonisation aurait
évolué vers le capitalisme industriel
néocolonial, marqué par le
protectionnisme et les barrières
tarifaires afin de protéger le marché
national de la concurrence étrangère.
Ce mode de production – ce système –
aurait ensuite évolué vers le
«néolibéralisme, mondialisé, globalisé,
monétarisé et financiarisé» que nous
connaissons aujourd’hui. Les
caractéristiques de ce «nouveau» système
économique néolibéral seraient que
l’ensemble de l’économie est aujourd’hui
accaparé par le secteur privé et une
poignée de banquiers (les puissances
d’argent – ce talisman) au détriment de
l’équité et du bien public et citoyen.
L’État, hier encore juste et équitable –
arbitre impartial entre les forces
sociales contradictoires – aurait été
usurpé et accaparé par une clique de
riches – en collusion – se cooptant,
complotant et pervertissant les
fonctionnaires – stipendiant les
politiciens par des caisses électorales
occultes et des pots-de-vin et
s’accaparant de tout le pouvoir de
l’État par leurs complots secrets.
Les médias dans nos sociétés libres et
démocratiques (sic) auraient manqué de
vigilance et parfois même ils auraient
malencontreusement fermé les yeux sur
ces malversations. La mission de
l’opposition électoraliste
altermondialiste, social-démocrate,
nationaliste et éco-socialiste de
«gauche», serait aujourd’hui de
réorienter l’appareil étatique et
gouvernemental, cet arbitre impartial
entre les forces sociales divergentes,
dans la direction de son penchant
naturel, qu’il n’aurait jamais dû
délaisser, en faveur de l’équité et de
la justice. Tout ceci n’est que
fumisterie vous l’aurez compris.
La fin ultime de cette opposition, de
cette procession au flambeau civique et
citoyenne larmoyante serait de maintien
de l’État providence –
symbole des années de félicitées ou la
petite bourgeoisie exultait – de la fin
des années soixante (1968) jusqu’à
aujourd’hui (l’État-providence
en annexe 1) (2). La petite
bourgeoisie, courroie de transmission et
«porteuse d’eau» du grand capital
monopoliste, voudrait ainsi conserver
ses privilèges (ses chaînes dorées) et
ne pas subir les affres du
néo-libéralisme-mondialisé-globalisé, ce
système sans-cœur et prévaricateur qui
détruit toutes les bases de l’harmonie
sociale que le petit-bourgeois a eu tant
de mal à crédibiliser aux yeux des
ouvriers, des salariés, et des employés
des états occidentalisés. Il faut savoir
que le phénomène de
l’État-providence a été
strictement circonscrit à l’Occident
politique et impérialiste (l’Occident
en annexe 2) (3).
« À partir des années 1970, avec la
montée en puissance des pensées de
Milton Friedman et de Friedrich Hayek le
mot néo-libéralisme prend un autre sens.
À partir de Michel Foucault, le
néolibéralisme est alors présenté comme
une technique de gouvernement, une
politique économique et sociale étendant
l’emprise des mécanismes du marché à
l’ensemble de la vie. Friedman et Hayek
sont désignés en France comme en étant
en grande partie les inspirateurs bien
qu’ils ne se soient jamais réclamés du
néolibéralisme, mais seulement du
keynésien, et limite voire supprime
l’intervention étatique. Le contexte
économique marqué par la fin du système
de Bretton Woods relance les discussions
entre écoles économiques et leur
intensité a contribué à populariser ce
terme » (4).
Les idéaux et les principes du
réformisme néo-libéral
Les termes «néolibéralisme
mondialisation globalisation
monétarisation financiarisation»
désignent aujourd’hui un ensemble
d’orientations idéologiques,
économiques et politiques d’inspiration
réformistes et opportunistes qui
partagent plusieurs idées communes :
§ Le courant de pensée néolibéral
dénonce l’aspiration futile d’une
portion des intellectuels bourgeois qui
espèrent le maintien de «l’État-providence»
en déliquescence. Il dénonce les
jérémiades pour un accroissement des
interventions gouvernementales dans
l’économie sous formes de
règlementations abusives. Il
dénonce le maintien de charges
fiscales excédentaires pour les
entreprises privées «déficitaires»
(sic). Ils dénoncent la prise de
contrôle d’entreprises privées par
l’État «socialiste», entreprises qui
devraient, selon les intellectuels
néolibéraux, être rétrocédées au secteur
privé dès que «rentabilisées». Ce à quoi
s’objecte les petits-bourgeois
altermondialistes et pseudo-socialistes
détracteurs du néolibéralisme, au motif
que ces entreprises étatiques rentables
profiteraient aux contribuables.
§ Le courant de pensée néolibéral
fait la promotion de l’économie de libre
marché au nom de la liberté de
l’agent-économique producteur et de
l’acteur-économique-consommateur et au
nom de «l’efficacité» économique de la
libre entreprise
concurrentielle monopolistique.
Argument des plus ludiques quand on
observe la crise économique
structurelle-systémique qui n’en finit
plus de démontrer l’inaptitude de la
libre entreprise capitaliste à survivre
sans guerre génocidaire, sans crises
financières répétitives, sans famine
endémique, sans pandémie meurtrière et
sans cataclysme (pour lesquelles les
populations du tiers-monde ne sont
jamais préparées ni protégées). La
pseudo gauche libertaire,
altermondialiste et écologiste devrait
être suffisamment avisée pour réaliser
que le libre-marché et la
libre-concurrence n’existent tout
simplement pas sous l’impérialisme
monopolistique.
§ Le courant de pensée néolibéral
prône la dérégulation et la
dérèglementation des marchés qui
devraient se réguler strictement par les
forces et les lois naturelles du marché
«libre» et le jeu de la libre
concurrence monopolistique. Les
petits-bourgeois réformistes,
altermondialistes et pseudo-socialistes
rétorquent que trente années de
dérèglementation-dérégulation ont
entraîné l’intensification de la
corruption, de la collusion, du pillage
des administrations publiques;
l’accentuation de la fraude et des
paradis fiscaux; l’extension de la
spéculation boursière outrancière; la
dérive monétaire et bancaire; la
destruction des services publiques; la
multiplication des empoisonnements
alimentaires, la profusion des accidents
ferroviaires, aériens, routiers,
maritimes et pétroliers; l’extension des
guerres régionales destructrices; ainsi
que l’anarchie totale du développement
économique impérialiste qui s’étale
maintenant dans toute son ampleur et
dans toute son horreur. Tout ceci est
véridique mais il est tout aussi vrai
que ces tendances économiques,
sociologiques, politiques et militaires
sont inscrites dans le code génétique de
l’impérialisme moderne et ne pourront
jamais être enrayées.
§ Les idéologues néolibéraux
aspirent à la disparition progressive et
sélective du secteur public d’économie
au bénéfice du secteur privé dans les
domaines rentables et profitables.
Évidemment, la classe ouvrière à travers
le monde n’acquiesce nullement à ce
salmigondis ubuesque, mais le militant
vigilant perçoit rapidement que les
pouvoirs (économique, politique,
juridique et militaire) sont
indifférents à ses atermoiements
véhéments et que seule une
opposition très musclée peut
contrecarrer un tant soit peu les
décisions arrêtées en haut lieu par les
administrations publiques de la
gouvernance étatique à la solde des
riches.
§ Les intellectuels néolibéraux
exigent au nom de leurs sponsors
capitalistes que les secteurs
d’activités économiques de production,
de distribution et des services publics
non profitables soient abandonnés s’ils
ne sont pas essentiels à la reproduction
élargie du capital; ou alors qu’ils
soient fortement réduit en terme de
dépense gouvernementale et mis à la
charge de l’utilisateur-payeur libérant
ainsi ce revenu gouvernemental
supplémentaire pour augmenter les
subventions aux entreprises privés
parasitaires sous prétexte de «stimuler
l’économie», de créer des emplois (très
lourdement subventionnés, précaires et
éphémères) et pour rembourser la dette
souveraine ayant totalement échappé au
contrôle gouvernemental des majordomes
du capital.
§ D’un commun accord, néolibéraux
enthousiastes et critiques du
néo-libéralisme dépressifs s’entendent
pour que les budgets étatiques soient
impérativement mis au service du grand
capital pour sa reproduction élargie et
le défi des administrations publiques
capitalistes consiste à faire accepter
aux salariés, y compris aux
petits-bourgeois paupérisés et endettés,
ce détournement des argents des régimes
de pension, des dépôts bancaires des
épargnants, des crédits publics, qui
dorénavant ne passeront plus par un
processus d’essaimage généralisé (aide
sociale, allocation familiale, garderie
subventionnée, transport en commun,
logement subventionné, éducation et
services publics vilipendés) mais
s’engouffrera directement – sans
intermédiaires – dans les goussets des
monopoles et des milliardaires. Le
chantage des entreprises forestières et
des alumineries monopolistes
québécoises, exigeant une nouvelle
baisse des tarifs d’électricité déjà
sous-facturé, est une manifestation
authentique de cette dictature
impérialiste sur la gouvernance publique
libérale, péquiste, adéquiste ou
«solidaire» peu importe (5).
§ Les critiques bourgeois du
«néolibéralisme» geignent que ce
faisceaux de désengagement des
gouvernements “néolibéraux” accroit les
inégalités sociales; déstabilise le
tissu collectif citoyen; compromet la
paix civique; pille les ressources
naturelles de la nation et déséquilibre
l’État bourgeois dans ses pratiques
pudiques en l’engageant «trop fortement»
(disent-ils) du côté des possédants, lui
retirant son verni terni «d’arbitre
impartial» au-dessus des classes
sociales.
Les expressions «néo-libéralisme»,
«mondialisation», «globalisation»,
«monétarisation» et «financiarisation»
de l’économie sont autant de concepts
discursifs et récursifs dont les forces
étaient déjà présentes dans le
capitalisme classique (mercantile aussi
bien qu’industriel), puis dans la
première phase de l’impérialisme moderne
triomphant et dont le total déploiement,
depuis la fin des années soixante du
siècle précédent, a dominé la deuxième
phase de développement de l’impérialisme
moderne stade suprême du capitalisme.
Le «laisser faire» du
dirigisme néolibéral
Loin de «laisser faire» l’État
bourgeois (providentiel et non
providentiel) intervient constamment et
de plus en plus vigoureusement pour
organiser et soutenir la reproduction
élargie du capital, c’est-à-dire
d’abord, pour assurer la valorisation
(les profits) du capital qui est la
condition de base de reproduction du
système d’économie politique
impérialiste moderne. L’État bourgeois
ne sait faire que cela. La soi-disant
mondialisation néo-libérale globalisée
caractérisée par le non intervention de
l’État n’est que mensonge et duperie
qu’accréditent les organisations
altermondialistes et gauchistes par
leurs dénonciations du pseudo
désengagement de l’État. Il n’y a jamais
eu de désengagement de l’État
capitaliste. Il y a simplement
réorientation des engagements de l’État
directement en faveur des capitalistes
sans passer par la petite bourgeoisie,
les pauvres, les assistés-sociaux, les
chômeurs et les étudiants.
Chaque jour l’État bourgeois se
désengage des services publics et réduit
ses dépenses destinées à la reproduction
de la force de travail et au soutien
social, cependant que chaque jour
l’État-providence pour les
riches transfert les deniers
publiques ainsi épargnés en direction
des programmes de soutien destinés aux
capitalistes (au Québec on dénombre 2300
programmes de subventions aux
entreprises) afin d’assurer la
reproduction élargie du capital dont
l’État est le commandeur universel, et
ceci quelle que soit la faction de la
bourgeoisie qui contrôle le pouvoir
politique, la pseudo gauche ou
l’authentique droite. Ultimement, tous
ces efforts sont vains car
l’effondrement économique s’en vient
(6).
L’économie «réelle» en guerre contre
l’économie «virtuelle» de guerre
Peut-on imaginer un instant qu’il existe
des alambiques telles que l’économie «réelle»
et l’économie «virtuelle» (7) ?
De fait, les économistes bourgeois
ignares sont tous incapables de
comprendre, de prévoir et de corriger
les calamités de l’économie capitaliste.
Il en va de même de leurs apôtres
réformistes – opportunistes et
gauchistes qui se gardent bien de dire
qu’il s’agit simplement de deux formes
classiques d’existence du capital (le
capital productif ou capital vivant ou
encore capital variable (Cv) et le
capital mort ou capital constant (Cc)).
Pour Marx c’est le rapport entre ces
deux formes de capital, ce qu’il
appelait la composition organique du
capital (Cc/Cv) qui génère
économiquement les crises et
politiquement les dictatures, forment
politiques particulièrement virulentes
de la dictature «démocratique»
bourgeoise.
L’impossible résolution de cette
contradiction qui entraîne la baisse
tendancielle du taux moyen de profit –
contradiction qui ne peut être résolue
sous le règne du capital monopoliste –
entraîne in fine la guerre
(régionale ou mondiale) comme ultime
moyen de détruire des moyens de
production, du capital fixe-constant
(Cc) et quantité de stocks de
marchandises invendues, tout en
éliminant quantité de forces productives
inutilisées (les ouvriers transformés en
chair à canon dans les tranchées).
Les États-Unis, un modèle de
l’impasse de l’économie impérialiste
S’il n’y a plus assez de plus-value à
partager c’est parce que les
capitalistes ne peuvent plus, à la fois,
exploiter les salariés et les
prolétaires occidentaux (leur extraire
la plus-value – issu du surtravail non
payé), tout en leur abandonnant un
salaire de misère (Graphique
1 en annexe 4) ; et en même
temps, dans les pays émergents,
exploiter les ouvriers, les artisans et
les paysans migrants vers les villes
pour se prolétariser. La solution
choisie pour le capital international
est donc de faire disparaître les
humains surnuméraires, et pour ce faire
les guerres, les famines, les pandémies,
les catastrophes naturelles et
l’euthanasie seront mises à profit.
Comme l’indique le Graphique 1 les
salaires des travailleurs étatsuniens
rapportés au PIB du pays sont au plus
bas depuis 1940. Ceci signifie que la
part du gâteau économique que les
millions de travailleurs américains
ramènent à la maison pour leur
reproduction en tant que classe sociale
n’a jamais été aussi petite. C’en est
rendu au point qu’est apparue aux
États-Unis depuis une décennie la
catégorie des travailleurs pauvres. Ceux
qui travaillant cinquante heures
semaines ne gagnent pas suffisamment
pour assurer la reproduction de leur
force de travail (ceux pour lesquels la
plus grande entreprise au monde,
Wall-Mart, organise des collectes de
nourriture plutôt que de les payés).
Croyez-vous un instant que ces
prolétaires anémiés et aliénés peuvent
s’intéresser à la politique et à la
chose publique ? C’est exactement
l’effet escompté.
La deuxième information que fournit ce
graphique est catastrophique pour le
système économique impérialiste. Si dans
le passé les États-Unis jouaient le rôle
de marché de consommation de l’humanité,
la baisse de la part des salaires dans
le PIB national signifie que les
États-Unis ne seront bientôt plus en
mesure de jouer le rôle de
consommateur-destructeur et gaspilleur
de marchandises puisque les
consommateurs américains (90% des
clients sont des salariés) ont de moins
en moins de revenus pour consommer. Dès
que le crédit à la consommation
s’épuisera le système s’effondrera
comme en 2008 pour le marché de
l’immobilier (8). Les créanciers des
Étatsuniens ont bien raison d’être
effrayés.
Les États-Unis ne sont donc plus
un grand pays producteur de marchandises
(exceptés pour l’armement, l’avionnerie,
l’automobile, l’énergie et une partie de
leurs
aliments) et ils sont de moins ne
moins un pays consommateur solvable. Les
États-Unis, premier partenaire
économique du Canada, sont devenus une
oligarchie de banquiers-financiers et
d’actionnaires millionnaires et
milliardaires parasitaires (0,01% de la
population) qui vivent de l’accumulation
d’immenses bénéfices. Les États-Unis
sont aussi devenus un assemblage de
sections de petit-bourgeois désespérés,
en voie de paupérisation accélérée,
désarticulés et abandonnés par leurs
mentors décapitalisés. Nous spécifions
«décapitalisés» dans le sens que les
monceaux de capitaux qu’entassent les
capitalistes financiers américains sont
des papiers spéculatifs boursiers qui
demain s’évaporeront en même temps que
s’effondreront les indices de la bourse.
Ces divers segments de petits-bourgeois
échevelés sont de plus en plus coupés de
la masse des salariés qui ne se
reconnaissent plus dans leurs mythes et
leurs salmigondis à propos de la
«destinée manifeste», du «self made
man», de la «démocratie électoraliste»
et du
paradis pour tous. Coupé de cette
mission de courroie de transmission et
de coolie des grands patrons le vassal
petit bourgeois démuni perd toute
utilité pour ses suzerains.
Les États-Unis c’est aussi une
masse énorme de salariés, de plus en
plus pauvres et de plus en plus démunis
et aliénés. Pour l’instant, cette foule
prolétarisée souffre, peine, désespère,
s’adonne au crime à la petite semaine,
et tourne sa colère contre elle-même,
par le suicide, la mystique religieuse,
la drogue, l’alcool, la sexualité
débridée, le vol à la tire et le meurtre
aveugle ou en série, les bandes de rues,
la désobéissance civile, l’anarchie
sociale et le monde interlope. Cet
amalgame difforme subit une terrible
répression de la part d’un État policier
de plus en plus sauvage et dérégulé. Les
multiples corps policiers, totalement
déconnectés de la société civile,
s’acoquinent avec le crime organisé et
s’adonnent à la prévarication des
«ripoux».
L’égocentrisme et le narcissisme ont
force de loi aux États. Chacun tente de
tirer son épingle du jeu et c’est ainsi,
au milieu de cette anarchie, que
l’oligarchie se maintient au pouvoir
entre deux mascarades électorales
auxquelles ne participent plus que la
petite bourgeoisie, l’aristocratie
syndicale, une partie des rentiers, et
les politiciens tous plus véreux les uns
que les autres (9). Il en est très bien
ainsi. N’inviter
surtout pas les ouvriers à voter.
Maintenant qu’ils ont perdu toute
illusion sur l’État des riches
capitalistes il ne nous reste plus qu’à
les mobiliser pour le renverser.
La situation économique, sociologique,
politique et juridique est à peu près
identique au Canada et au Québec avec un
léger décalage dans le temps et dans
l’approfondissement dus à quelques
particularismes nationaux et à l’effet
d’échelle. Le sous-continent étatsunien
compte 310 millions d’habitants et le
Canada en compte 36 millions.
L’économie impérialiste sera relancée,
non pas parce qu’elle aura démantelé
quantité de moyens de production,
éradiqué quantité de forces productives
(travailleurs) et détruit quantité de
marchandises pendant la guerre
nucléaire, pendant les famines et les
pandémies en série, et au cours des
cataclysmes naturels pour lesquelles
rien n’aura été fait pour prévenir ou
secourir les populations martyres, ou
encore par
euthanasie des retraités désormais
présentée comme la panacée à tous les
maux de l’humanité, mais parce que le
système économique impérialiste aura
ainsi résolu ses problèmes de trop plein
de main d’œuvre désœuvrée, de trop plein
de pauvres improductifs et dispendieux à
entretenir, ainsi que celui de
l’exigüité des marchés et de
surabondance des moyens de production
qui entraîne la baisse inéluctable de la
composition organique du capital et du
taux moyen de profit (10).
La guerre comme solution à la crise
économique
Bien entendu, les guerres sont
présentement localisées, contrôlées,
dirigées et endiguées, quoique de moins
en moins efficacement (Sud Soudan,
Syrie, Afghanistan-Pakistan,
Centre-Afrique, Libye, Mali). D’un
commun accord entre les protagonistes
des camps impérialistes antagonistes,
pas encore résignés à s’affronter dans
un grand cataclysme international, les
aires de guerres sont limitées aux pays
sous-développés. Depuis 1945 – fin du
précédent conflit mondial – il n’y a pas
eu une seule année sans qu’une guerre
locale ou régionale n’ait été menée,
mettant aux prises l’impérialisme
américain triomphant (pour un temps) et
le camp socialiste, qui s’est ensuite
muté en camp social impérialiste (1956).
Le camp social impérialiste soviétique
s’effondrant en 1989 a été remplacé par
le social-impérialisme chinois et
l’impérialisme russe ascendant, tous
deux réunis dans l’alliance du BRICS,
face au camp impérialiste occidental
décadent (OTAN).
Plus d’une cinquantaine de guerres
locales et régionales ont marqué et
marquent encore aujourd’hui le déclin
rapide de l’impérialisme américain qui
s’accroche désespérément à son statut
obsolète de première puissance
économique mondiale. Les États-Unis
d’Amérique demeurent la première
puissance militaire au monde mais ils ne
sont déjà plus la première puissance
économique internationale. Seule la
fraude monétaire accompagnant le dollar
US – artificiellement maintenue en
survie – permet encore à ce pays
décadent de guerroyer.
Dès avant la Première Grande Guerre
l’idée a germée dans la tête des
sociaux-démocrates, des réformistes et
des opportunistes de tout acabit que la
guerre n’était pas un compagnon de lit
obligé du mode de production capitaliste
et que l’humanité, si longtemps outragée
par les horreurs des guerres mille fois
répétées et dénoncées, pourrait enfin
respirer dans la paix sinon perpétuelle
du moins prolongée.
Nous ne reprendrons pas ici toute la
panoplie des courants de pensée
argumentés qui prétendent que «plus
jamais» le monde ne souffrira de telles
abominations meurtrières. Et chaque
fois, de nouveaux charniers viennent
dissiper les illusions des
prestidigitateurs, des curés, des
mollahs, des imams, des popes, des
humanistes et des pleureuses
laïcs engagées dans la guerre contre la
guerre à coup d’eau bénite, de prières,
de cantiques et de pétitions de
compassions. Nous ne traiterons ici que
certains des arguments les plus récents
des thuriféraires de l’impossible
apocalypse nucléaire et des
«négationnistes» d’une nouvelle guerre
mortifère à l’échelle planétaire.
Premier argument de ces
pacifistes utopistes : La guerre
mondiale n’est plus possible, la chose
étant que les armements nucléaires
disponibles sont trop puissants et
mettraient en danger le vainqueur tout
autant que le vaincu. Croyez-le ou
non, on disait déjà cela dans les mois
précédent la seconde guerre mondiale.
Ils y seront entraînés dans cette guerre
mondialisée par les lois inexorables de
l’économie impérialiste.
Deuxième argument de ces tenants
«de la paix inévitable» : La division
internationale du travail et la
répartition des moyens de production
(industrie lourde productrice de moyens
de production), ainsi que la dépendance
qu’engendre ce nouveau paradigme
«d’interdépendance industrielle
universelle» rend improbable sinon
impossible une guerre totale entre un
camp impérialiste contre un autre camp
impérialiste hyperpuissant et détenteur
de la plus grande part des moyens de
productions de l’humanité. En effet,
comment General Motors États-Unis
pourrait-il commander la destruction de
ses installations de production en Chine
« Communiste »? Entre 1939 et 1945 la
société américaine IBM a vu bombarder
ses équipements industriels implantés en
Allemagne. D’autres entreprises
industrielles américaines également. La
destruction de moyens de production
permet de désengorger les marchés et de
relancer le processus de production
profitable.
Bien que ces arguments semblent logiques
et raisonnables ils ne font pas le poids
devant l’histoire et les faits du
présent. Il nous faut malheureusement
nous rendre à l’évidence, les
capitalistes monopolistes ont toujours
juré qu’ils voulaient la paix à tout
prix alors qu’ils préparaient la guerre
à n’importe quel prix. Les dépenses
gouvernementales pour l’armement (Carte
1 en annexe 5), en hausse
exponentielle, prouvent à l’évidence que
le monde se dirige vers un nouveau
conflit international. La recherche de
pointe sur le développement d’armes
nucléaires létales, dites à «effets
localisés et limités», et les récents
revirements de la politique américaine
en ce qui concerne le bouclier nucléaire
européen face au camp eurasien, ainsi
que la décision du président américain
de déplacer ses flottes et ses bases
militaires vers l’Asie-Pacifique
démontrent à l’entendement que le grand
capital monopoliste prépare un grand
affrontement dont un seul camp sortira
gagnant (temporairement) en termes de
domination mondiale sur les ressources,
en termes d’exploitation des forces
productives et de spoliation de la
plus-value et des profits, assurant la
reproduction élargie du mode de
production impérialiste moderne (11).
L’unique solution à la crise économique
La révolution empêchera la guerre ou la
guerre enclenchera la révolution
ouvrière. C’est-à-dire que la classe
ouvrière se résoudra à accomplir sa
mission historique qui consiste à
répudier l’ancien mode de production
impérialiste dégénéré, qui a rendu les
services qu’il pouvait, mais n’est plus
capable de surmonter ses contradictions
internes et d’assurer l’évolution du
genre humain. Les ouvriers devront le
remplacer par un nouveau mode de
production planifiée, un nouveau mode de
propriété et une nouvelle société
organisée assurant le développement dans
le respect de l’environnement.
Nous croyons sincèrement, compte tenu de
l’état déglingué des organisations du
mouvement ouvrier désorganisé dans le
monde entier, infiltré par les
contingents de petits-bourgeois tétanisé
et compte tenu du degré d’aliénation de
la classe ouvrière et des forces
populaires, suite aux multiples
trahisons réformistes, opportunistes,
gauchistes et révisionnistes que
malheureusement cette fois encore c’est
la guerre qui enclenchera la révolution
et non l’inverse (12).
Les ouvriers du monde entier et leurs
alliés employés et salariés de tout
secteur et de tous milieux devront
descendre jusqu’au fond de l’Enfer de la
guerre thermonucléaire la plus mortifère
avant de faire le tri parmi les milliers
de courants de pensée petit-bourgeois
(classe sociale dont c’est le métier de
cogité de multiples théories
alambiquées) pour extirper de ce magma
indigeste la théorie scientifique de la
révolution socialiste. Seule la guerre
révolutionnaire pourra mettre un terme
aux chapelets de guerres d’extermination
et de spoliation en mettant fin à
l’exploitation de l’homme par l’homme.
INFORMATION
http://www.robertbibeau.ca/Palestine.html
ANNEXE 1
L’ÉTAT-PROVIDENCE
L’État-providence, après
avoir soutenu le développement de
l’économie capitaliste dans chacun des
pays impérialiste d’Occident a survécu
pour un temps à la concurrence
inter-impérialiste entre le bloc
Atlantiste et le bloc social
impérialiste soviétique, puis entre le
bloc Atlantiste et le BRICS.
L’État-providence se voit aujourd’hui
assigner le rôle de canaliser la plus
grande partie des revenus de l’État
directement vers les goussets des
milliardaires, des boursicoteurs et du
capital monopoliste financier afin de
tenter d’enrayer la baisse tendancielle
du taux de profit moyen, performance
pourtant impossible à réaliser.
Par des mesures politiques et
financières dites «néolibérales» l’État
des riches impérialistes favorise
le développement de sa section nationale
de la grande famille des capitalistes
internationaux et cet État ne veut ni ne
peut être utilisé pour arraisonner les
capitalistes monopolistes financiers qui
le dirige, le finance et le commande.
L’État national bourgeois des riches, au
Canada, en France, aux États-Unis ou en
Chine ne peut pas favoriser les ouvriers
et le peuple des nations paupérisées
sans s’attirer des mesures de rétorsion
des organismes para-nationaux de la
gouvernance impérialiste mondiale. La
stratégie des luttes «électoralistes»
pour la conquête des parlements et des
exécutifs des gouvernements a échoué,
comme il était facile de l’imaginer.
L’État bourgeois ne pourra jamais
devenir un État populaire du peuple
citoyen et il restera jusqu’à sa fin
l’État des banquiers. L’étape de la
lutte de classes dite «nationale» est
révolue – voici venu le temps de la
lutte de classe internationale contre
l’État des riches impérialistes
mondialisés et globalisés.
ANNEXE 2
L’OCCIDENT IMPÉRIALISTE MODERNE
L’Occident impérialiste moderne sur le
plan économique, politique et
idéologique se compose des États-Unis
d’Amérique, du Canada, de l’Australie
et de la Nouvelle-Zélande, du
Japon, de l’Allemagne et de
l’Autriche, du Royaume-Uni
et de l’Irlande, de la France,
la Belgique, le Luxembourg,
les Pays-Bas, l’Italie, l’Espagne,
le Portugal, la Grèce, la
Suisse et les pays scandinaves
Suède, Norvège, Danemark,
Islande et enfin Israël
(pour Israël, voir l’encadré ici-bas).
En 2013, ces 23 pays (sur 203)
rassemblent 921 millions d’habitants (14
% de l’effectif mondial) ; regroupent
716 des 1 455 milliardaires que comptent
l’humanité ; cumulent 237 des 300 plus
grands corporations monopolistes
mondiales ; totalisant 41 645
milliards de dollars de PIB (58% du
total mondial en 2012). Ces 23 pays ont
effectué 1080 milliards de dollars de
dépense militaire (65% du total mondial
en 2010). Leur revenu annuel moyen
se situe entre 23 000 $ et 115 000 $
avec une médiane à 52 000 $ par habitant
(13). A contrario, 1,3 milliards
d’individus dans le monde vivent sous le
seuil d’extrême pauvreté (moins de 2$
par jour ou 730$ par année) (14).
ANNEXE 3
ISRAËL PUISSANCE IMPÉRIALISTE
OCCIDENTALE AU PROCHE-ORIENT
L’État israélien est né en 1948 en tant
que néo-colonie militaire d’occupation
de l’impérialisme britannique au Proche
Orient. Israël a alors bénéficié de
l’appui de l’impérialisme français et de
la tolérance complaisante des États-Unis
et de l’Union Soviétique. L’État
sioniste après avoir tué, emprisonné,
expulsé et ghettoïsé le peuple
palestinien sur ses terres expropriées a
ensuite conquis son autonomie
économique, financière et militaire si
bien qu’en 1967, suite à la guerre
d’agression éclair dites des Six
Jours, contre les gouvernements
arabes environnants, s’est placé sous le
parapluie nucléaire de l’impérialisme
étatsunien devenu hégémonique. Par la
suite, bénéficiant de la complicité de
la France et des américains, l’État
sioniste est lui-même devenu une
puissance nucléaire illégale et
illégitime. Aujourd’hui, l’impérialisme
israélien est totalement imbriqué à
l’économie industrielle, scientifique,
commerciale et financière occidentale
dont il constitue une extension
économique et militaire au
Proche-Orient.
Pendant plusieurs années les analystes
occidentaux disaient de l’État israélien
qu’il constituait le «gendarme»
de l’impérialisme américain au
Proche-Orient. Depuis le retrait des
militaires israéliens du Liban
(1980-2000) et la défaite de l’armée
israélienne face au Hezbollah
libanais, il devient de plus en plus
évident que les Forces de Défense
d’Israël (FDI) ne font plus le poids et
ne peuvent constituer la gendarmerie
américaine dans cette région du monde ou
le rêve étatsunien (Georges Bush) d’un
Grand Israël dans un Moyen-Orient
remodelé a fait long feu. Le déclin
mondial de l’impérialisme américain
force aujourd’hui l’impérialisme
israélien à diversifier ses alliances et
à renforcer ses liens économiques,
financiers, industriel et scientifiques
avec de nombreux partenaires
impérialistes. C’est la raison
pour laquelle depuis quelques années
l’armée israélienne vend des secrets
militaires et scientifiques étatsuniens
à la Russie et à la Chine le plus
sérieux prétendant au titre hégémonique.
C’est la raison pour laquelle le
président français François Hollande et
le premier ministre canadien Stephen
Harper déambulent à la Knesset afin de
s’offrir comme coopérant en lieu et
place de l’impérialisme américain qui
déploie ses flottes et ses bases
militaires en direction de
l’Asie-Pacifique la futur zone
névralgique de l’équilibre de la terreur
impérialiste mondiale. L’amitié
«éternelle» entre les deux comparses –
le monstre impérialiste étatsunien
et L’état voyou et génocidaire israélien
– aura duré une cinquantaine d’années.
ANNEXE 4
Graphique 1
La masse salariale dans le PIB des
États-Unis
Source :
http://centpapiers.com/dix-graphiques-incroyables-qui-demontrent-la-lente-agonie-du-travailleur-americain/
ANNEXE 5
Carte 1
Exportation-importation d’armements –
les pays plus importants (2006-2010)
Pour information
http://www.robertbibeau.ca/Palestine.html
(1)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Accords_de_Bretton_Woods
(2)
http://www.legrandsoir.info/du-printemps-occidental-mai-68-au-printemps-devoye-mai-2008.html
et
http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/mai-2008-le-printemps-devoye-2e-127408
(3)
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tat-providence
(4)
http://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9olib%C3%A9ralisme
(5)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Hydro-Qu%C3%A9bec
(6)
http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/392538/la-menace-d-alcoa-est-elle-serieuse
(7)
http://www.oulala.info/2013/11/le-fonctionnement-du-mode-de-production-capitaliste-2/
(8)
Susceptible d'exister mais qui reste
sans effet dans le présent, synonyme de
potentiel. Dictionnaire Larousse.
(9)
http://www.mondialisation.ca/usa-10-chiffres-qui-disent-tout/5310915
(10) Jacques
Attali, conseiller du président
«socialiste» François Mitterrand, et
grand poncif du capitalisme «humaniste»
propose d’euthanasier tous les habitants
invalides et improductifs qui dépassent
l’âge de la retraite. Le parangon du
«social-fascisme» déclarait ce qui suit
: « Dès qu’il dépasse 60-65 ans l’homme
vit plus longtemps qu’il ne produit et
il coûte cher à la société. La
vieillesse est actuellement un marché,
mais il n’est pas solvable. Je suis pour
ma part en tant que socialiste contre
l’allongement de la vie. L’euthanasie
sera un des instruments essentiels de
nos sociétés futures.» Sans honte la
grande bourgeoisie nous annonce le sort
qu’elle réserve aux ex-ouvriers et aux
salariés retraités. Tout ceci étant
présenté sous la forme hypocrite d’aider
le patient à mourir dans la dignité.
http://www.bvoltaire.fr/pierremylestin/les-prophetes-sont-parmi-nous-et-attali-est-le-plus-grand,46072
(11) L’Europe veut
des drones américains.
21.05.2013.
http://www.oulala.info/2013/05/leurope-fait-pression-sur-les-etats-unis-pour-partager-les-drones-pas-pour-les-supprimer/
Nouvelles bombes nucléaires étasuniennes
en Europe pour les F-35. 24.04.2013.
http://www.mondialisation.ca/nouvelles-bombes-nucleaires-etasuniennes-en-europe-pour-les-f-35/5332695
(12) Le
Pentagone dit au Sénat américain que les
guerres vont continuer pour des années.
25.05.2013.
http://www.legrandsoir.info/le-pentagone-dit-au-senat-americain-que-les-guerres-vont-continuer-durant-des-dizaines-d-annees.html
(13)
http://www.statistiques-mondiales.com/population_par_pays.htm
et
http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_pays_par_PIB_(nominal)_par_habitant
et http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_pays_par_d%C3%A9penses_militaires
et
http://www.forbes.com/global2000/#page:30_sort:0_direction:asc_search:_filter:All%20industries_filter:All%20countries_filter:All%20states
(14)
http://www.inegalites.fr/spip.php?article381
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