Opinion
Combattre l'État capitaliste ou
défendre l'État «démocratique» ?
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Mercredi 21 janvier 2015
L’histoire se répète
La petite
bourgeoisie, les bobos, les militants
d’ONG accrédités, les bureaucrates
syndicaux biens payés, la go-gauche
agitée, tout ce que la société civile
(sic) compte d’esprits critiques (sic)
s’émeut à tout vent par ces temps
d’orage social. L’histoire se répète.
Dans les années trente du siècle
précédent, quand l’immense tempête de la
Grande dépression s’abattit sur la
classe ouvrière, sur les travailleurs
paupérisés, la grande bourgeoisie
commanda l’écrasement des masses
de récalcitrants qui descendaient des
collines, remontaient des mines,
quittaient les champs desséchés et
occupaient les usines délabrées. Par
millions, les prolétaires d’Occident
marchaient pour opposer la classe
bourgeoise et lui faire rendre gorge.
La go-gauche
bourgeoise de l’époque n’a rien trouvé
de mieux que d’orienter cette marée
d’ouvriers, cette volonté de
bouleversement révolutionnaire et de
renversement du capitalisme vers la
défense de la
dictature démocratique bourgeoise.
Rassemblée en
Fronts populaires, en
Fronts sociaux, en
Fronts unis, la bourgeoise a
détourné et désarmé la révolte
populaire. Jusqu’au
jour où la grande bourgeoisie en émoi a
sonné le glas des Fronts et envoyé tout
le
monde au front – 50 millions n’en sont
jamais revenus. Et le monde
capitaliste recommença comme avant, sous
la botte militaire des milliardaires et
de l’impérialisme.
Aujourd’hui, que la
crise systémique de l’impérialisme
s’intensifie, ils recommencent à grever,
à occuper, à manifester les millions
d’ouvriers, le sel de a terre, les
travailleurs de la plaine desséchée, des
collines déboisées, de la mer vidée, des
usines en ruine – délocalisées ou
fermées – et des cités délabrées et
paupérisées.
Les migrants de la faim, par millions,
fuient les camps de réfugiés
déshérités, les champs de guerre
où l’on ne peut même plus labouré, les
villes où l’on ne peut même plus
habitées, au Sud et à L’Est où
l’impérialisme occidental sème la mort
de ses camions militaires, à l’ombre des
drones mortifères et de leurs
bombardements sanglants.
Et voici qu’en
Occident, où viennent s’abriter les
réfugiés déshérités; où les ouvriers
manifestent; l’État bourgeois jouant les
innocents, montre les dents – sort
l’armement – les tirailleurs policiers
bardés d’acier s’encanaillent avec les
bourgeois gauchisants sous prétexte de
défendre la
liberté de pensée,
la liberté de la presse, et
l’effet Pygmalion sur la légion des
perroquets journalistiques des médias à
la solde. Pas si crétin pour autant
les plumitifs du quotidien – ils se
rendent bien compte que plus les
polichinelles politiciens crient à la «
liberté d’expression »,
plus ils la restreignent drastiquement
par des «Patriotes
Actes» et moult lois fascistes
indiquant la droite expression qui sera
le lot des donneurs d’opinion.
La gauche se bat pour préserver l’État
bourgeois
Fidèle à sa mission
de liquidation du mouvement des
résistants ouvriers – la go-gauche se
lève pour désigner l’ennemi à contrer.
Encore une fois – comme en 1930 –, ce
n’est pas la classe monopoliste dépravée
et son système économique chétif, ni
l’État capitaliste qu’il faudrait
déboulonner, mais les lois et
autres malversations de la «
démocratie totalitaire » que
l’on devrait dénoncer futilement –
sachant bien que malgré tout ce fatras,
rien ne changera. Les gauchistes
monnayent leur adhésion démocratique
bourgeoise et leurs manifestations
citoyennes-républicaines contre l’autre
intégrisme, apportent ainsi leur appui
aux menées fascistes de l’État
policier-raciste. Trois textes
permettent de démasquer la trahison des
clercs visant à détourner la colère
ouvrière contre l’État bourgeois, quelle
que soit sa façade de mascarade
(démocratique, providence, humanitaire,
totalitaire, militaire, fasciste,
policier, etc.)
The
Financial Times
lance un appel dramatique
Les énarques de
l’économie de marché et le
Financial Times appellent à
édifier
l’État corporatiste-fasciste –
appelé singulièrement «l’État
providence», mais pour les
riches exclusivement. Les éditorialistes
du quotidien londonien ont
commencé à expliquer à leurs
commettants que si hier il fallait
prêcher le libre-échange,
l’économie de marché et le non
interventionnisme étatique dans le
but de détruire
l’État-providence – pour les
pauvres et pour les ouvriers –,
désormais, il fallait prêcher le
renforcement de l’État providence – pour
les banquiers et pour les capitalistes
du monde entier (1). L’État souhaité par
le
Financial Times s’appelle
l’État corporatiste policier.
Corporatiste, afin que l’État
défende les intérêts des corporations et
chante les louanges des entreprises
privés créatrices d’emplois (sic) à
l’unisson avec les syndicats. Chacun sa
place dans l’État corporatiste et tous
aux services des capitalistes en tête de
liste.
Policier, car la plupart du temps
les ouvriers spoliés et expropriés
tentent de regimber et de batailler pour
défendre leurs conditions de vie et de
travail – ce que les policiers de l’État
sont chargés de réprimer afin de
promouvoir l’intérêt supérieur de la
nation (sic). Chacun doit faire sa part
sous le mode de production capitaliste
et celle des travailleurs est de
produire la richesse, celle des
capitalistes est de l'accumuler.
Le deuxième article
exhibe l’insolence des capitalistes qui
à l’instant où ils multiplient les
oraisons pour la défense de la liberté
d’expression – promulguent un
tas de lois fascistes dites «
liberticides » (sic) par la
gauche bourgeoise. Depuis 1980, l’État
capitaliste français a adopté une
vingtaine de lois « antiterroristes ».
Depuis une semaine (11.01.2015) « Au
moins 70 procédures judiciaires ont été
initiées dans le cadre de la nouvelle
loi sur « l’apologie du terrorisme », et
les premières condamnations, presque
systématiquement à de la prison ferme,
ont commencé à tomber ».
Faire l’apologie du terrorisme en
France c’est d’affirmer
« Je ne suis pas Charlie », ou de
crier « Vive la kalachnikov » (2).
Le troisième
article s’indigne qu’en Espagne « Le
gouvernement de Mario Rajoy avec son
nouveau projet législatif de "Sécurité
citoyenne", ait pour intention d'en
finir avec les manifestations et les
contestations qu'il considère comme
dangereuses». « [Un projet de loi]
contenant 55 articles punissant les
manifestants d'amendes allant de 100 à
600 0000 euros. Ainsi, cette loi
sanctionnera toutes manifestations non
déclarées en rue et sur les réseaux
sociaux: "se rassembler en tant que
groupe sur Internet, autour d’une
opinion, sera sanctionnée de 30 000
euros." Ce n'est pas tout,
déshonorer le drapeau espagnol, utiliser
des pancartes critiquant la nation
espagnole, réaliser un dessin satirique
prenant pour sujet un politicien, filmer
ou photographier un policier en
service sera formellement interdit et
accompagné d'une amende de 30 000 euros
» (3).
L’opposition de la gauche ouvrière
L’État
démocratique totalitaire est
une chimère. L’État
démocratique libéral est une
mystification. Nul ouvrier ne devrait se
battre pour conserver ce
Janus étatique bourgeois. Ce
n’est pas de mieux vivre sous le joug
capitaliste, ni de survivre sous
l’assujettissement impérialiste,
complaisant ou mortifiant, que nous
souhaitons
pour les prochaines générations.
C’est de vivre libéré de l’exploitation,
loin des misères de la guerre, sans
maîtres, ni César, ni tribun, que nous
voulons. Leur mode de production
impérialiste est en faillite et les
bourgeois voudraient que nous nous
entretuions pour décider quels
camps impérialistes nous décimeront.
Prolétaires du monde entier,
unissez-vous!
(1)
http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/le-financial-times-appelle-a-109748
(2)
http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/les-tribunaux-se-dechainent/
(3)
http://www.rtbf.be/info/societe/detail_espagne-totalitaire-la-lettre-qui-brise-le-silence?id=8786648
(4)
L’État capitaliste selon la conception
marxiste
http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/a-paris-un-camp-a-pris-sa-mesure/
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