Les 7 du Québec
La 4e Guerre mondiale est en
marche !
Robert Bibeau

Mercredi 20 mai 2020
La voie difficile
La Fed
propose un chemin difficile pour le
futur des États-Unis. La Réserve
fédérale a laissé les taux inchangés à
près de zéro pour cent lors de sa
réunion d’avril (2020) et a laissé
entendre qu’elle ne les augmenterait pas
de sitôt, car pandémie et confinement
font payer un lourd tribut aux
États-Unis. Pourtant, la Fed sait bien
qu’isolationnisme, confinement
totalitaire et quarantaine drastique
n’apporteront jamais la reprise
économique.
Les
responsables de la Réserve fédérale ont
laissé entendre qu’ils n’anticipaient
pas un rebond rapide de l’économie ni
une reprise en « V » que le président
Trump semble espérer. Ce sera au mieux
une reprise en « U » après une phase de
dépression sévère, et au pire, cette
crise, amorcée en 2008, suivie d’une
guerre financière, puis d’une guerre
commerciale, prolongée d’une guerre
virologique, débouchera sur une guerre
mondiale…à laquelle les ploutocrates se
préparent fébrilement. Pendant que les
riches mènent ces préparatifs de guerre
totale, les marionnettes politiques ont
pour tâche de distraire madame
«ToutLemonde» à débattre de
l’approvisionnement en masques, en test,
en gel hydroalcoolique, et occupe
monsieur «péquenot» à déblatérer des
vacances d’été dans son quartier
socialement distancié (sic).
Jerome
H. Powell, le
président de la Réserve fédérale, a
adopté un ton inquiet lors de sa
première conférence de presse régulière
depuis que le confinement suicidaire a
paralysé l’économie américaine et
mondiale, qualifiant de «déchirantes»
(sic) les pertes de dizaines de millions
d’emplois prédisant un long chemin pour
relancer l’économie mondiale
catastrophée. M. Powell, qui a présidé
la plus longue phase d’expansion
économique jamais enregistrée dans
l’histoire des USA, a vu s’effondrer, le
marché du travail le plus fort depuis
des générations. Aux États-Unis
seulement, ce sont plus de 33 millions
de travailleurs qui ont perdu leur
emploi alors que le confinement et les
fermetures d’entreprises ont fait
disparaître le carburant d’une économie
américaine axée sur la consommation dans
la répartition internationale des tâches
du cycle de valorisation mondial du
capital.
Ainsi, le
secteur tertiaire des services (services
personnels aux consommateurs, soins de
santé, éducation, commerce de détail et
de gros, services financiers, tourisme,
transports, médias, culture, etc.)
représente 80% du PIB aux États-Unis,
et c’est aussi là que l’on retrouve 80
pour cent des emplois (1).
https://les7duquebec.net/archives/255030
Vous
comprenez pourquoi des milliers de ces
nouveaux chômeurs, sans prestation
sociale, après avoir fait la queue au
comptoir alimentaire du quartier se
mobilisent ces jours-ci, non pas contre
la mort improbable par contagion virale,
mais contre la mort probable par
inanition chômage. Après tout, 6 mois de
pandémie n’ont provoqué que 4,7 millions
de malades et 315000 décès, alors que 4
mois de confinement meurtrier ont déjà
provoqué des centaines de millions de
chômeurs et des centaines de millions
d’affamés dans le monde entier, ce qui
fait mieux comprendre l’interdépendance
des économies nationales mondialisées.
Powell a tiré
la sonnette d’alarme en indiquant que la
reprise économique pourrait être lente
et hésitante et que les efforts déployés
pour contenir la bombe virale des
dommages collatérales pourraient être
particulièrement douloureux pour les
plus vulnérables, préparant ainsi les
esprits à la prochaine phase de cette
guerre mondiale qui ne dit pas son nom :
«Nous avons entendu des communautés
minoritaires et à revenus faibles nous
dire que c’était le meilleur marché du
travail qu’ils avaient vu de leur vie»,
a déclaré le poncif. «Il est
déchirant, de voir que tout cela est
menacé. Il est d’autant plus nécessaire
que notre réponse soit urgente, et aussi
celle du Congrès américain».
L’oligarque bancaire appelait ainsi sa
classe à serrer les rangs dans l’assaut
qui l’attend contre ses concurrents.
Résumons
cette étape dramatique de l’évolution de
ce mode de production mondialisé et
décadent. Depuis l’an 2000 environ, la
production industrielle et commerciale à
grande échelle de la Chine, de l’Inde et
de l’Europe a atteint un degré où elle
ne peut plus être contenue et absorbée
dans le système mondial dominé par les
États-Unis déclinants. Les barrières
tarifaires nationales – même réduites –
les marchés financiers normés – les
alliances commerciales continentales et
leurs restrictions – le dollar bancal
hégémonique – sont autant de barrières à
la valorisation et à l’accumulation du
capital mondial. Comme toujours dans ce
cas, le capital le plus contraint dans
son expansion cherche une ouverture par
la guerre. Nous appréhendions une guerre
nucléaire et voici qu’une guerre
virologique confronte le monde tétanisé…
et ça ne fait que commencer. Seul le
prolétariat pourra nous sortir de cette
galère d’enfer (2)
https://les7duquebec.net/archives/255059
Powell a
promis que la Fed pousserait ses
pouvoirs à leur limite pour affronter la
guerre biologique, en maintenant des
taux d’intérêt très bas et en canalisant
le crédit vers les marchés «cruciaux»,
en déployant un gigantesque programme
d’achat d’obligations (bidons) pour
apaiser les marchés en difficulté et en
mettant en place une série de programmes
de prêts d’urgence pour maintenir le
flux de crédit (et de la consommation)
aux entreprises et aux ménages
paupérisés. Mais il a également précisé
que les décideurs politiques doivent
faire leur part pour éviter que les
ménages et les entreprises ne soient
trop menacés, et il a souligné à
plusieurs reprises que les enjeux
étaient élevés, notamment pour le marché
de l’emploi (sic), signifiant ainsi d’où
viendrait la menace interne dans cette
guerre mondiale externe. Le prolétariat
américain acceptera-t-il d’assumer le
fardeau de cette quatrième guerre
mondiale ? Rien n’est moins certain et
il faudra plus que des masques pour
calmer ces enragés, pas malades mais
affamés .
Powell a
souligné que la banque centrale ne
pouvait pas contrer complètement la
crise actuelle qui s’envenime plus
rapidement que le Covid-19
ne se répand : «La baisse des taux
d’intérêt ne peut pas arrêter la forte
baisse de l’activité économique causée
par les fermetures d’entreprises et
autres formes de confinement social »
(sic), a déclaré M. Powell. Le banquier
a ajouté que la Fed «fait partie de
la réponse», mais «il se pourrait
bien que l’économie ait besoin de
plus de soutien de notre part à tous»…
entendre ici que d’autres sacrifices
seront requis de la petite et de la
moyenne bourgeoisie ainsi que du
prolétariat.
Il a souligné
la nécessité de politiques fiscales qui
protègent les entreprises et les ménages
contre «l’insolvabilité»
et le défaut de remboursement des dettes
colossales irrécupérables. En fait, ce
sont les banques et les boursicoteurs
que Powell souhaite protéger. Le talon
d’Achille des économies capitalistes est
le niveau historiquement élevé
d’endettement par rapport au produit
intérieur brut (PIB).
Voici un
aperçu des niveaux
d’endettement aux États-Unis:
1- La dette
totale des entreprises aux
États-Unis (dette des sociétés non
financières des grandes entreprises,
dette des petites et moyennes
entreprises, entreprises familiales et
autres dettes commerciales) était de
15,5 billions de dollars, soit 72% du
PIB américain.
2- La dette
totale des consommateurs américains
(cartes de crédit, prêts automobiles,
prêts étudiants, hypothèques
immobilières et autres dettes des
ménages) était de 13,95 billions de
dollars ou 65,2% du PIB.
3- La dette
totale du gouvernement américain (dette
non remboursée du gouvernement fédéral)
était de 22,7 billions de dollars
ou 106,1% du PIB.
En somme, le
niveau d’endettement total des
États-Unis, excluant le secteur
financier, égalait l’an dernier
environ 52,000 milliards de dollars,
soit 243% du PIB pour une économie qui
produit environ 22,000 milliards de
dollars par an de biens et de services.
C’est comme si un cavalier pesant 250
kilos chevauchait un poney comme
plaisantait le professeur Rodrigue
Tremblay. (1)
https://les7duquebec.net/archives/255030
Avec
un déficit budgétaire fortement en
hausse à hauteur de 3700 milliards de
dollars en 2020-21, et un autre déficit
d’environ 2000 milliards de dollars en
2021-22, la dette
totale du gouvernement
américain, à lui seul, pourrait
facilement grimper à 27700 milliards de
dollars. Hormis une menace
inflationniste imminente, les
gouvernements peuvent faire appel à la
banque centrale pour que cette dernière
fasse gonfler la masse de monnaie
fiduciaire en monétisant les dettes
gouvernementales, ce qui ne pourra que
miner encore davantage la confiance
envers le dollar dépité, devise de moins
en moins appréciée des boursicoteurs
internationaux. Les
entreprises privées et les consommateurs
surendettés n’ont guère ce luxe de
«socialiser» leurs dettes sur le dos des
contribuables confinés. Ces derniers
n’auront d’autre choix que celui de
faire défaut sur leurs dettes et de
réduire considérablement leurs dépenses.
(1)
https://les7duquebec.net/archives/255030
L’annonce de
la Fed est intervenue quelques heures
seulement après qu’un rapport du
gouvernement ait montré que l’économie
s’était contractée à un taux annualisé
de 4,8% au premier trimestre. Bien que
ce soit le pire résultat depuis 2008 et
qu’il mette fin à une phase d’expansion,
il a probablement à peine effleuré la
surface des dommages causés par le
confinement. La contraction
devrait être encore plus prononcée au
cours du prochain trimestre. M. Powell a
déclaré que les données économiques du
deuxième trimestre seraient « pires »
que tout ce qui a été vu précédemment,
qu’il pourrait falloir du temps aux
consommateurs que l’on a terrorisés
depuis des mois pour se sentir à nouveau
à l’aise pour dépenser, et que les
entreprises et les travailleurs
pourraient avoir besoin d’une aide
financière supplémentaire. Pourtant,
selon certaines évaluations, les
gouvernements du monde entier comptent
injecter quelque 8
000 milliards de dollars en mesures
fiscales, à l’exclusion des sommes
avancées par les banques centrales, pour
empêcher un effondrement de leur
économie. (1)
https://les7duquebec.net/archives/255030
Le Congrès a
remis au département du Trésor 454
milliards de dollars pour soutenir les
programmes de prêts d’urgence de la Fed,
qui peuvent aider les entreprises, les
États et les villes à accéder au crédit.
Moins de la moitié de ce financement a
été affecté et tous les programmes
annoncés par la Fed ne sont pas encore
en place. Le secrétaire au Trésor Steven
Mnuchin, qui doit approuver les
programmes, a indiqué qu’il n’est pas
disposé à prendre des risques qui
entraînent des pertes importantes. «Je
pense qu’il est assez clair que si le
Congrès avait voulu que je perde tout
l’argent, cet argent aurait été conçu
comme des subventions et des aides
plutôt que comme un soutien au crédit»,
a déclaré M. Mnuchin aux journalistes
récemment.
Pour sa part,
M. Powell a suggéré que les deux
programmes d’obligations d’entreprises
de la Fed commenceraient bientôt à
acheter des dettes, et que la Fed
présenterait des plans révisés pour son
programme pour les entreprises de taille
moyenne, qui est censé aider les
entreprises qui sont trop grandes pour
des prêts de petites entreprises
remboursables, mais trop petites pour
accéder facilement aux marchés
boursiers. Mais la banque centrale ne
peut pas accorder de subventions, et
même ses pouvoirs de prêt sont limités à
des emprunteurs en assez bonne santé
(sic). Tout ceci signifie que les
banques ne prêtent pas aux «petits
capitalistes» et que l’État n’a pas de
sous pour ces gens-là. Les économistes
gauchistes comprennent-ils enfin la
mécanique par laquelle la moyenne
bourgeoisie d’affaires et la petite
bourgeoisie du commerce et des services
seront inexorablement poussées par les
lois du système capitaliste vers la
révolte insurrectionnelle? La BCE
européenne emprunte le même sentier de
faillite assurée. (3)
https://les7duquebec.net/archives/255084
Pour le
prolétariat le processus sera différent.
De la
contraction des marchés, dont le
confinement meurtrier a donné un
avant-goût, il résulte une baisse des
bénéfices et un déclin de la demande de
main-d’œuvre. À son tour, la hausse du
taux de chômage fait chuter les
salaires, et c’est alors qu’une
dangereuse spirale de baisse des prix et
des salaires peut se mettre en marche
entraînant un effondrement de la
demande, d’où l’anémie des marchés et
des profits et la grande dépression. (1)
https://les7duquebec.net/archives/255030
C’est ainsi
que madame «Toutlemeonde» comprend enfin
que sous le mode de production
capitaliste on ne peut sacrifier le
profit pour avantager la vie et les
services de santé au prix des services
financiers. Ce qui sauve des vies ce
n’est pas de se masquer dans le Métro,
mais de démasquer les lois du profit et
de les abolir.
Le
confinement totalitaire offre aux
prolétaires l’opportunité de prendre
leurs marques face à l’État fétiche le
bras armé des riches. Il faut cesser de
quémander à l’État capitaliste. Il faut
le déconstruire et ainsi désarmer les
ploutocrates, supprimer leurs
assignations et abolir leurs fonctions.
Après ceci, tout un monde sera à
construire, non pas un pseudo Nouvel
ordre mondial fondé sur les lois du
capital… mais un Nouveau Monde sans
capital
https://les7duquebec.net/archives/254316
Reçu de Robert Bibeau pour
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