Opinion
La guerre de Syrie un tournant
historique...
Pour qui ?
Robert Bibeau

© Robert
Bibeau
Mercredi 20 avril 2016
http://www.les7duquebec.com/...
LA GUERRE DE SYRIE
UN TOURNANT HISTORIQUE… POUR QUI ?
Sous l’impérialisme
déclinant, stade ultime du mode de
production capitaliste hégémonique, tous
les conflits sont des guerres
interimpérialistes, ce qui inclut les
guerres soi-disant « civiles », les
guerres régionales, ainsi que les
escarmouches contre le terrorisme
international que les médias à la solde
présentent comme des guerres
particulières, menées par des exaltés,
des islamistes hystériques et sans
logique, et autres facéties
rocambolesques. Les mercenaires
terroristes sont pour la majorité de
jeunes désœuvrés gageant leur solde ou
perpétrant des vols pour payer les
factures de leur famille étendue. Sans
le soutien tactique (pétrole,
électricité, denrées, transport),
économique, financier (solde des
combattants, échanges et transferts de
monnaies), militaire (armes, munitions,
pièces de rechange, renseignement,
entrainement), une entité comme
L’État islamique (DAESH)
ne pourrait survivre. Si DAESH,
et si les camps d’entrainement
djihadistes (en Turquie et en Jordanie),
survivent et prolifères en Orient et en
Afrique c’est que des puissances
impérialistes terroristes, et leurs
affidés, soutiennent ces structures en
tant que pions sur l’échiquier de leurs
guerres internationales. N’en déplaise
aux intellectuels stipendiés qui
voudraient y voir une « entité
révolutionnaire postmoderne » (sic),
DAESH-EI est un « joker » de
l’impérialisme Atlantique que
l’impérialisme iranien et ses alliés
détruiront (1).
DAESH-État
Islamique trouve son origine
dans la guerre lancée par l’Alliance
Atlantique (l’alliance impérialiste
dominante) contre la bourgeoisie
syrienne délinquante, inféodée à
l’alliance russo-chinoise concurrente.
La guerre de Syrie est la
cinquième guerre après celle du
Liban, celle d’Afghanistan,
celle d’Irak et celle de
Libye que l’Alliance
Atlantique perd parce que les
bourgeoisies nationalistes régionales
sont parvenues à mobiliser les
populations locales, comme chair à
canon, pour résister à leur
asservissement total, ce que les autres
bourgeoisies régionales ont préféré
éviter, pour le moment (Arabie saoudite,
Turquie, Égypte, Jordanie, Qatar, Oman,
Koweït, etc.), mais il pourrait en être
autrement d’ici quelque temps (2).
Avant 2001, les
États-Unis, leader de l’Alliance
Atlantique et de son bras armé l’OTAN,
dominaient totalement le paysage
politique, diplomatique, idéologique,
culturel et militaire mondial.
Cependant, cette superpuissance avait
déjà amorcé son déclin économique. Qui
pense déchéance économique pense
également déchéance politique,
diplomatique, idéologique et militaire à
moyen terme. Depuis 2001, sur le front
militaire de la guerre interimpérialiste,
le vent a tourné. Les États-Unis
et leurs alliés ont pu bombarder ou
détruire économiquement le Liban,
l’Afghanistan, l’Irak,
la Libye et la Syrie,
mais ils n’ont pas su imposer la « pax
americana » sur ces territoires où leurs
troupes et leurs collabos locaux sont
traqués, exécutés, ou mis hors-jeu. Le
Président-maire de Kaboul,
assigné à résidence par les talibans, où
ils ont commencé à le traquer, en est
l’illustration probante. Oubliez cette
fadaise à propos de la « stratégie
du chaos et du complot »
imaginée par les petits bourgeois
occidentaux ne comprenant rien à
l’économie politique mondiale. La
bourgeoisie se résigne à la guerre quand
elle croit qu’il n’y a pas d’autres
moyens d’imposer sa loi et de défendre
ses intérêts économiques. Comme les
capitalistes chinois le professent,
c’est par la paix que l’on empoche la
paie… et le maximum de profits.
Au Liban,
le pays s’est stabilisé en zones
d’influence représentant la force
économique, politique et militaire
approximative de chacune des factions de
la bourgeoisie belligérante. En
Irak, le pays a été scinder en
trois « royaumes combattants » : le
Kurdistan sous influence
israélienne (le porte-avion
insubmersible de l’Amérique dans la
région) et occidentale ; la zone sunnite
sous influence de DAESH-EI ;
et la région Chiite sous « protectorat »
iranien. Ici aussi, les États-Unis ont
dû se retirer, disqualifier, et donner
la main à des hobereaux locaux en perte
de vitesse. En Libye, ce
n’est guère mieux, les factions de la
bourgeoisie locale s’entredéchirent pour
le contrôle du pétrole allant jusqu’à
mettre en péril les exportations vers
l’Europe qui a pourtant grand besoin de
ces approvisionnements. En Syrie,
où s’étire le cinquième round de leur
dégeler militaire, les résultats sont
encore plus catastrophiques. Si en
Afghanistan, en Irak
et en Libye les
terroristes américains et leurs alliés
de l’OTAN sont parvenus à assassiner les
têtes d’affiche des bourgeoisies locales
(Omar, Ben Laden, Saddam, Kadhafi), en
Syrie en revanche, ils ne sont même pas
parvenus à déboulonner Bachar al-Assad
dont ils ont fait un héros de la
résistance nationaliste antiimpérialiste,
mutant un simple bourrin en héros de la
résistance arabe contre l’oppression
néocoloniale occidentale. Et voici que
l’impérialisme « émergent »
russo-chinois-iranien se présente comme
une alternative crédible à
l’impérialisme occidental et étatsunien
en déclin. Nous pouvons déjà prédire que
la guerre du Yémen, où le
Royaume des Saoud s’empêtre, sera la
sixième défaite de l’Alliance Atlantique
aux mains des bourgeoisies nationalistes
moyen-orientales se servant des
populations locales comme chair à canon
de leurs ambitions.
La petite
bourgeoise – particulièrement celle de
gauche en voie de paupérisation – a un
rôle singulier à jouer dans la
dramatique syrienne homérique qui
perdure depuis cinq ans. Cette guerre a
provoqué 400 000 morts et des millions
de déplacés qui encombrent les routes de
la désespérance européenne, le refuge
des déplacés. Malgré les menées
destructrices des bourgeoisies
saoudienne et turque (vassaux de
l’impérialisme Atlantique) et des
mercenaires pseudo djihadistes le
pouvoir bourgeois syrien s’est maintenu,
ne cédant même pas sur la répudiation de
leur Président, Bachar al-Assad,
le plébisciter. La défaite des
puissances impérialistes occidentales
est totale et la victoire des puissances
impérialistes « émergentes » est presque
complète. Ne reste plus qu’à entériner
cette réalité à Genève. « L’Opposition
syrienne » (sic) défaite et
l’impérialisme français auront beau
s’agiter, dénoncer, s’enrager, la partie
est jouée, Bachar partira
quand la bourgeoisie syrienne en aura
décidé avec la complicité de ses alliés
(Iran, Hezbollah, Irak et Russie). Une
nouvelle alliance impérialiste est née
en Orient, même qu’elle s’offrira le
luxe de nettoyer la région de
DAESH-EI, cet artéfact
obscurantiste et décadent, une entité
que l’impérialisme Atlantique a créée,
soutenu et commandité, puis abandonné,
et qu’il doit aujourd’hui regarder
exterminer par ceux qui ont mis en échec
ses menées machiavéliques.
La classe
prolétarienne syrienne et la classe
prolétarienne de toute la région ne
doivent pas se réjouir de cette
victoire, elles ont changé de maitre,
mais pas de condition sociale,
économique ou politique. Désormais, la
région sera déchirée par des guerres
interfactions entre les reliquats de la
bourgeoisie commerçante, les factions
vivant de la rente et les factions
bourgeoises montantes – industrielles –
alignées sur les nouvelles puissances
impérialistes « émergentes ».
(1) Un
intellectuel universitaire spécule sur
la postmodernité de DAESH (!)
http://www.lorientlejour.com/article/981513/-letat-islamique-est-une-entite-eminemment-postmoderne-.html
(2)
Israël, base militaire avancée de
l’impérialisme Atlantique (et ses alliés
libanais) ont été défait aux mains du
Hezbollah libanais soutenu
par la Syrie et
l’Iran. Aujourd’hui, il n’est
pas surprenant que la bourgeoisie du
Hezbollah retourne l’ascenseur à la
bourgeoisie syrienne.
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