Les 7 du Québec
Les milliardaires empochent et
les prolétaires décrochent
Robert Bibeau

Mercredi 19 juillet 2017
LES MILLIARDAIRES EMPOCHENT ET LES
PROLÉTAIRES DÉCROCHENT (la crise
économique perdure)
Les emplois
implosent alors que les profits
explosent.
On s’étonne
d’apprendre que le mode de production
capitaliste est en crise systémique
depuis le krach boursier de 2007-2008.
La reprise promise se fait attendre
disent les cambistes. Pourtant, les
profits sont en hausse – à des niveaux
records – alors que le taux
d’activité de la main d’œuvre est en
baisse – à des niveaux records. Faut-il
en conclure que la reprise est réelle
pour les riches et que la disette est
concrète pour les salariés ?
Examinons quelques chiffres de France
ayant valeur d’exemples.
En deux ans, en
France, 407 usines ont fermé
(2014-2015), hécatombe qui rempile sur
la destruction de 1,4 million d’emplois
en 25 ans. En contrechamps, en 2017 les
«Resto du Coeur» ont
accueilli 926 000 personnes et distribué
136,5 millions de repas dans 2112
centres et antennes, apportant leur aide
à 30 500 nourrissons de moins de 12
mois; indice flagrant de la
paupérisation de la population. (1)
Aujourd’hui la
France compte 6 612 700 chômeurs et
travailleurs occasionnels
précarisés, auxquels il faut ajouter
4 800 000 chômeurs invisibles qui ne
sont pas comptabilisés dans les
statistiques officielles. Au total, on
dénombre plus de 11 millions de chômeurs
sur l’hexagone et autant de pauvres (11
millions). (2)
En apparence les
profits explosent !
En 2016, 55,7
milliards d’euros ont été distribués
sous forme de dividendes aux
actionnaires du CAC 40. Une somme proche
du record atteint en 2007 qui était de
l’ordre de 57,1 milliards d’euros. Un
montant important, en hausse de 32 % par
rapport à celui de 2015. Près de la
moitié des dividendes ont été versés aux
investisseurs étrangers qui détiennent
45 pour cent du CAC 40. Pour ceux qui ne
l’aurait pas compris, c’est ça
l’impérialisme économique, des
actionnaires et des capitaux qui
fusionnent et s’entrecroisent,
indifférent aux frontières nationales et
qui attestent que l’euro et l’Union
européenne sont là pour rester, ou
alors, le mode de production capitaliste
devra être terrasser. Mieux : Les
dividendes ont augmenté plus vite en
France qu’aux États-Unis ou dans le
reste de l’Europe. Ainsi en Allemagne
les «coupons» ont rapporté 6,9 %
seulement, alors qu’en France, le taux
grimpait à 11,8 % en un an. (3)
« Les grandes
entreprises françaises bénéficient d’un
contexte favorable, explique
Philippe Kubisa, un des associés du
cabinet de conseil PwC. Elles
peuvent emprunter à des taux d’intérêt
historiquement bas pour financer des
acquisitions, acheter de l’énergie à des
prix toujours limités, et sont aidées
par la faiblesse de l’euro par rapport
au dollar. » Présente partout sur
la planète, elles peuvent en
outre capter une croissance mondiale
toujours assez forte (+ 3 % à + 4 %
attendus en 2017) malgré la langueur de
l’économie nationale. Autre élément
positif : la fin de la baisse des prix
des matières premières, qui permet à des
groupes comme Michelin ou Saint-Gobain
de remonter leurs tarifs. (4)
L’impérialisme c’est tout ce qui
précède, un système d’abord économique
et politiquement idoine.
La valse des
milliardaires.
Alors que la
pauvreté s’épand, la fortune totale des
milliardaires français a bondi de 21 %
par rapport à 2016, à 245 milliards de
dollars, selon le magazine Forbes. En
tête du palmarès, Bernard Arnault, le
patron du groupe LVMH, avec ses 41,5
milliards de dollars, se hisse à la 11e
place mondiale. Il détrône Liliane
Bettencourt, l’héritière du groupe de
cosmétiques L’Oréal, qui figure à la 14e
place. Suivent Serge Dassault, le
fondateur de Kering, François Pinault et
le magnat des télécoms, Patrick Drahi.
Les cinq plus grandes banques françaises
–BNP Paribas, BPCE, Crédit Agricole,
Crédit Mutuel SIC et Société Générale– «ont
déclaré 5,5 milliards d’euros de
bénéfices dans les paradis fiscaux».
Quatre d’entre elles sont notamment
présentes aux Iles Caïmans, où elles ont
réalisé «174 millions d’euros de
bénéfices bien qu’elles n’y emploient
personne» (!) Où sont les réformes
fiscales et l’efficacité de la guerre
aux paradis fiscaux tant réclamés par
Attac et les bobos
réformistes ? (5)
La concentration du
capital financier – les pôles financiers
sous l’impérialisme.
Les USA restent
largement en tête de la capitalisation
financière avec 25 935 Milliards de
Dollars (NYSE + Nasdaq, Nov. 2015). La
Chine arrive en second, avec 11 050 MD
(Shanghai + Shenzhen + Hong Kong, Nov.
2015 ). Loin derrière la première place
européenne, Londres, qui, peu avant le «
Brexit » et la dévaluation de la Livre,
pesait environ 6 187 MD, incluant Milan,
rachetée en 2007. Le rachat prévu de
Francfort (1 738 MD en Nov. 2015) est
remis en cause. Tokyo suit avec 4 910 MD
(Nov. 2015), et devance Euronext (Paris
+ Amsterdam + Bruxelles + Lisbonne,
3 379 MD, Nov. 2015). Moscou bat la
marche passant de 770 à 385 entre 2013
et 2014, après les sanctions relatives
au conflit ukrainien. (6) Subodorant la
fragilité de cet édifice spéculatif,
rappelons cependant que lors du krach
boursier de 2008, environ 25 000
milliards de dollars d’actifs parasites
s’envolèrent en fumée en quelques
journées.
L’État fétiche des
riches au service du système capitaliste
en phase impérialiste.
Malgré cette
immense disponibilité capitalistique
excédentaire – en partie inutilisée
parce que ne trouvant pas à se valoriser
– en France le gouvernement Macron,
comme ses comparses ailleurs dans le
monde, prépare une réduction du taux
d’imposition au prétexte allégué de
soutenir les investissements, fortifier
la consommation et encourager la
création d’emploi. Avant Emmanuel
Macron, François Hollande,
Nicolas Sarkozy, Richard Nixon,
Ronald Reagan et Margaret Thatcher
ont entonné cette antienne frauduleuse
et le chômage saccage les États-Unis, la
France et le Royaume-Uni depuis.
Soutenir
l’investissement.
Selon l’OFCE sur
les 9,15 milliards de baisses d’impôts
prévues, 4,20 milliards bénéficieront
aux 10 % les plus riches, soit 46 % du
total. Leurs revenus annuels
augmenteraient de 2,6 % (contre 1,4 % en
moyenne pour l’ensemble des ménages. Les
riches ont déjà trop de capitaux à leur
disposition et le fait d’accroitre leur
revenu et leur patrimoine financier ne
créera pas d’occasions d’affaires ni de
nouveaux marchés (7).
Encourager la
consommation.
Au contraire, le
dernier décile – les 10 % les plus
pauvres de la population – sera celui
qui bénéficiera le moins de ces baisses
d’impôts : leurs revenus n’augmenteront
que de 1 %, soit moins que la moyenne
nationale. Un faible gain annuel donc,
s’élevant à 81 euros. (8) Or, si la
demande de consommation des riches est
inélastique, étant souvent à la limite,
celle des pauvres est très élastique et
ce ridicule 81 euros annuel sera dépensé
avant même d’être encaissé. Un
gouvernement qui veut encourager la
consommation augmente le pouvoir d’achat
de ceux qui n’ont pas d’argent pour
consommer, non pas de ceux qui disposent
d’excédent de revenus.
Favoriser la
création d’emploi.
Pour ce qui
concerne la création d’emplois notons
simplement que « Michelin, annonce un
record de rentabilité avec un profit net
de 1,66 milliard d’euros, en hausse de
43 % par rapport à 2015, mais avec des
ventes en baisse et en supprimant 2000
emplois d’ici 2020. » (9) Elles sont
nombreuses ces entreprises florissantes
dont la hausse des profits s’accompagne
de la suppression d’emplois, et malgré
la diminution des ventes et la réduction
de la production. Ce constat pose la
question de la compréhension des lois
marxistes de la baisse tendancielle
du taux moyen de profit et de la
transformation de la composition
organique du capital.
La loi de la baisse
tendancielle du taux moyen de profit.
La loi de la baisse
tendancielle du taux moyen de profit est
une loi fondatrice de l’économie
politique marxiste (10). Cette loi
d’économie politique explique la
décrépitude du capitalisme qui voguant
de baisse en diminution du taux moyen de
profit en vient, malgré l’augmentation
de la masse totale des capitaux
circulant, à s’anémier. Cette baisse du
taux moyen général de profit est la
conséquence de l’augmentation de la
composition organique du capital,
que l’on peut ainsi résumer : la masse
de capital constant (machineries,
immobilisation, énergie et matières
premières) écrase la masse de capital
variable (salaires et avantages) engagé.
À ce rythme de croissance du capital
constant, il n’y aura bientôt plus de
temps de travail ouvriers dans la
composition organique du capital global,
ce qui posera alors une énigme : d’où
viendra la plus-value (…) qui produira
de la valeur ? (11)
L’exemple de la
société Michelin démontre que suite à
des investissements technologiques
importants la masse de profits produite
a augmenté alors que le taux de profit a
diminué entrainant des mises à pied. De
ces mises à pied on peut déduire que le
travail salarié (produisant de la
plus-value) diminuant, alors que les
profits augmentent, le taux
d’exploitation de la main-d’œuvre s’est
accru (ce que les capitalistes appellent
une hausse de productivité). On peut
enfin conclure que du point de vue de la
création d’emploi la politique Macron
est la garantie assurée d’une
destruction d’emplois.
On nous rétorquera
que c’est faux, que des emplois sont
disponibles. Ici deux cas de figure se
présente : A) l’employeur a déjà
congédié un certain nombre d’employés
pour les remplacés par une machine
sophistiquée, pour laquelle une manœuvre
techniquement formée est recherchée. Le
poste sera pourvu et les employés jamais
remplacés. B) L’augmentation des
salaires pour les chanceux qui
conservent leurs emplois entraine une
hausse de la demande de consommation de
biens et services qui créent des emplois
si mal payés que les travailleurs
hésitent sachant qu’il leur faudra deux
ou trois emplois semblables pour boucler
leur fin de mois. Le travail au noir et
l’importation d’immigrés sous-payés sont
alors organisés par le grand capital
comme on peut l’observer sur la
Méditerranée et à la frontière mexicaine
aux États-Unis.
Conclusion.
Décidément, aucune
réforme du mode de production
capitaliste ne parviendra à sauver ce
bateau ivre voguant à la dérive, même
pas une nouvelle guerre thermonucléaire
qui nous menace et dans laquelle ces
criminels voudraient nous précipiter.
Faut-il manifester notre désaccord et
notre rejet de cette guerre en
préparation ? Oui certainement ! Mais il
faut comprendre que cela ne suffira pas.
Seul le renversement de ce mode de
production moribond sauvera l’humanité.
NOTES
(1)
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/merci-pour-ce-mandat-francois-hollande/
(2)
http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/profits-records-pour-les-entreprises-du-cac-40-france/
(3)
http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/profits-records-pour-les-entreprises-du-cac-40-france/
(4)
http://www.les7duquebec.com/7-dailleurs-2-2/vrais-chiffres-du-chomage-pour-mai-2017-en-france/
(5)
http://www.les7duquebec.com/7-dailleurs-2-2/vrais-chiffres-du-chomage-pour-mai-2017-en-france/
(6)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ibex_35
(7)
http://www.les7duquebec.com/7-de-garde-2/10-de-francais-plus-riches-capteront-46-des-baisses-dimpots/
(8)
http://www.les7duquebec.com/7-de-garde-2/10-de-francais-plus-riches-capteront-46-des-baisses-dimpots/
(9)
http://www.les7duquebec.com/7-dailleurs/michelin-malgre-des-benefices-en-hausse-2000-emplois-supprimes/
(10) La
définition même du taux de profit fait
apparaître un phénomène paradoxal :
l’accumulation du capital risque en
permanence de le faire baisser.
Le capital constant
(c) est présent uniquement au
dénominateur. Cela signifie concrètement
que plus un investissement est lourd en
machines, nouvelles technologies, moins
le taux de profit sera élevé. Source :
http://wikirouge.net/Baisse_tendancielle_du_taux_de_profit
(11) Cette grandeur
est le rapport entre le capital investi
dans la production (machinerie, locaux,
électricité…) = c et le capital que
représente la masse salariale avancée =
v.
Marx lui a donné le
nom de composition organique du
capital en raison de son importance
fondamentale pour expliquer l’état de
l’économie capitaliste et sa dynamique.
C’est le rapport entre ce qui ne fait
que transmettre sa valeur et ce qui en
crée une nouvelle, ou entre ce qui ne
produit pas de plus-value et ce qui en
produit. Ce rapport intervient au
dénominateur dans la définition du taux
de profit : quand il augmente, le taux
de profit diminue. Source :
http://www.wikirouge.net/Composition_organique_du_capital
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