Opinion
Les entreprises américaines délocalisent
aux États-Unis !
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Mercredi 19 mars 2014
Délocalisation industrielle vers les
États-Unis?
Médias-menteurs, journalistes
asservis et économistes à la solde se
plaignent que depuis longtemps nombre
d’entreprises européennes, canadiennes,
australiennes, japonaises et
américaines externalisent leurs
opérations fragmentées dans de multiples
usines et entreprises essaimées partout
sur le globe. Nombre de multinationales
monopolistes ferment leurs usines en
Europe, au Canada, en Australie, au
Japon et aux États-Unis et les
délocalisent en Orient. La firme Nike,
par exemple, possède des centaines
d’usines dans une vingtaine de pays du
tiers-monde (Orient et Amérique latine)
alors que le gros de son marché se situe
en Occident.
La carte 1 montre, pour l’année
2011, l’importance de chaque pays
d’accueil et donne un indice de sa force
attractive en termes de réception des
opérations (production, informatisation,
gestion, distribution, communication,
recherche/ développement) externalisées
et/ou délocalisées. Il est aisé de
remarquer que la Chine et l’Inde
s’arrogent la part du lion, mais il est
à noter que depuis 2011 l’Inde est plus
attractive que la Chine en terme
d’externalisation – délocalisation des
usines et des centres de recherche,
délogeant la Chine qui pour se créer un
marché intérieur a dû
augmenter les revenus de ses
salariés. Des données attestent que la
Chine a dépassé la phase des économies
émergentes et est devenue une puissance
qui exporte ses capitaux, accapare des
marchés, centralise la
gestion-administration d’immenses
conglomérats internationaux qui
externalisent et délocalisent leurs
opérations dans divers pays où
l’exploitation du capital (variable et
constant) est plus profitable.
Carte 1
La taille d’un pays
représente sa force attractive en termes
de réception des opérations de
production, gestion, distribution et
commercialisation. Source :
http://www.metiseurope.eu/delocalisations-une-geographie-bouleversee-par-la-crise_fr_70_art_29169.html
Ce qui paraît nouveau cependant
c’est que certaines entreprises
reviendraient aux États-Unis, au Japon
et en Allemagne pour y exploiter
une main-d’œuvre bon marché. On rapporte
le cas de la firme Otis, une entreprise
américaine, qui aurait fermé son unité
de production en Europe pour la
rapatrier aux É.-U. (1). Le Canada et
les pays scandinaves ne comptent pour
rien du tout mondialement en terme de
réception des entreprises délocalisées.
Ce sont les pays où les États
providences sont les moins démantibulés,
les salaires et les charges sociales
encore élevés, ce qui ne devraient pas
tarder à changer.
Experts et cassandres se perdent
en conjectures, spéculent, supputent et
ne parviennent pas à comprendre ni à
expliquer ce phénomène étrange. Pourquoi
un tel redéploiement industriel
intracapitaliste (France-États-Unis, ou
encore Canada-États-Unis) ? Ce processus
va-t-il se poursuivre et pour les
capitalistes d’Europe, du Canada,
d’Australie que faire pour contrer ce
mouvement si tant est qu’il puisse être
stoppé ou inversé?
Ce redéploiement industriel
stratégique est rendu possible et
nécessaire par la combinaison de divers
facteurs contraignants et imbriqués.
D’abord, la série d’accords de
libre-échange
(Union-européenne-USA-Canada, Corée du
Sud-Canada, Corée du Sud-États-Unis,
États-Unis-Taïwan, etc.) que les
altermondialistes appellent le processus
de «mondialisation des marchés sous
le néo-libéralisme», permettant aux
capitalistes monopolistes de déplacer
leurs usines partout dans le monde, de
fermer sauvagement telle unité de
production en Belgique, en France ou au
Canada et de la déplacer en Chine, en
Corée, ou en Inde, ou en direction des
États-Unis où la résistance ouvrière est
depuis longtemps anémiée (2).
Quelques indices et faits
significatifs permettront de prendre la
mesure de l’écrasement de la résistance
des salariés américains depuis
l’accentuation de la crise économique
systémique en 2008. Le taux de
syndicalisation est au plus bas depuis
l’apparition des syndicats. Ainsi aussi
peu que 11,3% de la main-d’œuvre
salariée est syndiquée aux É.-U. La
syndicalisation est extrêmement
difficile et maints ouvriers américains
jugent que cette lutte pour la
syndicalisation n’en vaut pas la peine
aux vues des luttes syndicales avortées
ou liquidées.
Récemment, le Président Obama a
haussé de quelques sous le salaire
minimum pour les employés sous-payés de
l’État fédéral. Barack Obama serait-il
devenu un «communiste» infiltré jusqu’au
bureau ovale de la Maison-Blanche comme
le suggère la chef du Tea Party (sic)?
Non évidemment, c’est simplement que
l’État capitaliste monopoliste s’est
aperçu de deux choses : d’une part, le
niveau de salaire est si bas pour les
ouvriers aux États-Unis qu’il ne permet
plus à une portion de la classe ouvrière
d’assurer sa reproduction élargie, ce
qui provoque des pénuries d’employés
dans certains secteurs d’activités
entraînant une pression à la hausse sur
les salaires. Ensuite, le niveau
dérisoire des salaires pratiqués
entraîne l’abandon du travail légal par
une portion de salariés qui préfèrent
offrir leur service sur les marchés
illicites et pour les activités du monde
interlope. Le banditisme et le crime
contre la personne explosent aux
États-Unis, ce qui coûte cher en
assurance, en service de police
répressif et encombre le système de
justice et carcéral. Enfin, la
diminution constante du salaire moyen et
médian réduit globalement le marché de
consommation solvable pour une portion
de plus en plus grande des salariés, qui
aujourd’hui surendettés, ne trouvent
plus à emprunter et cessent de consommer
d’où l’explosion des friperies, des
soupes populaires et autres œuvres
caritatives absolument non lucratives
pour le grand capital monopoliste.
L’an dernier, la loi sur
l’assurance maladie obligatoire pour
tous les employés fut
une autre mesure adoptée par
l’administration «communiste» d’Obama
(sic) et qui vise à soutenir la
consommation et la tonte des brebis
ouvrières par le grand capital
pharmaceutique, des services médicaux
privés et des trusts de l’assurance
capitalistes. Sous prétexte de fournir à
chaque ouvrier une assurance pour ses
soins de santé, tout ce que l’industrie
des soins médicaux a trouvé c’est de
taxer directement les ouvriers afin de
remplir les goussets des monopoles de la
santé et de l’assurance privée. Les
petits-bourgeois et les plumitifs
éditorialistes compassés comprendront
pourquoi les ouvriers étatsuniens qui
auparavant étaient assurés par leurs
employeurs se rebiffent contre le fait
que l’État décharge les grands
employeurs monopolistes de cette
responsabilité pour la mettre sur le dos
des salariés alors que les employés qui
n’étaient pas assurés n’ont toujours pas
les moyens d s’assurer à des tarifs
prohibitifs. Les seuls qui empochent
dans cette arnaque de Barack ce sont les
capitalistes de l’assurance privée alors
que les salariés voient leur salaire
davantage réduit et leur capacité de
consommer aussi. Voilà pourquoi nous
disons que la crise systémique du
capitalisme est une crise de
surproduction en plein cœur de la
pénurie.
Comme chacun aura pu le
constater, le système économique
capitaliste fonctionne selon des lois
inexpugnables – incontournables –
inexorables que nul ne peut
transgresser, surtout pas le Président
de la première puissance impérialiste
moderne.
L’affaissement des coûts de
transports intercontinentaux (par
paquebots, conteneurs et vraquiers)
explique également la facilité avec
laquelle les usines peuvent être
déplacées d’un pays à un autre, d’un
continent à un autre. Un scandale
alimentaire à propos de viande avariée
en Europe l’an dernier a démontré que
pour produire un simple plat préparé pas
moins de six entreprises et usines
situées dans six pays étaient impliquées
dans la fabrication, la distribution et
la commercialisation de ce poison
alimentaire.
Enfin, les législations
douanières, tarifaires, du droit du
travail, et du droit fiscal que se sont
façonnées (ou qui ont été forgées par
les fonctionnaires de Bruxelles, de
Washington, de Tokyo, d’Ottawa et de
Canberra) au bénéfice de leurs patrons
les multinationales présentes dans
l’espace de Schengen, dans l’aire de
l’ALENA et dans la sphère de l’OMC
(Organisation mondiale du commerce)
assurent que la force de travail
salarié, au meilleur prix, sera
exploitée par les multinationales
apatrides et qu’ensuite leurs profits
pourront migrer sereinement vers les
paradis fiscaux afin de se soustraire à
l’impôt et aux charges sociales toujours
considérées trop dispendieuses par ceux
qui ont vocation de recueillir le
maximum de profit à redistribuer aux
actionnaires milliardaires avides de
réinvestir ce capital pour un nouveau
cycle de reproduction élargie, et ainsi
va la vie économique sous l’impérialisme
moderne (3).
Cependant, toutes ces
explications n’éclaircissent pas
entièrement les avantages recherchés par
ce redéploiement industriel
intracapitaliste. À quoi sert-il de
fermer à Aulnay-sous-Bois, à Gent, à
Ste-Thérèse banlieue pour investir à
Flint au Michigan ? (4)
Réduction des coûts de la force de
travail
Depuis plusieurs années, la
première puissance impérialiste mondiale
maintient intentionnellement sa devise,
le dollar, sous la valeur de l’euro,
ce qui lui fournit un avantage
commercial évident. Le Canada a amorcé
une telle opération de dévaluation
spéculative de sa monnaie depuis
plusieurs mois (1$ CAD = 0,90$ US =
0,65 €). Les biens et services produits
aux États-Unis sont ainsi moins chers à
acheter pour un Européen ou un Japonais.
Encore faut-il que les coûts de
production de ces biens et services
soient sous contrôle et maintenus au
plus bas prix possible (à la plus
faible valeur possible) compte tenu du
niveau de productivité, sinon l’avantage
commercial serait annulé par l’écart
salarial qui historiquement fut à
l’avantage des travailleurs américains
relativement bien payés dans la grande
industrie monopolistique du moins. Ce
temps est révolu grâce au «communiste»
Barack Obama (sic), le Président des
petits bourgeois «progressistes».
L’inflation engendrée par
l’impression et l’injection constante de
dollars étatsuniens dans le circuit
financier international a réduit le
pouvoir d’achat des ouvriers,
c’est-à-dire que la valeur de la
marchandise « force de travail » est en
baisse sur le marché étatsunien du fait
même de la profusion du numéraire
(dollar) qui engendre en retour la
dévaluation de la monnaie américaine
(trop de dollar sont à la poursuite de
trop peu de biens et services).
La force de travail, étant une
marchandise comme les autres, subit une
dévaluation comme les autres
marchandises, y compris la marchandise
«monnaie-dollar», la marchandise fétiche
symbole de toutes les marchandises. La
dévaluation d’une devise (étatsunienne,
canadienne, européenne) a toujours un
coût pour les salariés et constitue
toujours une façon de transférer le
poids de la crise économique sur le dos
de la classe ouvrière ce qu’aucun
économiste-coolie ne dévoile jamais aux
salariés.
L’État policier américain, les
États policiers européens, canadiens,
australiens, japonais et de tous les
pays soumis aux rapports de production
impérialiste moderne ont parfaitement
identifié les dix critères faisant
entrave à l’externalisation/
délocalisation des opérations d’une
entreprise monopoliste multinationale et
tous ensembles, de concert,
sous la direction de l’OMC, de
l’ONU et de L’OCDE, ils travaillent à
amenuiser ou faire disparaître ces
entraves à l’expansion impérialiste
industrielle et commerciale. Le tableau
1 ci-dessous présente les dix plus
importants facteurs qui entravent
l’externalisation/délocalisation d’une
entreprise capitaliste monopoliste, quel
que soit son secteur d’activité et son
pays d’origine.
Tableau 1
Source :
http://www.ic.gc.ca/eic/site/eas-aes.nsf/fra/ra02152.html
Les ouvriers ont pour habitude de
spontanément riposter à cette
dépréciation de la valeur de la seule
marchandise qu’ils peuvent vendre, leur
«force de travail», en luttant pour des
hausses de salaire ou des améliorations
des avantages sociaux (assurance
collective, régime de retraite), pour
maintenir leur pouvoir d’achat (leurs
conditions de survie). C’est pourquoi
les capitalistes américains avec le
soutien de leur appareil d’État policier
ont lancé il y a bien des années des
attaques répétées contre les conditions
de travail, contre les salaires et
contre les conditions de reproduction de
la force de travail des salariés
américains (comme nous l’avons évoqué
ci-haut). Le bénéfice des capitalistes
monopolistes étatsuniens est multiple; à
la dévaluation du dollar US, qui permet
de rendre moins chers les marchandises
américaines exportées, s’ajoute la
réduction du coût de la main-d’œuvre et
un profit accru au moment de la mise en
marché des produits importés sur le
marché étatsunien, mise en marché assuré
par les Wall Mart et les Target des
États-Unis.
Aujourd’hui, non seulement la
productivité de l’ouvrier américain
(cadence de travail, nombre d’heures
travaillé, mécanisation du travail,
périodes de repos écourtées, etc.),
ainsi que son bas coût de revient
(salaires et avantages sociaux en
déclin) fournissent un avantage
concurrentiel inégalé aux entrepreneurs
monopolistes étatsuniens vis-à-vis leurs
concurrents européens et canadiens.
Ayant passablement détruit la
résistance ouvrière américaine, avec la
complicité des hommes d’affaires
syndicaux, ayant ramené le prolétariat
et une large partie des employés
étatsuniens à des conditions de survie
où, individuellement, chaque travailleur
se sent menacé par le chômage endémique,
la concurrence des ouvriers étrangers,
et le surendettement étouffant; chaque
salarié totalement isolé dans sa
résistance en raison de la trahison de
l’oligarchie syndicale; chaque
travailleur esseulé lutte pour sa survie
personnelle (sans conscience de classe)
et chacun se vend au plus offrant sur le
« marché des esclaves salariés » à des
conditions ne permettant même pas sa
reproduction élargie (l’ouvrier et sa
famille) ! Pendant ce temps, les
petits-bourgeois écologistes
fantaisistes prêchi-prêcha à propos de
la surconsommation et la nécessité de la
pauvreté volontaire, tous rassemblées
dans leurs universités aseptisées par
les employés de soutien sous-payés.
Les États-Unis – l’Europe
occidentale – le Canada – l’Australie et
le Japon en sont là si vous ne le saviez
pas! Oubliez la petite-bourgeoise et la
frange des employés bien payés du
tertiaire hypertrophié qui seront les
prochains à passer sous les fourches
caudines du processus de paupérisation
accéléré. Alors seulement, vous les
entendrez s’apitoyer à propos de
l’exploitation éhontée et supplier qu’on
leur accorde le sursis du conscrit.
Voilà l’industrie américaine
enfin prête pour un second « décollage »
– une reprise et une reconquête de ses
marchés historiques si ce n’était d’une
série de problèmes aggravants qu’il leur
faudra surmonter auparavant.
Attardons-nous à ces problèmes quelques
instants puisque l’Europe, le Canada,
L’Australie et le Japon y seront
confrontés dans quelque temps.
La concurrence internationale entre
brigands
1.
La dévaluation de la monnaie (du dollar)
rend moins alléchants les rendements sur
les investissements. Les compagnies
impérialistes américaines réduisent donc
le rapatriement de leurs profits en mère
patrie (le patriotisme à gogo c’est bon
pour les péquenots et les bobos). Les
marchés boursiers étatsuniens manquent
donc de liquidités et spéculent à même
de l’argent de pacotille – du numéraire
inflationniste inexistant – du crédit
servant à monter des arnaques
spéculatives, des pyramides de Ponzi,
qui un jour ou l’autre éclatent et
s’effondrent. Dernièrement, la Caisse de
dépôt et placement du Québec annonçait
des rendements records en partie grâce
aux merveilleuses performances des
entreprises spéculatives américaines qui
l’an prochain très certainement vont
implosées et entraîner la Caisse dans
une autre de ces années de pertes
records comme en 2008 (5). L’actuel PDG
sera congédié muni d’un parachute doré
et un autre fumiste sera appelé à la
barre du bas de laine des québécois pour
un nouveau cycle de désastre économique.
2.
La Chine impérialiste maintient sa
capacité concurrentielle : en haussant
constamment le niveau de productivité de
sa main-d’œuvre salariée (budget
croissant en recherche-développement);
en contrôlant sévèrement la lente et
rigoureuse augmentation des salaires de
ses travailleurs afin de se constituer
un marché intérieur. En outre, la Chine
a commencé à délocaliser certaines de
ses usines à faible valeur ajoutée,
c’est-à-dire ayant un facteur
main-d’œuvre – capital variable –
élevé (industrie du textile, du
vêtement, de la chaussure, de
l’alimentation, etc.) vers l’Asie du
Sud-Est pauvre et vers l’Afrique
miséreuse (Éthiopie) (6). La Chine
maintient très basse la valeur de sa
monnaie nationale ce qui rend les
produits importés extrêmement cher pour
ses consommateurs et les astreints à
consommer national. La Chine maintient
ainsi sa capacité concurrentielle face
aux Américains, aux Européens et aux
Canadiens. Un économiste bourgeois
résume en ces termes le dilemme de
l’économie chinoise contemporaine : le
débalancement fondamental de l’économie
chinoise est la faible part de la
consommation dans le PIB (40% de son PIB
alors que la proportion est de 70% aux
États-Unis et en Europe). Cette
distorsion provient de politiques visant
à maintenir les taux d’intérêt
artificiellement bas, surtout sur les
dépôts, ce qui résulte en une subvention
aux grandes entreprises capitalistes
emprunteuses, et cela aux dépens des
ménages chinois. Face à des revenus
d’épargne moins élevés, les ménages
doivent épargner davantage, ce qui
finance les emprunts des entreprises qui
investissent allègrement, produisent
abondamment et exportent énormément.
Finalement, les ménages font face à des
prix d’importations élevés en raison de
la devise chinoise sous-évaluée, ce qui
agit comme une subvention aux
entreprises exportatrices. Le résultat
net est que l’investissement est
surdimensionné dans le PIB, tout comme
le surplus de la balance commerciale, et
ce aux dépens de la consommation des
ménages (7).
3.
D’autre part, l’Union européenne a
bien tenté de lâcher du lest en laissant
tomber la valeur de l’euro, mais les
Américains ont accéléré la dévaluation
de leur monnaie (idem pour le dollar
canadien). Les dollars ont gagné la
guerre de la dévaluation contre l’euro.
L’euro fort relativement au dollar
entrave l’expansion des exportations et
gonfle la dette souveraine de chaque
État de la zone euro qui emprunte sur
les marchés boursiers (8). Les
capitalistes monopolistes européens –
quelle que soit leur nationalité – ont
déjà songé à cette éventualité. Le
maelstrom médiatique, de concert avec
les politiciens véreux et les
bureaucrates syndicaux affairistes est
en campagne depuis longtemps pour
démontrer, à partir des exemples
grec, espagnol, portugais, italien et
britannique, que les ouvriers qui ne se
soumettront pas et n’accepteront pas de
se serrer la ceinture et de revenir aux
conditions de salaire et de reproduction
d’antan seront rejetés par le système
économique omnipuissant et mis au
rancart – chômage et assistance sociale,
soupe populaire, friperies et SDF sera
leur lot – comme aux États-Unis où une
partie de la classe ouvrière vit dans
les parcs et dort sous la tente malgré
que des millions de ces campeurs et de
ces squatteurs aient un emploi. En
faillite, 30 % des jeunes couples
américains sont retournés vivre chez
leurs parents (9).
Les travailleurs américains s’y
sont résignés, pourquoi les ouvriers
européens ne s’y résoudraient pas ?
Alors, de grâce, scandent les
capitalistes français et leurs
sous-fifres socialistes, « oubliez
les 35 heures », la France n’est plus au
temps où les colonies dopaient le PIB
métropolitain… Aujourd’hui, «enfants de
la patrie, la plus-value doit être
produite ici et extorquée
patriotiquement avec la complicité de
nos amis syndicalistes
collaborationnistes » (10).
La dette souveraine est hors contrôle
La récente appréciation de l’euro
a pour conséquence de hausser la valeur
de la dette souveraine de chaque pays
européen déjà lourdement plombée.
Plus un pays est dépendant pour sa
capitalisation de la zone euro, plus sa
dette augmente au fur et à mesure qu’il
emprunte en euro surévalué à fort taux
d’emprunt (relativement aux taux
pratiqué dans d’autres pays). Du moins,
pour les pays qui se capitalisent et qui
empruntent sur le marché européen, ce
qui est le lot de tous les pays de l’UE
puisque peu de capitalistes financiers
internationaux souhaitent prêter aux
gouvernements européens surendettés
(exception faite de l’Allemagne à qui
tous les spéculateurs voudraient prêter
mais l’Allemagne s’auto-suffit). Les
dettes des divers pays européens sont de
la sorte communautarisées – «
socialisées – européanisées » ce qui est
loin de plaire à l’impérialisme allemand
qui endosse tous ces manants.
Les États-Unis, possédant une
monnaie nationale ont déjà « régulé » ce
type de problème. La FED achète les
obligations d’épargne du gouvernement
yankee et dévalue d’autant la valeur du
dollar US. Il semble que la Banque
centrale européenne ait décidé de
recourir au même stratagème suicidaire
en créant un fonds de compensation pour
renflouer les canards boiteux européens.
En effet, ce système de financement de
la dette par du crédit inflationniste
est suicidaire puisque cette opération
de renflouement des budgets
gouvernementaux des pays de la zone euro
à même de l’argent inflationniste ne
fait que reporter le problème de
surproduction et de sous-consommation –
de chômage aggravé – et d’endettement
privé et public catastrophique – vers
d’hypothétiques échéances qui ne
sauraient tarder ni être évitées.
Demain, économistes pédants et
politiciens effrontés viendront
expliquer qu’il faut davantage de
sacrifices de la part des citoyens
(ATTAC demandera certainement
l’audit-citoyen pour constater l’ampleur
du désastre annoncé et inévitable);
exiger moins de salaires et plus de
productivité (les économistes patentés
valideront certainement cette
nécessité); réclamer moins de services
publics afin de réduire les déficits
gargantuesques conséquence de
l’endettement croissant (la gauche
proposera de se retrousser les manches
pour le salut de la patrie); cautionner
davantage de guerres
spoliatrices-destructrices (comme en
Ukraine, après la Syrie, la Libye, le
Mali, l’Irak, l’Afghanistan, le Congo,
le Soudan, la Serbie); et, finalement,
réclamer plus de subventions et de
dégrèvements fiscaux en faveur des
entreprises en crise et des banques en
déroute de manière à leur permettre de
maintenir leur taux de plus-value (11).
Aucun mystère – que la difficile réalité
de leur incapacité
Oubliez le soi-disant
«secret» de la compétitivité allemande
dont on berce le sommeil des ouvriers
européens et canadiens depuis des
années. Leur secret est simple : les
ouvriers allemands ont maintenu la
compétitivité des trusts allemands au
prix de leur santé, de leur équilibre
mental, de leur vie familiale déglinguée
et de leur esclavage salarié. Ce sont
les mêmes sacrifices qui sont
aujourd’hui imposés aux ouvriers
américains pour ramener les usines dans
leur pays, mais au prix de leur vie.
Ne nous méprenons pas, l’objectif
du développement du système capitaliste
n’est pas de produire de la richesse et
d’assurer la vie et l’épanouissement des
gens, pas même d’accumuler des profits
astronomiques. De moins en moins de gens
accumulent de plus en plus d’argent et
de richesse et pourtant l’impérialisme
est en crise parce qu’il atteint de
moins en moins sa finalité de
valorisation du capital – de sa
reproduction élargie. L’objectif ultime
du système capitaliste à son stade
impérialiste de développement est, à
travers cette prise de profits,
d’assurer sa reproduction élargie. C’est
la loi inaltérable du système qui le
pousse à bousculer ses concurrents
monopolistiques intercontinentaux afin
de s’assurer de survivre et de prospérer
: marche, accumule des profits,
réinvestis ce capital constant (CC) et
ce capital variable (CV) et assure un
nouveau cycle de reproduction élargie;
dans le cas contraire, péris et dépose
ton bilan. Voilà la recette des
entreprises monopolistes en expansion.
La crise consiste en ce que les
capitalistes ne parviennent plus à
assurer ce cycle économique, ce pour
quoi ce système existe et se reproduit
(12).
Les marionnettes politiques,
socialistes, libérales, conservatrices,
UMP et lepénistes ne sont là que pour
réguler cette transaction financière
entre d’une part l’investisseur – le
preneur de risque avec le capital public
et avec les épargnes et les fonds de
pension – et d’autre part les masses
ouvrières besogneuses, purgées de tout
pouvoir et vendant leur force de travail
au plus offrant contre un salaire de
moins en moins consistant et des impôts
de plus en plus exorbitants. C’est à
prendre ou à laisser, nulle échappatoire
à l’intérieur de ce système, même pas
l’espoir de rétablir les frontières
nationales de façon à recréer un petit
milieu d’exploitation capitalistique
national patriotique à l’abri de la
concurrence internationale.
Si les usines reviennent aux
États-Unis ou dans tout autre pays c’est
que le taux de profit y est rétabli à
l’avantage du capital international. La
situation ne pourra être que temporaire
puisque la composition organique du
capital recommencera à gruger la
rentabilité relative et les conditions
de reproduction de la plus-value à se
détériorer.
Deux voies s’offrent aux ouvriers
: suivre l’exemple des salariés
étatsuniens et vendre leur force de
travail en dessous du prix de revient
(sous le seuil de reproduction élargie
de leur vie), ou résister de toutes
leurs forces, refuser les Traités de
libre-échange et les pactes de
productivité et renverser cet État
policier et ce système économique
moribond avant leur perdition (13).
1.
http://economieamericaine.blog.lemonde.fr/2012/10/26/pourquoi-lindustrie-americaine-se-desengage-de-leurope/
2.
Paul Craig Roberts
http://www.vigile.net/L-effondrement-de-l-economie
3.
http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/la-crise-economique-la-chine-l-110893
4.
http://canempechepasnicolas.over-blog.com/article-le-pdg-de-psa-peugeot-citroen-annonce-la-fermeture-d-usines-en-europe-110604349.html
5.
Rendement de 13% pour la Caisse de dépôt
en 2013 attribuable à des rendements de
22,9% sur le marché boursier étatsunien
(hautement spéculatif et volatile).
http://quebec.huffingtonpost.ca/2014/02/26/rendement-caisse-depot-placement-quebec-2013_n_4858295.html
6.
http://les7duquebec.org/7-au-front/afrique-le-continent-spolier/
7.
L’économiste Michael Pettis a simplement
découvert après les autres que la Chine
était devenue l’atelier du monde
développé dépendant et qu’elle avait
adopté la stratégie de s’emparer de tous
les marchés qu’elle le pouvait
http://www.les7duquebec.com/7-de-garde-2/le-rebalancement-de-leconomie-chinoise/
8.
La faillite des régimes de retraite
http://www.sauvegarde-retraites.org/article-retraite.php?n=258
9.
La reproduction élargie de la force de
travail d’un ouvrier comprend ce qui lui
est personnellement nécessaire pour
vivre, être soigné, s’éduquer, se
divertir et vivre sa retraite en
sécurité, mais aussi pour se
reproduire, procréer, élever et faire
éduquer ses enfants, les faire soigner
et les préparer à devenir esclaves
salariés.
10.
http://les7duquebec.org/7-au-front/elections-americaines-2012-les-vrais-enjeux/
11.
http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/la-polemique-sur-les-35-heures-125075
12.
http://www.mecanopolis.org/?p=24488
13.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_milliardaires_du_monde_en_2012
http://fr.wikipedia.org/wiki/Convention_de_Schengen
et Vincent Gouysse. (2012). 2011-2012
: Reprise de la crise.
http://www.marxisme fr/reprise de la
crise.htmLa Chine
http://www.les7duquebec.com/7-de-garde-2/le-rebalancement-de-leconomie-chinoise/
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