Opinion
La crise
économique selon
l'école marxiste
d'économie politique
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Mercredi 17 décembre 2014
La loi de la valeur c’est
travail + surtravail
Une première équation de toute
comptabilité nationale et de l’ensemble
du système capitaliste mondiale dévoilée
par la théorie d’économie politique
marxiste va comme suit : la loi de la
valeur stipule qu’une journée de
travail ouvrier produit une valeur (V)
décomposable en trois éléments
constituants : 1) le
salaire nécessaire ou capital
variable (Cv) remis à l’ouvrier pour sa
subsistance et sa reproduction élargie
(famille). 2) le
remboursement – ou l’intégration des
moyens de production à la nouvelle
marchandise. C’est le capital constant
(Cc) composé du capital fixe
(machineries et bâtiments) et du capital
circulant (énergie, matières premières,
transport).
3) Le
surtravail équivalent de la
plus-value (pv), exproprié par le
capitaliste propriétaire privé (ou
étatique) des moyens de production. On
estime que cette plus-value ouvrière se
situe en moyenne entre
25 % et 35 % de la valeur moyenne
finale d’une marchandise commerciale.
V =
Cv + Cc + pv
Une seconde équation produite par la
théorie marxiste d’économie politique
décrit comment se fait la
péréquation de la plus-value, la partie
de la journée de travail expropriée qui
n’est jamais donnée à l’ouvrier. Cette
plus-value constitue la raison d’être –
le moteur – de l’économie capitaliste.
Elle se divise en : 1) dividende
industriel (profit sur actions et
obligations) et en bénéfice thésaurisé
par l’entreprise en vue de ses prochains
investissements (D = 33 % de la pv
totale). 2) la rente foncière (R =
environ 5 %). 3) le profit commercial
(Pc) destiné à rétribuer la mise en
marché (marketing) qui valorise parfois
la marchandise (20 %). 4) le bénéfice
financier (Bf) – bancaire, usuraire –
destiné à rétribuer la gestion du
capital et le prêt sur investissement
(l’intérêt). Cet argent est l’amorce de
la spéculation boursière (45 % de la pv
est ainsi accaparé).
Prenez note que la
fonction rente foncière et la fonction
commerciale génèrent peu ou prou de
nouvelles plus-values et que la fonction
financière ne génère aucune plus-value.
Elles constituent donc, toutes les
trois, des ponctions non productives sur
le capital rentable et entravent sa
profitabilité et donc sa reproduction
élargie. Quand ces extractions (R +
Pc + Bf) étaient marginales dans le
cycle de circulation-reproduction
élargie du capital, ces ponctions
n’empêchaient pas le cycle de
reproduction élargie. Aujourd’hui, que
ces ponctions non productives de
plus-value sont si importantes (70 % du
total), elles entravent la reproduction
élargie du capital et deviennent une
source de tensions entre capitalistes
industriels et capitalistes financiers
dont la classe ouvrière doit s’avoir
profité dans son projet de renverser ce
système économique obsolète.
Pv = D (30 %) + R (5 %) + Pc (20 %) + Bf
(45 %)
Financiarisation et monétarisation de
l’économie globalisée
Pour se convaincre
de l’aspect funeste des activités
spéculatives stériles, il suffit de
considérer quelques chiffres attestant
de la financiarisation parasitaire de
l’économie impérialiste mondiale.
AiAinsi, les compagnies établies aux
États-Unis sont la plus grande source
d'investissements directs de capitaux à
l'étranger (IDE), ce qui confirme le
caractère rentier et parasitaire de
l’économie impérialiste américaine en
déclin puisque l’économie des États-Unis
produit de moins en moins de plus-value
et de profits. Le graphique 1 indique
parfaitement la place à part que
détiennent les États-Unis d’Amérique en
tant que destination et/ou provenance
des stocks d’IDE en transhumance dans
l’économie impérialiste mondialisée,
financiarisée et intégrée.
Graphique 1
Investissements directs à l’étranger de
divers pays (2013, en dollars)
La Chine qui amorce à peine son règne à
la tête de l’économie impérialiste
mondialisée, fortement concurrentielle,
ne détient que le 13up>e rang
pour l’instant. Cependant, la République
Populaire de Chine
augmente régulièrement ses
investissements directs financiers et
non financiers à l’étranger comme en
fait foi l’article qui suit : «
Les IDE financiers représentent 10,07
milliards de dollars de ce montant,
tandis que les IDE non financiers ont
augmenté de 13,3% à 77,73 milliards de
dollars, selon un rapport publié lundi
par le ministère chinois du Commerce, le
Bureau d'État des statistiques et
l'Administration nationale des devises
étrangères de Chine. Fin 2012, les IDE
cumulés des sociétés chinoises avaient
atteint 531,94 milliards de dollars,
permettant à la Chine d'occuper la 13e
place mondiale. Les investisseurs
chinois ont établi quelque 22.000
entreprises dans 179 pays et régions
» (5).
AuAu temps de l’hégémonie américaine, le
dollar (USD) a envahi les économies des
pays dits « émergents », et de tous les
autres pays, ce qui place l’économie
impérialiste financiarisée, mondialisée,
intégrée en grande difficulté dans le
monde entier. L’accumulation –
valorisation – réinvestissement
profitable des capitaux est en panne
depuis plusieurs années et ceci explique
les politiques d’austérité conséquente à
la baisse tendancielle des taux de
profits (6). L’économie capitaliste
chinoise, entièrement interreliée à
l’économie impérialiste mondialisée, ne
peut espérer s’exempter de la crise
systémique du capitalisme, intensifiée
depuis 2007-2008 et qui se poursuit.
Comment réagira l’économie chinoise
devant ce cataclysme économique assuré ?
Une chose est certaine, c’est que les
entreprises impérialistes chinoises
acoquinées aux entreprises capitalistes
du monde entier ne vont pas mieux s’en
tirer que toutes les autres interreliées.
Graphique 2
Investissement des entreprises
capitalistes chinoises dans le monde
La situation des
pays fournisseurs de matières premières
Les prix des matières premières ont
chuté en 2014 et pourraient encore
baisser au cours de l’année 2015. Ce
déclin met en péril l'opération gaz et
pétrole de schiste qui a cours aux
États-Unis. Cette énergie devient très
coûteuse par rapport à l’extraction du
pétrole conventionnel. Une hausse des
prix du pétrole, suite à une rupture des
approvisionnements provenant du
Proche-Orient,
satisferait probablement les
compagnies pétrolières transnationales
établies aux États-Unis (les mêmes qui
contrôlent les puits de pétrole au
Proche-Orient). Ceci rend pertinentes
les manœuvres pour bloquer l’expédition
des hydrocarbures du Proche-Orient (pays
producteurs) vers leurs clients d’Asie
et d’Europe (!)
Pour ces entreprises, les
décisions militaires qu’elles ont à
impulser auprès de l’administration du
Pentagone et de l’OTAN, se résument à un
calcul coût-bénéfice entre
l’exploitation des gaz et pétroles de
schiste aux États-Unis, versus leur
exploitation conventionnelle au
Proche-Orient à destination de l’Europe
et de l’Asie, vers la Chine en
particulier. Si le gouvernement chinois
est disposé à partager les bénéfices
entre tous les assoiffés de profits
assis autour de la table internationale
des énergies fossiles, alors il n’y aura
peut-être pas de nouvelle guerre
mondiale pour cette fois. Si le
gouvernement chinois tente de conserver
tous les bénéfices pour les entreprises
ayant leur siège social en Chine alors
les oléoducs en direction de la Chine
seront coupés et les ports pétroliers
seront minés et le monde capitaliste
s’approchera d’un troisième conflit
mondial.
Voilà comment les économistes marxistes
analysent la situation économique et
politique internationale en ce début de
2015. Espérons que les analystes
politiques bourgeois
sauront enfin comprendre
l’objectif de la restitution du pouvoir
aux talibans en Afghanistan
et l’établissement d’un État islamique
au Levant (EI), deux entités situées au
centre du passage des
oléoducs en partance vers
l’Europe et vers la Chine. Sans compter
les embellis dans les négociations avec
l’Iran à propos d’une
centrifugeuse d’uranium enrichi dont les
États-Unis se moquent éperdument. Tout
se met donc en place pour la prochaine
séquence du drame historique du
Proche-Orient, région « coupable » de
receler l’énergie fossile qui attise
toutes les convoitises impérialistes
(7). Pendant ce temps le camp
impérialiste russo-chinois s’empresse de
construire un oléoduc au nord du Nord à
l’abri des malversations américaines et
de l’OTAN, espère Poutine (8).
La baisse des
prix des matières premières
La baisse des prix des matières
premières a aussi entrainé une
diminution des revenus de l’État
canadien (fédéral et provinciaux) qui
hier encore faisait le fanfaron,
annonçant des surplus budgétaires et
l’équilibre fiscal, surplus que l’État
des riches destinait aux entreprises
impérialistes canadiennes (avec quelques
sucettes pour les travailleurs canadiens
payeurs de taxes).
Les pays producteurs de matières
premières, cantonnés à ce rôle par la
division internationale du travail,
voient donc fondre leurs revenus alors
qu’aux États-Unis les dividendes de
pacotille (fruit de la spéculation
boursière et des déficits étatiques
pharaoniques) sont au plus haut (9).
La spéculation
boursière comme palliatif à la crise
systémique
La Banque des Règlements internationaux
(BRI) révèle qu’ils se transigent
quotidiennement 4 000 milliards d’euros
de « valeurs » (sic) sur les marchés des
changes internationaux, dont 41 % à la
Cité de Londres. Tout ceci (ces
transactions comme disent les
économistes et les courtiers) n’est que
brassage d’argent de Monopoly, que du
vent (des titres, des actions et des
obligations), qui produiraient des
profits (de la valeur nouvelle) sans
rien engendrer en contrepartie, aucun
produit tangible, aucune nouvelle
marchandise (10). Fadaises risibles.
Il en est de même au Canada où les
banques ont enregistré des profits
record en 2014 alors que les prix des
matières premières périclitent, que la
production industrielle et l'emploi
stagnent (11).
Il n’y a que les économistes en
goguette pour s’émerveiller de la
prouesse des rendements boursiers
spéculatifs qui alimentent les
dividendes spéculatifs utopiques des
banques alors que la création de valeurs
– la création de richesses collectives –
périclite. Car sans création de
marchandises vendables, puisque toute
chose doit devenir marchandise pour
acquérir et réaliser de la « valeur »
sous le système économique capitaliste,
il n’y a aucune création de
valeurs, aucune création de richesses.
Le seul résultat de cette spéculation
boursière sur des titres (des « produits
financiers » disent les courtiers),
artificiellement gonflé est de
redistribuer la plus-value déjà
expropriée au cours du processus de
production. À l’évidence, une nouvelle
intensification de la crise systémique
de l’impérialisme pourrait survenir en
2015.
Les ponctions de l’État pour assurer la
reproduction de la force de travail
Une troisième équation produite par la
théorie marxiste d’économie politique
présente
les ponctions que l’État
bourgeois effectue sur le
salaire nécessaire des travailleurs
et sur
la plus-value expropriée aux
ouvriers afin de constituer le
salaire social notamment. Le
salaire social est constitué des
différents services que l’État bourgeois
fournit afin d’assurer la reproduction
de la force de travail (éducation,
formation, service de garderie, service
de santé, transport, services
municipaux, sport, culture et loisir).
Dans un pays
capitaliste industrialisé comme le
Canada, ces ponctions peuvent
représenter jusqu’à 70 % du
salaire nécessaire des salariés et
environ 25 % de la
plus-value accaparée par les divers
intervenants économiques. Ceci entraine
que si dans les années 1960 les taxes et
redevances soutirées aux entreprises
fournissaient 60 % des revenus de
l’État, aujourd’hui ces taxes et
redevances des entreprises capitalistes
ne représentent plus que 25 % des
gigantesques revenus de l’État, tandis
que près de 75 % des revenus de l’État
bourgeois proviennent des goussets des
salariés.
En période d’austérité
budgétaire conséquente à la crise
économique systémique du capitalisme,
les gouvernements bourgeois croulants
sous les dettes souveraines n’ont pas
d’autres choix que de sabrer dans les
services publics visant la reproduction
de la force de travail et de hausser les
taxes (11). Malgré les hauts cris des
plumitifs réformistes et des
thuriféraires opportunistes, il ne peut
en être autrement sous peine de
désindustrialiser complètement un
continent (L’Europe ou l’Amérique du
Nord par exemple). C’est la raison pour
laquelle les ouvriers marxistes ne
préconisent pas de seulement
protester-manifester contre les
gouvernements des riches, mais surtout
de les renverser.
Graphique 3 : Taxes et
impôts pour constituer le salaire social
La valorisation du capital dans
l’économie impérialiste
La quatrième équation résumant
succinctement l’ensemble de l’économie
capitaliste concerne la circulation du
capital. Elle va comme suit :
l’argent-capital (C) doit impérativement
transiter par le processus de
reproduction élargie – le processus de
valorisation ouvrier – pour produire de
la plus-value et fructifier. Pas de
travail salarié producteur de plus-value
et pas d’accroissement cumulatif de
capitaux (C’). Il est fondamental de
bien comprendre cette loi incontournable
en cette période de financiarisation et
de spéculation boursière toxique des
titres corporatifs. Cette loi est le
fondement de la théorie marxiste du
capitalisme et son équation s’écrit
ainsi :
C –»
Cc + Cv + pv –»
C’
La crise systémique du
capitalisme-impérialiste
Les raisons de la
crise systémique du capitalisme sont
simples à expliquer. Placer devant une
crise de surproduction (de moyens de
production et de marchandises), et face
à l’incapacité du système économique
capitaliste de développer de nouveaux
marchés solvables et lucratifs pour les
marchandises déjà disponibles, les
banquiers – les financiers parasitaires
– ont
ouvert les vannes infernales du
crédit, du crédit à la consommation et
du crédit gouvernemental (souverain).
N’arrêtant pas de si bon chemin ils se
sont mis à spéculer sur les valeurs
boursières des entreprises, des États,
enchérissement des obligations et des
emprunts gouvernementaux, manipulation
des cotes de crédit, et sur la valeur
des
monnaies, s’accaparant cet
évanescent « profit » spéculatif. Au
point où il devint infiniment plus
lucratif, rapide, facile, nécessaire
surtout, de faire tourner la planche à
billets, de faire circuler l’argent de
pacotille (le crédit) – d’accomplir un
nouveau cycle d’accumulation du capital
– en bourse qu’en usine, qu’en atelier,
qu’en chantier.
Le diable de la
spéculation venait de s’emparer du monde
capitaliste tout entier, car la raison
d’être du capital n’est pas de
satisfaire les besoins humains, mais
d’engranger les profits pour les
valoriser et les reproduire afin
d’accomplir un nouveau cycle de
reproduction élargie. Ainsi, comme nous
l’avons souligné auparavant, les banques
canadiennes et américaines font des
profits record alors que la production
stagne et que le chômage réel (pas celui
rapporté par les statistiques truquées)
s’accroît.
La
dépression économique survient quand
plusieurs grands capitalistes financiers
spéculateurs, sentant la soupe chaude –
c’est-à-dire l’immatérialité de leurs
avoirs bousiers non adossés à des
valeurs sonnantes et trébuchantes –
cherchent soudainement à se départir de
leurs « passifs » pour les transformer
en actifs industriels, fonciers, en
moyens de transport, etc. La bourse
s’emballe alors et tout ce fatras
d’actions et d’obligations toxiques
s’écroule emportant avec lui les
économies de millions d’épargnants
floués (de la Caisse de dépôt et
placement du Québec notamment), de
capitalistes échoués, d’ouvriers
congédiés, de petits-bourgeois
paupérisés, etc. C’est la Grande
dépression, preuve intangible que seul
le travail salarié, producteur de
plus-value, crée de la valeur concrète.
La circulation de l’argent, réelle et
factice
La cinquième équation produite par
la théorie d’économie politique marxiste
concerne la circulation de
l’argent-capital (A) – sa transformation
en marchandise (M) – puis sa
retransformation en argent (A), agent
convenu pour l’échange commercial des
marchandises. Il faut évidemment que ces
marchandises trouvent un marché où
réaliser leur potentiel de
plus-value cachée.
De fait, l’ensemble de l’opération de
commercialisation-transformation des
marchandises en argent vise à récupérer
la partie de la valeur qui a été
sacrifiée à l’ouvrier au moment de la
production (le salaire nécessaire).
Il est entendu qu’aucune valeur nouvelle
ne sera créée pendant la circulation de
l’argent (A), en bourse ou à la banque,
à la recherche de bons placements «
fructifiant ». Étant donné que dans leur
quête incessante de plus-value
transformable en profits, les
capitalistes (en tant que classe
sociale) sont amenés bon gré mal gré,
cela est hors de leur volonté (c’est
marche ou crève au régiment de
l’argent), sont amenés disions-nous à
réduire la portion de capital variable
(Cv), à gruger sur le coût de la force
de travail (salaires), à hausser le taux
de productivité du travail (par une
mécanisation plus poussée (Cc) et par
l’intensification du travail salarié),
bref, à utiliser toute une panoplie de
moyens pour augmenter ou maintenir les
profits en réduisant les salaires
absolus et/ou relatifs. Ceci entraine
que la classe des adjudants capitalistes
industriels et commerciaux réduit
d’autant le pouvoir d’achat des
travailleurs salariés (90% des personnes
actives), le pouvoir d’achat des
consommateurs. Vous avez bien compris,
la classe capitaliste scie la branche
commerciale sur laquelle elle est juchée
et le pire c’est qu’elle ne peut faire
autrement. Les lois de l’économie
capitaliste sont impératives.
L’équation s’écrit ainsi
A
–» M
–» A
Même l’intérêt sur
le prêt (i) qui serait le « salaire » du
banquier (sic) n’est aucunement produit
durant la circulation du capital, mais
est plutôt une ponction qu’effectue le
capitaliste financier sur la plus-value
produite en usine, en atelier, en
chantier, comme nous l’avons souligné
précédemment.
Inflation et dévaluation de la monnaie
Si un
banquier crée de l’argent (A),
s’il met du crédit en circulation (carte
de crédit ou prêt à un gouvernement) –
qu’il ne peut adosser à des marchandises
réelles et concrètes, à du travail
ouvrier cristallisé
– la seule chose que ce banquier
réalise c’est une dévalorisation de
l’argent en circulation (inflation
monétaire). Ce banquier effectue un vol
des valeurs de tous ceux qui détiennent
cette monnaie-argent dépréciée (au pays
et à l’étranger). Chaque fois qu’une
banque émet du crédit – un prêt à la
consommation ou un prêt souverain (à un
État bourgeois ou à un État pseudo
socialiste), cette banque émet de
l’argent et déprécie de ce fait
l’ensemble de la monnaie en circulation
dans cette nation ainsi qu’à l’échelle
internationale. Tant que l’économie
impérialiste nationale et mondiale croît
– trouvent de nouveaux débouchés où
écouler leurs produits –, l’économie
impérialiste se porte relativement bien
et la crise est repoussée au loin. Quand
les cartels impérialistes ne trouvent
plus preneur pour leurs marchandises, la
crise systémique de l’impérialisme est
en vue et le château de cocagne de la
finance parasitaire s’ébranle. Voici
l’équation de la financiarisation
frauduleuse et parasitaire de l’économie
impérialiste mondiale.
A –»
M –»
A’
= inflation et dévaluation
monétaire
À propos de la sortie de l’euro et de
l’Union européenne et de l’ALENA
Que les opposants à
l’euro, les militants en faveur de la «
souveraineté nationale citoyenne » et
pour l’indépendance économique
nationale. Que ceux en faveur de la
sortie de l’Union européenne et de
l’ALENA se le tiennent pour dit.
L’économie impérialiste est systémique,
internationale, globale et intégrante.
Les économies nationales périclitent et
s’amenuisent. Elles sont devenues des
appendices de l’économie mondiale
globale. Elles ont été remplacées par un
écheveau de réseaux de flux financiers
et commerciaux internationaux
déterminants auxquels les reliquats de
production-consommation-circulation
nationale sont assujettis petit à petit.
Il n’est pas plus pertinent de s’opposer
à l’internationalisation-globalisation
de l’économie mondiale qu’il ne le fut
pour les « luddites » britanniques de
briser les machines au début du
capitalisme (12). Le mode de production
communiste sera internationaliste ou il
ne sera pas, voilà notre agenda.
La baisse tendancielle du taux de profit
social moyen
Nous terminons avec une sixième équation
produite par l’école marxiste d’économie
politique expliquant que la tendance
inéluctable du capital, dans sa
recherche de plus-value (absolue et
relative), par l’accroissement de la
productivité du travail vivant (Cv),
l’amène à hausser la composante capital
fixe (Cc) – machinerie sophistiquée et
robotisée – dans le processus de
production et de ce fait à accroître la
composition organique du capital.
L’augmentation de la composition
organique du capital provoque un
affaissement de la production de
plus-value, car la
plus-value est issue uniquement de
l’exploitation du travail vivant, du
travail ouvrier salarié, et non pas de
l’exploitation de la machinerie ou de
l’utilisation de moyens de production
qui ne font que transmettre leur valeur
au nouveau produit manufacturé. La
hausse de la composition organique du
capital écrivait Marx a pour conséquence
la baisse du taux de plus-value (Tpv) et
entraine la baisse tendancielle du taux
de profit social moyen. Profits, nous
l’avons écrit précédemment, dont la
péréquation entre les différentes
branches de production et entre les
différents secteurs de l’économie
(industrie, commerce, communication,
finance) assure la
valorisation-reproduction-circulation du
capital.
Tpv =
Cv/C
À tous les
détracteurs de la théorie marxiste
d’économie politique qui voudraient
laisser croire que cette magistrale
démonstration du fonctionnement du mode
de production capitaliste serait
révolue, obsolète, ante néolibérale, ou
crypto-impérialiste nous répliquons que
tant que le mode de production
capitaliste, y compris à son stade
impérialiste contemporain
– à économie dirigiste ou à
économie dirigée néo-libérale, peu
importe
– fonctionnera suivant ces lois
inéluctables, l’analyse marxiste de
l’économie politique sera valide.
La suite de l’article la semaine
prochaine. Nous aborderons les
questions de la dette et de l’industrie
militaire.
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