Opinion
Mascarade électorale au pays des Yankees
Robert Bibeau
© Robert
Bibeau
Mercredi 17 février 2016
http://www.les7duquebec.com/...
« Un sondage Gallup
effectué le mois dernier indique que
76 % des Étatsuniens sont insatisfaits
de la façon dont les choses se déroulent
dans leur pays. »,
euphémisme pour décrire la hargne
convulsive des Américains aussi bien de
la classe bourgeoise déjantée ; de la
petite bourgeoisie paupérisée ; de la
classe prolétarienne anémiée ; ainsi que
des couches pauvres et déshéritées de la
société. Gallup
n’a rien trouvé de mieux pour qualifier
cette colère que de l’appeler « insatisfaction » !
L’Amérique est en crise économique
systémique comme l’ensemble du monde
capitaliste. Nous n’énumèrerons pas les
dizaines de statistiques qui font foi de
cette austérité… Pour la première fois
toutefois, aucune échappatoire ne se
présente à l’horizon de la ploutocratie
milliardaire qui gouverne cet État
déficitaire qui impose ses dictats à ses
alliés et concurrents mécontents. Être
spolié par un maitre prospère qui laisse
tomber de sa table de charité quelques
miettes à partager – ça peut toujours
aller–. Mais être exproprié par un
affidé endetté – prétentieux, arrogant
et incompétent, c’en est trop. Les
alliés d’hier se démarquent de plus en
plus ouvertement et prennent la pose qui
leur sied, celle de prétendant à la
curée. Voilà ce qui se dessine à
l’horizon de la première puissance
économique et militaire déclinante.
Quand le grand capital se voit
empêtré dans une telle calamité
économique, politique, idéologique,
militaire et sociale il fait appel à des
prestidigitateurs politiciens et il
initie une mascarade électorale pour, à
la fois, distraire la galerie des
spectateurs ébaubis, solliciter un geste
d’allégeance de la part de la populace,
et permettre aux clans concurrents de se
démarquer quant aux solutions à proposer
pour sortir du guêpier et écraser toute
velléité de résistance. Les capitalistes
d’Amérique ont donc appelé en
Iowa le 2 février
dernier la deuxième étape de leur
mascarade électorale à laquelle de moins
en moins d’Américains portent foi.
Pas facile de crédibiliser un
spectacle éculé que l’américain moyen
s’est vu administré depuis des années.
Ils sont de plus en plus nombreux (76 %,
parait-il ?) à constater que tous ces
politiciens véreux sont des
polichinelles, et que si l’un d’entre
eux ne récite pas sa leçon exactement
comme les précédents il ne finira pas la
course assurément. Ce qu’ils leur
restent à découvrir à ces prolétaires de
la misère c’est que si par mégarde un de
ces soupirants de l’establishment
parvenait au nirvana de la présidence
(sic), à la Maison-Blanche, dans le
Bureau ovale, il ne pourrait rien
changer, ni rien régler des problèmes
systémiques du capitalisme en faillite.
En effet, les problèmes de
l’Amérique, et du monde capitaliste, ne
sont pas causés par la mauvaise
gouvernance d’une équipe de direction
Démocrate
plutôt que Républicaine,
ou encore Social-démocrate, Socialiste
ou même Communiste (!) comme l’a
démontré tant d’élections truquées dans
d’autres pays déjantés. Les problèmes de
l’Amérique sont systémiques, structurels
et antagonistes et ne peuvent être
solutionnés en restant à l’intérieur du
mode production capitaliste moribond.
Sachant cela il ne reste aux
médias à la solde qu’à tenter de créer
un suspense à propos des bouffons
d’élection en course pour l’un ou
l’autre des deux grands
partis comme disent les larbins
faisant profession de désinformer (pas
étonnant que la population n’ait pas
plus confiance dans ces journalistes que
dans ces politiciens).
Que ce soit Donald Trump, ou
Hillary Clinton, ou un autre
prétendant au trône qui en novembre
prochain emportera la Présidence
américaine rien ne changera au pays de
la crise et du déclin. L’attitude
cynique et indifférente du prolétariat
américain doit être saluée par les
progressistes du monde entier, en
attendant que cette réaction passive se
transforme en charge active pour
renverser l’État et l’économie des
ploutocrates. En novembre 2016
nous observerons le seul résultat qui
vaille au cours de cette élection bidon,
soit le taux d’abstention.
(1)
http://plus.lapresse.ca/screens/f8a34728-bb11-4397-94c7-09e357a84144%7C_0.html
(2) Manifeste du Parti
Ouvrier (2014)
http://www.publibook.com/librairie/livre.php?isbn=9782924312520
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