Les 7 du Québec
Wall Street se retire de l'accord
sur le nucléaire iranien
Robert Bibeau

Mercredi 16 mai 2018
Douche froide, les États-Unis se
retirent de l’Accord sur le nucléaire
iranien
Il est amusant
d’observer l’ire des amis des États-Unis
à propos de la décision attendue du
retrait yankee de l’entente sur le
nucléaire iranien – signée en 2015 sous
l’administration Obama entre les cinq
puissances siégeant au Conseil de
Sécurité plus l’Allemagne et le
gouvernement iranien (1). Dans
notre dernier ouvrage « La
démocratie aux États-Unis – Les
mascarades électorales » (2)
nous expliquons que Donald Trump,
le guignol de service élu par au moins
trois factions du grand capital
transnational : les cartels
pétroliers; l’industrie de l’armement;
et les banquiers; a eu pour mission
de réaligner l’Alliance Atlantique sur
les rails des rendements croissant.
Ainsi, le 22
juillet 2015, le régime Obama avait
laissé filer l’Iran, maillon faible de
l’axe Pékin-Moscou-Téhéran, afin
de concentrer les feux de l’Amérique
contre la Russie, si bien que même battu
aux présidentielles la clique
Démocrate-Clinton-Obama poursuit ses
attaques et tente de forcer le turbulent
locataire de la Maison-Blanche à se
réaligner contre la Russie détestée.
Pourtant, le régime Trump, solidement
adouber par les financiers, n’a pas
lâché, et après une année tourmentée,
est parvenu à ses fins – cibler Téhéran
pour affaiblir Pékin – et redonner la
main au clan américain. En récompense
pour tant de résilience, le mercredi 9
mai, lendemain du retrait américain,
Wall Street a fait cadeau
d’un marché haussier de sept pour cent
sur le prix du carburant, et ce n’est
qu’un commencement (3). Sans compter le
raffermissement des actifs boursiers des
trusts pétroliers (4). Et tout ceci
devrait consolider l’hégémonie du dollar
sur les marchés mondialiser… à moins que
les alliés refusent d’obtempérer.
Le clan des cartels
manufacturiers désarçonné; ceux des
technologies de communication et des
plateformes numériques déconfites, en
sont quittent pour payer leur énergie à
ce prix renchérit. Prière de ne pas
pavoiser cependant, cette faction en
ascension n’a pas joué son dernier pion
(5). Et les « alliés » contrariés
préparent leur réplique (6).
Un réalignement
mondial
Le capitalisme
américain, européen, et mondial n’est
pas composé uniquement d’entreprises
pétrolières ou d’armement, ni même de
banquiers. Un arbitrage est donc
nécessaire entre les différentes
factions du grand capital. Sous
Obama ce sont les factions des
nouvelles technologies de plateforme
numérique et l’industrie manufacturière
du Middle West ainsi que le grand
capital industriel d’Allemagne et de
France (d’où l’immense popularité d’Obama
parmi ces affidés) qui ont été
privilégiées par le prix très bas des
énergies (pétrole. Gaz, charbon,
électricité). Quand Obama a signé
l’entente avec l’Iran, cela a entrainé
une diminution des tensions dans la
région du golfe Persique, l’isolement de
l’État voyou israélien et, in fine, la
chute du prix des énergies. Pire, Obama
a été jusqu’à signer le COP21
de Paris créant des complications
environnementales aux extracteurs de
pétrole de schiste – aux constructeurs
d’oléoducs et aux charbonniers du
Kentucky qui ont besoin d’un prix de
soixante-dix dollars le baril pour
atteindre le profit. C’est ce dernier
obstacle que Trump avait mission de
lever devant la rentabilité des
pétroliers et des charbonniers (7).
De la guerre
commerciale à la guerre militaire, à la
guerre financière
Il ne faut pas se
laisser berner par la propagande des
médias à la solde du grand capital. Les
forces sociales et politiques d’un camp
comme de l’autre dissimulent leur
rivalité commerciale et financière
derrière des prétentions politiques et
tactiques machiavéliques. Ainsi, le camp
américano-occidental prétend craindre
pour la « sécurité d’Israël »,
alors que c’est l’entité israélienne qui
depuis sa création par la soi-disant « communauté
internationale des grandes puissances »
agresse – bombarde – occupe et mène la
guerre à ses voisins, mettant ainsi sa
sécurité et la sécurité de la région en
danger. C’est la mission dévolue à cet
État voyou, cette base militaire avancée
de l’impérialisme au Proche-Orient,
aujourd’hui devenu un protectorat
encombrant pour l’Once Sam. À un autre
moment, le camp occidental proclame la
« nécessité » de démettre un chef d’État
légitime que ses commettants ont élu
démocratiquement jetant ce pays dans les
bras du camp oriental. En d’autres
temps, le camp d’Occident nucléarisé
prétend empêcher un pays de se munir de
la technologie nucléaire poussant ce
belligérant dans le camp d’Orient. Les
prétextes fallacieux s’additionnent qui
ont pour vocation de dissimuler les
objectifs véritables de ces agressions
qui sont de permettre au capital
occidental de se valoriser et de
conquérir de nouveaux marchés aux dépens
de ses concurrents. Cherchez le profit
et vous trouverez le motif et les
objectifs.
Pour atteindre la
cible de profitabilité capitaliste, il
n’est d’aucune utilité de démettre
Bachar al Assad, de
dénucléariser l’Iran, d’assassiner
Kadhafi et Saddam
Hussein, de détruire la Libye,
la Syrie et le Yémen… ou de massacrer
les enfants palestiniens désarmé alors
pourquoi ces crimes de guerre répétés ?
Parce que ce « chaos » voulu – cette
insécurité entretenue – dans cette
région en particulier, a pour
conséquence d’augmenter le prix du baril
et ainsi d’augmenter les taux de profit,
sans compter la valeur des actifs de ces
compagnies à la bourse et la
consolidation du pétrodollar sur les
marchés. C’est tout bénéfice pour les
cartels énergétiques et les fabricants
d’armements. Il n’est plus requis de
contrôler les puits, pas plus que les
oléoducs et les ports de transport des
hydrocarbures, il suffit maintenant,
dans une économie monétarisée et
financiarisée de menacer les
approvisionnements pour augmenter les
rendements, c’est une conséquence de la
mondialisation et de la financiarisation
du mode de production capitaliste en
phase impérialiste.
Voilà pourquoi les
États-Unis peuvent se retirer d’Irak et
laisser le pays aux mains de dirigeants
pro-iraniens. Il en est de même de la
Syrie contre laquelle les puissances
occidentales agitent l’épouvantail du
nationalisme kurde afin de maintenir
l’insécurité alimenté par la Turquie.
Cette simple menace nationaliste, que
nombre de gauchistes applaudissent,
relique des pseudo
luttes de libération nationale bancales
(8) suffit à créer cette insécurité
bénéfique aux grands capitalistes. Aucun
de ces groupuscules gauchisants ne
s’interroge sur la condescendance des
grandes puissances vis-à-vis le « peuple
Kurde opprimée » – « petite main » du
génocide arménien ! (9)
Il faut comprendre
que Donald Trump a été identifié,
sélectionné puis porté au pouvoir afin
de mettre fin à cette « folie » du
pétrole à bon marché (la go-gauche
écologique devrait être dithyrambique).
D’autant plus que la hausse du prix
des énergies non seulement avantage les
multinationales des hydrocarbures, mais
elle porte un coup dur à l’ennemi ultime
des États-Unis – l’immense Chine
capitaliste, l’atelier du monde
libéraliser – devenu premier
consommateur mondial d’énergie
(2017) alors que les USA sont devenus
les premiers producteurs
d’hydrocarbures.
L’Iran et la Russie
profitent aussi de la hausse du prix du
baril !
L’Iran et la Russie
« ennemis des États-Unis » profitent-ils
de la hausse du prix du baril ? Oui et
non, les entreprises de ces pays sont
souvent des concurrents et parfois des
partenaires d’affaires et s’en tirent
plus ou moins bien. Ainsi, la
multinationale Total vient
de signer un gros contrat avec l’Iran,
elle bénéficie d’une main de la hausse
du prix des énergies et de l’autre elle
se voit menacée par des mesures de
rétorsion dont le blocage de ses
transactions via l’organisme financier
SWIFT (Society for Worldwide Interbank
Financial Telecommunication) ce qui
explique qu’Emmanuel Macron
pousse les hauts-cris contre son ami
Donald (10). La chancelière allemande
Angela Merkel, dont dix-mille
entreprises font des affaires en Iran,
l’a vite compris et elle appelle
l’Union européenne à faire front uni
et à « s’émanciper » de la tutelle
américaine, une première dans les
annales allemandes depuis la Seconde
Guerre mondiale (11).
L’Alliance
atlantique s’effrite
En menaçant de
sanctions les entreprises de pays tiers
ulcérés, quelques mois après leur avoir
imposé des tarifs douaniers
l’administration américaine menace
l’économie de ces pays et force ses
alliés à se désolidariser. C’est la
conséquence la plus évidente de cette
foucade américaine et les alliés
historiques de l’impériale puissance
déclinante prennent leur distance et
brisent le front commun atlantique, ce
qui n’atténue pas le risque d’un conflit
généralisé, mais l’accentue. L’animal
blessé et isolé pourrait devenir
aventurier et ce ne sont pas ses alliés
israéliens et saoudiens qui vont l’en
dissuader (12).

NOTES
-
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/le-ralliement-de-liran-par-les-accords-sur-le-nucleaire/
- Robert Bibeau
(2018) La démocratie aux
États-Unis.
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/la-democratie-aux-etats-unis-les-mascarades-electorales/
-
http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/iran-trump-fait-flamber-le-cours-du-petrole/
et
http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/les-cours-du-petrole-au-plus-haut/
-
http://www.lesaffaires.com/bourse/revue-des-marches/bourse-des-gains-avec-le-petrole-et-les-banques/602548
- L’industrie
des plateformes numériques.
http://www.les7duquebec.com/?s=plateforme
-
http://www.lemonde.fr/economie/article/2018/05/11/iran-les-entreprises-allemandes-denoncent-les-menaces-de-sanctions-americaines_5297544_3234.html
et
https://www.msn.com/fr-ca/actualites/monde/accord-sur-le-nucléaire-iranien-leurope-tiraillée-entre-washington-et-téhéran/ar-AAxd6MT?ocid=spartandhp
-
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/trump-ne-se-trompe-pas-en-repudiant-lescroquerie-de-paris/
- Robert Bibeau
(2017) Question nationale et
révolution prolétarienne sous
l’impérialisme moderne.
L’Harmattan. Paris.
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/question-nationale-et-revolution-proletarienne-2/
- Le chauvinisme
Kurde
http://www.les7duquebec.com/?s=kurde
- « L’Iran a, en
effet, passé commandes de cent
Airbus pour 19 milliards de dollars
et a signé un gigantesque contrat
avec Total pour
l’exploitation du champ South Pars.
Or Trump a choisi la version la plus
dure : interdire de nouveau à toute
compagnie traitant avec Téhéran de
faire du business aux Etats-Unis.
Pour continuer à commercer sur le
marché américain, Airbus et Total
devront donc renoncer à ces deals
juteux.
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/pourquoi-trump-a-rejete-l-accord-204231
-
« L’industrie allemande dénonce
l’utilisation extraterritoriale de
sanctions envisagées par les
Etats-Unis, illégales au regard du
droit international »,a ajouté
le président du BDI, en s’alarmant
du fait que la pression du
gouvernement américain sur les
entreprises actives en Iran augmente
considérablement, avec « des
conséquences imprévisibles. Environ
dix mille entreprises allemandes ont
des relations commerciales avec
l’Iran, dont des grands groupes
comme Siemens, ou les constructeurs
automobiles. »
http://www.lemonde.fr/economie/article/2018/05/11/iran-les-entreprises-allemandes-denoncent-les-menaces-de-sanctions-americaines_5297544_3234.html
- « L’armée
israélienne a frappé dans la nuit de
mercredi à jeudi des dizaines de
cibles militaires iraniennes en
Syrie en représailles à des tirs de
roquettes attribués à l’Iran sur ses
positions dans le Golan. Il y aurait
près de 30 morts. »
http://www.lucmichel.net/2018/02/25/luc-michels-geopolitical-daily-ou-va-israel-iii-le-golan-de-butin-de-guerre-annexe-a-enjeu-geostrategique/
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