Les 7 du Québec
Le sommet de l'APEC
Le centre névralgique de l'impérialisme
se déplace
Robert Bibeau

Mercredi 15 novembre 2017
Le Sommet de l’APEC 2017 au Vietnam
La semaine
dernière, grand rassemblement
capitaliste au Vietnam ex-socialiste et
ex-antiimpérialiste sous le haut
patronage des ex-vietminh
« libérateurs », mutés en marchands
libre-échangistes. Le communiqué
d’invitation était ainsi libellé : « Le
Sommet annuel des dirigeants de l’APEC
est le principal évènement d’économie
politique dans la région Asie-Pacifique.
Ce sommet réunit les dirigeants des 21
économies du pourtour du Pacifique,
ainsi que des chefs d’entreprises qui
vont discuter de la voie à suivre pour
la croissance, les investissements et le
libre‑échange »(1).
Comme nous le
répétons inlassablement, le centre
névralgique de l’économie politique
impérialiste se déplace vers
l’Asie-Pacifique, où sont concentrés des
centaines de millions d’ouvriers
surexploités, menés à la cravache par
d’ex-mercenaires « libérateurs » devenus
investisseurs pour le « développement »
des forces productives et la
« croissance » des profits. Deux invités
d’honneur, parmi la fine fleur des
caciques nationalistes, l’aspirant
Xi Jinping, chef suprême du
Politburo « communiste » chinois (déjà
350 millions de prolétaires asservis), a
fait face au trouble-fête Donald
Trump, défenseur du titre,
ex-champion aujourd’hui moribond (moins
de 150 millions de prolétaires dans ses
cartons).
Tout au long de son
parcours asiatique de combattant
Donald Trump a mis à mal la
légende isolationniste et
anti-libre-échangiste inventée par les
plumitifs alors que systématiquement ce
marchand de canons a offert sa camelote
à chacun de ses « potes » nationalistes.
Chaque fois que Donald dénonce les
traités de « libre-échange »
c’est pour mieux les renégocier de gré à
gré au bénéfice de ses alliés de Wall
Street.
Donald le commis
voyageur
Quels furent les
enjeux de ce voyage largement médiatisé
? Sans fausse honte, le Président
américain, en transit au Japon et en
Corée, a vanté les mérites des armes
américaines de destruction massive,
indiquant ainsi le vrai motif de son
agressivité patentée vis-à-vis la petite
Corée du Nord, qui ne s’en laisse pas
imposer par le criminel yankee, seul
pays ayant utilisé deux fois la bombe
atomique et moult fois des munitions à
l’uranium appauvri. En Chine, Donald le
colporteur, n’y tenant plus, se
transforma en laudateur à l’endroit de
son hôte, client privilégié, acquéreur
de 230 milliards de dollars de
marchandises (2). En effet, la Chine
prépare soigneusement son désengagement
du dollar US, la première étape étant de
se débarrasser des 3500 milliards de
liquidités ($) stockées dans ses banques
plombées.
La suite du
pèlerinage du commis voyageur de la
terreur le mena au Vietnam où il fit peu
de cas du président russe Vladimir
Poutine, un concurrent sur les
marchés des armements et des énergies
fossiles (3).
Tragique,
dramatique, pathétique
Dans ce type de
mascarade diplomatique, un figurant joue
habituellement le rôle de la conscience
tragique de la « communauté
internationale » hébétée (sic). Son jeu
consiste à crédibiliser les sornettes du
pugiliste dramatique à propos du
protectionnisme ostracisé. Le premier
ministre malaisien, Najib Razak,
dont le pays souhaite un nouveau traité
libéralisé à onze, s’est vu attribuer ce
rôle. Razak a déploré le
changement de « ton » sur la
mondialisation « Je vois la
montée de l’anti- mondialisation, je
vois la montée de nations qui sont
davantage tournées sur elles-mêmes… il y
a beaucoup de remise en question pendant
ce sommet », a-t-il lancé. Comment
s’en étonner quand on constate que le
repartage des marchés ne sera pas la
panacée rêvée ?
Il revenait à
Donald le matamore dramatique de
profaner l’assemblée des cooptés par son
« America first », sa
façon à lui d’affirmer sa sujétion aux
multimilliardaires et aux
multinationales américaines (4).
Donald Trump aime bien qu’on le
qualifie d’extrémiste isolationniste,
cela lui permet ensuite de renégocier en
position de force avec au poing la
menace de se retirer des traités si les
concessions de ses vis-à-vis ne sont pas
suffisantes (5).
Le dénouement
pathétique de cette tragicomédie
revenait au représentant « émergent »,
le chargé d’affaire de la puissance
« émergente », que dis-je, de la
puissance capitaliste montante,
remplaçante du vieil impérialisme
chancelant. Hier, l’Amérique a remplacé
la puissance impérialiste britannique,
aujourd’hui, l’empire du Milieu remplace
l’Amérique. Le centre de gravité
géopolitique mondial poursuit son
déplacement vers l’ouest à la conquête
de nouveaux marchés, d’une nouvelle
main-d’œuvre salariée à exploiter. À Da
Nang, la Chine a fait un pas en avant,
comme on s’y attendait évidemment. C’est
facile à comprendre, l’économie
impérialiste américaine est sur son
déclin, ayant atteint le plein de sa
rentabilité et de sa productivité, alors
que l’économie capitaliste chinoise
amorce sa phase ascendante de
profitabilité et de productivité
ouvrière. Le grand capital états-unien
exploite à grand-peine 150 millions de
prolétaires industriels – et ces
chiffres sont en baisse – alors que le
grand capital chinois exploite déjà 350
millions de prolétaires, et leur quota
sera, à terme, de 850 millions de
travailleurs salariés productifs et mal
payés. Peu de plumitifs ou d’économistes
de service parviennent à imaginer les
ateliers et les chantiers chinois
encombrés de plus de 850 millions de
prolétaires à fort taux de productivité,
et les villes de Chine embouteillées par
un milliard et demi de consommateurs
compulsifs. Ne cherchez pas, il n’y a
aucun exemple dans l’histoire. La
concentration du capital sera inégalée
et les inégalités de revenus démesurées.
Donald passe le
témoin
Tous auront compris
que ce sommet de l’APEC marque un
tournant dans l’économie politique
capitaliste mondialisée. Le Président
américain fit office de rabat-joie alors
que le Président chinois « communiste »,
prétendant au titre, formula sa
profession de foi. Xi Jinping
affirma devant un parterre en émoi :
« La mondialisation est
une tendance historique irréversible ».
Les échanges doivent être repensés pour
être « plus ouverts, plus équilibrés,
plus équitables et bénéfiques pour
tous », a-t-il expliqué, se plaçant
en nouveau champion du libre-échange. Le
gouvernement chinois a fait savoir
vendredi que les plafonds des
participations des firmes étrangères
dans les sociétés financières nationales
seraient relevés, ces dernières pouvant
dès lors devenir majoritaires. « Cette
décision, annoncée par le secrétaire
d’État chargé des finances, Zhu Guangyao,
est tombée au terme d’une visite de
Donald Trump en Chine, durant laquelle
ce dernier a une nouvelle fois
réclamé une plus grande ouverture des
marchés » (6).
Les manœuvres
conjointes d’intimidation militaire
restreintes
Afin de bien ancrer
dans la tête de ses affidés captifs la
menace qui vient du Nord, le
Pentagone a pensé profiter de cette
visite du bouffon moribond pour
organiser des manœuvres guerrières de
provocation sachant pertinemment que
l’héritier dynastique nord-coréen, qui
connait parfaitement le rôle qu’on lui
attribue dans cette commedia
dell’arte, réagira comme la
« communauté internationale » bancale
s’y attend, accréditant ainsi le mythe
d’une menace nucléaire internationale
venant de cet avorton prête nom.
Après ces exercices militaires conjoints
les commandes d’armements devraient
affluer à Washington, et l’opinion
publique formatée par les médias
médiatisés devraient se résigner à voir
une autre guerre se préparer afin de
soi-disant protéger les libertés
bafouées sous la démocratie des riches.
Vous vous souvenez des deux premières
guerres mondiales ? (7)
NOTES
ANNEXE
Sur la question
nationale et le protectionnisme, un
livre d’avant-garde.
Robert Bibeau
(2017). Question nationale. L’Harmattan.
Paris. 136 pages. Commande en ligne:
https://www.amazon.ca/Question-nationale-r%C3%A9volution-prol%C3%A9tarienne-limp%C3%A9rialis/dp/2343114749/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1496234995&sr=8-1&keywords=Robert+Bibeau
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