Les 7 du Québec
Brexit, on ne vote pas ! Ça ne nous
concerne pas !
Robert Bibeau

Mercredi 15 juin 2016
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Depuis quelques
temps la gauche bourgeoise européenne
exulte à propos du duel que se livre
deux factions de la bourgeoisie
britannique, une faction en faveur du
maintien du Royaume-Uni dans l’Union
européenne, l’autre faction en faveur de
l’âpre renégociation du traité de
l’Union. Tout ceci serait navrant si ce
n’était que la gauche bourgeoise profite
de l’opportunité pour mystifier la
classe ouvrière britannique et
européenne laissant croire que ce
conflit au sein de la bourgeoisie
l’interpelle.
On nous dira qu’il
n’y a rien de neuf sous le soleil et que
depuis un siècle, depuis la Première
Guerre mondiale, la gauche bourgeoise
mobilise le prolétariat en faveur de
l’une ou de l’autre des factions
capitalistes en conflit. Si la gauche
bourgeoise avait à cœur les intérêts du
prolétariat européen elle se
demanderait : « Pourquoi le BREXIT ? »
Pourquoi ce référendum mené par Cameron,
un pion politique du capital
britannique, pour soi-disant sortir son
pays de l’Union européenne ? Ça
ressemble à la mère qui renie ses
petits ! Ça ressemble avons-nous écrit,
mais il faut se méfier des apparences.
Le prolétariat mondial connait les
manigances des riches.
L’analyste
politique stipendié doit savoir que le
capital financier du Royaume-Uni est
intimement lié au capital financier
étatsunien via la City de
Londres que Wall Street
accrédite comme deuxième place
financière mondiale. L’analyste
politique grassement payé doit savoir
que le Royaume-Uni répond aux ordres de
ses alliés de Washington et qu’il a
toujours été le Cheval de Troie
au sein de l’Union européenne, au
service de ses vis-à-vis de Wall
Street. Sachant ces
prémisses élémentaires, l’analyste
clairvoyant comprend que David Cameron a
reçu mission de ses patrons de
rassembler le grand capital européen
autour de ses compagnons de disgrâce
américains en prévision du grand
affrontement qui se prépare entre
l’Alliance atlantique (OTAN) en
débâcle, contre l’alliance montante
russo-chinoise. Évidemment, cet
affrontement en préparation exigera des
sacrifices – telles une énergie plus
couteuse pour l’Allemagne qui
s’approvisionne en Russie – la perte de
certains contrats militaires pour la
France – la perte de contrats
d’investissements pour l’Italie –, etc.
mais la mise au pas de l’ogre Russe
avant le repli du dragon chinois seront
à ce prix.
Le « BREXIT » vise
à faire monter les enchères pour le
maintien de l’Union, sachant que le
retrait du Royaume-Uni entrainerait
d’autres replis, la Grèce est à deux
doigts de suivre ses pas… et combien
d’autres ? Dans cette guerre économique
et politique préparatoire à la guerre
militaire qui suivra, il semble que la
gauche bourgeoise, comme à son habitude,
ait pris fait et cause en faveur de la
faction capitaliste favorable à l’âpre
renégociation de l’Union en opposition à
la faction capitaliste monopoliste
favorable au maintien du marché commun
et de l’Euro en l’état.
En quoi ce choix de
la gauche bourgeoise est-il
anti-prolétarien ? Après tout ce sont
surtout les capitalistes moins fortunés
qui sont dans le camp du « BREXIT » – et
de l’âpre renégociation de l’Union –
alors que les plus grosses fortunes
d’Europe – les capitalistes monopolistes
transatlantiques – sont eux dans le camp
de l’Union coute que coute. C’est que la
gauche bourgeoise mystifie ainsi la
classe prolétarienne qui doit défendre
ses propres intérêts de classe et
refuser de jouer les thuriféraires du
capital comme la gauche bourgeoise le
lui a toujours suggéré.
D’abord, tout
prolétaire conscient sait que la
mondialisation de l’économie est
inscrite dans les gènes du capital comme
Marx nous l’a enseigné. Le refus de
l’Europe, de l’euro, de la
mondialisation, de
l’internationalisation des échanges, est
une futilité à laquelle seuls le petit
capital non monopoliste et ses affidés
de la petite bourgeoisie gauchiste
croient mordicus. Le choix pour la
classe ouvrière ne se pose pas dans les
termes de « pour ou contre l’Europe »,
mais bien en termes de « Quelle Europe
voulons-nous ? » L’Europe du capital
ou l’Europe du prolétariat international
? Une certaine gauche bourgeoise
présente l’alternative dans ces mots,
sauf qu’elle laisse entendre que
l’Europe du prolétariat peut s’ériger
par la conquête électoraliste des
parlements capitalistes à grand renfort
de bulletins de votes et de plébiscites.
RIDICULE. L’Europe prolétarienne
nécessite de détruire de fond en comble
l’Europe capitaliste, ses parlements, et
ses États bourgeois et de socialiser la
totalité des moyens de production,
d’échanges et de communication.
Le référendum
britannique sur le « BREXIT » offre-t-il
cette alternative aux ouvriers
britanniques ? Non, évidemment !
Il propose aux prolétaires britanniques
de se ranger derrière la clique des
capitalistes financiers de la City
pour obtenir une renégociation douce des
clauses de l’alliance avec la
bourgeoisie européenne, ou de se ranger
derrière la clique des capitalistes
manufacturiers afin de renégocier
âprement les clauses de l’Union. Car
seuls les bobos de la gauche bourgeoise
croient que le grand capital britannique
songe sérieusement à quitter l’Union
européenne alors que les capitalistes
monopolistes états-uniens attendent de
leurs associés britanniques qu’ils
poursuivent leur excellent travail de
sape à l’intérieur de l’Union.
Le prolétariat
britannique n’est pas dupe de cette
mascarade référendaire du « BREXIT ». Il
n’a rien à faire dans cette galère entre
les deux factions moribondes du capital
et il doit rejeter ce référendum sans
intérêt pour ses intérêts… de classe.
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