Les 7 du Québec
Donald Trump et l'insurrection populaire
Robert Bibeau

Mercredi 15 février 2017
http://www.les7duquebec.com/...
Questions présentées à
Robert Bibeau,
par Abdoul
Razac Napon,
pour la revue
MUTATIONS
du Burkina
Faso.
Février 2017 (1)

1-Quelles est votre lecture de la loi
anti immigration de Donald Trump et de
son appui au Brexit ? Serait-ce
une nouvelle page d’histoire qui
s’écrit ? Où cette crise peut-elle
déboucher ?
Il est
vrai que le monde vit de grands
bouleversements et cela est inquiétant
pour le prolétariat. Mais pour
comprendre ce tremblement de terre
social, politique, diplomatique,
militaire, financier, monétaire,
commercial, il faut identifier le
commencement de la chaine de causalité
et en suivre l’enchainement,
démultipliant ses effets percutants et
effrayants pour qui se laisse
impressionner sans analyser.
Avant
de répondre à votre question, arrimons
deux axiomes, premièrement :
l’histoire de l’humanité n’est pas
l’histoire des hommes célèbres, des
chefs politiques, des thuriféraires
médiatiques, ni des vedettes de toute
espèce comme trop de gens le croient.
L’histoire de l’humanité est l’histoire
de la lutte des classes. Ce sont les
classes sociales qui font l’histoire
(pas les peuples ni les nations). Les
politiciens, les oligarques financiers
et les hommes d’affaires sont les
instruments de leur classe sociale.
Deuxièmement: tout commence toujours
sur le front économique de la lutte des
classes – jamais sur le front politique
ni idéologique, qui sont des instances
conditionnées par l’instance économique,
évidence que les gauchistes ont oubliée.
Ceci
dit, venons-en à votre question sur le
récent décret présidentiel américain
resserrant l’immigration dans ce pays.
Je ne crois pas qu’une nouvelle page de
l’histoire mondiale s’écrive à travers
cette mesure somme toute banale et
bancale. En effet, sans le dire
ouvertement les États-Unis appliquent de
telles mesures de contrôle de
l’immigration depuis le onze septembre
2001. Barack Obama, le premier
président noir aux É.-U., dont tant de
bourgeois africains s’enorgueillissent,
a fait déporter deux-millions de « chicanos »
entrés illégalement aux États-Unis. En
avez-vous entendu parler dans les médias
« mainstream » et avez-vous vu des
manifestations de la go-gauche contre
cette discrimination ? Le Mur à la
frontière du Mexique était complété à
moitié lors de l’intronisation de
Donald Trump, œuvre des
présidents précédents dont la go-gauche
et les médias ne parlaient pas.
Qu’y
a-t-il de différent sous Donald Trump ?
Deux éléments : A) la crise économique
mondiale s’approfondit et fait des
ravages importants aux États-Unis ou le
chômage s’épand. B) Le grand capital
américain après avoir essayé la méthode
monétariste – dite « socialiste » (sic)
– version Démocrate-Républicain-Obama-care,
et ayant constaté le désastre laissé par
l’administration Obama (3) a décidé
d’organiser une OPA politique et de
s’emparer du contrôle de la machine
électorale républicaine afin d’imposer
son homme – son populiste, Donald
Trump, que vous devez voir comme le
portevoix – la marionnette – de la
clique capitaliste qui l’a imposé.
Le
clan Trumpiste souhaite renverser le
déclin inéluctable de l’impérialisme
américain en faisant davantage de
méfaits que ceux réalisés par les
administrations précédentes. Plus de
monnaie de crédit sortie de
l’imprimerie ; plus de dette
souveraine ; plus de guerres
d’agression ; plus de subventions aux
banques et aux entreprises ; moins de
règlementation gouvernementale ; plus
d’exploitation de la classe ouvrière ;
plus de pressions sur les alliés pour
qu’ils mettent la main à la pâte pour
soutenir l’Amérique hégémonique ; plus
de pressions sur les monopoles
concurrents pour qu’ils maintiennent
leur adhésion au dollar défaillant ;
plus d’intimidation diplomatique,
militaire, commerciale, financière,
boursière, monétaire, législative, sur
les alliés aussi bien que sur le camp
adverse des impérialistes
chinois-iranien-russe. Tout cela a déjà
été essayé dit-on dans le camp
clintonien de gauche rival, mais jamais
de manière aussi prononcée réplique-t-on
dans le camp Trumpiste. Davantage d’un
mauvais remède ne permettra pas de
sauver le patient. Le drame, c’est qu’il
n’existe aucun remède pour ressusciter
un moribond.
Ainsi,
le décret restreignant l’immigration
venant de sept pays vers les États-Unis
ne vise pas tant les musulmans, les
islamistes, les terroristes, les
djihadistes, armés et subventionnés par
la CIA et le Pentagone sous la promesse
de se faire exploser sur les Champs
Élysées, mais jamais à Central Park. Ce
décret ne vise pas à renforcer la
sécurité aux frontières, déjà hyper
protégées, rien de tout cela. Ce décret
vise deux objectifs : I) intimider
l’Iran et aviser ses alliés (Syrie,
Irak, Yémen, Hezbollah, Soudan) qu’ils
seront frappés s’ils continuent de
s’opposer à l’hégémonie des capitalistes
américains. II) Envoyer un message fort
à la classe prolétarienne américaine que
Donald Trump et sa clique se
préoccupent de leur sécurité et de leur
emploi et qu’il ferme les frontières à
l’entrée de travailleurs immigrants
concurrents (ce qui est pur mensonge).
Le rôle de la go-gauche dans cette
mascarade est d’accréditer le mythe du
multimilliardaire ayant un préjugé
favorable aux travailleurs et préoccupé
de sécurité intérieure. C’est pourquoi
vous observez ces manifestations très
médiatisées de petits-bourgeois excités,
ce sont les « imbéciles utiles » du
régime Trump. C’est pourquoi on ne voit
que des petits-bourgeois (en voie de
paupérisation) dans ces manifestations
anti-Trump, indice que le subterfuge
fonctionne. Ce mouvement superfétatoire
va s’essouffler et ne va rien donner,
les petits bourgeois servent d’exutoire,
et de faire valoir, puis d’éteignoir.
L’appui du Président Trump au Brexit
britannique est sa façon de miner les
marchés de l’Allemagne, l’allié et le
concurrent mortel de l’impérialisme
américain en déclin. La faction du
capital américain qui a porté Trump au
pouvoir sait très bien que l’Allemagne a
relevé la tête et qu’elle s’apprête –
entouré de ses clients européens – à
défier l’Amérique sur le terrain
économique. Les câlins de Trump en
direction de Vladimir Poutine
ne s’expliquent pas autrement que de
tenter de séparer le capital russe du
capital chinois et de prévenir toute
tentative du capital allemand de créer
un axe Berlin-Moscou, l’un apportant la
puissante machine de production
allemande et l’autre apportant les plus
grandes réserves de matières premières
au monde.
Cette
conjoncture économicopolitique n’est pas
le fruit des décisions politiques des
gouvernements américains, européens,
russe ou chinois. Cette conjoncture est
le résultat du développement des
contradictions internes au mode de
production capitaliste. Contradictions
qui rendent de plus en plus difficiles
la valorisation du capital mondial et
l’accumulation du profit international.
D’où vous voyez surgir des charlatans,
des sorciers, des aventuriers, en
casquettes militaires ou en cravates
d’affaires, psalmodier leurs
incantations afin de préparer une grande
purge de guerre où les prolétaires de la
terre (y compris ceux d’Afrique) seront
invités à s’immoler sur les champs de
bataille « Alliés » pour l’amour de la
patrie et pour le profit des
capitalistes nationaux, les mêmes qui
planquent leur fric dans les paradis
fiscaux.
2-
Le monde semble être en crise depuis
quelques années, avec la montée de
l’extrémisme, des guerres et du
terrorisme. Certains annoncent un
bouleversement de « l’ordre mondial ».
Depuis
quand y a-t-il « l’ordre mondial » ?
Pour ma part je connais bien le désordre
mondial, mais pas l’ordre mondial. Ces
évènements que vous relatez sont
réalité, mais vous devez comprendre
qu’ils sont des résultantes, des
conséquences de la guerre économique qui
se mène entre conglomérats industriels
et financiers internationaux. Pourquoi
croyez-vous que les recruteurs de
mercenaires (on dit aujourd’hui
djihadistes) font de si bonnes
affaires, particulièrement dans les pays
les plus pauvres de la Terre ? Parce que
la crise économique détruit les emplois,
provoque la famine chez les agriculteurs
et les éleveurs, en Afrique notamment.
Les jeunes du tiers-monde – d’Afrique –
en sont réduits à migrer pendant des
mois et des années pour se retrouver
dans un camp de misère en Italie ou en
Normandie, s’ils ne se sont pas noyés en
Méditerranée. Qui sont les
extrémistes et les terroristes ?
Ce sont ceux qui détruisent l’économie
en tentant de réaliser la mission
sociale qui leur est assignée dès leur
naissance dans des draps dorés –
valoriser le capital à tout prix pour
engranger le profit, et s’ils n’y
parviennent pas de tout détruire.
Les
bobos qui prophétisent un bouleversement
de « l’ordre mondial » ne
savent pas de quoi ils parlent. C’est au
milieu des années soixante-dix que ce
cataclysme a eu lieu. Les médias à la
solde dressent un piédestal à ces
hâbleurs pour qu’ils récitent leur
cantique qui vise à confondre la
populace. Comprenez que le monde ne
vibre plus aux « unipolaire versus
bipolaire, versus multipolaire » ni à la
théorie des « Trois mondes » (sic). La
troisième guerre mondiale est à nos
portes, et Donald Trump n’est que
l’instrument de cette marche forcée vers
la faillite – non pas la faillite de
l’Amérique ou de telle ou telle
puissance impérialiste, mais la faillite
du mode de production capitaliste que
les prolétaires devront un jour se
résoudre à renverser pour le remplacer.
3-
L’Afrique, notamment sa partie
subsaharienne, est exclue des centres de
décisions et subit les conséquences des
contradictions et des effets des luttes
d’intérêts des grandes puissances. On a
comme l’impression que cette partie du
continent est spectateur à la remorque
des puissants du monde politiquement et
économiquement.
De
quels centres de décisions parle-t-on
ici ? L’ONU, la CPI, L’OCDE, L’OTAN,
l’OMC, la Banque mondiale, le Fonds
monétaire international, l’Union
européenne ? De quelle « Afrique »
parle-t-on, qui serait exclue des
centres de décisions ? Les ouvriers et
les prolétaires des pays du Nord – de
France, du Canada, des États-Unis
ont-ils voix au chapitre dans les
décisions du capital occidental ?
Ainsi, en France il y a quelques années
la bourgeoisie française à organiser un
référendum sur l’adhésion au traité
d’Union européenne. La majorité de la
population a rejeté le traité et
pourtant la France est toujours dans
l’Union. Les prolétaires américains sont
les spectateurs de la délocalisation des
usines de la « ceinture de rouille »
du Middle Ouest étatsuniens. Les
ouvriers américains ne sont jamais
consultés par les centres de décisions
du Nord avant de fermer les usines au
Nord. Les prolétaires canadiens ne sont
pas consultés quand le gouvernement des
riches du Canada accorde des subventions
aux entreprises milliardaires à même les
taxes et les impôts payés par les
travailleurs salariés paupérisés.
Nous
vivons, au Nord comme au Sud sous le
mode de production capitaliste à son
stade impérialiste. Ceci signifie que
pour connaitre la réelle influence des
riches d’Afrique sur l’économie et la
politique mondiales, on doit connaitre
le nombre de milliardaires et de
multimillionnaires africains. En 2016,
sur 1810 milliardaires recensés dans le
monde 30 sont africains – 1.7 % du total
–, le poids décisionnel de l’Afrique des
riches dans les affaires du monde
capitaliste international est
approximativement de 1.7 %, davantage
que le poids de la classe ouvrière
américaine et africaine réunie.
« L’Afrique » comme vous dites veut une
part plus grande de pouvoir ?
Engraisser plus de milliardaires.
4-
Vous êtes connu pour être un pourfendeur
de la Banque mondiale et du FMI. Que
reprochez-vous concrètement aux
institutions de Brettons Woods qui
disent lutter contre la pauvreté dans
les pays du Sud ?
Ces
institutions financières internationales
– mises sur pied comme officines du
grand capital mondial – ont missions
d’assurer sur le plan financier,
boursier, bancaire, monétaire que les
prolétaires et ce qui reste des
paysanneries africaines seront
maintenues sous le joug de leur
bourgeoisie nationale (dans chaque pays,
y compris dans les pays soi-disant
socialistes d’Afrique), et extorquée de
façon appropriée, et que la plus-value
qui leur sera spoliée sera acheminée
dans les proportions convenues avec les
larbins nationaux africains vers le
capital du Nord, tandis que les
capitalistes nationalistes d’Afrique
feront eux-mêmes le dépôt de leur butin
spolié dans les paradis fiscaux de
Bolloré et des autres. Les
fonctionnaires du capital œuvrant à la
Banque mondiale et au FMI s’assurent que
tout ceci fonctionne rondement et n’ont
pas le temps par la suite de lutter
contre la pauvreté dans les pays du Sud,
du Nord, ou du Centre (4).
5-
L’ONG britannique OXFAM vient de publier
un rapport sur les inégalités dans le
monde. Lequel rapport montre que le
nombre des très riches augmente et celui
des très pauvres aussi. Les 1 % les plus
riches possèdent désormais davantage que
les 99 % restants. Il pointe du doigt
le néolibéralisme. Quel est votre
commentaire ?
Vous
devez sérieusement vous interroger sur
les motifs qui poussent OXFAM, ce
fleuron de l’industrie de l’ONG
subventionnée, à divulguer chaque année
ce type de données au sommet des riches
à Davos en Suisse. Quels effets ces
révélations ont-elles provoqués par les
années passées ? La courbe de
concentration du capital s’est-elle
inversée depuis vingt ans ? Espère-t-on
que de telles mascarades médiatiques
assureront un meilleur partage de la
richesse capitaliste sous le
capitalisme ? Enfin, comment expliquez
que la richesse des riches augmente
alors que la planète tout entière est en
récession économique depuis 2008 ?
D’où vient cette richesse ?
Existe-t-elle réellement ? Pour le reste
j’invite les lecteurs à consulter notre
webmagazine où l’analyse de ce rapport
d’OXFAM a fait l’objet d’un article
récemment http://www.les7duquebec.com
(5).
6-
Parmi vos propositions contre les
inégalités, vous proposer de détruire le
mode de production capitaliste
irrémédiablement parce qu’il est source
de tous les maux. Vous n’épargnez pas
non plus l’État. Éclairez-nous et dites
comment parvenir à détruire ce mode de
production.
En
effet, le mode de production capitaliste
(MPC) est basé sur le principe que pour
accroitre la richesse sociale collective
il faut que le capital
(c’est-à-dire les moyens de production,
d’échanges et de communication et non
pas l’argent comme le pensent bien des
gens) soit « valoriser », c’est-à-dire
remplie de plus-value ouvrière, ce qui
est logique, et si ce mode de production
parvenait à remplir sa mission, comme il
l’a fait dans les pays occidentaux entre
1945 et 1975 (les trente années
glorieuses) il serait inutile de
renverser le mode de production
capitaliste. Incidemment, au cours
de ces années de prospérité relative le
mouvement ouvrier s’effondra en même
temps que les organisations et partis
politiques de la go-gauche
petite-bourgeoise. Les opprimés du Nord
étant rassasiés la révolution fut
oubliée. Mais voilà, sous le mode de
production capitaliste ces accalmies
économiques (et forcément politiques)
préparent toujours une nouvelle crise
économique encore plus sérieuse que la
précédente. Ce qui survint à compter du
milieu des années 1970 jusqu’à
aujourd’hui et se poursuit avec des
hauts et surtout des baisses de
rendement des actions. Je viens de
vous donner un premier indice.
Pour
qu’il y ait insurrection populaire,
une profonde crise économique doit
frapper très durement les ouvriers du
monde entier. Il n’y a rien à faire pour
cela – suffit d’attendre avec patience –
les militants gauchistes – ces mouches
du coche – n’y peuvent rien, les
capitalistes et les politiciens pas
davantage – ça arrive indépendamment de
la volonté humaine et pourtant cet
ingrédient est indispensable à la
révolution prolétarienne. Ventre plein,
n’a pas d’oreille pour écouter les
récriminations des gauchistes. Cependant
un politicien comme Donald Trump
peut jeter de l’essence sur le feu. Pour
ma part je dis laissons-le faire. La
crise frappant de plein fouet un
deuxième ingrédient survient –
soulèvements, troubles sociaux, grèves,
anarchie sociale, dégénérescence morale,
crise politique, la bourgeoisie en vient
à s’entredéchirer et à ne plus savoir
gouverner. Voilà que plusieurs
ingrédients sont réunis pour amorcer
l’insurrection populaire spontanée,
désorganisée ; ne manque que
l’étincelle qui mettra le feu à
toute la plaine. Quand l’étincelle
jaillit toutes les couches de population
se soulèvent en un mélimélo
indescriptible, le mouvement est
violent, le peuple si longtemps opprimé
veut tout casser, il sait ce qu’il ne
veut plus – le vieux mode de production
et sa vieille société – il n’a aucune
idée de ce qui pourrait le remplacer.
C’est une période insurrectionnelle
populaire destructrice. Ces soulèvements
seront mondiaux, car le mode de
production capitaliste sévit partout
maintenant que les mirages socialistes
et « communistes » ont été dissipés. En
ces temps de grande confusion, on
recense dans cent pays une classe
prolétarienne moderne, nombreuse,
éduquée, branchée, expérimentée, rompue
à la lutte de classe sur le front
économique, on dispose ainsi d’une
immense puissance qui pourrait faire la
différence, encore faudra-t-il qu’elle
se mette en branle dans la bonne
direction. Le salut social mondial ne
pourra venir que de la classe
prolétarienne aguerrie au travail
socialisé, à la coopération, à la
production planifiée, aux technologies
de pointe, etc. Si la classe
prolétarienne se met en mouvement
consciemment (en soi et pour soi) nous
serons collectivement tirés d’affaire,
c’est à ce moment et pas avant que
s’amorcera la Révolution
prolétarienne pour construire le
nouveau mode de production communiste.
Ces conditions n’ont jamais existé dans
l’histoire de l’humanité, ni en 1917 ni
en 1949.
7-
Au nombre de vos recommandations, vous
dites d’oublier la métaphore du Grand
Soir qui ne vise qu’à galvaniser les
esprits, et vous frapper en brèche les
idées reçues jusque là. Pour vous le
mouvement précède la conscience.
« Le Parti de la classe prolétarienne
ne peut préexister à l’insurrection
populaire qui marquera le commencement
du long processus révolutionnaire. »
Alors qui va organiser l’insurrection ?
Personne ne va organiser l’insurrection
populaire. Ça ne s’organise pas, ça ne
s’anticipe pas une insurrection
populaire spontanée. Ce sera un
mouvement violent sans précédent, face
auquel la Révolution française vous
paraitra bien anodine, et comme la
Révolution française, et russe,
l’insurrection se prolongera sur des
années. Ne pas oublier que l’on parle
ici d’une suite d’insurrections
populaires qui embraseront la planète
tout entière (7 milliards d’individus).
Mais l’insurrection populaire
(parce que menée par le peuple) ne
débouchera sur rien, que sur la
destruction de l’ancien, parce que
dirigée par la petite bourgeoisie
gauchiste, opportuniste, réformiste,
regroupée en sectes dogmatiques où l’on
fera la lecture des livres sacrés
laissés par les classiques et où on
adressera des suppliques à Marx (ce que
Marx a dénoncé de son vivant – effrayé
de ce que l’on faisait de lui – une
icône). C’est au cours de ce processus
de soulèvement insurrectionnel
s’étendant sur des années, probablement
suite à un conflit nucléaire
génocidaire, qu’émergeront au sein du
prolétariat mondial des hommes et des
femmes conscients qui apprendront le
métier de révolutionnaire en faisant la
révolution. Lénine a œuvré
dans la Russie Tsariste féodale, où
jusqu’en octobre 1917 la police secrète
sévissait, infiltrait les organisations,
arrêtait les militants et les
exterminaient ou les exilaient en
Sibérie. Une petite organisation
secrète, militarisée, était la formule
appropriée pour agir dans de telles
conditions et s’emparer du pouvoir
d’État semi-féodal. Pas de prolétariat
immense éduqué, branché, expérimenté,
œuvrant dans des usines robotisées,
répandu dans le monde entier (en 1917,
la Chine et l’Inde étaient encore au
temps médiéval). Bref, Lénine a dirigé
de main de maitre une bande de
mercenaires bolchéviques qui ont
perpétré un coup d’État dans un seul
pays. Ce sera très différent sous la
révolution prolétarienne internationale
à venir.
8-
Vous n’êtes pas tendre avec la petite
bourgeoisie « instable », et incapable
de conduire une révolution. Finalement,
qui est crédible ?
La
petite bourgeoisie, tout comme la
paysannerie, sont des classes sociales
dont l’activité économique, donc sociale
et politique, les prédispose au
compromis, à l’opportunisme et au
réformisme. Ainsi, le paysan désire
ardemment posséder ses moyens de
production (terre et instruments
agraires) les outils dont il a besoin
pour se reproduire et faire vivre sa
famille. Le paysan est un petit
capitaliste en latence. Lénine le savait
et il a promis la terre à celui qui la
travaille afin de gagner la paysannerie
à la révolution bolchévique. La petite
bourgeoisie est le segment salarié de la
classe bourgeoise. Ce segment de classe
éduquée est en surnombre sous le mode de
production capitaliste. Les ouvriers
appellent ces gens les « bureaucrates
du red tape », ceux qui grugent les
profits de la compagnie sans produire de
plus-value. Vous voyez comme les
ouvriers sont des gens perspicaces quand
il s’agit d’analyser le processus de
production. Le petit bourgeois ne veut
surtout pas détruire le mode de
production capitaliste, du moins pas
tant que son revenu est assuré par la
plus-value de l’ouvrier, et qu’il peut
se payer un certain nombre de biens et
de services qui lui donne l’illusion de
vivre comme un riche, deux semaines de
vacances dans le Sud et la croisière
dans les Caraïbes, et le petit bourgeois
renouvèle son serment d’allégeance à la
propriété privée. Mais voici que la
crise économique frappe à la porte de
son bungalow et de son auto à crédit.
Voilà que son pouvoir d’achat stagne ou
périclite, que le chômage le guette.
L’étalage de ses diplômes ne l’éloigne
plus du comptoir alimentaire et de la
misère.
Et le
voici qui rejoint petit à petit les
conditions de la classe ouvrière. Un
temps il conserve l’illusion qu’il
pourra s’en sortir en devenant
autoentrepreneur, petit indépendant à
domicile, jusqu’à ce que ses clients
deviennent plus pauvres que lui et
l’abandonnent. Le petit bourgeois ne
comprend pas ce qui se produit autour de
lui et il dénonce, il gesticule contre
le banquier, le policier, le patron, le
juge et l’ouvrier qui refuse de partager
sa pitance avec plus déshérités que lui.
Le petit-bourgeois est foncièrement
idéaliste et moniste et il voit l’action
militante comme une œuvre de
complaisance charismatique. Il y a
longtemps le petit-bourgeois priait à
l’église pour obtenir les bienfaits de
son Dieu, aujourd’hui, athée, il
manifeste, il occupe les parcs et il
fait le pied de grue à « Nuit debout »,
espérant infléchir le bras séculier de
son nouveau Dieu, l’État laïcisé. Mais
peine perdue. Alors sa frustration est
grande et sa colère est immense.
Individualiste et narcissique – il est
la première victime psychologique de ses
maitres bourgeois dégénérés – le petit
bourgeois devient militant de go-gauche
(c’est ici qu’il devient dangereux et
que nous devons combattre son influence)
et son instruction supérieure le
prédispose à devenir leader d’une secte
qu’il rassemblera à sa gauche, des
petits bourgeois aigris comme lui, qu’il
s’empressera de « protéger » des
influences de l’étranger, d’autres
gourous comme lui pour préserver son
précarré. Et au milieu de ses ouailles
le « duce » petit-bourgeois ergotera à
propos de l’injustice de la société
démocratique qui la privé de ses
propriétés et qui doit lui restituer en
toute équité. Si vous voulez exciter le
petit bourgeois, dites-lui que 8
milliardaires s’enrichissent alors que
les petits bourgeois s’appauvrissent. Le
petit bourgeois revendiquera – résistera
à l’austérité – enragé, il jouera de la
pancarte et de la matraque, s’agitera
sur une ligne de piquetage symbolique,
il pétitionnera et arme suprême, il
manifestera par milliers (devant la
Maison-Blanche notamment) avec ses
congénères, et fera ainsi la
démonstration à la grande bourgeoisie
qu’il peut nuire et entravé le
fonctionnement de la démocratie
bourgeoise.
Tout
ceci lui a rapporté des dividendes dans
les années de prospérités, mais ne
donnera rien en ces années de calamité.
Vous aurez compris que ces simagrées ne
visent pas à renverser « l’ordre
établi » ou à créer un « nouvel
ordre mondial » (sic), ni à
renverser le mode de production
capitaliste, mais à réintégrer le Bobo
parmi les privilégiés pour et par une
plus « juste » distribution de la
richesse. Le petit bourgeois idéaliste,
fumiste, rarement matérialiste (une
conséquence de sa position dans le
procès de production) ne parvient pas à
comprendre que la concentration du
capital est un phénomène congénital au
capitalisme et qu’aucun banquier ni
aucun politicien laquais ne peut le
modifier. Bref, plutôt que de militer
futilement pour prendre aux riches et
donner aux pauvres, il ferait mieux de
combattre pour détruire le système
capitaliste. Mais le petit bourgeois
individualiste et narcissique a une peur
panique de la socialisation du procès de
production et il a peur des ouvriers
qu’il juge ignares et mal embouchés. Ce
n’est qu’après des dizaines d’années de
paupérisation et de prolétarisation que
le petit bourgeois parviendra à se
défaire de sa mentalité et de sa vision
bourgeoise et qu’il sera apte
(peut-être) à militer aux côtés des
ouvriers, mais surtout ne lui donnez
jamais la pôle position, ce qui me fait
dire : camarade, garde moi du petit
bourgeois « d’avant-garde », mes ennemis
je m’en charge.
9-
Si on vous suit, le Burkina Faso devrait
pouvoir avoir un parti révolutionnaire
né de l’insurrection populaire des 30 et
31 octobre 2014 et même de janvier 1966.
Mais le pays n’a pas encore réussi à
réaliser une révolution. Comment vous
l’expliquer ?
Je ne
sais rien de l’insurrection populaire
des 30 et 31 octobre et de janvier 1966,
mais je sais que le Burkina Faso pas
plus qu’aucun autre pays dans le monde
ne fut jamais en phase d’insurrection
populaire et encore moins de révolution
prolétarienne – qui sont deux processus
– deux moments différents du changement
social révolutionnaire. L’un est
destructeur alors que l’autre est
constructeur. Les deux doivent être
franchis mondialement en deux temps pour
que surgisse le nouveau mode de
production communiste.
Je
vais vous présenter une situation
similaire qui s’est déroulée en Égypte
en 2011 et que l’on a appelée
abusivement la Révolution égyptienne.
En 2011, en Égypte de nombreux facteurs
insurrectionnels étaient rassemblés. La
misère du peuple égyptien était immense
et la répression du régime était
intense. L’étincelle est venue de
Tunisie un pays où la population est
moins pauvre qu’en Égypte. En Égypte la
situation était telle que les jeunes
hommes, parfois diplômés de
l’université, vivaient sous les ponts et
ne pouvaient épouser leur fiancé ni
fonder un foyer. C’est une ligne rouge
qu’une société bourgeoise ne doit pas
franchir au risque de connaitre des
soulèvements sociaux importants. Ce qui
survient. La population urbaine
égyptienne se souleva de bon droit et
exigea du travail, du pouvoir d’achat et
des logements. Ces revendications
avaient un potentiel insurrectionnel ce
que la grande bourgeoisie a vite
compris, aussi, rapidement une multitude
d’organisations gauchistes-réformistes
s’emparèrent de la direction du
mouvement et introduisirent la
revendication « démocratique
bourgeoise », la revendication préférée
de la petite bourgeoisie, le droit de
voter pour choisir son tyran. La
Secrétaire d’État américaine de
l’époque, Madame Hilary Clinton
de triste renom eut vent de ce slogan
qu’elle reprit et diffusa dans le monde
entier. Quand tout va mal pourquoi ne
pas voter pour apaiser la société ? Mais
que faire avec un bulletin de vote quand
tu es trop affamé pour te rendre au
bureau de scrutin ? Bref, l’insurrection
avorta et s’empêtra dans des luttes de
cliques opportunistes et réformistes. La
classe prolétarienne égyptienne apporta
son appui sans équivoque au soulèvement,
mais le voyant s’étioler, hésiter,
capituler pour obtenir le changement
d’un tyran par un nouveau tyran « élu »
(ce que la petite bourgeoisie mondiale a
finalement appelé une Révolution) la
classe prolétarienne égyptienne
réintégra ses casernes urbaines.
L’insurrection populaire égyptienne
avorta rapidement, ne détruisit pas
l’État bourgeois ni aucune de ses
institutions, n’enflamma aucune autre
section du prolétariat mondial – quand
votre revendication se résume à changer
le nom d’un dictateur quel autre
prolétariat voudrait emboiter le pas et
se sacrifier sous les balles de la
flicaille surarmer ? La bourgeoisie
égyptienne poussa l’outrance jusqu’à
exiger que le peuple égyptien écrasé et
humilié entérine par scrutin
« démocratique » son choix d’un nouveau
tyran issu de l’armée assassine. Le
prolétariat égyptien n’entama jamais la
phase révolutionnaire pour la
construction du nouveau mode de
production communiste. Le matérialiste
dialectique ne parle de Révolution
sociale que s’il y a renversement d’un
mode de production (exemples la
Révolution bourgeoise française et la
Révolution anti féodale Russe). Changer
un despote par un autre ne constitue en
rien une révolution sociale
prolétarienne, à peine une séance de
chaise musicale.
Je ne
crois pas que l’insurrection populaire
du 31 octobre 2014 au Burkina Faso ait
entrainé une suite d’insurrection
populaire dans le monde entier – j’en
aurais entendu parler – ni que suite à
cette insurrection populaire le
prolétariat burkinabé ait amorcé la
construction du mode de production
communiste dans un seul pays. Dans
ces conditions la création d’un parti
politique prolétarien révolutionnaire
est déconseillée. J’expliquerai pourquoi
dans un pamphlet à paraitre en 2017.
10-
Vous dites que « les prolétaires
révolutionnaires ne doivent en aucun cas
batailler pour prendre le contrôle d’une
portion quelconque, d’une instance
quelconque de la gouvernance bourgeoise ».
C’est dire alors que vous appelez les
gens à boycotter les élections
organisées dans tous les pays ?
Je
n’appelle pas les « gens », je ne
m’adresse jamais aux « gens », à la
populace en générale, je suis totalement
dédié à ma classe sociale, la classe
prolétarienne et elle seule. J’exhorte
effectivement le prolétariat du monde
entier et celui de chaque entité
nationale bourgeoise à faire ce
qu’instinctivement le prolétariat fait
souvent – se moquer des mascarades
électorales bourgeoises. J’ai noté que
plus un prolétariat national est évolué,
développé, plus il méprise les
institutions démocratiques bourgeoises
se rendant bien compte que tout cela
n’est que parodie de démocratie. Aux
États-Unis plus de 60% des ouvriers ne
se déplacent jamais pour voter aux
mascarades électorales bourgeoises. Les
ouvriers américains souffrent beaucoup,
mais pas davantage que les ouvriers
ivoiriens qui eux votent nombreux aux
élections « démocratiques » bourgeoises.
Ainsi, la bourgeoisie proclame que tous
sont égaux dans le processus électoral
(un homme = un vote). Ridicule, un homme
muni de son bulletin de vote, mais qui
est propriétaire d’une chaine de
télévision populaire qu’il peut mettre
au service de son candidat, et qui
possède des centaines de millions de
dollars à injecter dans la campagne
électorale de son candidat est-il
vraiment l’égal du prolétaire au petit
salaire qui ne possède en or que ses
nuits blanches et son ridicule petit
bulletin de vote à la main ? Il y
a un siècle que les travailleurs des
pays occidentaux ont le droit de vote et
qu’il l’exerce, la crise économique et
le chômage les épargnent-ils davantage
que ceux des pays de l’Est qui ont été
privés du droit de voter pour le
polichinelle de leur choix ? Salvador
Allende a fait la démonstration de
cette dérision « démocratique »
bourgeoise. Après avoir conquis le
contrôle de l’État « démocratiquement »
quand il voulut faire une politique qui
ne plaisait pas aux riches chiliens, le
général Pinochet l’a évincé et l’a
assassiné (11 septembre 1973). Il est de
la responsabilité d’un prolétaire
révolutionnaire d’enseigner le mépris
des institutions bourgeoises et de
l’État bourgeois duquel notre classe
sociale ne peut ni ne doit rien attendre
et qu’elle doit se préparer non pas à
investir, mais à détruire. Des dizaines
de partis soi-disant communistes,
socialistes, marxistes-léninistes,
révolutionnaires, trotskistes
participent assidument à toute et
chacune des mascarades électorales
bourgeoises nationales, communales,
régionales, municipales et qu’ont-ils
obtenu pour le prolétariat et en quoi
ont-ils fait avancer la révolution
prolétarienne de la sorte ? Des
ministres communistes ont servi de
caution à l’administration gaulliste
après la guerre et le prolétariat
français ne leur a jamais pardonné.
11-
Le Burkina Faso et de nombreux pays
connaissent une crise sociale et
économique profonde. Une pauvreté
endémique et les pays sont sous
perfusion des ONG et des institutions de
Brettons Woods. Ces pays sont à la
traine comparés aux pays du Maghreb et
de l’Asie, anciennes colonies
occidentales aussi. Comment peut-on
expliquer cette crise après plus d’un
demi-siècle du départ du colonisateur ?
Comme
tous les pays vivant sous le mode de
production capitaliste le prolétariat
burkinabé souffre durement, mais pas
davantage que le prolétariat du Maghreb
ou d’Afrique du Sud où 40 mineurs ont
été assassinés au fusil mitrailleur par
la flicaille noire aux ordres du
gouvernement de l’ANC raciste –
le parti de feu Nelson Mandela
– lui-même aux ordres des compagnies
minières internationales (6). Mais je
sais que ce n’est pas l’objet de votre
question. Vous vous préoccupez du sort
de l’économie capitaliste au Burkina
Faso que l’impérialisme mondial
néglige d’exploiter aussi sévèrement que
d’autres ex-colonies françaises.
Pourquoi certaines bourgeoisies
nationales africaines sont-elles
privilégiées dans ce monde exploité ?
L’ennemi de la classe prolétarienne est
d’abord interne et ensuite externe, et
les deux ennemis, capitalistes
autochtones et capitalistes
internationaux, forment une alliance
contre les prolétaires de chaque pays et
contre ceux du monde entier. Le
colonisateur n’est jamais parti du
Burkina Faso et il ne partira jamais
tant que le prolétariat burkinabé, de
concert avec le prolétariat de toute
l’Afrique, n’aura pas renversé le
pouvoir de classe des bourgeoisies
nationalistes africaines et
internationales. Il faut commencer à les
combattre sur le front économique
d’abord. C’est par la grève que
l’ouvrier frappe la bourgeoisie sur le
front économique. Ensuite, il faudra que
le prolétariat international socialise
(je n’ai pas dit nationalise, mais
socialise) la propriété de tous les
moyens de production, de
commercialisation et de communication de
toute l’Afrique et ensuite qu’il
détruise les institutions et les États
bourgeois afin de consolider sur le plan
politique les conquêtes réalisées sur le
plan économique.
Quand
les colonisateurs sont soi-disant
partis, ils ont laissé leurs structures
juridiques, leurs institutions, leur
État de pacotille qu’ils ont construit
pour soumettre le prolétariat burkinabé,
ainsi que leurs réseaux commerciaux,
leur monnaie (le franc CFA cette
ignominie), et tout un réseau de
relations attachant votre bourgeoisie
nationale à leurs intérêts
internationaux. La pseudo
« indépendance » formelle n’a servi à
rien sans l’indépendance économique, car
sous le mode de production capitaliste,
en phase impérialiste, toutes les
économies nationales sont interreliées
via les marchés, les finances, les
monnaies, les ententes commerciales, les
transferts d’actions, et de multiples
réseaux juridiques, économiques, et
mêmes humains entre administrateurs
d’entreprises et actionnaires de
sociétés cooptés. Si votre région a été
moins exploitée que d’autres en Afrique
c’est soit que vous ne possédez pas de
ressources rares en exclusivité, ou très
demandées (pétrole gabonais, coltan du
Kivu, cacao de Côte d’Ivoire, etc.) ;
soit que ce « retard » est la
conséquence de votre mauvais choix
d’alliance quand votre bourgeoisie
« socialiste » a choisi le camp
impérialiste soviétique plutôt que le
camp impérialiste occidental.
12-
Vous connaissez l’Afrique francophone.
Elle reste largement tributaire des
grandes puissances. Elle répond toujours
de Paris, incapable d’imprimer sa propre
politique de développement économique et
même social. Les bases militaires
américaines et françaises, la faiblesse
des armées, des institutions nationales.
À votre avis, quel est le problème ?
Sous
le mode de production capitaliste (MPC)
en phase impérialiste mondiale il n’y a
aucun moyen d’imprimer sa « propre »
politique nationale de développement
économique et social (l’instance sociale
reposant directement sur l’instance
économique, pas d’indépendance sociale
sans indépendance économique). Une
quinzaine d’entreprises multinationales
ont un chiffre d’affaires combiné plus
important que la somme des budgets de
180 pays dans le monde (7). C’est dans
les bureaux d’administration de ces
conglomérats transnationaux que se
prennent les décisions importantes pour
le développement national et
international. Rassurez-vous cependant,
j’ai ouï dire que l’impérialisme chinois
commençait à délocaliser ses usines vers
l’Afrique aux salaires faméliques. Sous
peu, ne soyez pas étonné d’apprendre
qu’une multinationale « communiste »
chinoise débarque à Ouagadougou pour y
construire des « sweats shops » de la
mort.
NOTES
(1)
Robert Bibeau (2016) L’organisation,
de l’insurrection à la révolution. http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-organisation-de-l-insurrection-a-184736
(2)
Robert Bibeau (2014) Manifeste du
parti ouvrier. Publibook. Paris.
183 pages. https://www.amazon.ca/s/ref=nb_sb_noss?url=search-alias%3Daps&field-keywords=Robert+Bibeau
(3)
http://www.les7duquebec.com/7-dailleurs-2-2/la-reprise-americaine-la-derniere-tromperie-dobama/
(4)
Robert Bibeau (2017) La pauvreté
des riches.
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/la-pauvrete-des-riches/
(5)
Robert Bibeau (2017) Question
nationale et révolution prolétarienne
sous l’impérialisme moderne.
L’Harmattan. Paris. 150 pages.
(6)
Robert Bibeau (2013) Mandela
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/nelson-mandela-dernier-repos-pour-le-heros-des-bobos/
et Robert Bibeau (2013) Désolé je
ne puis pleurer http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/desole-je-ne-puis-pleurer/
(7)
Robert Bibeau (2017) La pauvreté
des riches.
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/la-pauvrete-des-riches/
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