Les 7 du Québec
Italie, la main gauche du capital
bataille contre la main droite
Robert Bibeau
Lundi 12 mars 2018
Élection à
l’italienne
La corrélation est
parfaite, chaque fois que l’indice
boursier enregistre des soubresauts
saccadés (montées vertigineuses ou
chutes dangereuses) les indices
électoraux, ceux des polichinelles de
gauche comme ceux des saltimbanques de
droite, connaissent des secousses
importantes, directement
correspondantes. Le dimanche 4 mars
dernier, c’était mascarade électorale en
Italie, troisième économie
de l’Union européenne.
Plus de quarante-six-millions
d’électeurs étaient convoqués aux urnes
pour accomplir leur « devoir » de
soumission à la dictature du capital en
apposant une croix sous l’un ou l’autre
des étendards partisans de partis tous
pourris.
Voici comment un
commentateur belge présente l’activité
électorale de ses camarades italiens : «
En Italie, à gauche, un nouvel acteur
politique « Potere al Popolo »
(Pouvoir au peuple) essaie de remettre
les pendules à l’heure : ce sont les
partis traditionnels, et non les
migrants, qui sont responsables
du chômage et de la précarité. »
Assurément la go-gauche italienne
apprécie cette assertion qui voudrait
disculper le système capitaliste pour
ses malversations. En effet, ce ne sont
ni les partis de la droite
traditionnelle ni les partis de la
gauche conventionnelle qui sont
responsables du chômage, de la
précarité, de la misère et de la guerre.
La go-gauche (comme la droite
incidemment) aime raconter des bobards à
l’effet qu’un programme électoral
pourrait faire la différence et que tout
électeur bénéficie du privilège de
« décider » à intervalle régulier, quel
programme sera appliqué et quel parti
sera porté au « pouvoir » afin de
remplir ses coffres, récompenser ses
affidés, et subventionner ses
commandites à même les deniers publics.
En Italie aussi
l’ouvrier refuse de voter
Tandis que les
politiciens professionnels, de gauche
comme de droite, déblatèrent des
fadaises, une forte proportion
d’électeurs (30% – 14 millions
d’individus) ne porte aucune attention
au cérémonial électoral. Pire, quand on
découpe l’électorat par classe sociale,
on découvre qu’une majorité d’ouvriers
rejettent toute participation aux
mascarades électorales. Ce qui laisse
entendre que l’ouvrier moyen aurait
mieux compris cette fumisterie que
« l’avant-garde gauchiste ». (1)
La classe ouvrière
européenne votait massivement après la
Seconde Guerre mondiale, croyant ainsi
influencer l’évolution des décisions
politiques et économiques nationales.
Après des dizaines de carnavals
électorales qui n’ont rien donné et
n’ont servi qu’à démasquer les
politiques avides de s’en mettre plein
les poches, sans rien changer aux
difficultés de la vie des exploités,
l’ouvrier a cessé de voter et nous ne
pouvons que l’en féliciter. Ce n’est pas
armé d’un crayon de votation que nous
transformerons la société.
L’indice de
corrélation économico-politico-social
Les ouvriers
italiens ont observé que si l’économie
se porte bien et si la bourse
s’enflamme, ils arrachent des
concessions à leur patron (privé ou
gouvernemental), alors que si la bourse
dégringole le patron reprend ces
« avantages ». Les ouvriers ont observé
que les larbins politiciens promettent
mer et monde et une fois au pouvoir ils
appliquent la politique des riches,
celui qui se présente à gauche gouverne
à droite et celui qui se présente à
droite gouverne à l’extrême droite. De
fait, les ouvriers italiens ont remarqué
que ces potiches n’ont aucun pouvoir
économique (ni de taxer les riches, ni
de réduire les dépenses militaires, ni
de relancer l’économie, ni de réduire la
dette). Les ouvriers italiens ont
constaté que quand le budget de l’État
est déficitaire, il le devient encore
davantage avec le nouveau gouvernement
qu’il soit de gauche ou de droite. De
fait, les expressions gouvernement de
gauche – ou parlement de droite – n’ont
aucun sens, c’est du pareil au même,
« blanc bonnet – bonnet blanc ». Ces
troufions sont des poltrons dont un
journaliste disait récemment : « Ici, en
Italie on fait des
coalitions pour s’assurer une part du
pouvoir et quand on peut gouverner, on
gouverne. » (2)
À l’évidence ce
n’est pas de mettre un programme
politique en évidence qui motive les
politiciens de gauche ou de droite, mais
l’appât du gain et l’ivresse du pouvoir.
Le pire c’est que si un politicien ne
suit pas ce chemin il ne chevauchera
jamais le strapontin. Si par mégarde il
est élu, il ne pourra rien contre le
système et il sera broyé ou liquidé.
Le système
électoral et parlementaire fait ce qu’il
doit
La bourgeoisie a
mis des années à roder son système
électoral et parlementaire. Elle l’a
d’abord réservé aux propriétaires
fonciers (droit de vote et éligibilité),
puis, l’a prudemment étendu aux femmes
bourgeoises, la « conquête » des
suffragettes (3), puis l’a élargi aux
prolétaires infortunés, et enfin, une
fois rodé et contrôlé, le capital y a
intégré les femmes de « basses »
conditions sociales (sic) leur laissant
croire qu’il se rendait à leur
désidérata d’équité et d’égalité
« féministe ». En réalité, le capital
compromettait ainsi les travailleuses et
obtenait par là leur adhésion et leur
soumission au jeu électoraliste
pacifique, jeu que le capital,
propriétaire des médias et détenteur
d’immenses fortunes, contrôle
parfaitement. Désormais, quand le ou la
prolétaire ne sera pas satisfaite de son
sort, plutôt que de manifester, de
débrayer, de chômer, de monter aux
barricades, de casser du policier, elle
ira aux urnes porter son précieux coupon
de votation futile et risible.
L’activité sera sans risque comme la
bourgeoisie là démontrer à des milliers
d’élections. Dans la pire des
éventualités – le Chili d’Allende
– l’armée loyale, non pas au chef de
l’État, mais à la classe dominante,
saura ramener l’ordre dans la Cité.
Le plus
déconcertant dans cette arnaque
électoraliste c’est que depuis plus de
cent ans tous les partis politiques – de
gauche comme de droite – pourvu qu’ils
se plient aux règles écrites et non
écrites de l’exercice démocratique –
participent avec entrain à ce baratin.
Quelle désolation que de voir les
réformistes gauchistes afficher leur
soumission à l’ordre démocratique
bourgeois et faire la promotion des
mascarades électorales, alors que les
ouvriers sont invités à désarmer ! La
go-gauche se prête à ce jeu de dupe en
faisant la promotion de la dictature
électorale du capital. Car n’allez
surtout pas croire que chacun est l’égal
de l’autre dans l’isoloir, la
problématique est strictement
économique. Un milliardaire propriétaire
d’un réseau de désinformation, faisant
contribution de dix millions d’euros au
candidat de son choix a-t-il réellement
le même poids « électoral » que le
prolétaire sans-le-sou en chômage depuis
des mois ? (4)
Comme la mascarade
électorale du 4 mars dernier en
Italie l’a démontré, le capital et
ses médias sont parvenus à provoquer la
confrontation d’une multitude de partis
(20 environ) ayant tous en commun
d’aspirer au pouvoir illusoire quitte à
mentir, trahir, médire, se discréditer,
mais surtout se coucher devant le
pouvoir médiatique apanage des riches.
Dans l’antichambre du pouvoir financier
le capital exultait… sachant bien que
n’importe quelle combinaison de ces
poltrons mèneront aux mêmes décisions
d’austérité, celles que le Parti
Démocrate sortant a mises en
place, car aucun larbin politicien n’a
le choix des moyens.
Le sacrifice
ultime pour la patrie
Les gauches, toutes
dénominations confondues, aiment bien
s’accrocher aux bouées de sauvetage
électoral qui lui sont présentées.
Ainsi, unanime, la go-gauche italienne
exulte de la déconfiture du Parti
Démocrate (ex-PCI), qui n’a
recueilli que 18% des suffrages après
une éphémère prestation gouvernementale
(2013-2018). (5) Trop bête la gauche
pour comprendre que c’est un scénario
éculé que ce sacrifice imposer aux
affidés politiques qui doivent servir
leurs maîtres du capital, et décharger
le fardeau de la crise sur le dos des
prolétaires, ce qui évidemment ne les
rend pas très populaires, quitte à
liquider leur crédibilité chèrement ($$)
acquise. Tout ce cirque électoral n’est
que parade, manœuvre, boniment,
tromperie dont la récompense est le
pouvoir qui donnera accès à l’assiette
au beurre pour son clan pour un certain
temps. Ainsi, en période de crise
économique intensive (rappelez-vous
l’indice corrélatif dont nous parlions
ci-haut) le capital brûle ses larbins
politiciens sans chagrin, en Italie
comme en France (Sarkozy, Hollande,
Macron, etc.) tout comme dans
d’autres pays. Tout cela indiffère les
patrons qui savent rapidement créer
médiatiquement un remplaçant plus
« innovant » que le précédent, et au
suivant. De toute manière l’appareil
bureaucratique de gouvernance fonctionne
très bien sans politiciens. La
Belgique fut sans parlement pendant
un an, l’Allemagne pendant plus
d’un mois, qui s’en est aperçu ? (6)
C’est pour rejeter
tout ceci que nous préconisons de nous
dégager du jeu électoral discréditer
afin que le prolétariat révolutionnaire
montre bien qu’il ne mange pas de ce
pain-là. Le prolétariat ne souhaite
surtout pas gouverner ce bateau ivre qui
chavire, laissons-le couler avec la
marée. Prolétaires, reprenons la rue,
l’usine, le chantier, le pavé pour nous
exprimer.
NOTES
-
https://fr.wikipedia.org/wiki/Élections_générales_italiennes_de_2018
2.
http://www.lemonde.fr/europe/article/2018/03/05/apres-les-elections-en-italie-ce-qu-il-faut-bien-comprendre-c-est-qu-on-repart-de-zero_5266020_3214.html#c8EBqImpCqibthc1.99
-
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/rosa-luxembourg-contre-le-feminisme/
-
https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/les-marcheurs-italiens-mis-ko-202156
-
http://www.les7duquebec.com/7-dailleurs-invites/communique-du-pciml-pour-les-elections-italiennes-du-4-mars/
-
http://www.les7duquebec.com/7-dailleurs-invites/la-gauche-italienne-contemporaine/
Reçu de Robert Bibeau pour
publication
Le sommaire de Robert Bibeau
Le
dossier Monde
Les dernières mises à jour
|