Les 7 du Québec
On ne peut être anti-impérialiste
si on n'est pas anticapitaliste
Robert Bibeau

Mercredi 13 décembre 2017
Les remords du
criminel de retour sur les lieux du
crime.
Le 28 novembre
dernier, lors de sa visite au
Burkina Faso, le Président de
l’État français Emmanuel Macron
s’est exprimé devant les étudiants de
l’université de Ouagadougou en compagnie
de son homologue burkinabé, Roch
Christian Kaboré. Dans son
discours, le Président de la République
a annoncé que seraient déclassifiés tous
les documents liés à l’assassinat de
Thomas Sankara. L’ancien
président burkinabé a été assassiné en
1987, mais des zones d’ombres entourent
sa disparition, notamment le rôle de
l’ambassade de France à Ouagadougou (1).
Un programme
révolutionnaire et anti-impérialiste
affirment les plumitifs.
En 1983, à 33 ans
seulement, Thomas Sankara,
officier dans l’armée néocoloniale
française de la Haute-Volta,
s’empare du pouvoir gouvernemental
fantoche par un coup d’État militaire,
succédant aux précédents, malversation
opposée à la mobilisation populaire
paysanne et ouvrière révolutionnaire
(2).
En 1984, il renomme
le pays Burkina Faso qui
signifie « pays des hommes intègres« .
Le pays des hommes intègres est alors et
demeure toujours l’un des dix pays les
plus pauvres avec un indice
de développement humain de 0,402
(2015), Madagascar, un autre pays sous
la botte gauchiste étant le dernier de
la liste. Dès lors, il met en place
quelques réformes avec l’aide de son ami
et bras droit le capitaine Blaise
Compaoré, qui sera son Brutus
après quelques années à comploter (3).
Sankara et Compaoré prétendent
moraliser la vie politique capitaliste
dans un pays quasi féodal pas encore
industrialisé; il souhaite atteindre
l’autosuffisance alimentaire et
construire de nouvelles relations
diplomatiques et économiques avec
la France néocolonialiste, tout en
conservant le mode de production
capitaliste en émergence, et en restant
membre de la communauté Franc-CFA
administrée par la Banque de France, un
peu comme Robert Mugabe au
Zimbabwe face au Commonwealth
impérialiste britannique (4).
Comme Mugabe,
Castro, Guevara, Ho chi Minh, Kim il
Sung et combien d’autres «révolutionnaires gauchisants»
Sankara et Compaoré défendaient
soi-disant un programme anticolonialiste
et antiimpérialiste, mais en gardant
leur pays sous le mode de production
capitaliste à l’exemple de tous les
autres « révolutionnaires
tiers-mondistes » de cette époque
jusqu’à aujourd’hui, ce qui comprend
Mao, Enver Hodja
et Mandela, des héros
de la go-gauche contemporaine (5).
Afin de manifester
sa volonté de rompre avec la diplomatie
franco-africaine qu’il jugeait
« néocoloniale », Sankara
boycotta les sommets France-Afrique. Ce
fut le cas notamment de celui de
Vittel en 1983 et de celui de
Bujumbura (Burundi) en 1984, mais
jamais il ne ferma les ambassades de
France et des USA à Ouagadougou… ce qui
admettons-le n’aurait pas empêché ce
qu’il devait fatalement arriver.
Au milieu des
années 1980, les pays du tiers monde,
en particulier les pays africains,
furent ébranlés par une nouvelle crise
de la dette souveraine. En 1987, lors du
sommet de l’Organisation de
l’unité africaine à Addis-Abeba
(Éthiopie), Thomas Sankara
appela les pays africains à se joindre à
lui pour refuser de payer la dette
souveraine aux banques occidentales
(voilà une première proposition
révolutionnaire radicale) : « Si le
Burkina Faso, tout seul, refuse de payer
la dette, je ne serai pas là à la
prochaine conférence » ; saillie
prémonitoire puisque Thomas
Sankara devait être assassiné
quelques mois plus tard. Preuve était
faite que même sans être
anticapitaliste, le simple fait de
menacer de ne pas payer la dette (la
rançon impériale) suffit pour être
condamné et exécuter par son bras droit
« révolutionnaire antiimpérialiste »
(sic), le capitaine Compaoré
sicaire des puissances
plénipotentiaires. Des années plus tard
le colonel Kadafi allait
être assassiné pour un tel « crime » de
lèse-majesté des banquiers (6).
Que faut-il
comprendre de cet exemple tragique ?
Qu’un héros
« révolutionnaire » aussi bien
intentionné est-il, marxiste de surcroit
(sic), ne peut se substituer au
prolétariat révolutionnaire armé,
lancer massivement à la conquête de tout
le pouvoir économique d’abord, politique
ensuite. Les autres formes du
pouvoir (militaire, juridique, policier,
diplomatique, social, syndical, etc.)
lui échoiront de surcroit. La tactique
du coup d’État militaire oligarchique ne
fait pas partie de la panoplie
révolutionnaire prolétarienne et comme
l’histoire le démontre, elle ne mène
qu’à l’échec même en Russie bolchévique.
Il faut aussi conclure de cet exemple
tragique, qui succède à des dizaines
d’autres identiques, que pour que le
soulèvement révolutionnaire survienne
les conditions objectives,
matérialistes, économiques doivent être
réunies. Il faut que le mode de
production capitaliste soit sur le point
de s’effondrer mondialement à commencer
par les pays impérialistes avancés, et
les pays sous-développés ensuite. La
révolution mondiale ne sera pas l’œuvre
des déshérités affamés, dépenaillés, qui
constitueront une force d’appoint en
soutien au prolétariat avancé et armer.
Enfin, dernier constat, méfiez-vous
camarades de qui se proclame marxiste –
marxiste-léniniste – communiste,
gauchiste ou d’avant-garde de tout
acabit. Marx, protège-nous de
« l’avant-garde », nos ennemis on s’en
charge.
NOTES
-
http://www.les7duquebec.com/7-dailleurs-2-2/qui-est-thomas-sankara-licone-anticolonialiste/
-
https://fr.wikipedia.org/wiki/Burkina_Faso
-
https://fr.wikipedia.org/wiki/Burkina_Faso
-
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/robert-mugabe-dernier-gauchiste-despote-et-imposteur/
-
http://www.les7duquebec.com/7-de-garde-2/le-quebec-maillon-faible-de-letat-imperialiste-canadien/
-
http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/le-parricide-la-guerre-civile-en-89871
Et
http://www.les7duquebec.com/7-dailleurs-invites/libye-toujours-dans-loeil-du-vautour-europeen/
- Robert Bibeau
(2017)
Reçu de Robert Bibeau pour
publication
Le sommaire de Robert Bibeau
Les dernières mises à jour

|