Les 7 du Québec
Changement de la garde de gauche par
la
garde de droite en Bolivie
Robert Bibeau

Mercredi 13 novembre 2019
Evo Morales
s’est exilé au Mexique. En Occident, les
pleureuses de la gauche dénoncent la CIA
qui aurait réédité le coup du Chili
(1973) – Allende contre Pinochet – en
oubliant que 46 ans séparent les deux
évènements et que Morales a compléter en
sécurité plusieurs mandats à la tête de
la Bolivie capitaliste. Evo Morales,
cet ingrat, s’agrippait au bastingage de
la caravelle dont la gouvernance lui
avait été prêtée pendant 13 ans par le
grand capital sud-américain. Au lieu de
remercier les sponsors qui l’ont soutenu
dans le premier mandat d’un Amérindien à
la tête d’une république «bolivarienne»,
ce dernier s’est mutiné et accroché à
son poste. S’il avait su se retirer sans
histoire, en pleine gloire – avant que
les fracas de la crise économique
mondiale ne fragilisent la Bolivie – une
sinécure l’attendait ainsi qu’un gros
cachet. Selon le groupe
espagnol Nuevo Curso,
l’État-major de l’armée et de la police
était favorable à Morales et pour
garantir le soutien de la police, le
gouvernement leur a octroyé une « prime
de fidélité » de 3000 Bs (431 USD)
pendant le conflit. (1) Après des jours
et des nuits d’affrontements permanents
avec la population, la police s’est
mutinée. La mutinerie n’était pas une
décision de l’État-major, mais un
mouvement spontané de la piétaille. Le
gouvernement a tenté de négocier avec
les agents de police en changeant
quelques commandants compromis, mais les
émeutes se sont propagées dans la
plupart des garnisons du pays. C’est en
désespoir de cause que l’État-major de
l’armée a réclamé la destitution du
président récalcitrant.
La bourgeoisie de
gauche, comme celle de droite, doit
jouer la mascarade électorale selon les
règles de l’alternance, que ce soient
dans les républiques bananières (gazière
ou pétrolière) ou chez les grandes
puissances (le Brésil de Bolsonaro
et de Lula par exemple), sinon,
ces partis de gauche ne seront plus
conviés à l’abreuvoir du pouvoir. (2)
La petite
bourgeoisie bolivienne (et parfois
bolivarienne), qui surfe sur la vague
gazière depuis une dizaine d’années,
voit bien que ses conditions de vie se
dégradent et que ses conditions
d’emplois se précarisent, mais elle ne
trouvera pas remède à sa désespérance
sociale (et environnementale) dans les
bras de l’aile droite du capital, pas
plus qu’elle n’a trouvé réconfort dans
les bras de l’aile gauche du grand
capital.
Peu d’Amérindiens
et de paysans ont porté secours au
gouvernement, eux qui attendent encore
la réforme agraire promise par Evo
Morales — et approuvée à travers un
référendum par près de 80 % de la
population — et qui n’a jamais été
enclenchée. Destinée à abolir les
latifundistes en réduisant la taille
maximale des propriétés n’ayant pas de
«fonction économique et sociale» à 5 000
hectares, le reste devant alors être
réparti entre petits travailleurs
agricoles et indigènes sans terre, Elle
rencontra une ferme opposition de la
part de l’oligarchie bolivienne. Le
gouvernement a cédé en 2009 devant le
secteur agro-industriel. Il en paie
aujourd’hui le prix. (3)
Peu de prolétaires
boliviens se sont prêtés à cette
mascarade électorale qui a mal tourné
sur les plateaux des Andes où les
travailleurs gagnent durement leur
pitance dans les mines et les « salars »
où la vie d’un ouvrier vaut moins que
son poids de sel.
NOTES
-
http://www.les7duquebec.com/7-de-garde-2/que-sest-il-passe-en-bolivie/
- La
démocratie aux États-Unis.
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QL40_&dpSrc=srch
-
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bolivie#R%C3%A9serves_internationales_nettes
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