Les 7 du Québec
Question nationale et révolution
prolétarienne
Robert Bibeau

Mercredi 13 juillet 2016
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Nation et
État-nation deux étendards des
thuriféraires de la gauche d’affaires
Nation et
État-nation sont des formes singulières
de rapports de production générés par le
mode de production capitaliste (MPC).
Quand ce mode de production eut atteint
son apogée et que la contradiction
fondamentale régissant ce système eut
commencé à entraver la valorisation du
capital ; quand les rapports de
production nationaux bourgeois
apparurent trop étroits pour permettre
la reproduction élargie du capital et le
développement des forces productives
sociales (prolétariennes), nation et
État-nation devinrent des entraves dont
le MPC chercha à se délester, espérant
ainsi générer une nouvelle Ère de
prospérité globalisée. En 1971, les
entraves monétaires nationales furent
abolies devant l’impérieuse urgence de
libéraliser et de globaliser les
échanges internationaux par l’abrogation
des accords de Bretton Woods (1).
Les efforts
catastrophiques pour transformer le
dollar national américain en devise du
commerce international, de même que les
malversations pour faire émerger l’euro
comme devise alternative du commerce
mondial, ou encore les manigances
présentes pour y substituer le yuan
national chinois ou les Droits de tirage
spéciaux (DTS), ont démontré la futilité
de ces billevesées (2).
Ni la
préservation, ni la transformation des
rapports de production nationaux
bourgeois ne pourront assurer la
pérennité de ce mode de production
moribond. La contradiction
fondamentale qui régit ce système ne se
situe pas entre les forces productives
nationales et les rapports de production
internationaux, mais au sein même des
forces productives sociales, entre le
capital mort – constant – robotisé et
numérisé – déjà valorisé, et le capital
vivant – variable – la force de travail
génératrice de plus-value pas encore
valorisée par le procès de reproduction
élargie, et c’est là tout le drame de ce
mode de production, la limite de son
expansion.
La classe
prolétarienne internationale ne doit en
aucun cas se mettre à la remorque des
bourgeoisies nationales pour tenter de
préserver les rapports de production
nationaux bourgeois soumis aux
vicissitudes des crises systémiques du
capitalisme. Les superstructures
nationales et de gouvernance étatique
bourgeoise, désuètes, ainsi que leurs
substituts altermondialistes et
gauchistes sont inopérants face à la
crise systémique du mode de production.
Toutes les superstructures nationales
et/ou multinationales du capitalisme,
ONU, CPI, FMI, BM, OCDE, OTAN, Union
européenne, TIPP, Organisation de
Coopération de Shanghai, CEI, États
nationaux bourgeois, sont obsolètes et
devront être détruites par la révolution
prolétarienne. En aucun cas l’État
national bourgeois ne peut devenir un
agent de libération de la classe
prolétarienne révolutionnaire. Au
contraire, l’État national bourgeois, et
l’idéologie nationaliste bourgeoise qui
le légitimise, sont les ordonnateurs de
l’oppression de la classe ouvrière,
seule et unique classe révolutionnaire –
jusqu’au bout – sous le capitalisme
décadent. Depuis l’émergence de
l’impérialisme, phase ultime du mode de
production capitaliste, les luttes de
soi-disant « libération nationale » sont
des guerres réactionnaires menées par
les bourgeoisies nationalistes chauvines
pour assurer leur statut de
garde-chiourme des intérêts d’une
alliance impérialiste ou d’une autre.
Toute et chacune de ces luttes de
soi-disant libération politique
nationale ont mené à la consolidation de
factions capitalistes nationalistes et à
l’aliénation de la classe prolétarienne.
URSS, Chine, Corée du Nord, Mongolie,
Vietnam, Cambodge, Algérie, Cuba,
Angola, Nicaragua, pays de l’Est,
Afrique du Sud, Népal, Palestine, etc.
autant d’expériences nationalistes qui
sans élimination du mode de production
capitaliste, source de toutes les
aliénations, ont viré au cauchemar pour
la classe prolétarienne surexploitée et
qui doit aujourd’hui se libérer de ses
nouveaux geôliers.
Changements
d’allégeances et retournements
d’alliances
Il est vrai
cependant que dans de veine tentatives
pour sauver leur capital et leur mode de
production moribond la classe
capitaliste internationaliste tente de
démanteler les anciens rapports de
production et les anciennes structures
de gouvernance nationale pour les
transformer en quelque chose de
multinational, mais ayant les mêmes
fonctions économiques, politiques et
juridiques répressives. Ces
transformations cosmétiques de
l’appareil de gouvernance impérialiste
ne visent pas à transformer l’essence du
mode de production capitaliste, et la
résilience populiste et gauchiste à ces
transformations ne constitue en rien une
résistance au capitalisme, pas davantage
que les artisans luddites
qui brisaient les machines à filer dans
l’Angleterre du XIXe siècle
ne contribuaient à renverser le
capitalisme. Ainsi, le Brexit
n’est pas une résistance à
l’impérialisme étatsunien, mais une
adhésion à l’impérialisme chinois, et
une renégociation des ententes avec
l’impérialisme européen. Ces futiles
efforts de réformes des oligarques du
capital ne font que prolonger l’agonie
de ce mode de production moribond, tout
comme les cantiques de la gauche
nationaliste et les complaintes des
thuriféraires de la droite réactionnaire
pour préserver ces anciennes coquilles
nationales évidées.
C’est le mode de
production qui doit être changé.
L’unique solution consiste à créer un
nouveau mode de production non pas
socialiste, mais prolétarien. De ce
nouveau mode de production surgira de
nouveaux rapports de production adaptés
à cette nouvelle façon de produire, de
distribuer, d’échanger et de répartir
non pas des marchandises, remplies de
plus-value spoliée, mais des biens
sociaux pour la reproduction collective.
Nous savons très peu de choses à propos
de ce nouveau mode de production
prolétarien – du nom de la classe qui
l’aura fait surgir de ses mains, de son
expérience et de ses connaissances –.
Les seules choses que nous sachions avec
certitude c’est que ce mode de
production sera international, global,
au service de l’Homme – sans classe
sociale – non mercantile (adieu
marchandise, plus-value, profit,
monnaie, capital, propriété privée et
salariat). Ce nouveau mode de production
ne ressemblera surtout pas à ce que nous
avons connu sous le capitalisme dans ses
déclinaisons occidentale, soviétique,
chinoise, cubaine, coréenne,
vietnamienne, albanaise, et
tiers-mondiste. Nous savons également
que ce nouveau mode de production
prolétarien, qui ne répondra pas aux
finalités de reproduction élargie du
capital comme mode d’efficience contre
la rareté des ressources, parviendra à
combler les besoins sociaux humains,
finalité ultime de son développement.
Nous reviendrons sur ce concept de
finalité d’un mode de production.
Marx l’a écrit
Marx a mis en garde
le prolétariat international contre le
nationalisme bourgeois réactionnaire et
il a conclu le Manifeste
par cette maxime « Prolétaires du
monde entier, unissez-vous ! ».
Pour déclencher la révolution
prolétarienne, Marx n’a pas fait appel
aux « peuples opprimés »
(sic), aux « nations exploitées »
(sic), aux « paysans paupérisés »,
ni aux « petits bourgeois déjantés »
(soupirants du capital revampé). Quand
Marx a constaté que les conditions
objectives de la révolution
prolétarienne n’étaient aucunement
réunies en ce début de capitalisme
triomphant, il a appelé à dissoudre la
Première Internationale
lui évitant de devenir une officine
de bureaucrates réformistes – et de
petits bourgeois parasites stipendiés
par le pouvoir bourgeois engraissé par
les cotisations de la classe ouvrière
spoliée (3).
Voici un extrait de
la correspondance de Marx portant
justement sur ces divisions
nationalistes chauvines manigancées par
le capital britannique pour diviser les
forces internationalistes du prolétariat
au sein de l’Empire britannique : «
L’Angleterre a maintenant une classe
ouvrière scindée en deux camps ennemis :
prolétaires anglais et prolétaires
irlandais. L’ouvrier anglais ordinaire
déteste l’ouvrier irlandais comme un
concurrent qui abaisse son niveau de
vie. Il se sent à son égard membre d’une
nation dominatrice, devient, de ce fait,
un instrument de ses aristocrates et
capitalistes contre l’Irlande et
consolide ainsi leur pouvoir sur
lui-même. Des préjugés religieux,
sociaux et nationaux le dressent contre
l’ouvrier irlandais. Il se conduit
envers lui à peu près comme les « blancs
pauvres » envers les noirs dans les
anciens États esclavagistes de l’Union
Américaine. L’Irlandais lui rend la
pareille largement. Il voit en lui à la
fois le complice et l’instrument aveugle
de la domination anglaise en Irlande.
Cet antagonisme est entretenu
artificiellement et attisé par la
presse, les sermons, les revues
humoristiques, bref par tous les moyens
dont disposent les classes au pouvoir.
Cet antagonisme constitue le secret
de l’impuissance de la classe ouvrière
anglaise, en dépit de sa bonne
organisation. C’est aussi le secret de
la puissance persistante de la classe
capitaliste, qui s’en rend parfaitement
compte » (Marx à S. Meyer et A.
Vogt-in Marx-Engels, Correspondances.
Éditions de Moscou).
Lénine et les
bolchéviques ont fait tout le contraire.
Dans la Russie tsariste féodale –
précapitaliste – ils se sont constitués
en parti politique nationaliste russe –
en secte militaire secrète – sous
directoire petit-bourgeois –; ils se
sont emparés de la direction de la
révolution démocratique bourgeoise
soutenue par les masses paysannes
analphabètes, empressées d’exproprier et
de se partager la terre et les moyens de
production agricoles afin d’ériger le
mode de production capitaliste
mercantile (NEP), plaçant le petit
prolétariat russe, faible et
inexpérimenté, à la remorque de la
populace paysanne avide et de la petite
bourgeoisie cupide. Rappelons que la
révolution prolétarienne n’est pas une
révolte de la misère et de la pauvreté
contre l’opulence et la richesse, mais
le renversement du mode de production
capitaliste paralysé par la classe
prolétarienne menacée et asphyxiée. La
Révolution nationaliste bolchévique a
fait la démonstration qu’un mode de
production ne peut pas être escamoté, ni
contourné. Pour mener une révolution
anticapitaliste il faut vivre sous le
mode de production capitaliste. Pour
mener une révolution prolétarienne il
faut une classe prolétarienne massive,
majoritaire, éduquée, expérimentée dans
la lutte de classe anticapitaliste. La
Révolution démocratique nationale
chinoise en refera la preuve trente
années plus tard. En Russie, la
révolution démocratique nationale
bourgeoise a renversé l’ordre féodal et
assuré l’édification d’une société
capitaliste, ce que Staline – le
« Petit père des peuples » –
réalisera de main de maitre, au-delà de
toute attente, comme le capital allemand
allait l’apprendre, prouvant ainsi que
le national-communisme russe était plus
efficient que le
national-socialisme-allemand.
Cependant,
soixante-dix années plus tard, l’œuvre
nationaliste
bolchévique-stalinienne-russe allait
connaitre son karma dans la
« Pérestroïka » ; dans l’effondrement du
bloc impérialiste soviétique et de son
centre national russe (incapable
d’assurer la reproduction élargie du
capital d’État soviétisé) ; dans
l’émergence du capital privé libéralisé
en concurrence sur le marché mondial
avec le capital occidental plus radical
et performant. La Chine maoïste, sous la
gouverne de Deng Xiaoping et de
ses exégètes, poursuivra un chemin
nationaliste bourgeois analogue.
Aujourd’hui, nous observons la
construction d’une nouvelle alliance
impérialiste – l’Association de
Coopération de Shanghai – autour
de la Chine nationaliste et de la Russie
nationaliste, chacune de ces puissances
capitalistes ayant convenu de son rôle
au sein de cette union réactionnaire à
laquelle l’Inde nationaliste et le
Pakistan nationaliste, tiers-mondistes,
se sont joints récemment (4).
Prolétariat
internationaliste vis-à-vis bourgeoisie
nationaliste
Pour le prolétariat
révolutionnaire, il n’y a rien de
rassurant dans ces malversations, ces
manigances internationales et ces
préparatifs de guerre mondiale issus de
l’esprit national-chauvin de Bandung
(5). Le prolétariat doit rejeter toute
association avec les bourgeoisies
nationalistes – tiers-mondistes et
soi-disant « non alignées » – qui depuis
soixante-dix années ont fait des
prolétaires du monde entier la chair à
canon de leurs guerres nationalistes
bourgeoises et le marchepied de leurs
ambitions avec la complicité de la
gauche bourgeoise déglinguée. On a
enregistré 215 conflits bourgeois armés
depuis la fin de la Seconde Guerre
mondiale et pas une seule « Libération
nationale » de l’impérialisme
international.
Aujourd’hui, les
conditions objectives de la révolution
sociale prolétarienne sont enfin
réunies. La première de ces conditions
étant l’existence d’une immense classe
prolétarienne mondiale, éduquée, formée,
expérimentée dans la guerre de classes,
paupérisée et menacée, mais consciente
de ses intérêts de classe et obligée de
renverser ces conditions d’aliénation ou
de périr. Voilà l’alternative qui se
présente au prolétariat mondial auquel
se sont joints 350 millions de
prolétaires chinois et presque autant de
prolétaires indiens dans la grande
marche des forçats de la faim sans la
gouverne d’un César, d’un Lénine, d’un
Staline, d’un Trotski, d’un Mao, ou d’un
quelconque tribun, car l’émancipation de
la classe prolétarienne sera l’œuvre de
la classe elle-même.
NOTES
(1) Bretton Woods.
http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/le-troisieme-stade-de-la-crise-systemique-mondiale/
(2) DTS. http://www.les7duquebec.com/7-dailleurs-invites/mort-et-resurrection-du-veau-dor-americain/
(3) Message courriel reçu le 11
juillet 2016. Publié avec l’accord
de Roland Diagne.
« Recevez ce texte sur les tueries US
dont on ne peut partager le nihilisme
de l’oppression nationale raciste de
l’impérialisme US. En effet
difficile de soutenir comme le fait
l’auteur que le racisme est inexistant
ou secondaire aux USA et plus
généralement à l’époque de
l’impérialisme, stade suprême du
capitalisme pour paraphraser Lénine. Ce
sont là des stigmates du trotskisme, du
bordiguisme, bref de la maladie
infantile bien connue et analysée par
les bolchéviques. Les deux piliers de
l’impérialisme US et plus généralement
de l’impérialisme sont :
l’exploitation du travail par le capital
et l’oppression nationale. Son
renversement par la révolution sera
consécutif de l’alliance
révolutionnaire entre la lutte de classe
des travailleurs et les peuples,
nations, minorités nationales opprimées.
Voilà pourquoi sont joints ici deux
autres textes qui abordent la même
problématique en rétablissant cette
vérité révolutionnaire contre cette
approche nihiliste de la question
nationale qui a fait tant de dégâts dans
le mouvement communiste et qui a éloigné
de lui les victimes prolétaires,
paysannes, petites bourgeoises sans
lesquelles l’avant-garde prolétarienne
unie au-delà des « races » est condamnée
au « solo funèbre » dont parlait
Engels. » Auteur ROLAND
DIAGNE.
(4) Alliance de Shanghai
http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/etats-unis-chine-la-grande-confrontation/
Et
http://www.les7duquebec.com/7-dailleurs-invites/la-chine-imperialiste-2/
Et
http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/alliance-de-shanghai-contre-union-europeenne/
(5)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Conf%C3%A9rence_de_Bandung
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