Les 7 du Québec
La bataille des régimes de retraite
et des fonds de pension
Robert Bibeau

Mercredi 11 décembre 2019
L’État des riches veut faire main basse
sur nos fonds de pension
Partout, dans les
pays occidentaux, le combat fait rage
pour la défense des régimes de retraite
et des fonds de pension des salariés mis
à mal par l’État employeur et l’État
législateur ordonnateur des destinées de
la société capitaliste en décrépitude.
Cette guerre des tranchées – mondialisée
– est le résultat de la faillite du
système économique. D’une part, les
patrons gouvernementaux, des secteurs
institutionnels et des entreprises n’ont
d’autre choix que de rogner dans les
régimes de retraite (rallonge du temps
de cotisation, réduction des
prestations, augmentation des
cotisations); alors que les travailleurs
n’ont d’autres choix que de résister à
ces compressions qui affligent déjà les
retraités paupérisés et qui annoncent
des retraites sous-payées pour ceux qui
galèrent aux travaux forcés. De fait,
bientôt, le combat sera clos, les
travailleurs des pays développés ne
pourront pas plus «retraité» que
ceux des pays sous-développés. La
question de l’âge de la retraite sera
réglée, l’âge de la retraite sera la fin
de la vie(!) C’est à cette sombre
perspective que résistent les
travailleurs français soumis aux assauts
de l’État Macron après les attaques de
Hollande, Fillon, Sarkozy et les autres.
Deux catégories de
régime de retraite collectif
En pays développés
comme la France ou le Canada il existe
deux catégories de régime de retraite
collectif : le régime de retraite
universel géré par l’État et destiné
à supporter financièrement tout citoyen
ayant atteint un certain âge et ayant
rempli un certain nombre de conditions.
C’est ce régime universel que l’État
Macron souhaite transformer (réformer)
en y instituant une comptabilité à « points »
selon une formule où du temps de travail
salarié permettra d’accumuler des « points
» qui à la retraite détermineront le
montant de la prestation du salarié
retraité. Les travailleurs français ne
sont pas dupes, l’État législateur et
l’État employeur ordonnateur du grand
capital n’auront qu’à jouer avec les
points – réduisant leur valeur ou
augmentant le temps de cumulation pour
réduire d’autant les prestations de
retraite.
L’attaque de l’État
Macron dissimule une arnaque encore plus
sournoise avec la complicité de la
bureaucratie syndicale légale. La
seconde catégorie de régime de
retraite : les régimes de retraite
d’entreprise font partie intégrante
des conventions collectives et sont le
fruit de l’historique des négociations,
des grèves et des lockouts, confrontant
le salariat et le patronat de chacune
des entreprises, peu importe que cet
employeur soit l’État (enseignants,
employés d’hôpitaux, policiers,
fonctionnaires, etc.); les institutions
parapubliques sous tutelles de l’État
(RATP, SNCF, Air France, EDF, etc.); ou
des entreprises privées (Alstom,
Renault, PSA, Airbus, Sanofi, etc.).
Chacun de ces régimes de retraite fruit
de la lutte collective est
particulier et « spécial »,
chacun résulte des combats de classe que
le salariat a livrés à l’employeur,
tantôt cédant sur les demandes
salariales afin de maintenir les
exigences pour les conditions de
retraite, ou à l’inverse, dans les
conditions de crise économique sévère et
d’inflation galopante, les salariés
exigeant de meilleurs salaires et
abandonnant les demandes pour le régime
de retraite, repoussant cette bataille à
plus tard. Le gouvernement voudrait
rayer d’un trait ces conquêtes ouvrières
et tout remettre à plat sous prétexte de
mettre de la «cohérence» (sic). L’État
bourgeois n’a rien à faire dans les
conventions collectives des
travailleurs.
Balayant du revers
de la main cet historique de lutte
épique, l’État Macron législateur
voudrait arracher les acquis des
travailleurs – leur convention
collective, incluant leur régime de
retraite – et faire main basse sur les
fonds de pension –. L’État voudrait
rejouer la partie sous prétexte d’abolir
les soi-disant « régimes de retraite
spéciaux »… entendez, les régimes
de retraite d’entreprise que les
travailleurs ont arrachée de haute lutte
après des décennies de combat. Comme
nous le disions plus haut, chaque
convention collective de travail et donc
chaque régime de retraite d’entreprise
est unique et spécial (un peu comme
l’échelle de salaire dans l’entreprise)
et ne constitue en rien une « injustice
» -ou une « iniquité » envers les autres
travailleurs salariés œuvrant dans
d’autres entreprises publiques,
parapubliques ou privées, qui ont toute
latitude pour mener leur propre bataille
pour un meilleur régime de retraite et
de meilleurs salaires.
Cependant, jamais
aucun travailleur salarié ne doit
compter sur l’État des riches pour lui «
donner généreusement » un bon régime de
retraite sécurisé, bien rémunéré et
fortement financé. Il suffit d’enquêter
autour de vous pour connaitre les
prestations des retraités pour
comprendre que l’État (français,
canadien, italien ou allemand, etc.) en
faillite et surendetté est partout en
mode « sauf qui peut » avant le grand
krach boursier appréhendé, et ne cherche
qu’à faire main basse sur les fonds de
pension des travailleurs afin de
prolonger son agonie financière. Les
travailleurs français doivent comprendre
que la bataille pour la défense des
régimes de retraite que mènent les
cheminots, les employés des TGV, de la
RATP et des raffineries sont une guerre
pour la défense du pouvoir d’achat,
pour la défense des conditions de vie et
de travail de toute la classe des
salariés, comme le fut la bataille des
Gilets jaunes que cette grève
prolonge (1).
La semaine
prochaine : «La retraite : en
aurons-nous les moyens ?»
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