Les 7 du Québec
La classe moyenne s'étiole et disparaît
et le prolétariat réapparaît
Robert Bibeau

Mercredi 11 octobre 2017
L’évanescente classe « moyenne »
Depuis des
années nous répudions le concept de
« classe moyenne » que les bobos de la
go-gauche affectionnent particulièrement
effrayés d’être associés à la classe
prolétarienne. « Moyenne » de quoi
en termes de rôle social ? Exploitée
moyennement serait-elle? Dans quel mode
de production peut-on être « moyen », et
moyen de quoi ? Ce concept (fondé sur le
revenu des individus) provient de
l’école de sociologie de Chicago et fut
élaboré au cours des trente années
d’expansion impérialiste (1945-1975).
Cette idée visait à discréditer le
concept de classe sociale antagoniste,
et à désarmer la classe ouvrière en
niant son existence et sa mission
historique. Voici que la prolétarisation
de la petite-bourgeoisie s’accélérant,
le bobo renie son appartenance de classe
« moyenne » (sic) et reconnait sa
paupérisation, sa détresse sociale, ses
conditions précaires, vivant parfois des
aides de l’État « providence » qu’il
adule tellement.
Nous l’avions souligné dans un
article récent sur les États-Unis.
La déchéance commence aux USA puis
s’étend à l’Occident. L’article
ci-dessous présente la situation au
Canada (1).

Un sondage pour
tracer le contour de la classe moyenne.
« Un sondage
laisse croire que la bataille politique
constante pour le soutien de la classe
moyenne au Canada se déroule sur un
territoire de moins en moins étendu.
Un sondage Ekos-La Presse canadienne
mené auprès de 4839 Canadiens indique
que la proportion de personnes qui
s’identifient à la classe ouvrière se
situe à 37 pour cent, tandis que
43 pour cent des participants estiment
faire partie de la classe moyenne ».
Ils le croient,
mais ne savent pas pourquoi sinon que
leur salaire leur semble moyen et
moyennement stagnant.
« Il s’agit du
niveau le plus bas depuis 2002, a
indiqué Ekos. Au début du siècle,
environ 70 pour cent des Canadiens se
définissaient sous les termes de la
« classe moyenne ». Durant la même
période, la proportion de gens estimant
faire partie de la classe ouvrière a
presque doublé. »
« Doublé » dit le
texte, soit les mêmes proportions que
l’augmentation de la paupérisation de la
petite-bourgeoisie, victime de la crise
économique systémique et permanente
comme l’indique cet article :
http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/les-banques-centrales-detiennent-le-tiers-des-obligations/.
« Ces
identifications ne concernent pas
seulement les finances personnelles,
souligne le président d’Ekos, Frank
Graves. Elles touchent aussi à la
perception des gens quant à leur
bien-être, leurs liens émotifs et leur
sentiment général sur leur qualité de
vie. »
Autant de variables
dépendantes qui reflètent directement
les variables revenu et condition de
travail dans l’économie générale.
« M. Graves
soutient qu’il ne s’agit pas uniquement
d’un débat économique. «Si nous
voyons vraiment des gens quitter la
classe moyenne, alors nous aurons une
société moins saine et moins heureuse à
un certain moment dans l’avenir»,
estime-t-il ».
En effet, le
segment de la classe ouvrière qui
obtenait de bons salaires et la classe
petite-bourgeoise qui bénéficiait d’un
revenu moyen dans les services publics
s’anémiant et se prolétarisant sous les
effets de la crise, la résistance de
classe risque de s’envenimer, voilà ce
que le sondeur voulait découvrir et
signaler à ses patrons, signifiant ainsi
que la « classe moyenne » a un rôle
social de contrôle conflictuel.
Le populisme comme exutoire de la
révolte populaire.
Vient enfin la
deuxième partie de l’article, l’objectif
véridique de cette enquête sociologique.
Sous le mode de production capitaliste,
où toutes les instances (politique,
économique, idéologique et médiatique)
sont sous le contrôle du grand capital
hégémonique, le but d’un sondage est
triple ;
1) d’une part,
prendre le pouls de la populace, savoir
si elle a bien reçu et perçu la
propagande que les médias à la solde des
riches lui assènent quotidiennement.
2) D’autre part,
mesurer le niveau de résistance parmi
les classes sociales les plus malmenées
(ici, la petite-bourgeoisie en voie de
prolétarisation-paupérisation).
3) Enfin, un tel
sondage vise à inculquer l’orientation –
le formatage de la pensée unique – que
les médias ressassent inlassablement au
service de leurs propriétaires
milliardaires. Voici le message que ce
sondage voulait propager…
Montée du populisme.
« Les questions
ont été posées dans le cadre des efforts
de La Presse canadienne et d’Ekos pour
évaluer si les éléments ayant mené au
bouleversement du statuquo politique aux
États-Unis et ailleurs ces
dernières années sont présents au
Canada. Ce sondage laisse croire qu’ils
sont bien présents ». «Ce n’est
pas comme si les gens sortent de la
classe moyenne et accèdent à la classe
supérieure», dit M. Graves. Ils
glissent vers l’arrière et je crois que
les indices sont assez clairs que cela
est probablement la principale source
de la montée du populisme et de
toutes les choses désagréables qui y
sont reliées», soutient-il. Ekos
a questionné les Canadiens sur
leurs perspectives financières à court
et à moyen terme, et seulement
une minorité de Canadiens s’attendent à
une amélioration de la situation.
Lorsqu’un échantillon un peu plus grand
de 2443 personnes a été appelé à
évaluer la qualité de vie de la
prochaine génération, 13 pour
cent des gens seulement ont dit
croire qu’elle serait dans une meilleure
posture, tandis que 56 pour cent
entrevoyaient une détérioration de la
situation. Toutefois, les
perceptions sur l’économie dans ce genre
de coup de sonde tendent à être en
décalage avec la réalité, souligne M.
Graves » (2).
Percevez-vous le
message subliminal que contient cette
partie du rapport ? Le voici : « Votre
situation économique se dégrade, vous en
éprouvez de la frustration, on vous
comprend, et nous allons vous présenter
les responsables de vos malheurs : ce
sont les fainéants, les paresseux, les
immigrants, les tricheurs de
l’assistance sociale, les chômeurs, les
pauvres et les grévistes qui vous
entourent et qui refusent de comprendre
que l’État démocratique ne peut rien
faire – il est endetté par votre faute à
cause de sa générosité qui doit être
stoppée si vous souhaitez recouvrer
votre ancien statut social ». Voilà
comment ils ont construit les partis
fascistes dans les années trente et
comment ils espèrent refaire leur
mobilisation réactionnaire cette fois
encore sous le nom de « populisme »,
« d’extrémisme », de « suprémacistes »,
de gauche comme de droite, mais le
prolétariat ne sera pas au rendez-vous
cette fois.
Évidemment que ce
discours alambiqué mystifie la réalité
et surtout les causes véritables de la
misère et de la détresse sociale
généralisée (aux États-Unis, en premier,
puis partout en Occident par la suite).
Ce discours de propagande veut nous
faire prendre des vessies pour des
lanternes. Un principe simple pour
comprendre ce laïus mensonger, observez
que « Qui paie dirige l’orchestre
et est responsable de sa partition ».
Le grand capital contrôle tout dans le
mode de production capitaliste (ce n’est
pas l’argent qui mène le monde. C’est
bien le grand capital qui mène le monde)
c’est donc au grand capital
international qu’il faut s’en prendre
pour stopper notre misère grandissante
et mettre l’économie prolétarienne
collective sur les rails. Ne comptez pas
sur Ekos ni sur La Presse
canadienne pour vous dévoiler cette
vérité (3). Avez-vous les moyens de
faire partie de la classe moyenne des
bobos ?
NOTES
- Source:
Presse canadienne
http://www.msn.com/fr-ca/actualites/quebec-canada/moins-de-gens-sidentifient-à-la-classe-moyenne/ar-AAtcf6Z?li=AAgh0dy&ocid=mailsignout.
« Le sondage par téléphone a été
mené entre le 15 septembre et le 1er
octobre, et a une marge d’erreur de
plus ou moins 1,4 point de
pourcentage, 19 fois sur 20 ».
- Les plus
récentes données de
Statistique Canada sur la
croissance de l’emploi montrent des
gains sur dix mois consécutifs, la
série la plus longue depuis 2008. Le
salaire moyen à l’heure a augmenté à
un rythme de 2,2 pour cent,
supérieur à l’inflation, la plus
forte croissance depuis avril.
- 2016
Reçu de Robert Bibeau pour
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