Les 7 du Québec
La crise financière est de retour
Robert Bibeau

Mercredi 11 mai 2016
http://www.les7duquebec.com/...
L’économiste s’insurge « Dans un
jeu, il ne faut pas se faire refiler les
mauvaises cartes. Dans le grand poker
des monnaies, il ne faudra pas rester
assis sur l’argent déprécié quand
surviendra l’implosion du système
monétaire de l’euro. Ces temps-ci, c’est
la clique italienne autour de Draghi,
banquier arnaqueur de Goldmann-Sachs qui
est le plus grand fraudeur contre les
marchés. Selon la constitution de la
BCE, le comité doit garantir la
stabilité de l’euro. Ceci signifie ne
pas gonfler la masse monétaire plus que
la productivité, donc maintenir la
balance entre la valeur de la monnaie et
la valeur des biens. La BCE fait
exactement le contraire:
– Elle a gonflé le
volume de la masse monétaire sans égard.
Elle l’a multiplié par rapport au volume
des biens et ainsi, elle a créé un
énorme potentiel d’inflation, contre
lequel on fait maintenant barrage de
manière très artificielle.
– La BCE n’a le droit de
financer ni la dette grandissante des
États ni les banques arnaqueuses. Depuis
une année, la clique autour de Draghi
fait l’un et l’autre, en s’endettant de
plus en plus, avec 60, et bientôt avec
80 milliards d’euros par mois, sans en
obtenir l’impact voulu sur la
conjoncture. 1,74 billion d’euros ont
été distribués comme aide, sont restés
comme dette et sont partis en fumée sans
effet.
– Avec l’intérêt
zéro, la BCE a dépouillé les instituts
d’épargne et leurs clients de plus de
34 milliards d’euros par an.
Elle les a trompés et les a poussés dans
des situations personnelles difficiles.
Mais elle n’a pas répondu à sa tâche de
maintenir le taux d’intérêt en tant que
prix de marché d’une monnaie solide. » (1)
Arrêtons-nous ici pour
questionner l’auteur de cette diatribe ;
pourquoi Draghi fait-il tout le
contraire de ce qu’il faudrait faire
selon l’économiste ? Draghi
est-il méchant ou mécréant ? Est-il
incompétent ? De fait, le banquier
Draghi est un pantin qui ne
contrôle rien, et comme ses amis de la
FED (qui ne contrôle rien), il utilise
les outils inefficaces que le mode de
production capitaliste en cavale lui
offre dans sa besace.
Le professeur d’économie poursuit « Maintenant,
il faut assumer les négligences du
manque de gestion de la crise de l’euro
après 2008, celle-ci ayant provoqué
endettement débridé et spéculation. Au
lieu de cela, on a continué les
errements de l’endettement grandissant
des États en faillite et des banques
arnaqueuses au détriment de l’Allemagne,
avec le cautionnement financier global
de Mme Merkel sous forme du Mécanisme
européen de stabilité (MES). »
Il est tout à fait exact que
suite au krach boursier de 2008 rien n’a
changé. Mais pourquoi rien n’a changé ?
Parce que personne ne peut changer les
lois de l’économie politique
capitaliste. Selon l’amer monsieur Hamer,
tous ces gens seraient
suicidaires ! Ou alors, ce sont
des désespérés, qui ne l’écoute pas, lui
qui sait et qui conseille comme vous le
lirez plus loin.
L’économiste enclenche « Les
problèmes dus au gonflement sans limites
de la masse monétaire ont grandi au même
degré. Ainsi, la nécessité d’une
correction est beaucoup plus grande
qu’en 2008. Comme l’apprenti-sorcier, la
BCE ne peut plus reculer sans explosion
du système monétaire. Elle ne peut
augmenter les intérêts pas mêmes de 1,0%
sans pousser les États de l’Europe du
Sud, en manque de liquidité et en
faillite, parce qu’ils se retrouveraient
devant des intérêts plus élevés pour
leur dette astronomique et devraient
assumer de nouvelles dettes plus chères,
ce qui dépasserait leurs possibilités. »
Donc, les chefs d’États du
Sud européen comme ceux du Nord européen
sont coincés, fous, incompétents ou
suicidaires selon l’analyste ? Ou alors,
eux aussi sont des désespérés qui ne
peuvent rien changer sur le bateau ivre
en train de sombrer corps et biens et
sur lesquels nous sommes tous naufragés.
L’analyste ne décolère pas « En
plus, la troupe de Draghi est soumise au
syndicat financier américain et n’a pas
le droit d’augmenter les intérêts en
Europe sans l’autorisation du FED. Ce
dernier ne la donnera pas, parce
qu’autrement l’euro serait plus rentable
pour les spéculateurs que le Dollar ce
qui provoquerait un drain massif de
dollars en dehors de l’Europe. Et ceci
aurait pour conséquence le défaut de
paiement de l’empire américain du
dollar, qui est également éclopé et
surendetté. »
Mais, monsieur Hamer vous
avez écrit précédemment qu’une hausse de
la valeur de l’euro, ou du taux
d’intérêt rétribuant l’euro,
entraineraient de facto la faillite du
système monétaire européen, ce qui
entrainerait par ricochet la faillite du
dollar américain, deux monnaies de
l’impérialisme mondial intimement
imbriquées. Faudrait savoir, on réévalue
où on dévalue les monnaies pour sauver
le rafiot qui prend l’eau ? La réponse,
ni l’un ni l’autre. Dans les deux cas,
le désastre sera aussi grand.
Poursuivons la lecture de l’opuscule
« Normalement un trop de liquide, dû
à une augmentation débridée de la masse
monétaire, a pour conséquence une
inflation. Les banques spéculatrices
empêchent ceci, sur ordre de la BCE,
parce qu’ils ne dirigent pas l’argent
emprunté à un intérêt de 0% dans
l’économie réelle, dans des
investissements, dans un surplus de
productivité et dans des postes de
travail. »
C’est tout à fait exact. Mais
pourquoi les banques européennes,
américaines, canadiennes, australiennes,
japonaises, etc. ne dirigent-elles pas
les surplus monétaires vers des
investissements profitables,
valorisants, lucratifs, productifs et
dans des postes de travail
payant monsieur le savant ? Parce qu’il
n’y a pas de marché où écouler cette
surproduction supplémentaire qui
sortirait de ces usines mort-nées.
Présentement, il y a suraccumulation de
capital et trop de marchandises sur le
marché malgré les pénuries relatives et
malgré les famines qui ravagent
plusieurs parties du monde, et malgré
les millions d’Occidentaux qui
fréquentent les soupes populaires, les
restos du cœur et les friperies
dégarnies.
« Par contre, les banques
desservent pratiquement exclusivement la
dette des États en faillite par exemple
la Grèce. Ceci est sans risque pour les
banques, car ce ne sont pas les États en
faillite seuls qui assument la
responsabilité pour cette dette, mais
par le biais du MES, entre autres
l’Allemagne. Depuis que la BCE pompe
chaque mois 60, maintenant déjà 80
milliards d’euros dans la dette
étatique, elle ne produit pas de
croissance économique, mais une
redistribution non productive, financée
avec des dettes:
– Avec le cautionnement des
États solides, les États peu sérieux du
Sud européen peuvent continuer à se
faire le coup de leurs bureaucraties
étatiques gonflées et de leurs systèmes
sociaux. – Les
banques arnaqueuses ne doivent pas se
consolider, mais peuvent attiser encore
plus la bourse et la spéculation avec
l’argent gratuit de la BCE. –
Même des pays qui étaient une fois
économes ont maintenant suffisamment
d’argent pour inviter tous les pauvres
du monde comme visiteurs perpétuels du
système social. Ces pays se chargent
d’obligations sociales que personne ne
pourra jamais payer après la fin de la
crue monétaire de la BCE. »
Le professeur d’économie
a-t-il songé que les États payeurs du
nord de l’Europe aimeraient ne
pas renflouer les États faillis du Sud,
Madame Merkel le répète à l’envi. Les
États bourgeois du Nord européen
préfèreraient conserver leurs deniers
pour leurs banquiers et leurs
manufacturiers. Alors la question
est bien, monsieur le juriste, de savoir
pourquoi ces États à peine moins
endettés ont-ils endossé les emprunts
des états à peine plus endettés ? Parce
qu’ils n’ont pas le choix, ils sont tous
enchainés les uns aux autres ces
banquiers, ces créanciers, ces
milliardaires, ces monopoles
multinationaux dans la même galère qui a
nom « Mode de production capitaliste en
faillite ».
Quelles alternatives pour la
BCE?
« Pour les raisons mentionnées,
la BCE ne peut augmenter les intérêts,
sans risquer la faillite d’États et de
banques. Elle ne peut pas non plus
arrêter la crue monétaire, sans
provoquer des faillites avant tout des
États de l’Europe du Sud. La BCE a
dépassé le point de non-retour. Elle n’a
pratiquement plus de chemin de retour,
sans provoquer un crash de l’euro. »
Ce que nous disons depuis le
début de cet article pathétique.
Autres alternatives ?
« La FED a gonflé la masse de
dollars à tout va comme la BCE. Ainsi,
elle a financé les États-Unis avec des
dettes et en plus, elle a créé des
bulles financières immobilières, des
dérivés, et encore d’autres. Si une de
ces bulles éclate, c’est le dollar qui
éclate et avec lui l’euro et tout le
château de cartes monétaire occidental.
Donc une crise économique mondiale pire
que celle des années 1930. Mais il se
peut aussi que la clique de Draghi
prépare elle-même une correction de la
monnaie. La promotion de l’abolition de
l’argent en espèce signifie qu’il n’y
aurait plus que la monnaie digitale dans
les ordinateurs des banques, entreprises
et comptes privés. Alors, une
dépréciation ou une réforme totale de la
monnaie pourrait s’effectuer par simple
clic de souris, sans devoir imprimer ou
frapper de l’argent. Donc une affaire de
quelques secondes. »
De fait, la question n’est
pas de savoir SI la bulle financière
éclatera, mais QUAND elle éclatera… et
inutile de quitter le bateau de l’euro
au milieu des flots déchainés, pour
épouser une nouvelle fiancée (franc,
mark, couronne, livre sterling, etc.),
le naufrage sera pour tous les passagers
ceux d’une frêle esquif à la dérive et
pour ceux du Titanic transatlantique.
Une confidence à vous tous, chacune des
banques centrales prépare une
dévaluation de sa monnaie… puisque ce
sera la seule « solution » après la
déflation et la Grande dépression que
nous annoncions dans un article
précédent (2).
Monsieur Hamer poursuit son
apocalypse « Ce serait également une
nouvelle redistribution, car des valeurs
monétaires seraient anéanties, mais les
valeurs réelles seraient toujours
présentes. Mais les États, à la place
d’une cure d’amincissement draconienne
sur eux-mêmes, pourraient essayer de
confisquer les valeurs réelles de leurs
citoyens. Tout en prétextant le principe
de l’égalité-équité, mais en vérité
parce qu’ils ne sauraient supporter
politiquement des mesures draconiennes
d’économie. » Vous avez une
bonne intuition, monsieur l’économiste,
c’est bien ce que préparent les banques
centrales.
« Il faut donc voir la politique
de l’intérêt zéro de la BCE comme le
dernier tir d’un bateau de guerre qui
est en train de couler. C’est un signe
qu’il est pour nous urgent d’agir et
de transformer l’argent en valeurs
réelles. »

J’aime la métaphore du
Bismarck en perdition, mais un doute
m’assaille, n’avez-vous pas écrit qu’il
a dix ou cent fois plus d’argent
(virtuel) en circulation qu’il n’y a de
marchandises disponibles sur les marchés
– comment transformer ce trop d’argent
en marchandises ? Autre doute qui me
trouble, les États capitalistes nous
laisseront-ils déguerpir avec nos
devises ? Et pour aller où ? Enfin, pour
la plupart des pèquenots que nous
sommes, nos épargnes, ce sont nos
maisons ou ce qu’il en reste et notre
fonds de pension qui est administré en
fiducie, intouchable et irrécupérable !
J’ai bien peur que votre solution
désespérée soit impraticable (3).
En conclusion, il est
impossible d’échapper à la crise
économique systémique du mode de
production capitaliste en restant à
l’intérieur du système capitaliste – et
ce n’est pas pour M. Draghi et
sa clique faute d’essayer par tous les
chemins maritimes minés, ils sont tous
enferrés des deux côtés de l’Atlantique
et le problème c’est le Titanic (ou le
Bismarck) et non le capitaine qui a déjà
quitté le paquebot, rescapé sur un
rafiot qui prend l’eau.
Références
Le sommaire de Robert Bibeau
Les dernières mises à jour

|